Mémoires d’une danseuse russe/T2-01-1

Sous les galeries du Palais Royal (1 à 3p. 5-35).



IIème PARTIE.

CHEZ LA MODISTE À MOSCOU.












Bandeau typographique
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I

SCÈNES D’ATELIER.



L a boïarine décida qu’on me mettrait en apprentissage chez une grande modiste de Moscou, madame K. pour y apprendre la confection des vêtements de femmes. Ma nouvelle maîtresse avait tous droits sur moi. On lui avait recommandé de ne pas ménager mes fesses, pour me faire entrer le métier par derrière. C’était le seul moyen de m’encourager à bien faire.

Je n’étais pas fâchée de m’éloigner pour deux ans de la férule de mes maîtres, comptant que je ne serais pas aussi exposée à la découverte incessante de mon postérieur. Je comptais sans mon hôte. Ici encore j’eus à subir des corrections à tout bout de champ.

Nous étions là une trentaine d’ouvrières et d’apprenties, toutes susceptibles de recevoir le fouet. Quelques-unes étaient comme moi de jeunes serves envoyées là par leurs maîtresses pour y faire leur apprentissage. D’autres étaient des filles de moujiks, louées par leurs parents comme ouvrières gagées dont ils retiraient des bénéfices. Il y avait des orphelines louées par des parents éloignés qui s’en débarrassaient ainsi, il y en avait une qui avait passé une partie de sa jeunesse dans un orphelinat de la ville.

Madame K. était une femme de trente-cinq ans, brune à la façon des Françaises, à la peau très blanche, avec une abondante chevelure châtain foncé, des joues pleines, deux grands yeux noirs qui brillaient sous d’épais sourcils ; un soupçon de moustache estompait sa lèvre supérieure, qui était comme sa jumelle un peu épaisse et d’un beau rouge sensuel. Elle avait une taille au dessus de la moyenne, un corsage riche de promesses qu’il devait amplement tenir, des hanches saillantes, et sous la cambrure des reins un remarquable ballonnement bombait les jupes. Cette jeune femme, encore très appétissante avec tous ces reliefs, ne devait pas chômer d’adorateurs.

Madame K. habillait la plus élégante et la plus riche clientèle de Moscou et des châteaux environnants. Elle présidait à nos travaux et ne laissait à personne le soin de nous surveiller. Quand elle s’absentait, ce qui lui arrivait assez souvent, elle confiait la surveillance à la sous-maîtresse.

Elle passait plusieurs fois par jour dans les rangs, prenant sur sa table à ouvrage, où elle était en permanence, la nagaïka, qui ne revenait pas souvent à sa place sans avoir servi.

Le jour de mon entrée dans l’atelier, à la première promenade qu’elle fit, elle prit un corsage des mains d’une grosse rougeaude de vingt-quatre ans, qui était la fille d’un moujik. La pâleur envahit ses joues, quand la maîtresse lui prit l’ouvrage des doigts.

— Tu ne sauras donc jamais faire que des points long d’une aune. Je vois que pour faire entrer le métier dans ta tête, il faut que je l’y fasse passer par les fesses. Allons, hop, en position.

La pauvre fille dut se trousser elle-même. Elle avait un gros derrière aussi rouge que sa figure. La maîtresse lui appliqua six coups de cordes de toute la force de son bras. L’ouvrière dut se remettre à la besogne les larmes aux yeux.

— Découds-moi çà, et recommence. Si tu me fais encore des points aussi longs tu sais ce qui te pend au derrière.

Elle repassa une heure après. La pauvre fille, qui avait les yeux mouillés de larmes, n’avait pas pu avancer beaucoup son ouvrage.

— C’est tout ce que tu as fait dans une heure ! Si tu te figures que je te paie à tes parents pour faire la fainéante, tu te trompes. Je vais d’abord m’indemniser sur tes fesses, et ce soir tu me feras quatre heures de travail supplémentaire.

Cette fois, elle lui épingla les dessous aux épaules, agenouillée devant sa chaise de travail, elle lui appliqua six nouveaux coups de cordes, qui lui empourprèrent les fesses. Elle la laissa ainsi sanglotant, en face de nos yeux braqués sur son indécence, l’obligeant à continuer son ouvrage à genoux pendant deux heures. Les pauvres fesses rouges remuaient sans cesse, et je pus remarquer qu’elle avait une petite couronne de poils autour de ce qui est imberbe d’ordinaire chez les filles.

