Mémoires d’une danseuse russe/T2-02-4

Sous les galeries du Palais Royal (1 à 3p. 161-176).

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IV

LA PEAU DE ZÈBRE.



O n amenait de temps en temps quelque grande fille, prise à sa famille, dont le père était proscrit ou simplement soupçonné. Ces jeunes filles venaient augmenter le nombre des servantes à plaisir de l’orphelinat. Quelques-unes ne se prêtaient pas toujours volontiers à la chose, et faisaient les récalcitrantes. On avait une façon de les assouplir qui réussissait une fois ou l’autre.

J’assistai trois mois après mon entrée à un essai d’assouplissement d’une jeune fille de seize ans, qu’on avait arrachée à sa mère, sous prétexte que le père avait conspiré, et qu’il s’était enfui. On l’avait d’ailleurs arrêté chez un de ses amis, qui avait été coffré lui aussi. Mais à lui on ne pouvait pas enlever de fille, pour la bonne raison qu’il n’en avait pas.

Mina fut placée dans notre atelier, où elle devait apprendre la couture. Mais le premier jour elle ne put rien faire. Elle pleura toutes les larmes de son corps de se savoir emprisonnée jusqu’à vingt ans, dans un orphelinat dont elle connaissait, par ouï dire, les turpitudes et les hontes par lesquelles passaient les prisonnières, car on était dans une véritable prison.

Le lendemain elle n’était pas plus consolée que la veille. Elle pleurait à chaudes larmes, incapable de pousser l’aiguille, quand le général, que je n’avais pas encore vu dans l’atelier, entra suivi de la gouvernante. À la vue de la nouvelle venue qui pleurnichait, il fronça le sourcil.

Ce froncement était significatif. La maîtresse vint prendre Mina par la main, la fit s’agenouiller, la troussa, découvrant un ravissant postérieur à la peau d’ivoire. Le général vint fesser de sa grosse main velue les jolies fesses rondes, qui se démenaient, n’ayant jamais été sans doute à pareille danse. Les cuisses eurent aussi leur tour, au milieu des sanglots que poussait la pauvre fille. Il avait dû se pencher pour cette opération, de sorte que son monocle était bien en face du gigotement des fesses.

On la laissa ainsi pendant que la maîtresse lui promettait qu’elle serait fessée tous les jours, si elle s’avisait de pleurnicher au lieu d’apprendre à pousser l’aiguille.

Les deux inspecteurs s’en allèrent. La jeune fille s’en retourna à sa place, la figure plus rouge que le postérieur. Les ouvrières qui devinaient la cause de ses larmes, voyant la rougeur du visage, qui annonçait une pudeur exagérée, lui donnèrent des conseils. La sous-maîtresse prit la parole :

— Ma pauvre Mina, un jour ou l’autre tu seras obligée de passer par là. Le général a dû te faire monter hier soir dans sa chambre et, sous prétexte de passer la revue de ton corps, il t’a fait mettre toute nue par la matrone. Tu as dû rougir de la tête aux pieds, quand tu t’es vue ainsi devant ce vieillard lubrique, c’est dans ta nature, et tu as dû t’insurger quand il t’a caressé les tétons, puis autre chose. Je sais comment çà se passe, la matrone tient la récalcitrante, et l’inspecteur palpe tous les charmes à son aise, passe même la revue de ce qui est entre les cuisses.

Mais ne rougis donc pas comme çà. Ce qui vient de t’arriver n’est rien. Pour te dompter, ils te fouetteront tous les jours. Ils n’hésiteront pas à te déchirer les fesses à coups de verges jusqu’à ce que tu consentes à ce que l’on exige de toi. Comme ils te prendront de gré ou de force, crois-moi, ma fille, il vaut mieux que ce soit de bon gré, tu sauveras tes fesses d’un désastre.

— Jamais, dit Mina, je n’y consentirai de bon gré.

— Tant pis, ma chère, ils te mettront au pli, et même aux plis.

— J’aimerais mieux mourir que de me prêter à leurs vilaines choses.

