Mélite
(Édition Marty-Laveaux 1910)
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ACTE IV.


――――――



SCÈNE PREMIÈRE.


MÉLITE, La Nourrice.



LA NOURRICE.


Cette obstination à faire la secrète
M’accuse injustement d’être trop peu discrète 247.


MÉLITE.


Ton importunité n’est pas à supporter :
Ce que je ne sais point, te le puis-je conter ?


LA NOURRICE.


Les visites d’Éraste un peu moins assidues
Témoignent quelque ennui de ses peines perdues,
Et ce qu’on voit par là de refroidissement
Ne fait que trop juger son mécontentement.
Tu m’en veux cependant cacher tout le mystère ;
Mais je pourrois enfin en croire ma colère,
Et pour punition te priver des avis
Qu’a jusqu’ici ton cœur si doucement suivis.


MÉLITE.


C’est à moi de trembler après cette menace,
Et tout autre du moins trembleroit en ma place.


LA NOURRICE.


Ne raillons point : le fruit qui t’en est demeuré
(Je parle sans reproche, et tout considéré)
Vaut bien… Mais revenons à notre humeur chagrine :
Apprends-moi ce que c’est.


MÉLITE.


Apprends-moi ce que c’est._Veux-tu que je devine ?
Dégoûté d’un esprit si grossier que le mien,
Il cherche ailleurs peut-être un meilleur entretien.


LA NOURRICE.


Ce n’est pas bien ainsi qu’un amant perd l’envie
D’une chose deux ans ardemment poursuivie :
D’assurance un mépris l’oblige à se piquer ;
Mais ce n’est pas un trait qu’il faille pratiquer.
Une fille qui voit et que voit la jeunesse
Ne s’y doit gouverner qu’avec beaucoup d’adresse ;
Le dédain lui messied, ou quand elle s’en sert,
Que ce soit pour reprendre un amant qu’elle perd.
Une heure de froideur, à propos ménagée,
Peut rembraser une âme à demi dégagée 248,
Qu’un traitement trop doux dispense à 249 des mépris
D’un bien dont cet orgueil fait mieux savoir le prix 250.
Hors ce cas, il lui faut complaire à tout le monde,
Faire qu’aux vœux de tous l’apparence réponde 251,
Et sans embarrasser son cœur de leurs amours,
Leur faire bonne mine, et souffrir leurs discours 252.
Qu’à part ils pensent tous avoir la préférence,
Et paroissent ensemble entrer en concurrence 253 ;
Que tout l’extérieur de son visage égal
Ne rende aucun jaloux du bonheur d’un rival ;
Que ses yeux partagés leur donnent de quoi craindre,
Sans donner à pas un aucun lieu de se plaindre ;
Qu’ils vivent tous d’espoir jusqu’au choix d’un mari,
Mais qu’aucun cependant ne soit le plus chéri,
Et qu’elle cède enfin, puisqu’il faut qu’elle cède 254,
A qui paiera le mieux le bien qu’elle possède.
Si tu n’eusses jamais quitté cette leçon,
Ton Éraste avec toi vivroit d’autre façon.


MÉLITE.


Ce n’est pas son humeur de souffrir ce partage :
Il croit que mes regards soient son propre héritage,
Et prend ceux que je donne à tout autre qu’à lui
Pour autant de larcins faits sur le bien d’autrui.


LA NOURRICE.


J’entends à demi-mot ; achève, et m’expédie
Promptement le motif de cette maladie 255.


MÉLITE.


Si tu m’avois, Nourrice, entendue à demi,
Tu saurois que Tircis…


LA NOURRICE.


Tu saurois que Tircis…_Quoi ? son meilleur ami !
N’a-ce pas été lui qui te l’a fait connoître ?


MÉLITE.


Il voudroit que le jour en fût encore à naître ;
Et si d’auprès de moi je l’avois écarté 256,
Tu verrois tout à l’heure Éraste à mon côté.


LA NOURRICE.


