Mélite
(Édition Marty-Laveaux 1910)
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ACTE V.


――――――


SCÈNE PREMIÈRE.


CLITON, la Nourrice.



CLITON.


Je ne t’ai rien celé : tu sais toute l’affaire.


LA NOURRICE.


Tu m’en as bien conté ; mais se pourroit-il faire
Qu’Éraste eût des remords si vifs et si pressants
Que de violenter sa raison et ses sens ?


CLITON.


Eût-il pu, sans en perdre entièrement l’usage,
Se figurer Charon des traits de mon visage,
Et de plus, me prenant pour ce vieux nautonier,
Me payer à bons coups des droits de son denier ?


LA NOURRICE.


Plaisante illusion !


CLITON.


Plaisante illusion !_Mais funeste à ma tête,
Sur qui se déchargeoit une telle tempête,
Que je tiens maintenant à miracle évident
Qu’il me soit demeuré dans la bouche une dent.


LA NOURRICE.


C’étoit mal reconnoître un si rare service.


ÉRASTE, derrière le théâtre 319.


Arrêtez, arrêtez, poltrons !


CLITON.


Arrêtez, arrêtez, poltrons !_Adieu, Nourrice :
Voici ce fou qui vient, je l’entends à la voix ;
Crois que ce n’est pas moi qu’il attrape deux fois.


LA NOURRICE.


Pour moi, quand je devrois passer pour Proserpine 320,
Je veux voir à quel point sa fureur le domine.


CLITON.


Contente à tes périls ton curieux désir 321.


LA NOURRICE.


Quoi qu’il puisse arriver, j’en aurai le plaisir.


――――――


SCÈNE II.


ÉRASTE, la Nourrice.



ÉRASTE322.


En vain je les rappelle, en vain pour se défendre
La honte et le devoir leur parlent de m’attendre 323 ;
Ces lâches escadrons de fantômes affreux
Cherchent leur assurance aux cachots les plus creux,
Et se fiant à peine à la nuit qui les couvre,
Souhaitent sous l’enfer qu’un autre enfer s’entr’ouvre.
Ma voix met tout en fuite, et dans ce vaste effroi 324,
La peur saisit si bien les ombres et leur roi,
Que se précipitant à de promptes retraites,
Tous leurs soucis ne vont qu’à les rendre secrètes.
Le bouillant Phlégéthon, parmi ses flots pierreux,
Pour les favoriser ne roule plus de feux ;
Tisiphone tremblante, Alecton et Mégère,
Ont de leurs flambeaux noirs étouffé la lumière 325 ;
Les Parques même en hâte emportent leurs fuseaux.
Et dans ce grand désordre oubliant leurs ciseaux,
Charon, les bras croisés, dans sa barque s’étonne
De ce qu’après Éraste il n’a passé personne 326.
Trop heureux accident, s’il avoit prévenu
Le déplorable coup du malheur avenu 327 !
Trop heureux accident, si la terre entr’ouverte
Avant ce jour fatal eût consenti ma perte,
Et si ce que le ciel me donne ici d’accès
Eût de ma trahison devancé le succès !
Dieux, que vous savez mal gouverner votre foudre !
N’étoit-ce pas assez pour me réduire en poudre
Que le simple dessein d’un si lâche forfait ?
Injustes, deviez-vous en attendre l’effet ?
Ah Mélite ! ah Tircis ! leur cruelle justice
Aux dépens de vos jours me choisit un supplice 328.
Ils doutoient que l’enfer eût de quoi me punir
Sans le triste secours de ce dur souvenir 329.
Tout ce qu’ont les enfers de feux, de fouets, de chaînes 330,
Ne sont auprès de lui que de légères peines ;
On reçoit d’Alecton un plus doux traitement.
Souvenir rigoureux, trêve, trêve un moment 331 !
Qu’au moins avant ma mort dans ces demeures sombres
Je puisse rencontrer ces bienheureuses ombres !
Use après, si tu veux, de toute ta rigueur,
Et si pour m’achever tu manques de vigueur,
(Il met la main sur son épée 332.)
Voici qui t’aidera : mais derechef, de grâce,
Cesse de me gêner durant ce peu d’espace.
Je vois déjà Mélite. Ah ! belle ombre, voici
L’ennemi de votre heur qui vous cherchoit ici :
C’est Éraste, c’est lui, qui n’a plus d’autre envie
Que d’épandre à vos pieds son sang avec sa vie :
Ainsi le veut le sort, et tout exprès les Dieux
L’ont abîmé vivant en ces funestes lieux.


LA NOURRICE.


Pourquoi permettez-vous que cette frénésie
Règne si puissamment sur votre fantaisie ?
L’enfer voit-il jamais une telle clarté ?


ÉRASTE.


Aussi ne la tient-il que de votre beauté ;
Ce n’est que de vos yeux que part cette lumière.


LA NOURRICE.


Ce n’est que de mes yeux ! Dessillez la paupière,
Et d’un sens plus rassis jugez de leur éclat.