— Tu ne mourras pas, mais tu souffriras joliment, et tu y passeras quand même. Crois-moi, c’est un bon conseil que je te donne, j’ai trop vu d’exemples de ton cas. Demandes à Tania comme ils lui ont arrangé les fesses, avant qu’elle se décidât à consentir. Elles ont mis six semaines à reprendre leur satin et tous leurs lis.

Le soir, Mina dut se rendre dans l’appartement du général, pour ne pas se laisser emporter par le valet de chambre. Là les attouchements recommencèrent sous les jupes, la main trouva la même résistance.

Devant une pareille obstination, il sonna son valet de chambre, qui était à côté, et qui entra aussitôt. Pour augmenter la confusion de la pudique jeune fille, il commanda à celui-ci de la trousser sur ses genoux, et de lui appliquer une bonne fessée de sa forte main sur le postérieur et sur les cuisses, jusqu’à ce qu’il l’arrêtât.

La main voltigea, distribuant des claques bruyantes sur les globes rebondis, qui s’empourpraient, sautant à chaque cinglée. Le général, profitant de l’écartement des cuisses, empoigna le chat dans sa main droite, le serrant et le pressant à la faire crier pendant que le valet de chambre la fessait à tour de bras, la peau se soulevait sous ces fortes claques. La fustigée poussait des cris perçants, dus moins à la verte fessée qu’à la prise de la main, qui secouait son chat, pinçant les chairs.

Cette pression persistante l’obligea à se mouiller malgré elle. Le général, voulant profiter de cette émotion passagère qu’il avait provoquée, renvoya son valet de chambre, et tirant son vieux braquemart bandé, il essaya de la prendre toute chaude. Mais, malgré la cuisson de ses fesses, et les larmes qu’elle répandait, elle résista en désespérée. Le général furieux lui secoua la perruque, lui arrachant une poignée de poils, et la renvoya avec sa botte au derrière, qui lui fit grand mal.

Le lendemain matin, à l’atelier, elle nous raconta sa lutte opiniâtre, la terrible fessée par le valet de chambre, la honte qu’elle en avait éprouvée, la prise de son chat par la main du vieux paillard, l’émotion malgré le mal qu’il lui faisait, et le coup de botte en guise d’adieu.

Il fallut toutes les herbes de la St. Jean, pour l’obliger à nous laisser voir ses fesses, lui dire que nous les avions déjà vues, et que nous les reverrions. Et encore fallut-il la trousser, elle ne se serait jamais troussée elle-même.

Elle avait les fesses violettes, le coup de botte était imprimé en bleu au bas des fesses. Les cuisses avaient été épargnées malgré l’ordre donné, car le bras du général gênait la main du fesseur. Les lèvres étaient meurtries. Nous nous demandions où on pourrait bien la fouetter ?

Le général entra dans l’atelier vers les trois heures, suivi de la maîtresse, qui portait dans sa main droite un objet enfermé dans du papier. Elle fit tenir la jeune pucelle par quatre vigoureuses ouvrières, la troussa et retira de l’enveloppe un paquet d’orties. Elle savait qu’on ne pouvait la fouetter qu’avec çà.

Le général lui appliqua pour préluder deux douzaines de claques, qui s’imprimèrent en plaques d’un rouge vif sur le tapis violet qui recouvrait les fesses.

Mina, qui ne se doutait pas de ce que contenait l’enveloppe, et qui n’avait pas assisté à la séance de la sous-maîtresse, fut douloureusement surprise de ces piqûres d’épingles qu’elle ressentait sur la peau. Elle poussait des cris perçants, pendant que les orties voyageaient sur les fesses et sur les cuisses, soulevant la peau sur toute la surface piquée.

On avais ménagé l’entre-cuisses, nous devinions bien pourquoi. Elle avait des fesses et des cuisses monstres. On la laissa ainsi quelques minutes, mais comme elle hurlait épouvantablement, les quatre ouvrières durent l’emporter toute troussée dans leurs bras sortant sur les pas des fouetteurs.

— Le général doit avoir une furieuse envie de cette fille, dit la sous-maîtresse. D’ordinaire, il met plus de temps à vaincre les pucelles rebelles. Mais je crois que le pucelage de la pauvre Mina a vu luire son dernier jour. Cela vaut mieux pour elle, que de passer par toutes les tortures physiques et morales, par lesquelles tu es passée, ma pauvre Tania.

