Mémoires d’une danseuse russe/T1-04

Sous les galeries du Palais Royal (1 à 3p. 86-99).

Bandeau typographique
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IV.

ORGIE DE FOUET


D eux amies de la boïarine vinrent passer un mois au château. Ce mois fut pour nos pauvres fesses un mois de tourments, un mois de transes, un mois d’inquiétudes. Pour la moindre peccadille, on nous fouettait jusqu’au vif. La gouvernante ne se mêlait plus guère de nos corrections. Il y avait assez des trois amies pour nous fouetter.

Elles devaient aimer çà avec passion, car elles ne manquaient jamais une occasion de mettre à nu un postérieur du plus petit au plus grand, elles en firent même naître une, et toutes y passèrent même la gouvernante, mais cette fois sans témoins de sa honte. Ma mère, qui était malade, échappa pendant tout ce mois aux rigueurs des trois furies.

Elles fouettèrent un jour trois jeunes pages de 13 à 14 ans, qui étaient attachés au service du jeune barine. On fit assister vingt-quatre filles triées dans le personnel féminin, à la correction de ces jeunes garçons. Je ne savais pas pourquoi. J’en appris bien vite la raison, ainsi que mes compagnes d’une façon assez « piquante. » Les trois amies préparaient une débauche d’un nouveau genre.

Quand nous entrâmes dans la salle du fouet, les jeunes garçons étaient tout nus, agenouillés, les mains attachées derrière le dos, exhibant sous leurs fesses écartées, ce que vous savez, qui leur pendait entre les cuisses. Les trois amies étaient diversement armées, l’une brandissait une forte verge, l’autre une nagaïka et la maîtresse un martinet de douze branches d’un cuir souple et épais.

Les verges inaugurèrent la procession. Le bras qui les maniait asséna dix coups furieux, espacés, claquant sur les fesses dures du jeune garçon comme sur du bois. Chaque coup traçait un sillon rouge, et arrachait un cri perçant au page malmené. Au dernier coup le sang afflua à la peau.

L’amie, armée de la nagaïka, se porta à la gauche des fesses cramoisies et leur appliqua dix coups de cordes tressées, qui devaient torturer cette peau ramollie par les verges, pendant que les bouleaux striaient de lignes rouges le postérieur du second, l’obligeant à unir sa chanson à celle du premier.

Puis ce fut le tour du martinet de venir martyriser le premier postérieur déjà passé par deux cruelles épreuves. Les lanières retombaient sur un terrain si bien disposé, si malléable, et la fouetteuse les maniait si habilement et si vigoureusement, qu’il se produisit un fait inouï dans les annales du martinet de cuir, dix coups de lanières, bien appliqués par exemple, suffirent pour tirer du sang à des fesses de garçon, qui sont pourtant dures et résistantes. Le même phénomène se reproduisit sur les deux autres. Quand la maîtresse arriva au dernier, c’était une cacophonie de cris assourdissants.

Je regardai en ce moment mes compagnes. Je vis qu’elles riaient en contemplant les culs fumants des jeunes drôles. Je ne voyais pas ce qu’il y avait là de si risible et je regardai de nouveau. Ce qui pendait tout à l’heure inerte entre les cuisses, s’agitait comme un battant de cloche. Je ris moi aussi de confiance. Je ne me doutais pas de ce que ce rire innocent, sans malice, allait me coûter.

Quand les jeunes pages eurent repris leurs vêtements et disparurent en sanglotant, la gouvernante tendit à la maîtresse son carnet sur lequel elle n’avait cessé de prendre des notes pendant la correction des jeunes postérieurs masculins. La boïarine, après avoir parcouru la page écrite, la referma.

— Alors, toutes ?

— Oui, maîtresse, toutes.

— C’est bien, vous pouvez vous retirer, nous n’avons plus besoin de vos services.

Ce « nous n’avons pas besoin de vous » semblait ne pas faire son compte. Ce diable de carnet, que pouvait-il contenir sinon des corrections en l’air ? Il ne servait qu’à inscrire les délits. Les trois amies délibéraient à voix basse. Soudain la maîtresse se tournant vers nous nous dit :

— Vous allez être toutes fouettées depuis la première jusqu’à la dernière, et pas en plaisantant, pour vous apprendre à rire effrontément à la vue des nudités des jeunes garçons, depuis le jeune postérieur de Mariska, pervertie à douze ans, jusqu’à tes grosses fesses, épaisse cuisinière.

Les trois plus jeunes sur l’échafaud ! Pour ces tendres fesses, nous userons de ces martinets de cuir. Ce sera assez de vingt coups de ces bonnes lanières. La nagaïka viendra ensuite, trente coups de cordes, çà n’abîme pas trop la peau et çà cuit bien. Puis pour quelques-unes que je vois là bas, et qui ont les fesses plus dures, ce sera cinquante bons coups de verges. Il leur faut ça pour qu’elles sentent quelque chose. Elle fit signe à la cuisinière et à ses deux aides de venir nous trousser. J’étais échue, à l’une des deux amies. Elle m’applique vingt coups de lanières, qui me froissaient la peau, qui me cuisait vivement quand je fus délivrée.