ÉRASTE.


Ils ont, de vérité, je ne sais quoi de plat ;
Et plus je vous contemple, et plus sur ce visage
Je m’étonne de voir un autre air, un autre âge :
Je ne reconnois plus aucun de vos attraits.
Jadis votre nourrice avoit ainsi les traits,
Le front ainsi ridé, la couleur ainsi blême,
Le poil ainsi grison. O Dieux ! c’est elle-même.
Nourrice, qui t’amène en ces lieux pleins d’effroi 333 ?
Y viens-tu rechercher Mélite comme moi ?


LA NOURRICE.


Cliton la vit pâmer, et se brouilla de sorte 334
Que la voyant si pâle il la crut être morte ;
Cet étourdi trompé vous trompa comme lui.
Au reste, elle est vivante, et peut-être aujourd’hui
Tircis, de qui la mort n’étoit qu’imaginaire,
De sa fidélité recevra le salaire.


ÉRASTE.


Désormais donc en vain je les cherche ici-bas ;
En vain pour les trouver je rends tant de combats.


LA NOURRICE.


Votre douleur vous trouble, et forme des nuages
Qui séduisent vos sens par de fausses images :
Cet enfer, ces combats ne sont qu’illusions 335.


ÉRASTE.


Je ne m’abuse point de fausses visions :
Mes propres yeux ont vu tous ces monstres en fuite,
Et Pluton de frayeur en quitter la conduite.


LA NOURRICE.


Peut-être que chacun s’enfuyoit devant vous,
Craignant votre fureur et le poids de vos coups ;
Mais voyez si l’enfer ressemble à cette place :
Ces murs, ces bâtiments, ont-ils la même face ?
Le logis de Mélite et celui de Cliton
Ont-ils quelque rapport à celui de Pluton ?
Quoi ? n’y remarquez-vous aucune différence ?


ÉRASTE.


De vrai, ce que tu dis a beaucoup d’apparence 336.
Nourrice, prends pitié d’un esprit égaré
Qu’ont mes vives douleurs d’avec moi séparé :
Ma guérison dépend de parler à Mélite.


LA NOURRICE.


Différez pour le mieux un peu cette visite,
Tant que, maître absolu de votre jugement,
Vous soyez en état de faire un compliment.
Votre teint et vos yeux n’ont rien d’un homme sage ;
Donnez-vous le loisir de changer de visage 337 :
Un moment de repos que vous prendrez chez vous…


ÉRASTE.


Ne peut, si tu n’y viens, rendre mon sort plus doux,
Et ma foible raison, de guide dépourvue.
Va de nouveau se perdre en te perdant de vue.


LA NOURRICE.


Si je vous suis utile, allons, je ne veux pas
Pour un si bon sujet vous épargner mes pas.


――――――


SCÈNE III.


CLORIS, PHILANDRE.



CLORIS.


Ne m’importune plus, Philandre, je t’en prie ;
Me rapaiser jamais passe ton industrie.
Ton meilleur, je t’assure, est de n’y plus penser ;
Tes protestations ne font que m’offenser :
Savante à mes dépens de leur peu de durée,
Je ne veux point en gage une foi parjurée,
Un cœur que d’autres yeux peuvent sitôt brûler 338,
Qu’un billet supposé peut sitôt ébranler.


PHILANDRE.


Ah ! ne remettez plus dedans votre mémoire
L’indigne souvenir d’une action si noire.
Et pour rendre à jamais nos premiers vœux contents,
Étouffez l’ennemi du pardon que j’attends.
Mon crime est sans égal ; mais enfin, ma chère âme 339


CLORIS.


Laisse là désormais ces petits mots de flamme,
Et par ces faux témoins d’un feu mal allumé
Ne me reproche plus que je t’ai trop aimé.


PHILANDRE.


De grâce, redonnez à l’amitié passée
Le rang que je tenois dedans votre pensée.
Derechef, ma Cloris, par ces doux entretiens,
Par ces feux qui voloient de vos yeux dans les miens 340,
Par ce que votre foi me permettoit d’attendre…


CLORIS.


C’est d’où dorénavant tu ne dois plus prétendre.
Ta sottise m’instruit, et par là je vois bien
Qu’un visage commun, et fait comme le mien,
N’a point assez d’appas, ni de chaîne assez forte,
Pour tenir en devoir un homme de ta sorte.
Mélite a des attraits qui savent tout dompter ;
Mais elle ne pourroit qu’à peine t’arrêter :
Il te faut un sujet qui la passe ou l’égale.
C’est en vain que vers moi ton amour se ravale ;
Fais-lui, si tu m’en crois, agréer tes ardeurs :
Je ne veux point devoir mon bien à ses froideurs.


PHILANDRE.


Ne me déguisez rien, un autre a pris ma place ;
Une autre affection vous rend pour moi de glace.


CLORIS.


