Mélite/Acte 5/Scène 1

Mélite
(Édition Marty-Laveaux 1910)
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SCÈNE PREMIÈRE.


CLITON, la Nourrice.



CLITON.


Je ne t’ai rien celé : tu sais toute l’affaire.


LA NOURRICE.


Tu m’en as bien conté ; mais se pourroit-il faire
Qu’Éraste eût des remords si vifs et si pressants
Que de violenter sa raison et ses sens ?


CLITON.


Eût-il pu, sans en perdre entièrement l’usage,
Se figurer Charon des traits de mon visage,
Et de plus, me prenant pour ce vieux nautonier,
Me payer à bons coups des droits de son denier ?


LA NOURRICE.


Plaisante illusion !


CLITON.


Plaisante illusion !_Mais funeste à ma tête,
Sur qui se déchargeoit une telle tempête,
Que je tiens maintenant à miracle évident
Qu’il me soit demeuré dans la bouche une dent.


LA NOURRICE.


C’étoit mal reconnoître un si rare service.


ÉRASTE, derrière le théâtre 319.


Arrêtez, arrêtez, poltrons !


CLITON.


Arrêtez, arrêtez, poltrons !_Adieu, Nourrice :
Voici ce fou qui vient, je l’entends à la voix ;
Crois que ce n’est pas moi qu’il attrape deux fois.


LA NOURRICE.


Pour moi, quand je devrois passer pour Proserpine 320,
Je veux voir à quel point sa fureur le domine.


CLITON.


Contente à tes périls ton curieux désir 321.


LA NOURRICE.


Quoi qu’il puisse arriver, j’en aurai le plaisir.


Acte IV

Acte V, scène I

Scène II


319. Var. Derrière la tapisserie. (1633-57) — Il est derrière le théâtre. (1663 en marge.)

320. Var. Et moi, quand je devrois passer pour Proserpine. (1633-63).

321. Var. Adieu; soûle à ton dam ton curieux désir. (1633-57)