Mémoires d’une danseuse russe/T1-06

Sous les galeries du Palais Royal (1 à 3p. 120-135).

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VI

JEUNES DESPOTES.



L e jeune barine avait maintenant seize ans. Il s’était mis à nous fouetter à tout bout de champ. Il divisait la correction en plusieurs parties pour avoir l’occasion renouvelée de nous trousser, ce qu’il faisait en nous tripotant dans tous les coins. On devinait qu’il nous fouettait pour pouvoir nous peloter à chaque instant.

S’il condamnait l’une de nous à recevoir vingt-neuf coups de cordes, il nous en appliquait sept ou huit, nous troussant trois ou quatre fois dans une heure toujours en maniant nos fesses et en passant sa main entre nos cuisses. Cette façon de nous fouetter à trois ou quatre reprises nous tenait tout le temps dans une affreuse anxiété. À chaque instant nous attendions la prochaine dose, car nous étions obligées de vaquer à nos occupations avec le feu au derrière.

Au bout d’un quart d’heure, quelquefois de dix minutes, il nous troussait de nouveau toujours avec la même méthode, et il augmentait par sept ou huit coups bien appliqués la rougeur et la cuisson de nos fesses déjà en feu.

Après la dernière dose, qui était toujours la plus copieuse, et la plus cuisante, venant se greffer sur les autres, il nous laissait ainsi une longue demi-heure agenouillées devant une chaise, les fesses nues, rouges comme un soleil couchant. Il nous surveillait la cravache en main, nous appliquant un coup ou deux, si nous nous avisions de remuer. Puis il venait nous recouvrir lui-même les fesses avec le même pelotage que pour les découvrir.

La boïarine lui envoyait ses filles de chambre pour qu’il apprît à fouetter des postérieurs de tous les calibres.

— Porte ce billet à ton jeune maître, disait la mère à la fille qu’elle envoyait à son fils, en lui remettant un bout de papier indiquant la faute commise, laissant la dose de la correction à la libre appréciation du fouetteur, et surtout ne reviens pas sans me rapporter sa signature.

La porteuse du billet savait que la signature était imprimée en sanguine sur ses fesses par les verges dont il se servait pour fesser les gros postérieurs de ces grandes filles, dont quelques-unes avaient trente ans, et qui s’en revenaient vers leur maîtresse, les yeux pleins de larmes et le feu au derrière.

— Voyons, si mon fils a apposé sa griffe ?

La fille de chambre n’attendait même pas d’y être invitée pour montrer ses fesses à sa maîtresse, elle savait que c’était la règle.

— Tiens, il a mis son paraphe aujourd’hui, et son plus beau paraphe. Voyez donc, vous autres, comme mon fils a une belle signature et un paraphe distingué.

Elles étaient obligées de venir défiler devant le postérieur paraphé, que la patiente devait tenir troussé tout le temps que durait la procession. Elles la connaissaient toutes, à l’exception d’une privilégiée, qui était la favorite de la maîtresse, cette cruelle signature, et aussi ce beau paraphe, écrits en traits de rouge carminé sur les fesses qui revenaient de porter le billet.

Lorsqu’une de ces belles filles lui portait un message de sa mère, comme elles avaient toutes un beau postérieur très développé, dodu, potelé, rebondi, il en usait comme avec nous. Il la troussait avec tout plein d’attouchements, relevant les dessous après l’avoir caressée sous les jupes. Il la fessait d’abord à la main, la tenant sous son bras gauche. La fessée durait un moment et il l’appliquait d’une singulière façon.

Le vicieux garçon prenait un malin plaisir à tâter ces gros derrières charnus. Il obligeait la fille à se tenir les jambes écartées. Sa main après avoir claqué les fesses, retombait sous le creux en travers. Puis il l’envoyait de toutes ses forces entre les fesses, les doigts allongés, cinglant cruellement les lèvres roses de la bouche taillée entre les cuisses, et restait là deux ou trois secondes, exerçant des pressées sur la prise. La fille ainsi empoignée gémissait à haute voix. Il répétait cette gifle et cette prise jusqu’à vingt fois.