Aucun jusqu’à ce point n’est encore arrivé 341 ;
Mais je te changerai pour le premier trouvé.


PHILANDRE.


C’en est trop, tes dédains épuisent ma souffrance.
Adieu ; je ne veux plus avoir d’autre espérance,
Sinon qu’un jour le ciel te fera ressentir
De tant de cruautés le juste repentir.


CLORIS.


Adieu : Mélite et moi nous aurons de quoi rire 342
De tous les beaux discours que tu me viens de dire.
Que lui veux-tu mander ?


PHILANDRE.


Que lui veux-tu mander ?_Va, dis-lui de ma part
Qu’elle, ton frère et toi, reconnoîtrez trop tard
Ce que c’est que d’aigrir un homme de ma sorte 343.


CLORIS.


Ne crois pas la chaleur du courroux qui t’emporte :
Tu nous ferois trembler plus d’un quart d’heure ou deux.


PHILANDRE.


Tu railles, mais bientôt nous verrons d’autres jeux :
Je sais trop comme on venge une flamme outragée.


CLORIS.


Le sais-tu mieux que moi, qui suis déjà vengée ?
Par où t’y prendras-tu ? de quel air ?


PHILANDRE.


Par où t’y prendras-tu ? de quel air ?_Il suffit :
Je sais comme on se venge.


CLORIS.


Je sais comme on se venge._Et moi comme on s’en rit.


――――――


SCÈNE IV.


TIRCIS, MÉLITE.

TIRCIS.


Maintenant que le sort, attendri par nos plaintes,
Comble notre espérance et dissipe nos craintes,
Que nos contentements ne sont plus traversés
Que par le souvenir de nos malheurs passés 344,
Ouvrons toute notre âme à ces douces tendresses
Qu’inspirent aux amants les pleines allégresses,
Et d’un commun accord chérissons nos ennuis,
Dont nous voyons sortir de si précieux fruits.
Adorables regards, fidèles interprètes
Par qui nous expliquions nos passions secrètes,
Doux truchements du cœur, qui déjà tant de fois
M’avez si bien appris ce que n’osoit la voix,
Nous n’avons plus besoin de votre confidence :
L’amour en liberté peut dire ce qu’il pense,
Et dédaigne un secours qu’en sa naissante ardeur
Lui faisoient mendier la crainte et la pudeur.
Beaux yeux, à mon transport pardonnez ce blasphème,
La bouche est impuissante où l’amour est extrême :
Quand l’espoir est permis, elle a droit de parler ;
Mais vous allez plus loin qu’elle ne peut aller.
Ne vous lassez donc point d’en usurper l’usage,
Et quoi qu’elle m’ait dit, dites-moi davantage.
Mais tu ne me dis mot, ma vie ; et quels soucis
T’obligent à te taire auprès de ton Tircis ?


MÉLITE.


Tu parles à mes yeux, et mes yeux te répondent.


TIRCIS.


Ah ! mon heur, il est vrai, si tes désirs secondent
Cet amour qui paroît et brille dans tes yeux,
Je n’ai rien désormais à demander aux Dieux.


MÉLITE.


Tu t’en peux assurer : mes yeux si pleins de flamme
Suivent l’instruction des mouvements de l’âme.
On en a vu l’effet, lorsque ta fausse mort
A fait sur tous mes sens un véritable effort 345 ;
On en a vu l’effet, quand te sachant en vie,
De revivre avec toi j’ai pris aussi l’envie 346 ;
On en a vu l’effet, lorsqu’à force de pleurs
Mon amour et mes soins, aidés de mes douleurs,
Ont fléchi la rigueur d’une mère obstinée,
Et gagné cet aveu qui fait notre hyménée 347,
Si bien qu’à ton retour ta chaste affection
Ne trouve plus d’obstacle à sa prétention 348.
Cependant l’aspect seul des lettres d’un faussaire
Te sut persuader tellement le contraire,
Que sans vouloir m’entendre, et sans me dire adieu,
Jaloux et furieux tu partis de ce lieu 349.


TIRCIS.


J’en rougis, mais apprends qu’il n’étoit pas possible
D’aimer comme j’aimois, et d’être moins sensible ;
Qu’un juste déplaisir ne sauroit écouter
La raison qui s’efforce à le violenter 350 ;
Et qu’après des transports de telle promptitude,
Ma flamme ne te laisse aucune incertitude.


MÉLITE.


Tout cela seroit peu, n’étoit que ma bonté 351
T’en accorde un oubli sans l’avoir mérité,
Et que, tout criminel, tu m’es encore aimable.


TIRCIS.


Je me tiens donc heureux d’avoir été coupable,
Puisque l’on me rappelle au lieu de me bannir,
Et qu’on me récompense au lieu de me punir.
J’en aimerai l’auteur de cette perfidie 352,
Et si jamais je sais quelle main si hardie…


――――――


SCÈNE V.


CLORIS, TIRCIS, MÉLITE.



CLORIS.


