Mémoires d’une danseuse russe/T2-01-2

Sous les galeries du Palais Royal (1 à 3p. 36-50).

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II

AMOURS PRINTANIERS.



D epuis que la marquise de L. était venue nous relancer dans l’atelier, Nadine et moi, chaque fois qu’on lui portait un essayage chez elle, elle ne manquait jamais de faire monter les ouvrières dans sa chambre, où elle les fouettait à tout propos, les renvoyant presque toujours les fesses endommagées. Elle gardait l’objet, mais c’était pour le rapporter dans l’après-midi sur le siège de son coupé avec le jeune groom assis à côté du cocher. Elle passait dans le salon d’essayage, où des ouvrières allaient l’ajuster sous l’œil de la maîtresse et d’une nagaïka, qui ne chômait pas souvent.

Quand le coupé s’arrêtait devant la porte, madame m’envoyait aider le jeune Yégor à porter la caisse au salon d’essayage. L’entrée des clientes était par un grand vestibule, les ouvrières longeaient un long corridor obscur. La première fois que j’aidai le jeune groom, il ne me dit rien en allant. Mais dès que nous fûmes sortis, il s’arrêta au milieu du corridor, m’embrassa sur les lèvres, et pendant qu’il me tenait ainsi, il glissa sa main sous mes jupes grimpant jusqu’au haut des cuisses.

Je le laissai faire. Ce baiser prolongé et ce contact, les premiers que je recevais d’un jeune garçon, me faisaient plaisir. Voyant que je ne résistais pas, il me prit la main, la passa dans sa culotte où je trouvai un petit outil raide comme un bâton.

Alors il m’adossa au mur, je me laissai faire, me disant que s’il me dépucelait, il ne me ferait pas grand mal sans doute avec ce petit bijou qui était le quart de celui d’Yvan. Il appuya la pointe de son petit dard au bas de ma toison naissante sur les bords. Il poussa, poussa si longtemps, qu’il éclata en pleurs à l’entrée. Je ressentis moi-même beaucoup de plaisir, me mouillant comme sous le doigt de mes camarades. Mais comme on aurait pu nous surprendre, je m’enfuis à l’atelier, toute rouge et bien gênée par ce qui me coulait dans les cuisses.

Les ouvrières qui rentrèrent de l’essayage avaient les yeux rouges. La nagaïka avait dû marcher.

Toutes les semaines la marquise revenait avec le groom. J’étais toujours désignée pour l’aider à porter le carton. La première fois qu’il revint nous reprîmes notre charmante conversation, qui se termina pour les deux interlocuteurs par un plaisir partagé. Mais cette fois Yégor m’essuya avec une serviette. Puis il me raconta comment Nadine et moi lui avions valu une fessée de sa maîtresse, qui d’ailleurs le fessait à tout propos.

C’était la première fois qu’il recevait des couturières. Il ne savait pas que les filles de chambre avaient l’ordre de les amener dans l’appartement de leur maîtresse, et il les avait renvoyées. Quand il entra avec la caisse, et qu’elle apprit qu’il avait congédié les ouvrières sans les faire monter, elle le déculotta devant les filles de chambre, et le fessa, comme jamais elle ne l’avait fessé.

Il me racontait tout çà, une main glissée sur ma petite gorge, et l’autre sous mes jupes, caressant mes fesses. Je lui racontai que la marquise n’avait pas tout perdu, qu’elle était venue se plaindre dans l’après midi du retard que nous avions mis dans la livraison de la boîte, et que ma camarade et moi nous lui avions été offertes en expiation.

— Elle a fouetté Nadine jusqu’au sang. Moi, j’ai été fouettée ensuite par ma maîtresse, tandis que la marquise moelleusement étendue dans un fauteuil, se repaissait du spectacle alléchant des fesses abîmées de sa victime qui se lamentait.

Quand la maîtresse en eut fini avec moi, elle prit la nagaïka et m’en appliqua six coups furieux sur les fesses déjà ramollies, qui me cuisirent toute la journée et toute la nuit.

Oh ! je sais comment elle fouette, ma maîtresse. Ses filles de chambre ne sortent jamais de ses mains sans avoir les fesses écorchées après quelques coups de cordes, comme elle sait les appliquer.

Nous étions là depuis trop longtemps déjà. Je m’échappai en courant, après lui avoir mouillé les doigts, car il me branlait pendant les histoires qu’il me faisait. Mais je me demandais quand nous aurions l’occasion de nous rencontrer ailleurs, pour qu’il pût enfin prendre mon pucelage.

Cette occasion ne vint pas. Nous continuions nos relations dans le corridor à la hâte. J’y prenais tous les jours plus de plaisir, quand elles furent brusquement interrompues par une véritable catastrophe.

Il me raconta à notre prochaine rencontre pourquoi la marquise le fessait quand l’envie lui en prenait. Une fessée sur le cul du jeune garçon l’excitait au dernier point. Dès qu’il était parti, elle appelait à son secours deux filles de chambre qui se tenaient dans l’alcôve, et qui avaient un vrai talent pour alimenter le feu dans cette fournaise. L’incendie ne s’éteignait qu’après de nombreux arrosages.