J’ai regret que tu sois leur pomme de discorde ;
Mais puisque leur humeur ensemble ne s’accorde,
Éraste n’est pas homme à laisser échapper ;
Un semblable pigeon ne se peut rattraper :
Il a deux fois le bien de l’autre, et davantage.


MÉLITE.


Le bien ne touche point un généreux courage.


LA NOURRICE.


Tout le monde l’adore, et tâche d’en jouir.


MÉLITE.


Il suit un faux éclat qui ne peut m’éblouir.


LA NOURRICE.


Auprès de sa splendeur toute autre est fort petite 257.


MÉLITE.


Tu le places 258 au rang qui n’est dû qu’au mérite.


LA NOURRICE.


On a trop de mérite étant riche à ce point.


MÉLITE.


Les biens en donnent-ils à ceux qui n’en ont point ?


LA NOURRICE.


Oui, ce n’est que par là qu’on est considérable.


MÉLITE.


Mais ce n’est que par là qu’on devient méprisable :
Un homme dont les biens font toutes les vertus
Ne peut être estimé que des cœurs abattus.


LA NOURRICE.


Est-il quelques défauts que les biens ne réparent ?


MÉLITE.


Mais plutôt en est-il où les biens ne préparent ?
Étant riche, on méprise assez communément
Des belles qualités le solide ornement,
Et d’un luxe honteux la richesse suivie 259
Souvent par l’abondance aux vices nous convie.


LA NOURRICE.


Enfin je reconnois…


MÉLITE.


Enfin je reconnois…_Qu’avec tout ce grand bien 260
Un jaloux sur mon cœur n’obtiendra jamais rien.


LA NOURRICE.


Et que d’un cajoleur la nouvelle conquête
T’imprime, à mon regret, ces erreurs dans la tête.
Si ta mère le sait…


MÉLITE.


Si ta mère le sait…_Laisse-moi ces soucis,
Et rentre, que je parle à la sœur de Tircis 261.


LA NOURRICE.


Peut-être elle t’en veut dire quelque nouvelle.


MÉLITE.


Ta curiosité te met trop en cervelle 262.
Rentre sans t’informer de ce qu’elle prétend ;
Un meilleur entretien avec elle m’attend.


――――――


SCÈNE II.


CLORIS, MÉLITE.



CLORIS.


Je chéris tellement celles de votre sorte,
Et prends tant d’intérêt en ce qui leur importe,
Qu’aux pièces qu’on leur fait je ne puis consentir 263,
Ni même en rien savoir sans les en avertir.
Ainsi donc, au hasard d’être la mal venue,
Encor que je vous sois, peu s’en faut, inconnue,
Je viens vous faire voir que votre affection
N’a pas été fort juste en son élection.


MÉLITE.


Vous pourriez, sous couleur de rendre un bon office,
Mettre quelque autre en peine avec cet artifice ;
Mais pour m’en repentir j’ai fait un trop bon choix 264 :
Je renonce à choisir une seconde fois,
Et mon affection ne s’est point arrêtée
Que chez un cavalier qui l’a trop méritée.


CLORIS.


Vous me pardonnerez, j’en ai de bons témoins,
C’est l’homme qui de tous la mérite le moins 265.


MÉLITE.


Si je n’avois de lui qu’une foible assurance,
Vous me feriez entrer en quelque défiance ;
Mais je m’étonne fort que vous l’osiez blâmer 266,
Ayant quelque intérêt vous-même à l’estimer.


CLORIS.


Je l’estimai jadis, et je l’aime et l’estime
Plus que je ne faisois auparavant son crime.
Ce n’est qu’en ma faveur qu’il ose vous trahir,
Et vous pouvez juger si je le puis haïr 267,
Lorsque sa trahison m’est un clair témoignage 268
Du pouvoir absolu que j’ai sur son courage.


MÉLITE.


Le pousser à me faire une infidélité 269,
C’est assez mal user de cette autorité.