Il vous fait fort bon voir, mon frère, à cajoler,
Cependant qu’une sœur ne se peut consoler,
Et que le triste ennui d’une attente incertaine
Touchant votre retour la tient encore en peine.


TIRCIS.


L’amour a fait au sang un peu de trahison 353 ;
Mais Philandre pour moi t’en aura fait raison.
Dis-nous, auprès de lui retrouves-tu ton conte,
Et te peut-il revoir sans montrer quelque honte ?


CLORIS.


L’infidèle m’a fait tant de nouveaux serments,
Tant d’offres, tant de vœux, et tant de compliments,
Mêlés de repentir…


MÉLITE.


Mêlés de repentir…_Qu’à la fin exorable,
Vous l’avez regardé d’un œil plus favorable.


CLORIS.


Vous devinez fort mal.


TIRCIS.


Vous devinez fort mal._Quoi, tu l’as dédaigné ?


CLORIS.


Du moins, tous ses discours n’ont encor rien gagné 354.


MÉLITE.


Si bien qu’à n’aimer plus votre dépit s’obstine ?


CLORIS.


Non pas cela du tout, mais je suis assez fine :
Pour la première fois, il me dupe qui veut ;
Mais pour une seconde, il m’attrape qui peut.


MÉLITE.


C’est-à-dire, en un mot…


CLORIS.


C’est-à-dire, en un mot…_Que son humeur volage 355
Ne me tient pas deux fois en un même passage ;
En vain dessous mes lois il revient se ranger.
Il m’est avantageux de l’avoir vu changer,
Avant que de l’hymen le joug impitoyable 356,
M’attachant avec lui, me rendît misérable 357.
Qu’il cherche femme ailleurs, tandis que de ma part
J’attendrai du destin quelque meilleur hasard.


MÉLITE.


Mais le peu qu’il voulut me rendre de service
Ne lui doit pas porter un si grand préjudice.


CLORIS.


Après un tel faux bond, un change si soudain,
À volage, volage, et dédain pour dédain.


MÉLITE.


Ma sœur, ce fut pour moi qu’il osa s’en dédire.


CLORIS.


Et pour l’amour de vous je n’en ferai que rire.


MÉLITE.


Et pour l’amour de moi vous lui pardonnerez.


CLORIS.


Et pour l’amour de moi vous m’en dispenserez.


MÉLITE.


Que vous êtes mauvaise !


CLORIS.


Que vous êtes mauvaise !_Un peu plus qu’il ne semble.


MÉLITE.


Je vous veux toutefois remettre bien ensemble 358.


CLORIS.


Ne l’entreprenez pas; peut-être qu’après tout 359
Votre dextérité n’en viendroit pas à bout.


――――――


SCÈNE VI.


TIRCIS, la Nourrice360, ÉRASTE, MÉLITE,
CLORIS.



TIRCIS.


De grâce, mon souci, laissons cette causeuse 361 :
Qu’elle soit à son choix facile ou rigoureuse,
L’excès de mon ardeur ne sauroit consentir
Que ces frivoles soins te viennent divertir :
Tous nos pensers sont dus, en l’état où nous sommes 362,
À ce nœud qui me rend le plus heureux des hommes,
Et ma fidélité, qu’il va récompenser…


LA NOURRICE363.


Vous donnera bientôt autre chose à penser.
Votre rival vous cherche, et la main à l’épée
Vient demander raison de sa place usurpée.


ÉRASTE, à Mélite
.


Non, non, vous ne voyez en moi qu’un criminel,
À qui l’âpre rigueur d’un remords éternel
Rend le jour odieux, et fait naître l’envie
De sortir de sa gêne en sortant de la vie 364.
Il vient mettre à vos pieds sa tête à l’abandon ;
La mort lui sera douce à l’égal du pardon.
Vengez donc vos malheurs ; jugez ce que mérite
La main qui sépara Tircis d’avec Mélite,
Et de qui l’imposture avec de faux écrits
A dérobé Philandre aux vœux de sa Cloris.


MÉLITE.


Eclaircis du seul point qui nous tenoit en doute,
Que serois-tu d’avis de lui répondre ?


TIRCIS.


Que serois-tu d’avis de lui répondre ?_Écoute
Quatre mots à quartier 365.


ÉRASTE.


Quatre mots à quartier.__Que vous avez de tort
De prolonger ma peine en différant ma mort !
De grâce, hâtez-vous d’abréger mon supplice 366,
Ou ma main préviendra votre lente justice.


MÉLITE.


Voyez comme le ciel a de secrets ressorts
Pour se faire obéir malgré nos vains efforts :
Votre fourbe, inventée à dessein de nous nuire,
Avance nos amours au lieu de les détruire ;
De son fâcheux succès, dont nous devions périr,
Le sort tire un remède afin de nous guérir.
Donc pour nous revancher de la faveur reçue,
Nous en aimons l’auteur à cause de l’issue,
Obligés désormais de ce que tour à tour
Nous nous sommes rendu 367 tant de preuves d’amour,
Et de ce que l’excès de ma douleur sincère 368
A mis tant de pitié dans le cœur de ma mère,
Que cette occasion prise comme aux cheveux,
Tircis n’a rien trouvé de contraire à ses vœux ;
Outre qu’en fait d’amour la fraude est légitime ;
Mais puisque vous voulez la prendre pour un crime,
Regardez, acceptant le pardon, ou l’oubli,
Par où votre repos sera mieux établi.


