Je ne t’ai rien celé : tu sais toute l’affaire.
Tu m’en as bien conté ; mais se pourroit-il faire
Qu’Éraste eût des remords si vifs et si pressants
Que de violenter sa raison et ses sens ?
Eût-il pu, sans en perdre entièrement l’usage,
Se figurer Charon des traits de mon visage,
Et de plus, me prenant pour ce vieux nautonier,
Me payer à bons coups des droits de son denier ?
Plaisante illusion !
Mais funeste à ma tête,
Sur qui se déchargeoit une telle tempête,
Que je tiens maintenant à miracle évident
Qu’il me soit demeuré dans la bouche une dent.
C’étoit mal reconnoître un si rare service.
Arrêtez, arrêtez, poltrons !
Adieu, Nourrice :
Voici ce fou qui vient, je l’entends à la voix ;
Crois que ce n’est pas moi qu’il attrape deux fois.
Pour moi, quand je devrois passer pour Proserpine 320,
Je veux voir à quel point sa fureur le domine.
Contente à tes périls ton curieux désir 321.
Quoi qu’il puisse arriver, j’en aurai le plaisir.
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319. Var. Derrière la tapisserie. (1633-57) — Il est derrière le théâtre. (1663 en marge.)
320. Var. Et moi, quand je devrois passer pour Proserpine. (1633-63).
321. Var. Adieu; soûle à ton dam ton curieux désir. (1633-57)