CLORIS.


Me le faut-il pousser où son devoir l’oblige ?
C’est son devoir qu’il suit alors qu’il vous néglige.


MÉLITE.


Quoi ! le devoir chez vous oblige aux trahisons 270 ?


CLORIS.


Quand il n’en auroit point de plus justes raisons,
La parole donnée, il faut que l’on la tienne.


MÉLITE.


Cela fait contre vous : il m’a donné la sienne.


CLORIS.


Oui ; mais ayant déjà reçu mon amitié,
Sur un vœu solennel d’être un jour sa moitié 271,
Peut-il s’en départir pour accepter la vôtre ?


MÉLITE.


De grâce, excusez-moi, je vous prends pour une autre,
Et c’étoit à Cloris que je croyois parler.


CLORIS.


Vous ne vous trompez pas.


MÉLITE.


Vous ne vous trompez pas._Donc, pour mieux me railler 272,
La sœur de mon amant contrefait ma rivale ?


CLORIS.


Donc, pour mieux m’éblouir, une âme déloyale 273
Contrefait la fidèle ? Ah ! Mélite, sachez
Que je ne sais que trop ce que vous me cachez.
Philandre m’a tout dit : vous pensez qu’il vous aime ;
Mais sortant d’avec vous, il me conte lui-même
Jusqu’aux moindres discours dont votre passion
Tâche de suborner 274 son inclination.


MÉLITE.


Moi, suborner Philandre ! ah ! que m’osez-vous dire !


CLORIS.


La pure vérité.


MÉLITE.


La pure vérité._Vraiment, en voulant rire,
Vous passez trop avant ; brisons là, s’il vous plaît.
Je ne vois point Philandre, et ne sais quel il est.


CLORIS.


Vous en croirez 275 du moins votre propre écriture 276.
Tenez, voyez, lisez.


MÉLITE.


Tenez, voyez, lisez._Ah, Dieux ! quelle imposture !
Jamais un de ces traits ne partit de ma main.


CLORIS.


Nous pourrions demeurer ici jusqu’à demain,
Que vous persisteriez dans la méconnoissance :
Je les vous laisse. Adieu.


MÉLITE.


Je les vous laisse. Adieu._Tout beau, mon innocence
Veut apprendre de vous le nom de l’imposteur 277,
Pour faire retomber l’affront sur son auteur.


CLORIS.


Vous pensez me duper, et perdez votre peine.
Que sert le désaveu quand la preuve est certaine ?
À quoi bon démentir ? à quoi bon dénier… ?


MÉLITE.


Ne vous obstinez point à me calomnier ;
Je veux que, si jamais j’ai dit mot à Philandre…


CLORIS.


Remettons ce discours : quelqu’un vient nous surprendre ;
C’est le brave Lisis, qui semble sur le front 278
Porter empreints les traits d’un déplaisir profond.


――――――


SCÈNE III.


LISIS, MÉLITE, CLORIS.



LISIS, à Cloris.


Préparez vos soupirs à la triste nouvelle 279
Du malheur où nous plonge un esprit infidèle ;
Quittez son entretien, et venez avec moi
Plaindre un frère au cercueil par son manque de foi.


MÉLITE.


Quoi ! son frère au cercueil !


LISIS.


Quoi ! son frère au cercueil !_Oui, Tircis, plein de rage
De voir que votre change indignement l’outrage.
Maudissant mille fois le détestable jour
Que votre bon accueil lui donna de l’amour,
Dedans ce désespoir a chez moi rendu l’âme 280,
Et mes yeux désolés…


MÉLITE.


Et mes yeux désolés…_Je n’en puis plus ; je pâme.


CLORIS.


Au secours ! au secours !


――――――


SCÈNE IV.


CLITON, la Nourrice, MÉLITE,
LISIS, CLORIS.



CLITON.


Au secours ! au secours !_D’où provient cette voix ?


LA NOURRICE.


Qu’avez-vous, mes enfants ?