ÉRASTE.


Tout confus et honteux de tant de courtoisie,
Je veux dorénavant chérir ma jalousie,
Et puisque c’est de là que vos félicités…


LA NOURRICE, à Éraste.


Quittez ces compliments qu’ils n’ont pas mérités :
Ils ont tous deux leur compte, et sur cette assurance
Ils tiennent le passé dans quelque indifférence 369,
N’osant se hasarder à des ressentiments
Qui donneroient du trouble à leurs contentements.
Mais Cloris, qui s’en tait, vous la gardera bonne,
Et seule intéressée, à ce que je soupçonne,
Saura bien se venger sur vous à l’avenir
D’un amant échappé qu’elle pensoit tenir.


ÉRASTE, à Cloris.


Si vous pouviez souffrir qu’en votre bonne grâce
Celui qui l’en tira pût occuper sa place 370,
Éraste, qu’un pardon purge de son forfait 371,
Est prêt de réparer le tort qu’il vous a fait.
Mélite répondra de ma persévérance :
Je n’ai pu la quitter qu’en perdant l’espérance ;
Encore avez-vous vu mon amour irrité
Mettre tout en usage en cette extrémité ;
Et c’est avec raison que ma flamme contrainte
De réduire ses feux dans une amitié sainte,
Mes amoureux desirs, vers elle superflus 372,
Tournent vers la beauté qu’elle chérit le plus.


TIRCIS.


Que t’en semble, ma sœur ?


CLORIS.


Que t’en semble, ma sœur ?_Mais toi-même, mon frère ?


TIRCIS.


Tu sais bien que jamais je ne te fus contraire.


CLORIS.


Tu sais qu’en tel sujet ce fut toujours de toi
Que mon affection voulut prendre la loi.


TIRCIS.


Encor que dans tes yeux tes sentiments se lisent 373,
Tu veux qu’auparavant les miens les autorisent.
Parlons donc pour la forme. Oui, ma sœur, j’y consens 374,
Bien sûr que mon avis s’accommode à ton sens.
Fassent les puissants Dieux que par cette alliance 375
Il ne reste entre nous aucune défiance,
Et que m’aimant en frère, et ma maîtresse en sœur,
Nos ans puissent couler avec plus de douceur !


ÉRASTE.


Heureux dans mon malheur, c’est dont je les supplie ;
Mais ma félicité ne peut être accomplie
Jusqu’à ce qu’après vous son aveu m’ait permis 376
D’aspirer à ce bien que vous m’avez promis.


CLORIS.


Aimez-moi seulement, et pour la récompense
On me donnera bien le loisir que j’y pense.


TIRCIS.


Oui, sous condition qu’avant la fin du jour 377
Vous vous rendrez sensible à ce naissant amour 378.


CLORIS.


Vous prodiguez en vain vos foibles artifices ;
Je n’ai reçu de lui ni devoirs ni services.


MÉLITE.


C’est bien quelque raison ; mais ceux qu’il m’a rendus,
Il ne les faut pas mettre au rang des pas perdus.
Ma sœur, acquitte-moi d’une reconnoissance
Dont un autre destin m’a mise en impuissance 379 :
Accorde cette grâce à nos justes desirs.


TIRCIS.


Ne nous refuse pas ce comble à nos plaisirs 380.


ÉRASTE.381


Donnez à leurs souhaits, donnez à leurs prières,
Donnez à leurs raisons ces faveurs singulières ;
Et pour faire aujourd’hui le bonheur d’un amant 382,
Laissez-les disposer de votre sentiment.


CLORIS.383


En vain en ta faveur chacun me sollicite,
J’en croirai seulement la mère de Mélite :
Son avis m’ôtera la peur du repentir 384,
Et ton mérite alors m’y fera consentir.


TIRCIS.


Entrons donc ; et tandis que nous irons le prendre,
Nourrice, va t’offrir pour maîtresse à Philandre 385.


LA NOURRICE.
(Tous rentrent, et elle demeure seule 386.)


Là, là, n’en riez point : autrefois en mon temps
D’aussi beaux fils que vous étoient assez contents,
Et croyoient de leur peine avoir trop de salaire
Quand je quittois un peu mon dédain ordinaire.
À leur compte, mes yeux étoient de vrais soleils
Qui répandoient partout des rayons nompareils ;
Je n’avois rien en moi qui ne fût un miracle ;
Un seul mot de ma part leur étoit un oracle…
Mais je parle à moi seule. Amoureux, qu’est-ce-ci ?
Vous êtes bien hâtés de me laisser ainsi 387 !
Allez, quelle que soit l’ardeur qui vous emporte 388,
On ne se moque point des femmes de ma sorte,
Et je ferai bien voir à vos feux empressés
Que vous n’en êtes pas encore où vous pensez.