On disait que cette fessée d’un nouveau genre avait produit sur plusieurs filles de singuliers effets. Moi je remarquais que lorsqu’il cessait de les fesser ainsi, elles avaient les bords sanguinolents, et que le jeune barine avait les yeux bien luisants.

Tout çà ne l’empêchait pas d’appliquer ensuite vingt-neuf ou trente-neuf coups de verges sur les fesses, roses des claques qu’elles venaient de recevoir, car il employait la verge avec les gros fessiers résistants. Quand il avait appliqué les trois quarts de la dose, il confiait le complément à la jeune barine pour venir jouir du spectacle indécent que donnaient les grosses fesses cramoisies, qui se tordaient sous les coups assénés avec fureur par le bras de sa jeune sœur qui le remplaçait dignement.

Quelquefois c’était le commencement qu’il lui confiait après les avoir troussées, mais qu’il inaugurât la danse, ou qu’il la finisse, la fouettée pouvait montrer la signature et le paraphe à sa maîtresse, car ils étaient aussi cruels l’un que l’autre.

Il gardait la délinquante fouettée à genoux dans cette posture humiliante, longtemps quand c’était l’une de nous, un moment quand c’était une fille de chambre de sa mère, se repaissant des nudités indécemment étalées dans leur plein épanouissement.

Puis il disparaissait, renvoyait la patiente, si c’était une porteuse de billet, le rapporter à sa maîtresse afin que celle-ci pût constater qu’il était dûment signé et paraphé, la laissant quand c’était l’une de nous, sous la surveillance de sa sœur, qui se chargeait de cravacher les fesses exposées, si elles s’avisaient de faire un mouvement d’impatience. La jeune barine, qui avait maintenant quatorze ans, était devenue la terreur de ses poupées vivantes qu’elle fouettait avec rage pour la moindre peccadille.

Elle aussi dans les commencements troussait les filles de chambre que sa mère leur envoyait, mais devant le plaisir évident que prenait son grand frère à les fesser et surtout à les trousser, elle lui cédait toujours son tour, se contentant des bribes qu’il lui laissait. Elle prenait d’ailleurs un grand plaisir à voir gigoter les fesses maltraitées par les verges que maniait rudement le bras vigoureux de son père.

Le jeune barine revenait toujours les yeux fatigués. D’où venait-il ? Sans doute de se faire passer l’envie qui gonflait visiblement son pantalon, surtout quand il venait de viser son passeport à une jolie femme de chambre. Mais avec qui ? On ne lui connaissait pas de relations, bien qu’il lui fut facile de choisir dans le tas de jolies filles qui peuplaient le château, et qu’il aurait pu prendre comme chose lui appartenant. Nulle ne se fut avisée de lui refuser l’entrée quelle qu’elle fut, qu’il eût voulu occuper. Bien qu’il fut jeune ses parents auraient certainement fermé les yeux, et s’ils ne lui avaient pas permis l’abus, ils lui auraient toléré l’usage.

Nous eûmes bientôt le mot de l’énigme. Un jour il eut à fouetter la femme de chambre favorite de sa mère, Mina une grande et belle fille de vingt-quatre ans. Sa maîtresse ne la corrigeait pas souvent, et quand elle la troussait elle lui appliquait une fessée à la main, mais à tour de bras par exemple à lui faire fumer la peau.

C’était la première fois qu’elle l’envoyait à son fils, munie d’un billet de correction, dans lequel elle lui enjoignait sans doute d’appliquer une bonne fessée à la porteuse du message. Nous devinions toutes ce que ce billet contenait, et nous nous attendions à voir le jeune barine ne pas ménager le gros postérieur qu’on recommandait à ses bons soins, plus qu’il ne ménageait les nôtres. Nous étions toutes là, les poupées vivantes. À l’entrée de cette belle fille qui était la favorite de madame, à l’aspect de ce corps plantureux, que la maîtresse fouettait si peu souvent nous nous réjouissions à la douce pensée que le jeune maître allait se distinguer en tannant un peu ce bel arrondissement.