Dans cette tournée, elle en fouetta deux autres, une apprentie de treize ans, serve comme moi, et une ouvrière de vingt ans, qui avaient élevé la voix pendant qu’elle faisait son inspection. Elle corrigeait toujours sur le champ le manque d’attention aux observations qu’elle adressait à l’ouvrière réprimandée. Elle appliqua à chacune, à la plus jeune comme à la plus grande, six coups de cordes qui leur rougirent les fesses. Elles en eurent pour dix minutes à se consoler.

Le lendemain j’eus l’occasion de faire connaissance avec la nagaïka de la modiste. Elle m’avait envoyée faire une commission dans un magasin du voisinage, en me recommandant de me dépêcher, si je ne voulais pas tâter de ceci. Elle me montrait l’instrument de torture qui s’étalait sur sa table à ouvrage.

Comme je ne connaissais pas la rue, je dus m’informer. Je trouvai assez vite la maison, et une fois servie je revins en courant, comptant bien avoir évité par mon zèle, la correction promise en cas de retard. Mais madame me dit :

— Qu’as-tu donc fait, Mariska ? Tu t’es amusée à regarder aux vitrines. Je vais t’apprendre à lambiner, quand on t’envoie en course.

Je regardai la maîtresse s’avancer, la nagaïka à la main, surprise qu’elle m’eût parlé ainsi, quand elle pouvait voir à la palpitation de ma petite gorge naissante que j’avais dû courir. Elle me troussa lestement, elle trouva mes fesses en moiteur, indice certain que je m’étais hâtée.

— Parbleu, si tu as couru, c’était pour rattraper le temps perdu.

Et la nagaïka tomba retomba sur mes pauvres fesses en sueur, ce qui rendait les cinglées plus cuisantes. Elle m’en appliqua comme cela une douzaine, qui me mirent le feu à la peau, au milieu des éclats de rire des ouvrières enchantées de voir fouetter sévèrement des fesses neuves, qu’elles voyaient pour la première fois à découvert. Je n’avais rien dit, mais je pleurais comme une Madeleine, quand elle me recouvrit les fesses. Je dus me remettre à pousser l’aiguille avec le feu au derrière.

Étant la dernière venue, on me chargeait de toutes les menues besognes, de toutes les courses dans les environs, et j’étais le souffre-douleur de l’atelier. J’avais beau m’escrimer à faire de mon mieux, je n’avais jamais assez bien fait. Si j’allais faire une commission, je ne revenais jamais assez tôt. Si quelque ouvrière égarait un objet, c’était moi qui l’avais perdu.

Quand je rentrais d’une course, eussé-je volé pour revenir plus vite, on me troussait et on me fessait, sous prétexte de retard. On ne retrouvait pas l’objet égaré, on me troussait et on me fessait. On le retrouvait dans quelque coin, je l’y avais caché, on me troussait et on me fessait. Enfin j’avais beau faire, j’étais toujours troussée et toujours fessée, et malgré le feu qui me cuisait le derrière, j’étais obligée de reprendre l’aiguille assise sur un brasier.

Madame se servait de la main pour pouvoir y revenir plus souvent. Ces vexations incessantes durèrent six mois, jusqu’à ce qu’une nouvelle apprentie vint prendre ma place.

Le troisième jour de mon arrivée, la modiste fut appelée au salon d’essayage par une de ses riches clientes, nous laissant sous la surveillance de la sous-maîtresse, une jeune femme de trente ans, aux cheveux châtain clair, avec des yeux bleus très doux. Elle était aux gages de la modiste depuis deux ans, et soumise à la même discipline que nous. Elle nous était assez indulgente et nous laissait parler librement en l’absence de la maîtresse, qui ne revenait pas toujours bien vite.

Elle revint cependant assez tôt pour appeler une petite boulotte de seize ans, toute ronde. À l’appel de son nom la jeune fille rougit, pâlit, verdit, passant par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Elle devait se douter de ce qui l’attendait. Moi je me posais la question sans pouvoir la résoudre. Les conversations, qui avaient cessé à l’entrée de la maîtresse, ne reprirent pas. Les ouvrières se taisaient comme prêtant l’oreille à quelque bruit que je ne percevais pas.