Acte IV

Acte V

Variantes


319. Var. Derrière la tapisserie. (1633-57) — Il est derrière le théâtre. (1663 en marge.)

320. Var. Et moi, quand je devrois passer pour Proserpine. (1633-63).

321. Var. Adieu; soûle à ton dam ton curieux désir. (1633-57)

322. Var. éraste, l’épée au poing. (1633-57) — L’épée à la main. (1660)

323. Var. La honte et le devoir leur parle de m’attendre. (1657)

324. Var. La peur renverse tout, et dans ce désarroi
Elle saisit si bien les ombres et leur roi. (1633-57)

325. Var. De leurs flambeaux puants ont éteint la lumière,
Et tiré de leur chef les serpents d’alentour,
De crainte que leurs yeux fissent quelque faux jour,
Dont la foible lueur, éclairant ma poursuite,
À travers ces horreurs me pût trahir leur fuite.
Éaque épouvanté se croit trop en danger,
Et fuit son criminel au lieu de le juger ;
Clothon même et ses sœurs, à l’aspect de ma lame,
De peur de tarder trop n’osant couper ma trame,
À peine ont eu loisir d’emporter leurs fuseaux,
Si bien qu’en ce désordre oubliant leurs ciseaux. (1633-57)

326. Var. D’où vient qu’après Éraste il n’a passé personne. (1633-60)

327. Var. Le déplorable coup du malheur advenu. (1633-60)

328. Var. Aux dépens de vos jours aggrave mon supplice. (1633-57)

329. Var. [Sans le triste secours de ce dur souvenir.]
Souvenir rigoureux de qui l’âpre torture
Devient plus violente et croît plus on l’endure.
Implacable bourreau, tu vas seul étouffer
Celui dont le courage a dompté tout l’enfer.
Qu’il m’eût bien mieux valu céder à ses furies !
Qu’il m’eut bien mieux valu souffrir ses barbaries,
Et de gré me soumettre, en acceptant sa loi,
À tout ce que sa rage eût ordonné de moi !
Tout ce qu’il a de fers, de feux, de fouets, de chaînes,
Ne sont auprès de toi que de légères peines. (1633)

330. Var. Oui, ce qu’ont les enfers, de feux, de fouets, de chaînes. (1644-63)

331. Var. De grâce, un peu de trêve, un moment, un moment. (1633)

332. Var. Il montre son épée. (1633, en marge.) — Ce jeu de scène n’est point indiqué dans les éditions de 1644-60.

333. Var. Nourrice, et qui t’amène en ces lieux pleins d’effroi ? (1633-60)

334. Var. Cliton la vit pâmer, et se troubla de sorte. (1660)

335. Var. Cet enfer, ces combats, ne sont qu’illusion.
ér. Je ne m’abuse point ; j’ai vu sans fiction
Ces monstres terrassés se sauver à la fuite. (1633-57)

336. Var. [De vrai, ce que tu dis a beaucoup d’apparence.]
Depuis ce que j’ai su de Mélite et Tirsis,
Je sens que tout à coup mes regrets adoucis
Laissent en liberté les ressorts de mon âme ;
Ma raison par ta bouche a reçu son dictame.
Nourrice, prends le soin d’un esprit égaré,
Qui s’est d’avecque moi si longtemps séparé :
[Ma guérison dépend de parler à Mélite.] (1633-57)

337. Var. [Donnez-vous le loisir de changer de visage ;]
Nous pourvoirons après au reste en sa saison.
ér. Viens donc m’accompagner jusques en ma maison ;
Car si je te perdois un seul moment de vue,
Ma raison, aussitôt de guide dépourvue,
M’échapperoil encor. la nourr. Allons, je ne veux pas. (1633-57)

338. Var. Je ne veux point d’un cœur qu’un billet aposté
Peut résoudre aussitôt à la déloyauté. (1633)

339. Var. Ma maîtresse, mon heur, mon souci, ma chère âme. (1633-57)

340. Var. [Par ces feux qui voloient de vos yeux dans les miens,)
Par mes flammes jadis si bien récompensées,
Par ces mains si souvent dans les miennes pressées,
Par ces chastes baisers qu’un amour vertueux
Accordoit au désir d’un cœur respectueux,
[Par ce que votre foi me permettoit d’attendre… ] (1633-57)

341. Var. Aucun jusqu’à ce point n’est encor parvenu ;
Mais je te changerai pour le premier venu.
phil. Tes dédains outrageux épuisent ma souffrance. (1633-57)