La jeune barine se présentait pour l’aider à la trousser, mais le jeune homme lui fit signe que non, et il se livra lui-même à cette opération délicate, comme il en avait l’habitude, mais en y mettant tout le temps. La jeune fille s’était présentée à lui avec une confiance sereine, comme si elle comptait sur la faveur dont elle jouissait auprès de sa maîtresse, pour trouver dans le fils l’indulgence à laquelle sa mère l’avait accoutumée.

Le jeune barine avait fait pencher Mina en avant et glissé sa main sous les jupes, qui se relevèrent à mi-jambes. Nous n’avions pas besoin de nous demander ce qu’il faisait là haut, c’était dans les habitudes du vicieux garçon de plonger sa main dans les combles. Mais il restait bien longtemps dans les régions visitées, il ne finissait pas de tripoter les appas de là-haut. Enfin il souleva les jupes les tournant sur les reins où la chemise alla les rejoindre, découvrant le superbe postérieur ivoirin qu’on aurait deviné ne pas avoir été fouetté depuis longtemps si nous ne l’avions pas su.

Nous avions les yeux fixés sur cette chair unie, intacte, jalouses de la faveur qui la protégeait contre les verges meurtrières, et nous escomptions d’avance le plaisir que nous allions avoir à la voir endommagée, car le jeune barine ne se fera pas faute de taper dur et sec. Il a sous la main un terrain de manœuvre comme il les aime, vaste, rebondi, replet, et il va certainement s’en donner à cœur joie.

Il prend la fille de chambre sous son bras et commence comme toujours par le même procédé, d’abord par une fessée indulgente, qui lui permet de caresser le satin qui recouvre la surface, puis quelques claques plus sévères, et enfin les cinglées entre les cuisses.

Ici la fessée continua avec la même indulgence jusqu’à la fin, c’était bien plus des caresses que des gifles. Et quand vint le tour des cinglées entre les cuisses, il lui en donna cinq ou six, pas bien fortes mais il laissa sa main plus longtemps sur la fente. Nous pensions qu’il ne la ménageait que pour lui faire mieux sentir les verges.

Il fit signe à la jeune barine de venir lui tenir la patiente. Il se dirigea vers la table où se trouvent les divers instruments de torture, et quand nous pensions qu’il allait choisir une longue et forte verge, qui était ce qui convenait à ce gros postérieur qui s’étalait large et renflé en face de nous, à notre grande surprise, car il prenait toujours des verges pour les grosses fesses que sa mère lui envoyait à fouetter, il choisit un martinet de douze lanières de cuir souples et minces, dont il se servait pour les petits culs des fillettes.

Nous nous demandions s’il allait la faire passer par tous les degrés de la torture. Ah ! bien, oui. Il la fouetta comme il l’avait fessée, lentement, doucement, lui appliquant ainsi une cinquantaine de coups de martinet très indulgents. Les lanières s’enroulaient autour des fesses, enveloppant toute la surface, marquant la peau en rouge aussitôt effacé.

Les fesses jouaient comme dans l’application sévère des verges. Mais ici, c’était, paraît-il, un jeu voulu, volontaire et intéressé. Intéressé, car le jeune barine, qui la fouettait en face avait ce spectacle excitant sous les yeux. Nous ne tardâmes à avoir la preuve flagrante de l’intérêt qu’elle avait à ces mouvements lascifs.

La flagellation ainsi menée lentement dura dix minutes, moins que la fessée. Le savant jeu des fesses cessa avec la correction. À ce moment la croupe monta dans l’espace, se dandina un moment, montrant la grotte entrebâillée, puis redescendit. La peau avait gardé une teinte rosée de ces diverses corrections. Le jeune barine n’offrit pas à sa sœur de continuer la danse.

Nous nous disposions à rester comme d’habitude avec les filles de chambre fouettées, un moment en contemplation devant la lubrique installation. Mais il était dit que le jeune maître ne ferait rien avec la belle Mina comme avec les autres. Il vint lui rabattre les jupes, en lui donnant congé, et sortit sur ses pas.

