Mémoires d’une danseuse russe/T3-01-3

Sous les galeries du Palais Royal (1 à 3p. 52-64).

Bandeau typographique
Bandeau typographique

III

DORTOIRS



P our loger ces cent et quelques recluses, il y avait dix dortoirs, avec une vingtaine de lits sur deux rangs, dont une douzaine étaient occupés par les pensionnaires, et un par la surveillante au milieu, entre les deux rangées. Quatre becs de gaz, entourés d’un globe de porcelaine, éclairaient le dortoir, permettant à la surveillante de voir tout ce qui s’y passait.

Nous faisions notre toilette en commun. On nous menait tous les matins dans une salle de bain attenante aux dortoirs. La surveillante nous y conduisait. On se baignait par couple, l’une devait éponger l’autre.

La directrice et le maître de ballet ne manquaient pas un seul jour de venir nous passer l’inspection. L’intendant les rejoignait quelquefois. Ils ne sortaient jamais sans avoir appliqué quelques claques sur les fesses mouillées, et aussi sur les cuisses de quelques-unes d’entre nous. Çà cuisait comme un tison sous la peau.

L’intendant daigna se souvenir de la nuit agréable qu’il avait passée auprès de mes fesses. C’était trois semaines après ma première nuit, renouvelée depuis dans le lit du maître de ballet. Je dus me mettre debout dans la baignoire, comme toutes celles qu’on inspecte, de façon que le corps émerge depuis les genoux.

Il m’appliqua quelques claques sur les fesses. Puis se prenant à ma perruque il la secoua. Il en arracha ensuite cinq ou six poils l’un après l’autre, et alla les examiner au jour, il ne les avait vus que la nuit. Il les garda dans sa main.

— Vous m’amènerez cette fille après le bain, dans ma chambre, dit-il à la surveillante. Vous lui passerez un peignoir de flanelle, c’est tout ce qu’il faut pour qu’elle n’ait pas froid en route.

Le maître de ballet et la directrice devaient se demander la raison de cette faveur de l’intendant pour une nouvelle venue. Elle est jeune et jolie, assez bien roulée, il est vrai, mais sa toison, qui promet sans doute pour un prochain avenir est loin d’avoir fait toute sa pousse. Encore si c’était une primeur ! mais elle n’est pucelle d’aucun bout. Moi, je savais bien pourquoi il me mandait dans sa chambre.

La surveillante me conduisit à l’appartement de l’intendant. Elle me laissa dans l’antichambre en disant de soulever la portière que j’avais devant moi. Je trouvai le maître de céans assis tout nu dans un large fauteuil sans bras, avec des accoudoirs.

— Enlève ton peignoir, ma fille, et viens te mettre entre mes cuisses. Bien. Penche-toi, que je puisse te fesser à l’aise. Je veux savoir si tu supportes bien les gifles sur le cul.

J’avais mon chat appuyé sur le membre dressé contre sa cuisse gauche, mes fesses, proéminentes à cause de la posture inclinée de mon corps, s’offraient rebondies à la main du fouetteur. Il me fessa vigoureusement pendant deux minutes, à chaque claque mon postérieur s’élançait en avant, mon chat écrasait le membre, qui grossissait à chaque pression contre la cuisse.

Il fut obligé de s’arrêter, redoutant sans doute un accident. Il me fit m’agenouiller sur le tapis. J’avais le sourire aux lèvres, malgré la cuisante douleur qui me lancinait les fesses.

Il augura bien de ce sourire, et vint m’accoster sur le champ par derrière, arc-bouté à mes tétons. Malgré l’avance qu’il pensait avoir sur moi, je le précédai dans la volupté à la troisième ascension. Il s’arrêta, ne voulant rien perdre du frétillement voluptueux de mes fesses. Puis il reprit son va-et-vient, qui ne dura longtemps ni pour l’un ni pour l’autre.

Il se reposa un moment sur mes fesses brûlantes, et put reprendre la fouille après quelques minutes de répit. Je jouis tout le temps qu’il me fouilla. Cette pose prolongée avait eu une influence heureuse sur mon bouton, qui, dès que le voyage reprit, ne cessa de répandre des pleurs que lorsque le visiteur déposa son offrande dans mon sein.

Après les ablutions il allait me renvoyer, quand une idée le prit. Il poussa un bouton. Une surveillante parut.

— Va me chercher Marta, pour que je lui donne sur le champ la correction que je lui ai promise ce matin au bain.