342. Var. Adieu : Mélite et moi nous avons de quoi rire. (1644-64)

343. Var. Ce que c’est que d’aigrir un homme de courage,
clor. Sois sûr de ton côté que ta fougue et ta rage,
Et tout ce que jamais nous entendrons de toi,
Fournira de risée, elle, mon frère et moi ao. (1633-57)

344. Var. Que par le souvenir de nos travaux passés,
Chassons-le, ma chère âme, à force de caresses ;
Ne parlons plus d’ennuis, de tourments, de tristesses
Et changeons en baisers ces traits d’œil langoureux
Qui ne font qu’irriter nos désirs amoureux.
[Adorables regards, fidèles interprètes
Par qui nous expliquions nos passions secrètes.]
Je ne puis plus chérir votre foible entretien :
Plus heureux, je soupire après un plus grand bien.
Vous étiez bons jadis, quand nos flammes naissantes
Prisoient, faute de mieux, vos douceurs impuissantes ;
Mais au point où je suis, ce ne sont que rêveurs
Qui vous peuvent tenir pour exquises faveurs :
Il faut un aliment plus solide à nos flammes,
Par où nous unissions nos bouches et nos âmes.
[Mais tu ne me dis mot, ma vie ; et quels soucis.] (1633-57)

345. Var. Fit dessus tous mes sens un véritable effort. (1633-57)

346. Var. De revivre avec toi je pris aussi l’envie. (1633-57).

347. Var. Lui faisant consentir notre heureux hyménée. (1633-57)

348. Var. Nous trouve toutes deux à sa dévotion ;
Et cependant l’abord ap des lettres d’un faussaire. (1633-57)
Var. Ne trouve plus d’obstacle à ta prétention ;
Et le premier aspect des lettres d’un faussaire. (1660)

349. Var. Furieux, enragé, tu partis de ce lieu.
tirs. Mon cœur, j’en suis honteux, mais songe que possible,
Si j’eusse moins aimé, j’eusse été moins sensible. (1633-57)

350. Var. La voix de la raison qui vient pour le dompter. (1633-57)

351. Var. Foible excuse pourtant, n’étoit que ma bonté. (1633-57)

352. Var. mél. Mais apprends-moi l’auteur de cette perfidie.
tirs. Je ne sais quelle main pût être assez hardie. (1633-57)

353. Var. [L’amour a fait au sang un peu de trahison ;]
Mais deux ou trois baisers t’en feront la raison.
Que ce soit toutefois, mon cœur, sans te déplaire.
clor. Les baisers d’une sœur satisfont mal un frère :
Adresse mieux les tiens vers l’objet que je voi aq.
tirs. De la part de ma sœur reçois donc ce renvoi.
mél. Recevoir le refus d’un autre ar ! à Dieu ne plaise !
tirs. Refus d’un autre, ou non, il faut que je te baise,
Et que dessus ta bouche un prompt redoublement
Me venge des longueurs de ce retardement.
clor. À force de baiser vous m’en feriez envie :
Trêve. tirs. Si notre exemple à baiser te convie,
Va trouver ton Philandre, avec qui tu prendras
De ces chastes plaisirs autant que tu voudras.
clor. À propos, je venois pour vous en faire un conte.
Sachez donc que, sitôt qu’il a vu son méconte,
[L’infidèle m’a fait tant de nouveaux serments.] (1633-57)

354. Var. Au moins tous ses discours n’ont encor rien gagné. (1633-57)

355. Var. Qu’inférez-vous par là? [clor. Que son humeur volage.] (1633-57)

356. Var. Paravant que l’hymen, d’un joug inséparable. (1633)
Var. Avant que de l’hymen le joug inséparable. (1644-57)

357. Var. Me soumettant à lui, me rendit misérable.
Qu’il cherche femme ailleurs, et pour moi, de ma part. (1633-57)

358. Var. Si vous veux-je pourtant remettre bien ensemble (1633-57)

359. Var. Ne l’entreprenez pas, possible qu’après tout. (1633-44 et 52-57)

360. Il y a nourrice, sans article, dans les éditions de 1633-52.

361. En marge, dans l’édition de 1633 : La Nourrice paroit à l’autre bout du théâtre, avec Éraste, l’épée nue à la main, et ayant parlé à lui quelque temps à l’oreille, elle le laisse à quartier (voyez p. 93, note 2), et s’avance vers Tirsis.