CLORIS.


Qu’avez-vous, mes enfants ?_Mélite que tu vois…


LA NOURRICE.


Hélas ! elle se meurt ; son teint vermeil s’efface;
Sa chaleur se dissipe ; elle n’est plus que glace.


LISIS, à Cliton.


Va quérir un peu d’eau ; mais il faut te hâter.


CLITON, à Lisis 281.


Si proches du logis, il vaut mieux l’y porter 282.


CLORIS283.


Aidez mes foibles pas ; les forces me défaillent,
Et je vais succomber aux douleurs qui m’assaillent 284.


――――――


SCÈNE V.


ÉRASTE.


À la fin je triomphe, et les destins amis
M’ont donné le succès que je m’étois promis.
Me voilà trop heureux, puisque par mon adresse
Mélite est sans amant, et Tircis sans maîtresse ;
Et comme si c’étoit trop peu pour me venger,
Philandre et sa Cloris courent même danger.
Mais par quelle raison leurs âmes désunies 285
Pour les crimes d’autrui seront-elles punies ?
Que m’ont-ils fait tous deux pour troubler leurs accords ?
Fuyez de ma pensée, inutiles remords 286 ;
La joie y veut régner, cessez de m’en distraire.
Cloris m’offense trop d’être sœur d’un tel frère,
Et Philandre, si prompt à l’infidélité,
N’a que la peine due à sa crédulité 287.
Mais que me veut Cliton qui sort de chez Mélite ?


――――――


SCÈNE VI.


ÉRASTE, CLITON.



CLITON.


Monsieur, tout est perdu : votre fourbe maudite,
Dont je fus à regret le damnable instrument,
A couché de douleur Tircis au monument.


ÉRASTE.


Courage ! tout va bien, le traître m’a fait place ;
Le seul qui me rendoit son courage de glace,
D’un favorable coup la mort me l’a ravi.


CLITON.


Monsieur, ce n’est pas tout, Mélite l’a suivi.


ÉRASTE.


Mélite l’a suivi ! que dis-tu, misérable ?


CLITON.


Monsieur, il est trop vrai : le moment déplorable 288
Qu’elle a su son trépas a terminé ses jours.


ÉRASTE.


Ah ciel ! s’il est ainsi…


CLITON.


Ah ciel ! s’il est ainsi…_Laissez là ces discours,
Et vantez-vous plutôt que par votre imposture
Ces malheureux amants trouvent la sépulture 289,
Et que votre artifice a mis dans le tombeau
Ce que le monde avoit de parfait et de beau.


ÉRASTE.