Trois autres nous remplacèrent sur l’estrade. C’était toujours le martinet qui flagellait ces fesses de quinze ans, plus formées que les miennes. Les lanières retombaient à l’unisson. En fermant les yeux, on eût pu croire, qu’on ne fouettait qu’un postérieur, si l’on n’avait pas entendu un trio de gémissements.

Trois autres leur succédèrent. Celles-ci reçurent trente coups de cordes à nœuds appliqués avec le même sang-froid, le même unisson, la même rigueur par les trois fouetteuses, qui gardaient un vrai flegme britannique. Par exemple les grandes filles fouettées gesticulaient furieusement sous les cordes tressées, qui leur froissaient la chair, et poussaient des cris déchirants.

Ce fut toujours la nagaïka qui fut de la partie pour les trois autres groupes, seulement au dernier qui devait recevoir trente coups de cordes se trouvait Irina, une superbe fille de vingt ans, qu’elle ne laissait jamais à personne le soin de fouetter, la traitant toujours avec la plus grande sévérité, même pour une peccadille.

— Non, pas toi, ici. Tu monteras avec le dernier groupe. Je te réserve pour la bonne bouche. Ce ne sera pas trop de cinquante coups de verges pour assouplir un postérieur aussi dur que le tien. Tu sais comment je te traite quand je m’en mêle.

Irina se retourne, ses couleurs roses avaient disparu sous la pâleur de la colère ou de la crainte. C’était plutôt la colère. Nous avions toutes remarqué qu’elle traitait cette belle fille plus cruellement encore que Catya dont elle jalousait les formes, qu’elle abîmait pour cette raison. La maîtresse prit à sa place une aide de cuisine, qui était sur l’estrade, qui se troussa elle-même présentant son gros fessier aux cordes que brandissait la fouetteuse.

Elle se laissa fouetter immobile, ne bougeant ni pied ni patte, malgré la sévérité de la correction. Ses grosses fesses se remuaient à peine, tandis que celles de ses compagnes se tordaient sous la violence des coups, et les fustigées se lamentaient à haute voix.

Les trois amies prirent des verges. Dans cette première fournée se trouvait Catya. Naturellement elle échut à la maîtresse. Les trois condamnées à cette torture tremblaient en montant les degrés de l’échafaud.

L’aide de cuisine qui avait repris sa place avait troussé la sienne, et les trois opulents derrières, qui apparurent à la fois, tremblaient suspendus au haut des cuisses flageolantes. Les verges voyagèrent pendant cinq longues minutes sur la large surface, la couvrant d’un tapis rouge au milieu des vociférations des deux voisines de Catya, qui restait muette, bien que sa croupe fut la plus endommagée des trois.

Enfin la pauvre Irina vint rejoindre la cuisinière et son aide sur la scène. Celles-ci se troussèrent toutes seules. L’aide qui avait reçu les cordes au lieu et place de la fille de chambre vint la trousser prestement.

La fouetteuse avait jeté les verges, bien qu’elles fussent encore bonnes. Elle en avait choisi une très longue et très forte, formée d’un lourd faisceau de bouleaux fraîchement coupés. L’aide de cuisine tenait la pauvre fille tellement penchée, que son gros postérieur était très rebondi, tendant la peau à éclater sous l’ongle. Jugez donc sous les verges. On voyait le ventre couvert d’une toison noire qui montait très haut.

La maîtresse, avant de donner le signal semblait se repaître de cette chair fraîche, de cette chair rose, de cette viande appétissante, qu’elle allait accommoder à la sauce rouge, car elle lui tirait toujours du sang cette méchante femme. Elle brandissait la verge, effleurant l’épiderme qui se ridait dans l’appréhension des coups qui la menaçaient.

Enfin elle cria « un » ! en assénant un coup furieux, qui creusa un sillon rouge sur les deux globes qui s’écartèrent violemment sous cette rude caresse. La verge retomba toujours très sévère, meurtrissant les chairs, montant et descendant, cinglant les cuisses. Seules ces morsures sur cette peau si tendre lui arrachaient un cri strident en faisant sauter la croupe.

La cruelle maîtresse détachait de temps en temps, un coup entre les cuisses. Les pointes allaient piquer le bas de la toison, cinglant la route satinée qui y mène. C’était alors un cri de rage.

Je n’avais d’yeux que pour cette pauvre croupe si cruellement traitée. Je jetai un coup d’œil sur les autres, elles n’étaient pas aussi malmenées, et cependant celle qui surplombait les fortes cuisses de la cuisinière était d’une telle envergure et elle était si dure avec la peau épaisse qui la recouvrait, qu’elle aurait pu supporter cent coups de verges, avant d’être endommagée.