Une grande fille de vingt-trois ans, blonde comme les blés mûrs, très élancée, entra revêtue d’un peignoir, qu’elle enleva sans attendre l’ordre du maître. Sur un signe qu’il lui fit, elle vint s’agenouiller le buste en travers de ses cuisses, ses deux tétons appuyés sur le membre. Elle avait un superbe fessier d’une blancheur de neige et d’une peau très fine.

Le maître me montra un martinet de cuir, en me recommandant de lui en appliquer trente-neuf coups, et de ne pas la ménager, si je ne voulais pas qu’il me fit fouetter ensuite par Marta, qui ne se ferait pas faute de m’écorcher les fesses pour se venger.

Il n’avait pas besoin de me recommander la sévérité. Je ne sais quel démon me poussait, celui de la luxure sans doute, mais je fouettai ce beau postérieur avec une vigueur et un plaisir sans pareils. Le gigotement de ces belles fesses, le premier que je causais, m’alluma tellement, que je tapais sans compter, appliquant les lanières de cuir de plus en plus fort. Le maître devinant le feu que j’y gagnais ne m’arrêta que vers la cinquantaine. Marta avait les fesses écarlates. On employait le martinet de cuir pour ses fesses à cause de la finesse de sa peau.

L’intendant n’eut pas à se repentir de ne pas m’avoir arrêtée. Dès qu’il fut logé, je me mis à frétiller sous son ventre, et comme je ne cessais pas, il resta plongé dans la gaîne jusqu’à ce que le jet s’élança tout seul.

Pendant quinze jours il me fit monter de temps en temps après le bain, m’appliquait une bonne fessée, me prenait une fois, quelquefois deux. Puis il faisait monter une fille que je fessais sur ses genoux, m’amusant fort au gigotement de ces gros postérieurs que je fouettais toujours avec plaisir, et le jeu de la gaîne et des fesses recommençait, il jouissait appuyé sur mon derrière frétillant.

Quand il eut assez de moi, il m’abandonna aux plaisirs des débauchés. Le maître de ballet n’insista plus avec moi, quand il vit que l’intendant avait fait de moi sa favorite.

À la répétition de l’après midi, Marta, la fille que j’avais fouettée le matin sur l’ordre du maître, avait son maillot. Elle me regardait avec des yeux qui lançaient des éclairs, comme si elle eut voulu me foudroyer. Mais elle savait que j’étais en ce moment la favorite du directeur de l’institut, et elle se serait bien donné de garde de me faire éprouver son ressentiment.

J’assistai dans la nuit qui suivit à la correction sévère d’un postérieur, que je connaissais pour le voir tous les jours, mais que je n’avais jamais vu à découvert pour un pareil affront.

Deux coryphées s’étaient glissées dans le lit de deux jeunes rats de danse. La surveillante, une femme d’une trentaine d’années, plantureuse à souhait, feignait de ne pas s’en apercevoir. Le maître de ballet et la directrice entrèrent sur ces entrefaites pour une ronde de nuit, qu’ils ne devaient pas prodiguer, car c’était la première fois qu’ils le faisaient dans notre dortoir, depuis mon entrée dans l’institut. Minuit venait de sonner. Les deux couples effrayés se cachèrent sous la couverture.

— Oui, oui, vous pouvez vous cacher, je vous promets que vous allez payer cher vos petites saletés. Et toi, Martha, tu sais ce qui attend ton postérieur pour fermer les yeux sur de pareilles turpitudes.

Tout le dortoir s’était réveillé à cette virulente apostrophe. La surveillante regardait les deux couples d’un air effaré, comme si elle ignorait leurs relations, qu’elle connaissait aussi bien que nous. Moi, je ne voyais pas là de quoi fouetter un chat, encore moins un rat.

Les deux couples durent se lever. La directrice mit un martinet de vingt lanières de cuir entre les mains des plus petites. Les grandes filles, qui savaient ce qui leur pendait au derrière, les deux coupables devaient se fouetter mutuellement, durent se pencher sur le lit. La directrice jeta la chemise de l’une sur ses reins, le maître de ballet en fit autant à l’autre.

— Et vous savez, vingt-cinq coups, et ne marchandez pas, où je vous tannerai les fesses tout à l’heure.

Les gamines brandirent les lanières, appliquant les coups ensemble pendant que le chef d’orchestre improvisé comptait la mesure. Les fesses des grandes filles étaient d’un beau rouge vif, après cette verte flagellation, mais elles n’avaient rien dit, honteuses sans doute de crier pour si peu de chose.