Pendant que je me demandais pourquoi ce silence subit, des plaintes s’élevèrent du cabinet voisin dont nous étions séparées par une mince cloison. Puis aux plaintes succédèrent des cris tels qu’en poussent les filles fouettées sévèrement. Les cris arrivaient de plus en plus distincts, augmentant d’intensité, comme si la fessée s’accentuait. Les plaintes et les cris durèrent dix minutes puis tout cessa. Les ouvrières et les apprenties semblaient être au courant de ce qui se passait à côté.

La jeune boulotte reparut bientôt ramenée par la maîtresse, les yeux rouges, les joues sillonnées de larmes. J’étais fort intriguée par ce qui s’était passé dans le cabinet voisin. La patronne, je l’avais bien vu la veille et l’avant veille, et ce matin encore, fouettait les délinquantes sur le flagrant délit. Mais à celle-ci, elle ne lui avait adressé aucun reproche, et cependant elle venait de la fouetter, sinon sous nos yeux, du moins à la portée de nos oreilles. Dès que nous eûmes quelques instants de liberté, je m’avisai de l’interroger.

— Il t’en arrivera autant à toi, quand tu seras à même de travailler pour les grandes dames. Pour un point plus long que l’autre, pour un pli défait, sans même prendre la peine de donner une explication, se prétendant mécontentes, elles viennent se plaindre à la patronne qui, si elle est hautaine et arrogante avec nous, est d’une humilité de serve pour ses clientes riches et titrées. Elle ne leur refuse jamais la satisfaction qu’elles réclament, qu’elle leur donne, et qu’elles prennent le plus souvent elles-mêmes sur nos fesses. Mais tu la verras à l’œuvre, car il y a des dames qui viennent dans l’atelier se faire désigner les coupables.

La semaine dernière, ce fut la comtesse de Sha… qui vint se plaindre que le corsage qu’on lui avait livré la veille avait été mal défaufilé, qu’elle avait été obligée de faire terminer cet ouvrage par sa femme de chambre. Moi qui avais fait ce travail, je savais bien qu’il n’y avait pas un mot de vrai dans ses affirmations, et madame, qui l’avait examiné sur toutes les coutures, le savait aussi bien que moi. Cela ne l’empêcha pas de me conduire dans le cabinet voisin, en disant à la comtesse qui est une femme de trente ans environ :

— Madame la comtesse, dit-elle, voici la coupable. Je vais la fouetter devant vous, à moins que vous ne préfériez la châtier vous-même.

— Je veux bien, dit-elle, en roulant des yeux qui me donnaient la chair de poule, la punir moi-même. Elle se souviendra mieux, quand elle aura un travail à achever pour moi, de la main qui l’aura fouettée comme il faut.

La patronne me troussa, me tenant penchée en avant. Ah ! j’eus vite apprécié la sévérité de la noble dame. Elle me fouettait avec une nagaïka de vingt cinq cordes, qui enveloppaient mes fesses, froissant la peau à chaque coup asséné avec fureur. D’abord je me mis à gémir, puis sous l’affreuse cuisson, je ne pus retenir des cris déchirants, qui ont terrifié mes compagnes, qui se doutaient bien que ce n’était pas pour rien que je hurlais ainsi. On nous corrigeait dans le cabinet voisin de l’atelier, pour que les ouvrières et les apprenties sachent qu’on fouette une de leurs camarades et pourquoi.

Quand mes fesses tuméfiées ne purent plus en supporter, les cordes vinrent me cingler brutalement les cuisses, ce qui me fit pousser des cris de rage. Elle me fouetta ainsi pendant un long quart d’heure. J’avais le feu partout, et je criais comme une écorchée.

Madame me conduisit dans un appartement isolé, où les ouvrières traitées comme je l’avais été, n’importunaient pas leurs camarades de dortoir, car j’ai gémi jusqu’au matin.

Le lendemain j’eus l’occasion de voir la modiste dans tout son effarement. Monsieur le Duc de R. fut introduit dans l’atelier. C’était un homme d’une cinquantaine d’années à la barbe grisonnante, qui venait se plaindre, de la part de madame la Duchesse, d’un corsage mal ajusté, dont les coutures avaient craqué. La vérité, c’était que la dame, qui avait un embonpoint ridicule, voulait faire fine taille. La patronne s’inclina jusqu’à terre.

— Monsieur le Duc, voici la coupable, dit-elle en désignant au hasard une grande fille brune, qui avait bien vingt ans. Nous allons la fouetter sévèrement pour lui apprendre à coudre plus solidement une autre fois.