Tu m’oses donc flatter, infâme, et tu supprimes 290
Par ce reproche obscur la moitié de mes crimes ?
Est-ce ainsi qu’il te faut n’en parler qu’à demi ?
Achève tout d’un coup : dis que maîtresse, ami 291,
Tout ce que je chéris, tout ce qui dans mon âme
Sut jamais allumer une pudique flamme,
Tout ce que l’amitié me rendit précieux,
Par ma fourbe a perdu la lumière des cieux 292 ;
Dis que j’ai violé les deux lois les plus saintes,
Qui nous rendent heureux par leurs douces contraintes ;
Dis que j’ai corrompu, dis que j’ai suborné,
Falsifié, trahi, séduit, assassiné 293 :
Tu n’en diras encor que la moindre partie.
Quoi ! Tircis est donc mort, et Mélite est sans vie !
Je ne l’avois pas su, Parques, jusqu’à ce jour,
Que vous relevassiez de l’empire d’Amour ;
J’ignorois qu’aussitôt qu’il assemble deux âmes,
Il vous pût commander d’unir aussi leurs trames 294.
Vous en relevez donc, et montrez aujourd’hui
Que vous êtes pour nous aveugles comme lui !
Vous en relevez donc, et vos ciseaux barbares
Tranchent comme il lui plaît les destins les plus rares !
Mais je m’en prends à vous, moi qui suis l’imposteur,
Moi qui suis de leurs maux le détestable auteur.
Hélas ! et falloit-il que ma supercherie
Tournât si lâchement tant d’amour en furie ?
Inutiles regrets, repentirs superflus,
Vous ne me rendez pas Mélite qui n’est plus ;
Vos mouvements tardifs ne la font pas revivre :
Elle a suivi Tircis, et moi je la veux suivre.
Il faut que de mon sang je lui fasse raison,
Et de ma jalousie, et de ma trahison,
Et que de ma main propre une âme si fidèle 295
Reçoive… Mais d’où vient que tout mon corps chancelle ?
Quel murmure confus ! et qu’entends-je hurler ?
Que de pointes de feu se perdent parmi l’air !
Les Dieux à mes forfaits ont dénoncé la guerre ;
Leur foudre décoché vient de fendre la terre.
Et pour leur obéir son sein me recevant
M’engloutit, et me plonge aux enfers tout vivant.
Je vous entends, grands Dieux : c’est là-bas que leurs âmes
Aux champs Élysiens éternisent leurs flammes ;
C’est là-bas qu’à leurs pieds il faut verser mon sang :
La terre à ce dessein m’ouvre son large flanc,
Et jusqu’aux bords du Styx me fait libre passage ;
Je l’aperçois déjà, je suis sur son rivage.
Fleuve, dont le saint nom est redoutable aux Dieux,
Et dont les neuf replis ceignent ces tristes lieux 296,
N’entre point en courroux contre mon insolence,
Si j’ose avec mes cris violer ton silence ;
Je ne te veux qu’un mot : Tircis est-il passé ?
Mélite est-elle ici ? Mais qu’attends-je ? insensé !
Ils sont tous deux si chers à ton funeste empire,
Que tu crains de les perdre, et n’oses m’en rien dire.
Vous donc, esprits légers, qui, manque de tombeaux,
Tournoyez vagabonds à l’entour de ces eaux,
À qui Charon cent ans refuse sa nacelle,
Ne m’en pourriez-vous point donner quelque nouvelle ?
Parlez, et je promets d’employer mon crédit 297
À vous faciliter ce passage interdit.


CLITON.


Monsieur, que faites-vous ? Votre raison troublée 298
Par l’effort des douleurs dont elle est accablée
Figure à votre vue…


ÉRASTE.


Figure à votre vue…_Ah ! te voilà, Charon ;
Dépêche promptement, et d’un coup d’aviron
Passe-moi, si tu peux, jusqu’à l’autre rivage.


CLITON.


Monsieur, rentrez en vous, regardez mon visage 299 :
Reconnoissez Cliton.


ÉRASTE.


Reconnoissez Cliton._Dépêche, vieux nocher,
Avant que ces esprits nous puissent approcher.
Ton bateau de leur poids fondroit 300 dans les abîmes ;
Il n’en aura que trop d’Éraste et de ses crimes 301.
Quoi ! tu veux te sauver à l’autre bord sans moi ?
Si faut-il qu’à ton cou je passe malgré toi.

(Il se jette sur les épaules de Cliton, qui l’emporte
derrière le théâtre 302)


――――――


SCÈNE VII.


PHILANDRE.


Présomptueux rival, dont l’absence importune 303
Retarde le succès de ma bonne fortune 304,
As-tu sitôt perdu cette ombre de valeur
Que te prêtoit tantôt l’effort de ta douleur ?
Que devient à présent cette bouillante envie
De punir ta volage aux dépens de ma vie ?
Il ne tient plus qu’à toi 305 que tu ne sois content :
Ton ennemi l’appelle, et ton rival t’attend.
Je te cherche en tous lieux, et cependant ta fuite
Se rit impunément de ma vaine poursuite.
Crois-tu, laissant mon bien dans les mains de ta sœur,
En demeurer toujours l’injuste possesseur,
Ou que ma patience, à la fin échappée
(Puisque tu ne veux pas le débattre à l’épée),
Oubliant le respect du sexe et tout devoir,
Ne laisse point sur elle agir mon désespoir ?