La jeune barine, n’ayant pas eu son contingent habituel, dès que son frère fut sorti, pour ne pas en perdre l’habitude, me troussa pour une peccadille, qu’elle ne daigna pas m’expliquer, m’appliqua douze coups de martinet, et pas avec l’indulgence du frère pour les fesses de Mina, qui après une cinquantaine de coups de lanières avait le postérieur à peine rose, tandis qu’après les douze méchants coups que j’avais reçus, j’eus le feu au derrière toute la journée. Elle donna ensuite les verges à une grande fille de vingt-deux ans qui était encore au nombre de ses jouets animés. La pauvre fille, qu’elle laissa ainsi une heure, avait le postérieur rouge comme la lune en plein.

Savez-vous où allait le jeune barine, quand il venait de fouetter l’une de nous, ou une fille de chambre de sa mère ? Mais vous l’avez deviné. Il allait retrouver Mina qui le comblait de délices. La maîtresse devait le savoir, elle fermait les yeux, trouvant son fils assez grand pour avoir des maîtresses. Mais elle devait supposer leurs rencontres fréquentes, car il se cachait pour aller retrouver son chausse-pied comme vous dites à Paris.

Il avait dû se bien trouver de la chaleur communiquée au séjour du plaisir par le fouet appliqué légèrement aux fesses de la jeune fille, car depuis ce jour-là il préludait aux passes amoureuses par une fessée, par une application du martinet, ou même les verges qu’il lui donnait dans la chambre où ils prenaient leurs ébats, jusqu’à ce que les fesses eussent pris la teinte rosée et que le bijou se fut entrebâillé. Il terminait le fouet ou la fessée par une salve de claques entre les cuisses pour aviver le feu dans ces parages, qui devenaient une vraie fournaise après deux douzaines de gifles comme il savait les appliquer.

Mina s’y prêtait volontiers, elle ne s’y serait pas prêtée, que ça aurait été la même chose, elle se prêtait donc volontiers au prélude qui la disposait à mieux vibrer sous l’archet du chef d’orchestre.

Quand Mina rapporta son billet, soumettant ses fesses à l’inspection de sa maîtresse, celle-ci constata qu’il n’y avait ni signature ni paraphe. Elle ne convia pas cette fois les filles de chambre à venir défiler devant l’objet châtié. D’ailleurs ses camarades ne connaissaient pas le motif qui avait valu sa correction à la favorite.

Elle fit pencher la jeune fille en avant, les jambes écartées. Elle présentait ainsi les lèvres de son chat bien en face. Elles n’étaient pas froissées comme celles de toutes les porteuses de billet, quand elles revenaient avec le paraphe du jeune maître. Elle constata que les poils qui encadraient les bords étaient humides d’une récente ablution.

D’ailleurs pour plus de certitude elle y porta les doigts. L’expérience fut concluante. Elle trouva les bords tout frais, mal essuyés après un lavage hâtif, nécessité par un mélange de pleurs. Une simple éclosion, comme celle qu’elle constate parfois chez certaines fouettées qui lui reviennent de chez son fils, les lèvres froissées par les gifles reçues, n’aurait pas nécessité un pareil lavage. Elle avait donc dû se dépêcher, pressée qu’elle était de venir passer l’inspection obligatoire.

Cette fille qui n’était pas venue directement chez sa maîtresse avait donc dû passer ailleurs. Elle savait que son fils malmenait toutes les porteuses de billet qu’elle lui envoyait. Il avait traité celle-ci avec une indulgence significative. Elle s’en doutait bien un peu, mais elle ne savait pas au juste. Alors elle avait tenté une expérience qui avait réussi.

— Baisse tes jupes, ma fille, j’ai vu ce que je voulais voir.

Mina comprit. Elle s’attendait tous les jours à un châtiment exemplaire et à la rupture le leurs relations. Il n’en fut rien. La boïarine ne fit jamais une allusion à leurs affaires. Puisque son fils avait une maîtresse, elle préférait qu’il choisit sa servante favorite, et le châtiment ne vint pas de là, mais il vint d’une autre cause, et il fut terrible.


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