Si vous voulez bien nous suivre, monsieur le Duc, vous verrez comment je corrige les ouvrières qui mécontentent mes clientes.

Le Duc fit signe que oui, et la modiste sortit, emmenant l’ouvrière prise au hasard, qui se demandait pourquoi elle allait payer pour la fautive. Presque aussitôt nous entendîmes des sanglots derrière la cloison, puis des cris pendant cinq minutes.

Quand les cris eurent cessé, mais non les sanglots, nous entendîmes un bruit sourd de voix qui s’entretinrent, pendant dix longues minutes. Puis plus rien.

La patronne ramena la fouettée qui avait deux ruisseaux de larmes sur les joues. Elle l’avait gardée dix minutes troussée avec ses fesses nues et rouges devant le Duc, pendant qu’ils conversaient, lui la complimentant sur la façon dont elle corrigeait les ouvrières fautives. Il vint même s’enquérir de près, faisant courir sa main sur les fesses, qu’il trouva brûlantes et sur les cuisses dont la peau était soulevée par places.

Il venait des dames se plaindre presque tous les jours, quelquefois avec leur mari, la plupart du temps sans raison plausible. Elles savaient que la patronne ne leur refusait jamais la satisfaction pour leurs doléances, leur offrant de la prendre elles-mêmes sur les fesses de la coupable.

C’était presque tous les jours qu’on entendait les plaintes, les sanglots, les cris qui montaient des postérieurs sur lesquels l’on donnait, ou l’on prenait la satisfaction pleine et entière, au gosier de la payante, mêlés au bruit sinistre des cordes froissant la chair nue assommée, qui arrivait parfois jusqu’à nous, surtout quand c’était la plaignante qui se payait elle-même.

Quand j’eus quatorze ans, j’étais déjà assez formée, mes petits nénés avaient poussé et garnissaient mon corsage de deux petites pommes. J’avais sur ma petite éminence un petit duvet déjà noir, mes petites fesses à force d’être fouettées et fessées, s’étaient arrondies et développées.

Madame m’envoya porter une caisse chez la marquise de L. avec Nadine, une belle fille de vingt ans, blonde comme les blés murs. C’était justement l’orpheline, qui avait passé une misérable jeunesse jusqu’à l’âge de seize ans dans un orphelinat de Moscou, et dont on lira avec intérêt les impressions à la fin de la modiste.

Nous fûmes reçues par un groom très déluré, jeune garçon de quatorze ans, qui me caressa le menton, pelota mes nichons, n’osant pas sans doute prendre les mêmes libertés avec la grande Nadine. Il prit la caisse et la porta dans la chambre de la marquise. Nous nous en retournâmes sans nous amuser, la patronne put le constater, elle était dans l’atelier quand nous rentrâmes.

Personne de plus surprises que nous de voir entrer sans frapper dans l’atelier, madame la marquise de L. qui s’annonça à haute voix. C’était une femme toute jeune, paraissant vingt-cinq ans à peine. Elle venait se plaindre à la modiste du retard qu’avaient mis à lui livrer la caisse les deux ouvrières qu’elle en avait chargées.

— Madame la marquise, je suis vraiment confuse, dit-elle en nous désignant, du retard que ces deux polissonnes ont mis à vous faire la livraison. Mais nous allons, si vous le voulez bien madame la marquise, les châtier comme il faut de leur négligence impardonnable.

— Si je le veux ! Eh ! oui, je le veux, dit-elle, l’œil flamboyant, qui n’annonçait rien de bon pour nos fesses. Il faut leur apprendre à trotter, à ces serves-là, quand elles vont faire une livraison chez une noble dame. Je me charge de la grande blonde qui doit être la plus coupable.

Nadine ne put s’empêcher de faire une petite grimace avec son nez qui parlait toujours. La marquise vit cette grimace, elle regarda la pauvre fille d’un air féroce, qui semblait lui promettre de lui faire payer cher cette grimace involontaire. Je ne croyais pas avoir si bien deviné.

La patronne nous entraîna dans le cabinet redouté des postérieurs qui y étaient déjà passés, suivie de la plaignante. C’était la première fois que j’y étais conduite, et pour une faute imaginée. Madame troussa Nadine et présenta à la marquise les fesses nues de la jeune fille, qui saillaient très rebondies, couvertes d’une peau veloutée comme celle d’une pêche vermeille d’un rose tendre.