――――――


SCÈNE VIII.


ÉRASTE, PHILANDRE.



ÉRASTE.


Détacher Ixion pour me mettre en sa place !
Mégères, c’est à vous une indiscrète audace.
Ai-je avec même front que cet ambitieux 306
Attenté sur le lit du monarque des cieux ?
Vous travaillez en vain, barbares Euménides 307 ;
Non, ce n’est pas ainsi qu’on punit les perfides.
Quoi ! me presser encor ? Sus, de pieds et de mains
Essayons d’écarter ces monstres inhumains.
À mon secours, esprits ! vengez-vous de vos peines ;
Écrasons leurs serpents ; chargeons-les de vos chaînes.
Pour ces filles d’enfer nous sommes trop puissants.


PHILANDRE.


Il semble à ce discours qu’il ait perdu le sens 308.
Éraste, cher ami, quelle mélancolie
Te met dans le cerveau cet excès de folie ?


ÉRASTE.


Équitable Minos, grand juge des enfers,
Voyez qu’injustement on m’apprête des fers.
Faire un tour d’amoureux, supposer une lettre,
Ce n’est pas un forfait qu’on ne puisse remettre.
Il est vrai que Tircis en est mort de douleur,
Que Mélite après lui redouble ce malheur,
Que Cloris sans amant ne sait à qui s’en prendre ;
Mais la faute n’en est qu’au crédule Philandre ;
Lui seul en est la cause, et son esprit léger,
Qui trop facilement résolut de changer ;
Car ces lettres, qu’il croit l’effet de ses mérites 309,
La main que vous voyez les a toutes écrites.


PHILANDRE.


Je te laisse impuni, traître : de tels remords 310
Te donnent des tourments pires que mille morts ;
Je t’obligerois trop de t’arracher la vie,
Et ma juste vengeance est bien mieux assouvie
Par les folles horreurs de cette illusion.
Ah ! grands Dieux, que je suis plein de confusion !


――――――


SCÈNE IX.


ÉRASTE.


Tu t’enfuis donc, barbare, et me laissant en proie
À ces cruelles sœurs, tu les combles de joie ?
Non, non, retirez-vous, Tisiphone, Alecton,
Et tout ce que je vois d’officiers de Pluton :
Vous me connoissez mal ; dans le corps d’un perfide
Je porte le courage et les forces d’Alcide.
Je vais tout renverser dans ces royaumes noirs,
Et saccager moi seul ces ténébreux manoirs.
Une seconde fois le triple chien Cerbère
Vomira l’aconit en voyant la lumière ;
J’irai du fond d’enfer dégager les Titans,
Et si Pluton s’oppose à ce que je prétends,
Passant dessus le ventre à sa troupe mutine,
J’irai d’entre ses bras enlever Proserpine 311.


――――――


SCÈNE X.


LISIS, CLORIS.



LISIS.


N’en doute plus, Cloris, ton frère n’est point mort 312 ;
Mais ayant su de lui son déplorable sort,
Je voulois éprouver par cette triste feinte
Si celle qu’il adore, aucunement atteinte 313,
Deviendroit plus sensible aux traits de la pitié
Qu’aux sincères ardeurs d’une sainte amitié.
Maintenant que je vois qu’il faut qu’on nous abuse.
Afin que nous puissions découvrir cette ruse,
Et que Tircis en soit de tout point éclairci.
Sois sûre que dans peu je te le rends ici.
Ma parole sera d’un prompt effet suivie :
Tu reverras bientôt ce frère plein de vie ;
C’est assez que je passe une fois pour trompeur.


CLORIS.