362. Var. Tous nos pensers sont dus à ces chastes délices
Dont le ciel se prépare à borner nos supplices :
Le terme en est si proche, il n’attend que la nuit.
Vois qu’en notre faveur déjà le jour s’enfuit,
Que déjà le soleil, en cédant à la brune,
Dérobe tant qu’il peut sa lumière importune,
Et que pour lui donner mêmes contentements
Thétis court au-devant de ses embrassements.
la nourr. Vois toi-même un rival qui, la main à l’épée,
Vient quereller sa place à faux titre occupée,
Et ne peut endurer qu’on enlève son bien.
Sans l’acheter au prix de son sang et du tien.
mél. Retirons-nous, mon cœur. tirs. Es-tu lassé de vivre?
clor. Mon frère, arrêtez-vous. tirs. Voici qui t’en délivre :
Parle, tu n’as qu’à dire, éraste, à Mélite. Un pauvre criminel,
[À qui l’âpre rigueur d’un remords éternel.] (1633-57)

363. Var. la nourrice, montrant Éraste. (1644-57)

364. Var. De sortir de torture en sortant de la vie,
Vous apporte aujourd’hui sa tête à l’abandon,
Souhaitant le trépas à l’égal du pardon.
Tenez donc, vengez-vous de ce traître adversaire,
Vengez-vous de celui dont la plume faussaire
Désunit d’un seul trait Mélile de Tirsis,
Cloris d’avec Philandre. mélite, à Tirsis. À ce compte, édaircis
Du principal sujet qui nous mettoit en doute,
Qu’es-tu d’avis, mon cœur, de lui répondre ? (1633-57)

365. À quartier, à l’écart : voyez la note 2 de la p. 93.

366. Var. Vite, dépêchez-vous d’abréger mon supplice. (1633)

367. Toutes les éditions portent : « Nous nous sommes rendus. » Voyez l’introduction du Lexique.

368. Var. Et de ce que l’excès de ma douleur amère. (1633-57)

369. Var. Ils tiennent le passé dedans l’indifférence. (1633-57)

370. Var. Celui qui l’en tira pût entrer en sa place. (1633-60)

371. Var. Éraste, qu’un pardon purge de tous forfaits,
Est prêt de réparer les torts qu’il vous a faits.
Mélite répondra de sa persévérance :
Il ne l’a pu quitter qu’en perdant l’espérance ;


Encore avez-vous vu son amour irrité
Faire d’étranges coups en cette extrémité ;
Et c’est avec raison que sa flamme contrainte. (1633-57)

372. Var. Ses amoureux desirs, vers elle superflus. (1633-57)

373. Var. Bien que dedans tes yeux tes sentiments se lisent (1633-57)

374. Var. Excusable pudeur, soit donc, je le consens,
Trop sûr que mon avis s’accommode à ton sens. (1633-57).

375. En marge, dans l’édition de 1633 : Il parle à Éraste et lui baille la main de Cloris.

376. Var. Jusqu’à ce que ma belle après vous m’ait permis. (1633-57)

377. Var. Oui, jusqu’à cette nuit, qu’ensemble, ainsi que nous,
Vous goûterez d’Hymen les plaisirs les plus doux.
clor. Ne le présumez pas, je veux après Philandre as
L’éprouver tout du long de peur de me méprendre.
la nourr. at Mais de peur qu’il n’en fasse autant que l’autre a fait,
Attache-le d’un nœud qui jamais ne défait.
[clor. Vois prodiguez en vain vos foibles artifices.] 1633-57)

378. Var. Vous vous rendrez sensible à son naissant amour. (1660)

379. Var. Dont un destin meilleur m’a mise en impuissance. (1633-57)

380. Var. la nourr. au Tu ferois mieux de dire : À ses propres plaisirs. (1633-57)

381. Var. éraste, à Cloris. (1648)

382. Var. Et dans un point où gît tout mon contentement.
Comme partout ailleurs, suivez leur jugement. (1633-57)

383. Var. cloris, à Éraste. (1648)

384. Var. Ayant eu son avis, sans craindre un repentir.
Ton mérite et sa foi m’y feront consentir. (1633-57)

385. Var. Nourrice, va t’offrir pour nourrice à Philandre. (1633)

386. Cette indication manque dans les éditions de 1633-60.

387. Var. Vous êtes bien pressés de me laisser ainsi. (1633-48)
Var. Vous êtes bien hâtés de me quitter ainsi. (1664 et 68)

388. Var. Allez, je vais vous faire à ce soir telle niche,
Qu’au lieu de labourer, vous lairrez tout en friche av. (1633-48)


ao. C’est la fin de la scène iii dans les éditions indiquées

ap. L’édition de 1657 donne, par erreur, d’abord, pour l’abord.

aq. Dans les éditions de 1644-57, le morceau qui suit remplace les douze vers précédents : « Adresse mieux les tiens, etc. , » qui ne sont que dans celle de 1633 :

tirs. Autant que ceux d’un frère une sœur, et je croi
Que tu baiserois mieux ton Philandre que moi.
clor. Mon Philandre, il se trouve assez loin de son conte.
tirs. Un change si soudain lui donne un peu de honte,
[clor. L’infidèle m’a fait tant de nouveaux serments.] (1644-57)

ar. Il y a le masculin : d’un autre, à ce vers et au suivant, dans l’édition de 1633, qui seule donne ces deux vers. Voyez la variante du vers 1425 de Mélite

as. Ne le présumes (sic) pas. je veux après Philandre. (1633)

at. la nourrice, à Cloris. (1648)

au. la nourrice, à Mélite. (1648)

av. Ces deux vers terminent la pièce dans les éditions indiquées.