À la première envolée les cordes retombèrent avec un bruit sec sur la peau tendue. Je devinai à la façon dont la marquise maniait la nagaïka, que celles qui passaient par ses mains ne devaient pas en sortir souvent sans quelque égratignure.

Elle appliquait les coups espacés, brandissant les cordes, leur faisant faire deux ou trois tours dans l’espace pour les envoyer avec plus de force. Les nœuds s’enfonçaient dans les chairs, laissant des marques rouges, les fesses grimaçaient affreusement sous ces terribles cinglées, et Nadine, qui pourtant était très endurante, ne cessa de sangloter, et de pousser des cris déchirants arrachés par la torture que la marquise lui infligeait avec le plus grand sang-froid et un air de profond contentement.

Ce supplice dura dix minutes. La fouetteuse n’avait pas appliqué plus de cinquante coups de cordes, mais avec une telle habileté, guidée par la férocité qu’on lisait dans ses traits, que les pauvres fesses rondes étaient entamées en plusieurs endroits, et la pauvre fille geignait toujours. L’aspect lamentable de ce beau postérieur, tout à l’heure si luisant avec son velours de soie, était vraiment pitoyable ainsi détérioré, et la fouetteuse semblait se délecter à ce spectacle affligeant.

Je craignais que ce bras redoutable n’entreprit la danse de mes fesses. Je la vis s’asseoir dans un fauteuil, savourant les dessins qu’elle venait de buriner sur la chair palpitante. Le tableau vivant resta exposé pendant que madame me troussait et m’appliquait trente coups de cordes, qui me firent chanter tout le temps et jouer des fesses, bien malgré moi.

Je croyais que c’était fini ainsi. Mais la marquise se leva de son fauteuil, vint prendre la nagaïka des mains de la modiste, en me disant que mes fesses seraient jalouses, si elles n’avaient leur compte. Elle ne m’appliqua qu’une demi douzaine de coups de cordes, mais de la façon dont elle les avait détachées aux fesses de Nadine. Arrivant avec cet élan les nœuds s’incrustaient dans mes chairs à vif m’infligeant un véritable supplice. Je hurlai à chaque cinglée. Les six coups appliqués avec cette violence suffirent pour m’incendier la peau.

J’eus le feu au derrière toute la journée, en poussant l’aiguille, car je dus reprendre mon ouvrage toute la nuit. La pauvre Nadine ne reparut pas à l’atelier.

Un jour une jeune serve de seize ans, qui était là aussi comme apprentie, envoyée par ses maîtres, revint les larmes aux yeux, de porter une toilette à une élégante de la ville. La maîtresse la regarda et n’eut pas de peine à deviner ce qui lui était arrivé.

— Ah ! ah ! On t’a fouettée, ma belle. On a bien fait. Si tu ne l’avais pas mérité, cette dame, qui est la bonté même, ne t’aurait pas fessée. Voyons, qu’as-tu encore fait de travers ?

La jeune serve raconta avec des sanglots dans la voix, qu’elle avait glissé en entrant dans la chambre de la dame, et s’était étalée de tout son long, elle d’un côté, le carton de l’autre. Alors la dame l’avait troussée, et lui avait appliqué des coups de cordes sans compter pendant cinq minutes.

— Elle a bien fait, si c’était son plaisir. Aussi pourquoi vas-tu t’étaler sur le ventre, t’offrant dans la posture la plus engageante pour recevoir le fouet ? Voyons, montre nous comme elle t’a arrangé les fesses notre noble cliente ?

L’apprentie se troussa pour nous montrer son postérieur. Il y avait du sang sur les fesses et des taches rouges à la chemise. La dame au bon cœur devait être joliment féroce pour traiter aussi cruellement un cul qui s’était écroulé devant elle.

— C’est une bonne leçon pour l’avenir. Tu prendras les précautions une autre fois, pour ne pas tenter ainsi la main d’une fesseuse.

Quand madame fut sortie, j’entendis plusieurs histoires du même genre. Une grande fille de vingt-sept ans nous raconta ce qui lui était arrivé, il y a six semaines, chez une dame chez laquelle elle était allé pour lui essayer un corsage.

— Deux femmes de chambre m’aidaient à épingler les morceaux d’étoffe. Je prenais des précautions infinies pour ne pas m’attirer les foudres de la dame, mais malgré toute mon adresse, elle prétendit que je lui avais heurté la gorge. Elle fit un signe à une de ses filles de chambre qui alla pousser un bouton. Presque au même instant le fils, une jeune homme de dix-sept ans entra.