Il savait tout çà par l’une de ses filles de chambre qui s’offrait le jeune Yégor chaque fois qu’elle en trouvait l’occasion. Elle le recherchait surtout après l’extinction de l’incendie, parce qu’il était en plus brillant état après une fessée, et tout de suite prêt, ce qui n’est pas à dédaigner, quand on court le risque d’une surprise.

Un jour je dus me passer de l’aimable causerie d’Yégor, et ce que j’eus en compensation ne remplaça pas, au contraire, le plaisir que je goûtais avec le petit outil du jeune groom. On me garda à l’essayage. J’étais tellement troublée, qui je faisais tout de travers.

— Cette Mariska ne fera jamais rien de bon.

La patronne me troussa, et présenta mes fesses nues à la marquise, qui détachait ses coups toujours avec la même méthode, deux ou trois tours dans l’espace, les cordes éparpillées retombaient avec force sur les fesses qu’elles enveloppaient. La peau me cuisait horriblement. Elle m’en appliqua une demi douzaine.

L’essayage interrompu recommença. J’avais des larmes dans les yeux qui formaient un vrai brouillard, qui m’empêchait d’y voir pour la tâche qu’on m’avait imposée. Alors la patronne me troussa de nouveau, et la marquise m’appliqua six nouvelles cinglées, qui venant se greffer sur les premières produisirent ce picotement qui ressemble à des piqûres d’épingles dont parlait l’ouvrière fessée. Voyant que je ne pouvais plus rendre le moindre service, on me fit agenouiller devant une chaise, toujours troussée, les genoux sur le parquet.

On me laissa là, pendant les deux heures que dura l’essayage. Les genoux me faisaient un mal atroce. Comme mes fesses faisaient de temps en temps des mouvements d’impatience, on venait m’appliquer deux ou trois coups de nagaïka. Pendant ces deux heures, les trois ouvrières qui étaient occupées à l’essayage, eurent l’occasion d’être troussées par leurs compagnes et toujours fouettées par la marquise. Je ne voyais rien, mais j’entendais le bruit mat des cordes en contact avec la peau nue, et les plaintes des fustigées.

L’une d’elles le fut deux fois pour une négligence renouvelée, mais pour ne pas lui enlever ses moyens, on attendit la fin de la séance. J’assistai à un vrai carnage de chair humaine. La marquise fouetta ces grosses fesses déjà rouges avec une telle rage, qu’elle déchiqueta la peau ramollie en un rien de temps.

Quand la fille, qui était très vigoureuse, se releva, les lèvres ensanglantées, bavant comme si elle était enragée, elle regarda la cruelle fouetteuse d’un air si menaçant, que je me demandais si elle n’allait pas l’étrangler.

La marquise dut s’en apercevoir, mais elle ne dit rien, et se hâta de quitter le salon d’essayage. Depuis elle ne fit jamais demander cette ouvrière.

Elle m’a avoué qu’elle avait eu en effet un moment l’idée de l’étrangler, car elle aurait volontiers sacrifié sa vie pour se venger. La mort lui aurait paru douce après l’étranglement de cette cruelle femme. Mais elle avait un vieux père et une vieille mère qui vivaient d’elle. Je crois que si elle avait été seule au monde la marquise aurait passé un vilain quart d’heure, elle l’aurait étranglée comme elle le disait, quitte à payer sa vengeance de sa vie.

Il y avait trois mois que nos relations duraient, entre Yégor et moi, toujours dans le corridor obscur, quand il nous arriva un accident assez désagréable, qui eut une suite désastreuse du moins pour moi.

Madame K., sortant du salon d’essayage par la porte du corridor, entendit chuchoter. Elle s’avança sur la pointe des pieds, et put arriver jusqu’à nous, au moment où Yégor, qui m’avait accotée suivant son habitude contre le mur, terminait sa besogne et moi aussi. Elle put entendre distinctement les soupirs que nous arrachait le plaisir.

— Ah ! oui, petits polissons ! C’est ainsi que vous faites des saletés dans ma maison. Vous allez les payer cher, toi surtout, effrontée gamine.

Elle alla chercher la marquise qui arriva telle qu’elle était en tenue d’essayage. La patronne nous conduisit dans le cabinet. Là, elle me troussa par devant.

— Oh ! la grande sale ! Elle en porte encore les traces. Horreur !

La marquise avait déculotté le jeune groom, et le fessait à tour de bras. Les fesses rougissaient à vue d’œil. Elle le gifla ainsi pendant cinq minutes. Le jeune garçon malmené criait comme un chat écorché vif. Puis elle le fit mettre à genoux devant une chaise, pendant que madame me troussait, épinglait mes dessous aux épaules, et on me mit une nagaïka dans la main.

— Toi, sa complice, me dit la marquise tu vas me fouetter ce cul là, jusqu’à ce que je t’arrête. Et si tu le ménages, tu vois comme je lui ai arrangé les fesses, eh ! bien j’arrangerai les tiennes encore mieux. Je t’ai fait trousser exprès. Allons commence la danse.