— Si c’était à refaire, maintenant que je l’ai perdu, j’aurais bien consenti à me le laisser prendre dès le premier jour, plutôt que d’endurer une vraie torture pendant huit jours. Sans compter ce que j’ai souffert, quand le vieux satyre, ne pouvant me pénétrer, bien que je fusse attachée les jambes écartées, j’étais trop étroite, me fit violer brutalement par son valet de chambre, qui me défonça d’un seul coup de cul, sous lequel je m’évanouis.

Quand je repris mes sens, je ressentais une vive cuisson entre mes cuisses. Le vieux général fourrageait ma gaîne ensanglantée.

Cette brutale prise de possession me fit passer un frisson par tout le corps. Heureusement que je n’étais pas encore en âge de passer par là. Mais je pensais qu’avec mon corps déjà formé, on ne me laisserait pas moisir longtemps quand je serais nubile. Les ouvrières qui avaient emporté Mina ne revenaient toujours pas.

— Parbleu, dit la sous-maîtresse, elle y passe, et puisque elles ne reviennent pas, c’est qu’on la viole, et qu’on la fait tenir. Pauvre Mina, elle n’est pas sur un lit de roses, avec ses fesses et ses cuisses tuméfiées par les orties. On l’entendrait gueuler d’ici, si on ne lui avait pas mis un bâillon.

Enfin, après une heure d’absence, les quatre ouvrières rentrèrent à l’atelier, rouges, essoufflées, la gorge haletante, les tempes en moiteur. On devinait que la lutte avait été chaude. Nous les regardions, curieuses de connaître les péripéties de la bataille.

L’une d’elles, après avoir soufflé un moment, nous raconta la chose, pendant que nous étions suspendues à ses lèvres.

— Le général nous l’a fait porter dans l’antichambre de la matrone. Là, nous l’avons dépouillée de tous ses vêtements, malgré la résistance énergique qu’elle opposait. Ses cris étaient étouffés par un épais bâillon.

Nous la posions sur le bord du lit. Ses fesses enflées devaient joliment lui cuire, et pendant que l’une de nous lui tenait les jambes écartées, les deux autres la maintenaient immobile par les épaules. Moi, je dus guider l’outil du vieux général, qui bandait assez bien, et qui banda plus fort dans ma main.

La gouvernante, qui dirigeait les ébats, pendant que le général enserrait le corps de la pucelle dans ses bras, vint l’aider à entrer. Pendant que je tenais la pointe sur les bords, elle tirait avec ses doigts sur les lèvres à les déchirer. Le gland pénétra, cherchant à se faufiler, mais il resta à l’entrée.

Il ressortit. Elle enfonça son gros doigt dans l’hiatus. On voyait qu’elle essayait d’élargir la membrane. Elle réussit enfin à en déchirer un coin, car la pucelle fit un soubresaut, et le doigt reparut ensanglanté.

Je remis le gland entre les bords toujours écartés par les dix doigts. Cette fois, après quelques coups de cul, la verge finit par se loger, élargissant la déchirure, car on voyait la croupe de la pucelle se tordre de douleur. Il navigua un grand quart-d’heure avant de débarquer son lest au port, d’où il revint la verge ensanglantée.

Nous dûmes lui faire la toilette, et je vous assure que ce n’était pas ragoûtant. Puis nous dûmes faire celle de la pauvre Mina, dont la gaîne saignante ensanglanta le premier bain. On dut en tirer un autre, dans lequel nous la laissâmes. On nous congédia, le reste est l’affaire des femmes de chambre.

Mais la pauvre fille avec ses pudeurs n’est pas au bout de ses tribulations. Elle n’est pas encore passée pour le con rance de la gouvernante et par son cul foireux. Je doute qu’elle s’y fasse jamais, à ce métier de femme de chambre, qui avec cette horrible guenon est un métier de chienne.

— Alors je plains ses pauvres fesses. Dans huit jours elle n’y aura plus de peau. Elle la fera mourir sous les verges, ou elle arrivera à ses fins, dit la sous maîtresse. Quand on résiste à cette truie, elle est capable de tout.