— Mon fils, cette femme que vous voyez là, m’a gravement manqué de respect en heurtant brutalement la gorge de votre mère. Vous savez comment vous devez châtier un pareil outrage.

Les deux filles de chambre vinrent me trousser, me tenant penchée, et le jeune homme, qui avait pris sur la table la nagaïka dont se servait sa mère pour ses servantes, vint m’en appliquer une douzaine de coups, assénés avec une violence, qui me projetait chaque fois en avant. Je me mordais les lèvres pour ne pas crier, mais je souffrais horriblement.

Quand je me redressai pour reprendre ma besogne, je fus surprise que mes dessous ne retombassent pas. Parbleu les filles de chambre les avait épinglés, et je dus reprendre ma besogne les fesses nues, à la portée de la nagaïka que brandissait le fils.

La menace incessante du coup attendu me fit commettre maladresse sur maladresse, qui m’attiraient chaque fois deux ou trois violentes cinglées de ces satanées cordes, qui attisaient le feu dans mes fesses. J’en reçus comme cela une cinquantaine. J’en ai gardé les fesses bleues pendant huit jours.

— Moi, raconta ensuite une apprentie de seize ans, de petite taille, au buste replet, aux hanches saillantes, que madame envoyait toujours faire les livraisons chez une dame de haut lignage, chaque fois que je vais chez la duchesse de Th. porter une commande, il faut que je lui essaie les objets. Monsieur le Duc, qui se trouve toujours là, assiste à l’essayage.

J’ai beau m’escrimer à bien faire, je reçois toujours avant de m’en aller une fessée à la main que m’applique le mari, pendant que sa noble épouse me tient troussée. Et je vous assure que cette main d’homme de trente ans se fait rudement sentir. Il m’applique ainsi une trentaine de claques, qui me laissent, quand je m’en vais, les fesses rouges et brûlantes, qui le lendemain sont toutes bleues.

Hier le Duc n’assistait pas à l’essayage. J’allais partir sans avoir reçu la dose accoutumée, quand il entra sans frapper.

— Vous arrivez à propos pour châtier cette petite pécore, qui n’a commis que des maladresses aujourd’hui. Vous pourrez augmenter la dose pour qu’elle s’en souvienne mieux la prochaine fois.

Cette arrivée inattendue me glaça d’effroi. La Duchesse me troussa, et le Duc se mit à gifler mes fesses nues avec un entrain de diable. Il me fessa comme jamais il ne m’avait fessée. Je sentais des picotements à fleur de peau à chaque claque qui me froissait la chair. On aurait dit des piqûres d’épingles. Je me démenais comme une possédée, poussant des cris de détresse. Il m’appliqua ainsi une cinquantaine de claques sévères.

Quand il fut sous les fesses, il s’avisa de me gifler les cuisses, mais avec une telle violence, qu’après une douzaine de claques les picotements se produisirent sur la peau. Ils me congédièrent quand j’eus fini de crier, mais non de pleurer.

La raison de cette fessée au moment de mon départ, je la constate chaque fois à l’enflure qui gonfle la culotte du fouetteur. Ces deux jeunes époux me fessent pour se faire bander. Ils doivent s’en f… jusqu’à plus soif aux dépens de mon cul fumant, quand je suis partie.

Elle nous montra ses fesses, elles étaient tapissées d’une enveloppe violette, les cuisses avaient des plaques bleues.

Une après-midi nous vîmes entrer dans l’atelier une dame d’une quarantaine d’années, suivie de sa fillette, une gamine de douze ans, qui était encore en robe courte. C’était madame la générale de X.

Madame K. se précipita à la rencontre de ces nobles clientes, s’inclinant avec force courtoisies, roulant deux fauteuils en leur demandant ce qui lui valait l’honneur de leur visite. La générale se plaignit qu’on avait fait une robe étriquée à sa fille. La modiste parut indignée, et se fit désigner la coupable par la surveillante des travaux. C’était une grande pimbêche de vingt-six ans qui avait des fesses et des cuisses qui n’en finissaient pas.

— Madame la générale, nous allons la châtier sévèrement en votre présence, et si mademoiselle votre fille veut la corriger elle-même, nous lui confierons sa correction.