Le maître de ballet et la directrice vinrent prendre les martinets des mains des jeunes fesseuses, pour compléter la cinquantaine, que devaient recevoir les gros postérieurs coupables d’en avoir débauché de petits. Les lanières qui repassaient le voyage sur une route fraîchement passée, s’enfonçaient dans les chairs, empourprant la peau jusqu’à mi-cuisses, au milieu des hurlements des deux coupables, qui n’étaient pas à la noce.

La directrice mit ensuite dans les mains des fouettées, qui durent enlever leurs chemises, un martinet de douze lanières. Elles tapèrent à tour de bras, se vengeant, sur les postérieurs dodus de leurs jeunes complices, de la cuisson qui brûlait leurs fesses empourprées, qu’on voyait se déhancher à chaque coup qui retombait. Ici ce fut un concert de grincements de dents et de sanglots, depuis le premier coup jusqu’au vingtième.

Après ce fut le tour de la surveillante, qui devait recevoir soixante coups de cordes à nœuds, cinq de chacune des coupables, qu’elle surveillerait mieux, quand elle serait passée par leurs mains, puis le reste par les maîtres. Elle dut aller se porter à l’extrémité du dortoir pour que toutes les danseuses, qui étaient sous sa surveillance, fussent témoins de son châtiment.

Là, elle releva sa chemise elle-même, le corps penché en avant, présentant son gros postérieur à la peau épaisse, recouverte d’un véritable duvet de pêche, aux cordes que manièrent d’abord les gamines, qui tapaient comme sur du bois, sans cependant arracher une plainte à la fustigée.

Les grandes filles la fouettèrent à tour de bras. Les fesses rougirent du haut en bas sous ces dix coups de cordes assénés avec fureur. Mais la torturée resta muette.

Cependant, quand la directrice prit la nagaïka, les cordes, qui retombaient sur un terrain ramolli par la préparation récente, marbraient les fesses de raies violettes, et la surveillante poussait des cris de détresse. Elle lui en appliqua ainsi une quinzaine puis le reste sur les cuisses, et le dernier entre les fesses, arrachant un cri strident à la mordue.

Le maître de ballet appliqua, lui aussi, une quinzaine de coups sur les fesses dont la peau se soulevait à chaque cinglée des cordes retombant éparpillées, terribles dans la main d’un homme. Il appliqua les cinq derniers sur les cuisses qui se tuméfièrent aussi. Puis, comme supplément, il lui détacha deux cinglées entre les cuisses, ensanglantant les bords lacérés, qui arrachèrent à la martyrisée deux cris déchirants.

Tout le temps que cette main d’homme la fouetta, ce fut un concert de vociférations assourdissantes, qui ne cessèrent qu’une demi-heure après que la surveillante se fut recouchée sur le ventre, ne pouvant prendre une autre position à cause de ses fesses tuméfiées. Les sanglots durèrent plus longtemps, ils ne cessèrent qu’au matin.

Depuis cette nuit, elle avait pris en aversion ces deux grandes filles, qui étaient la cause de son châtiment, et qui l’avaient fouettée avec trop de plaisir ; aussi elle ne manquait jamais l’occasion de les fesser quand elle les prenait en faute, ce qui arrivait plusieurs fois par semaine pour chacune, ce qui faisait que tous les jours elle en avait une à fesser. Quand elle était en avance, elle les fessait l’une après l’autre.

Elle leur appliquait toujours une douzaine de claques. C’était le maximum qui lui était dévolu, et elle n’avait le droit que de se servir de la main avec nous. Mais quand elle avait affaire à un de ces gros postérieurs détestés, les porteuses ne sortaient jamais de ses mains, fortes et larges comme des mains d’homme, car elle tapait à tour de bras, appliquant des claques retentissantes sur la peau tendue comme celle d’un tambour, car elle les obligeait à se mettre la tête entre les jambes, sans avoir les fesses fumantes et du plus beau rouge écarlate.

Pendant cette terrible fessée, plus sensible et surtout plus cuisante sur une peau tendue à éclater, les fouettées poussaient des cris déchirants, la figure renversée faisait d’horribles grimaces. Elles en avaient pour plus d’une heure à sangloter, et pour toute la journée à ressentir une douleur cuisante.


Vignette typographique
Vignette typographique