Je me mis à le fouetter pour obéir, regrettant d’être obligée de maltraiter ces fesses aimées, rouges déjà de la verte fessée qu’elles venaient de recevoir. Puis machinalement je le fouettai avec une certaine vigueur, appliquant les cordes plus fort, puis à tour de bras sans la moindre émotion, sur ce cul qui s’empourprait, et qui gigottait furieusement sous la douleur lancinante qui devait lui cuire les fesses, car il hurlait maintenant.

Je le fouettai tout le temps avec le même sang-froid, qui m’abandonna cependant, quand, à l’aspect de son petit bijou qui bandait furieusement, je me mouillai comme sous son outil, je ne sais comment. Alors les cordes tombèrent, cinglant aveuglément partout.

Quand la marquise m’arrêta je vis que j’avais tiré du sang à ces pauvres fesses que j’aimais par dessus tout. Je ne pouvais croire à une telle cruauté de ma part. Je fus bien cependant obligée de me rendre à l’évidence, les fesses ensanglantées et les sanglots que j’entendais. J’en eus un grand chagrin, bien que j’eusse fait çà inconsciemment.

La marquise m’avait encouragée par quelques claques sur mes fesses nues, qui me cuisaient bien un peu, mais qui ne m’avaient arraché aucune plainte. J’attendais mon tour, avec une anxiété bien naturelle avec une fouetteuse de la férocité de celle qui était derrière moi. Je savais comment elle traitait les postérieurs qu’elle châtiait, et je m’attendais à être fouettée jusqu’au sang.

Elle s’en alla, quand le groom se fut reculotté, l’envoya sur son siège, et revint au salon d’essayage sans même m’adresser une menace. J’étais surprise d’une pareille indulgence de la part de cette enragée fouetteuse. Je ne le fus pas longtemps. Madame m’envoya me laver les fesses et les alentours, me disant de venir porter ces parages nettoyés à son inspection dans sa chambre.

Elle m’examina sur toutes les coutures, essaya de passer un doigt dans ma fente, craignant de me trouver dépucelée. Elle la trouva intacte, elle s’aperçut que l’outil du jeune groom avait dû rester sur les bords. Au soupir de soulagement qu’elle poussa, je devinai qu’elle avait eu peur de ne plus trouver au nid l’oiseau qu’elle comptait vendre sans doute, comme elle en avait déjà vendu d’autres.

— Tu prendras ce soir tes plus beaux atours, Mariska. J’ai une visite à faire où je dois t’amener avec moi.

Parbleu, je voyais bien à présent pourquoi l’on m’avait épargnée. La visite, c’était à une maison de correction très connue à Moscou, que nous devions la faire. Elle y menait les délinquantes qu’elle voulait faire fouetter sévèrement et aussi pour autre chose, disait-on, car plusieurs des ouvrières conduites à la maison de correction ne reparaissaient que le lendemain, quelquefois huit jours après. Il ne devait pas falloir aussi longtemps aux cicatrices pour se fermer.

D’ailleurs une de celles qui avaient été vendues, Xénia, une grande fille de vingt ans, qui jusqu’à présent était restée muette, se départit de son mutisme en ma faveur, quand elle apprit le sort qui me menaçait.

Elle me raconta ce qui lui était arrivé dans cette maison de correction, qui est une véritable maison de débauche. La maîtresse l’avait emportée dans son coupé qui les avait déposées devant la porte.

Elle s’était trouvée dans la salle du foyer éclairée à giorno, avec une douzaine de filles de tout âge, amenées là par des matrones, qui n’avaient pas toutes des mines respectables. La directrice de la maison les fouetta l’une après l’autre. Elle passa la quatrième. On ne la délivra que lorsque l’on eut fouetté la suivante.

Puis on l’envoya rejoindre sa maîtresse dans un appartement où elle l’attendait. Au lieu de la modiste, elle trouva un homme qui abusa d’elle des deux côtés. Il la garda toute la nuit, recommençant le pèlerinage dans les deux voies. Il revint la nuit suivante, elle était restée prisonnière, et jouit d’elle toujours de la même façon. Il disparut le matin du second jour, lui laissant une petite bourse assez bien garnie.

On la ramena le surlendemain en voiture à l’atelier. La maîtresse en la revoyant poussa un cri de joie, elle la croyait perdue.

— Perdue, oui, mais pas à la façon qu’elle l’entendait. Elle a dû en retirer un gros bénéfice. Mais quand je parle d’abusée, de perdue, pas si perdue que çà. Il y avait beau temps que mes deux pucelages couraient la poste. J’étais ouverte des deux côtés, mais les deux embouchures surtout le trou du cul qui reprend tous ses plis après la sortie du visiteur, si l’on n’a pas eu affaire à un brutal, étaient assez étroites pour donner l’illusion à mon jouteur.

Au même prix, je consentirai à y revenir de temps en temps. Mais toi, tu es trop jeune, ce serait un crime. Il est vrai qu’avec une serve, on n’y regarde pas de si près.

Ce récit me fit frémir. Aussi la pensée de cette visite me tourmenta toute la journée.


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