La patronne attendait les ordres de la générale pour conduire la coupable au cabinet voisin. Mais la gamine, qui avait vu la nagaïka sur la table à ouvrage de la modiste, s’en était emparée, et s’avançait, son petit bras levé, menaçant vers la coupable désignée à sa vengeance. Elle passa la nagaïka dans sa main gauche, et appliqua une paire de gifles à tour de bras sur la joue droite, qui enfla et rougit, mettant des larmes dans les yeux de la souffletée.

La maîtresse, voyant l’intention de la jeune fouetteuse s’empressa de souscrire au désir de sa jeune cliente qui était des ordres formels. Elle troussa la grande fille, comme quand c’était elle qui maniait les cordes, mais cette fois elle épingla les dessous aux épaules.

La patiente était agenouillée, le corps incliné vers une chaise basse, le front appuyé sur le siège, présentant ses longues fesses, qui étaient larges en proportion, et ses cuisses nues. Il y avait bien près d’un mètre de viande des hanches aux jarretières qui étaient attachées au dessus du genou. Les jambes étaient emprisonnées dans des bas violets.

Ce n’était pas la première fois que cette main de douze ans maniait la nagaïka. Les cordes, chaque fois qu’elles retombaient avec une vigueur qu’on n’aurait pas soupçonnée dans ce jeune bras, enveloppaient la large surface de chairs, qui rougissaient à vue d’œil. Tant que dura la flagellation des fesses le postérieur se remua vivement, pendant que des plaintes s’échappaient du gosier.

Quand elle arriva sous le creux, elle obligea la patiente à se tenir sur un genou, le pied droit posé a plat, la jambe verticale, la cuisse horizontale de façon à former un angle droit.

Alors elle se mit à cingler la cuisse gauche. Les cordes passaient dans l’espace libre sous les creux, effleurant la fesse droite, froissant le chat, venant cingler la cuisse gauche dont elles faisaient tout le tour. Elle descendit ainsi jusqu’au genou, cinglant toujours à tour de bras. Au milieu de la cuisse, qu’elle avait en pain de sucre, les cordes faisaient presque deux fois le tour. Elle les retirait brusquement, froissant la peau à chaque tirée. Depuis le premier coup jusqu’au dernier, ainsi appliqué, ce fut un concert de cris assourdissants, en une gigue désordonnée des cuisses et des fesses.

Elle lui fit prendre la même posture sur le genou gauche, pour que la cuisse droite eus son tour. Je me demandais comment elle allait s’y prendre ? Elle n’était pas à portée ainsi.

La féroce petite personne, très drôle avec ses jupons courts, avait dû s’exercer des deux mains, pour pouvoir pratiquer sur les deux cuisses son cruel divertissement. Elle prit la nagaïka dans sa main gauche, et mania les cordes aussi habilement et aussi fort que de la main droite. La croupe dansait une ronde infernale, et la victime poussait des cris de damnée.

Quand elle fut au genou, la cuisse droite n’avait rien à envier à sa sœur jumelle. Elles étaient vêtues d’un caleçon violet, qui formait avec les bas de même nuance un maillot complet. Seul le gros et long postérieur détonnait avec sa pourpre sanguinolente.

Elle dut se remettre sur les deux genoux, et le petit monstre femelle demanda des verges pour battre la générale. La maîtresse s’empressa d’acquiescer à son désir, car il y a de tout dans l’atelier. Elle tambourina les fesses faisant un long roulement qui leur tira du sang, et qui se termina par quelques coups de baguettes bien senties entre les cuisses.

Elle appelait ça battre la générale. C’était peut-être parce qu’elle était la fille d’un général, qu’elle avait baptisé ainsi ce cruel roulement de baguettes.

La mère et la fille, s’en allèrent enchantées. Çà se lisait dans leurs yeux, d’avoir obtenu une aussi prompte et aussi complète satisfaction de leurs griefs.

La grande fille resta dans cette posture indécente, avec des tortillements furieux de ses fesses ensanglantées, poussant des cris affreux, pendant que la maîtresse accompagnait ses clientes. Quand elle revint, ces gémissements lui déchiraient le tympan. Elle l’envoya se coucher sans souper. Avec la façon dont la jeune fouetteuse lui avait cinglé les fesses et l’entre-cuisses, elle ne l’aurait pas gagné de sitôt, elle n’était pas près de se taire.

— Çà t’apprendra, ma fille, à étriquer les costumes des jeunes demoiselles. Tu sais que je ne pardonne jamais de pareilles négligences.


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