Quand je reportai mes yeux sur les fesses d’Irina, des rubis perlaient sur la peau entamée. Les derniers coups, assénés avec rage entaillaient les fesses. La maîtresse semblait ravie de voir ce beau derrière ensanglanté, — elle le couvait d’un œil féroce, — et d’entendre la gamme ascendante des cris arrachés à la martyrisée par l’horrible torture qu’elle lui infligeait avec un plaisir évident.

Les victimes furent enfin délivrées, et nous eûmes la permission de nous retirer. La séance avait duré deux heures. Les fouetteuses ne paraissaient cependant pas trop fatiguées. Quelques-unes d’entre nous n’avaient pas été trop maltraitées, moi, je ne sentais plus trop la cuisson,

Irina, la plus maltraitée par l’impitoyable maîtresse, dût se faire tremper les fesses dans de l’eau tiède pour décoller la toile de sa chemise, qui adhérait à ses fesses meurtries.

J’appris le jour même ce qui lui valait la haine implacable et l’excessive sévérité de sa maîtresse. Elle expiait le tort d’avoir subi les faveurs de son maître. Cependant il y en avait bien d’autres qui étaient passées par ses mains et qui n’étaient pas traitées comme la pauvre Irina, bien que la maîtresse fut au courant de leurs relations.

Nous connaissions aussi le motif de notre présence à la correction des jeunes pages. Elles avaient imaginé de nous faire assister au châtiment des jeunes drôles, se doutant que toutes ces filles ayant les yeux braqués sur le dispensateur du plaisir des femmes ne manqueraient pas de rire. Moi, quand il avait pris la tenue de combat comme je n’étais pas bien au courant, je ne m’en étais pas même aperçue, j’avais ri de confiance, et je me rappelai avec dégoût mon aventure avec l’affreux conseiller.

Elles s’étaient promis de s’offrir une débauche de fouet, et pour avoir un certain nombre de postérieurs à corriger, il fallait en faire assister plusieurs de différents calibres pour avoir de la variété à la séance. Elles en avaient ménagé quelques-uns des petits et des grands pour pouvoir les fesser le lendemain et les jours suivants. Je fus des premières qui passèrent par leurs mains.

Tant que les deux amies restèrent les hôtesses de la châtelaine, ce fut une découverte incessante de fesses de toutes les dimensions. La main pour les gamines, les divers instruments de torture échelonnés suivant le volume des postérieurs, excepté pour ceux de Catya et d’Irina pour lesquels la maîtresse dut employer un léger martinet pour leurs fesses endommagées. Celui d’Irina fut le plus long à reprendre le luisant de son satin.

Quand la peau fut en état de les supporter, la boïarine reprit les verges, qu’elle faisait couper au moment de la correction, pour qu’elle fût plus piquante à des bouleaux verts. Je savais pourquoi maintenant.

Une fille de chambre, qui avait veillé toute la nuit pour achever un ouvrage que la maîtresse voulait pour son lever, s’endormit dans l’antichambre. Elle était étendue sur une chaise longue, couchée sur le ventre, et par conséquent bien disposée pour recevoir le fouet.

Les trois amies qui passaient par eurent la même pensée. Il y a dans tous les appartements des instruments de correction, les maîtres n’aimant pas à se déranger pour fouetter une fille prise en faute. Ils prennent ce qui leur tombe sous la main, troussent la délinquante, la fouettent vigoureusement et s’en vont, laissant la fustigée en larmes et les fesses brûlantes.

Elles prirent chacune une fine cravache d’amazone et vinrent sur la pointe des pieds vers la jeune fille toujours endormie. Elles retroussèrent les jupons et la chemise tout doucement, si doucement que la dormeuse, profondément assoupie, ne se réveilla pas, même quand elle eut les fesses à l’air.

Les trois bras levés retombèrent ensemble, les cravaches s’abattirent en sifflant sur les fesses en montre qui se réveillèrent en sursaut à ce piquant bonjour. La pauvre fille poussa un cri d’épouvante bondissant sur ses pieds, ne sachant pas ce qui lui arrivait, mais elle sentait comme des morsures faites par des crocs de chien dans ses fesses. Quand elfe vit les trois amies armées de cravaches, elle comprit la sensation des morsures.

La maîtresse l’obligea à se remettre dans la même posture, en lui promettant qu’elles allaient la cravacher d’importance, pour lui apprendre à dormir le jour. Elle reprit sa place en sanglotant.

Mais quand les furies levèrent les dessous, la chemise était tâchée de sang. Elles avaient tapé si fort, se figurant avoir affaire au cuir épais d’une croupe de pouliche, qu’elles avaient découpé trois sillons sanglants sur les fesses, le dernier sous le creux, où la peau est le plus sensible.

Elles la trouvèrent assez punie ainsi. Elles n’eurent pas le courage de continuer le sanglant traitement, et elles l’envoyèrent se faire soigner les fesses endommagées.