Mina resta quinze jours sans reparaître. Quand elle revint prendre sa place, elle avait perdu ses fraîches couleurs, elle était d’une pâleur extrême, et d’une maigreur diaphane. On n’en put rien tirer. Elle restait muette et pleurait sans cesse.

La gouvernante vint inspecter l’atelier. Elle ne parut pas faire attention à elle, car elle ne lui fit aucun reproche, et elle se retira après en avoir fouetté deux ou trois à sa façon habituelle. Elle revint plusieurs jours de suite, sans jamais lui adresser la parole.

Cette indifférence avec cette fille, qu’elle paraissait vouloir dévorer dès le premier jour de son entrée nous intriguait, et on résolut dans l’atelier, puisque elle se refusait à nous montrer ses fesses, de les inspecter malgré elle.

En effet dès que la matrone fut sortie de l’atelier, quatre ouvrières prirent Mina et la troussèrent malgré la résistance qu’elle opposait. Elle avait les fesses et les cuisses zébrées par les verges jusqu’aux genoux. Nous eûmes un soupçon. On lui enleva ses jarretières, descendant les bas jusqu’aux talons, les jambes étaient zébrées jusqu’à la cheville. Par devant, les cuisses avaient été aussi maltraitées, les zébrures montaient jusqu’au nombril par les hanches.

Nous la déshabillâmes. Un spectacle affreux s’offrit à nos yeux, quand on lui enleva la chemise. Les zébrures montaient jusqu’au dessus des tétons, qui n’avaient pas été épargnés non plus. Le dos avait été habillé de la même façon. On eut dit une peau de zèbre.

Nous avions toutes des larmes dans les yeux devant ce hideux tableau, et toutes nous l’embrassâmes avec une effusion qui lui mit du baume au cœur, car nous la vîmes sourire au milieu de ses larmes.

Nous inspectâmes le chat. Il avait été haché par les verges, il était à peine cicatrisé.

Il n’était pas difficile de deviner ce qui s’était passé. Elle avait dû se refuser obstinément à faire la chienne. La matrone vexée avait dû la fouetter pendant une semaine, lui hachant chaque jour un coin de son corps. Puis voyant qu’elle la tuerait sans rien obtenir d’elle, elle l’avait laissée en repos.

Il avait bien fallu huit jours aux cicatrices pour se fermer, et c’est pour qu’on ne vit pas les zébrures qu’elle ne la fouettait plus. Elle comptait aussi sur la pudeur innée de la jeune fille, mais elle avait compté sans la curiosité des filles d’Ève.

Depuis qu’elle se sentait aimée de ses camarades, elle se montra un peu plus gaie, mais elle ne fut jamais très expansive. Elle nous dit cependant le lendemain.

— Pour les hommes, je sais qu’on me violerait, et que je serais toujours prise, attachée ou tenue. Alors, j’aime mieux m’y prêter, et si mon corps est de la fête, ce qui est inévitable, mon cœur n’y participera pas.

Mais pour lécher de mon plein gré le chat de cette sale femme, pour faire volontiers cette horrible besogne de chienne, j’aimerais mieux mourir, je vous l’avais dit, et elle l’a bien vu, puisque elle a abandonné la partie. Mais elle a voulu me faire subir le martyre. Elle a réussi, j’ai souffert comme une damnée.

Les zébrures mirent six mois à disparaître complètement, la peau reprit son satin sur tout le corps, ce fut sur les fesses, qu’il fut le plus long à redevenir lisse et uni. Comme c’est la partie du corps la plus étoffée, celle qui peut supporter plus de coups de verges que les autres, le postérieur était tous les jours de la fête.

Le général la faisait monter de temps en temps dans le jour. Il la trouvait toujours soumise à ses désirs, même quand elle lui servait de femme de chambre. La gouvernante n’essaya jamais de s’en servir.

Quand son corps eut repris tout son satin, on l’appela pour les clients. Ses pommettes se couvraient du fard de la pudeur, et elle allait au combat, comme si elle allait à la mort. Elle en revenait plus confuse encore.

Aucune de nous ne se serait avisée de se moquer d’elle, car on savait qu’elle souffrait une véritable torture morale d’être obligée de subir les atteintes des hommes.


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