Si bien qu’au lieu du mal nous n’aurons que la peur ?
Le cœur me le disoit : je sentois que mes larmes
Refusoient de couler pour de fausses alarmes,
Dont les plus dangereux et plus rudes assauts 314
Avoient beaucoup de peine à m’émouvoir à faux ;
Et je n’étudiai cette douleur menteuse
Qu’à cause qu’en effet j’étois un peu honteuse 315
Qu’une autre en témoignât plus de ressentiment 316.


LISIS.


Après tout, entre nous, confesse franchement 317
Qu’une fille en ces lieux, qui perd un frère unique,
Jusques au désespoir fort rarement se pique :
Ce beau nom d’héritière a de telles douceurs,
Qu’il devient souverain à consoler des sœurs.


CLORIS.


Adieu, railleur, adieu : son intérêt me presse
D’aller rendre d’un mot la vie à sa maîtresse 318 ;
Autrement je saurois t’apprendre à discourir.


LISIS.


Et moi, de ces frayeurs de nouveau te guérir.


Acte III

Acte IV

Acte V


247. Var. [M’accuse injustement d’être trop peu discrète.]
mél. Vraiment tu me poursuis avec trop de rigueur :
Que te puis-je conter, n’ayant rien sur le cœur ?
la nourr. Un chacun fait à l’œil des remarques aisées,
Qu’Éraste, abandonnant ses premières brisées,
Pour te mieux témoigner son refroidissement.
Cherche sa guérison dans un bannissement.
Tu m’en veux cependant ôter la connoissance ;
Mais si jamais sur toi j’eus aucune puissance,
Par ce que tous les jours en tes affections
Tu reçois de profit de mes instructions af.
Apprends-moi ce que c’est, mél. Et que sais-je, Nourrice,
Des fantasques ressorts qui meuvent son caprice ?
Ennuyé d’un esprit si grossier que le mien,
[Il cherche ailleurs peut-être un meilleur entretien.] (1633-57)

248. Var. Rembrase assez souvent une âme dégagée. (1633-57)

249. Dispenser à… accorder la dispense, la permission nécessaire pour faire quelque chose, autoriser à…

250. Var. D’un bien dont un dédain fait mieux savoir le prix. (1633-57)

251. Var. Faire qu’aux vœux de tous son visage réponde. (1633-57)

252. Var. Leur faire bonne mine, et souffrir leur discours. (1633, 44 et 52-57)
Var. Leur montrer bonne mine, et souffrir leur discours. (1648)

253. Var. [Et paroissent ensemble entrer en concurrence :]
Ainsi lorsque plusieurs te parlent à la fois,
En répondant à l’un, serre à l’autre les doigts,
Et si l’un te dérobe un baiser par surprise,
Qu’à l’autre incontinent il soit en belle prise ;
Que l’un et l’autre juge, à ton visage égal,
Que tu caches ta flamme aux yeux de son rival.
Partage bien les tiens, et surtout sache feindre,
De sorte que pas un n’ait sujet de se plaindre. (1633-57)

254. Var. Tiens bon, et cède enfin, puisqu’il faut que tu cèdes,
À qui paiera le mieux le bien que tu possèdes. (1633-57).

255. Var. [Promptement le motif de cette maladie.]
mél. Tirsis est ce motif. la nourr. Ce jeune cavalier!
Son ami plus intime et son plus familier !
[N’a-ce pas été lui qui te l’a fait connoître ?] (1633-57)

256. Var. Et si dans ce jourd’hui je l’avois écarté,
Tu verrois dès demain Éraste à mon côté.
la nourr. J’ai regret que tu sois la pomme de discorde. (1633-57)

257. Var. Auprès de sa splendeur toute autre est trop petite, (1633-57)

258. On lit dans l’édition de 1633 : tu te places, pour tu le places ; mais c’est évidemment une faute d’impression.

259. L’édition de 1633 porte, mais ce doit être aussi une faute :
Et d’un riche honteux la richesse suivie.

260. Var. Enfin je reconnois…_Qu’avecque tout son bien
Un jaloux dessus moi n’obtiendra jamais rien. (1633-60)

261. Var. [Et rentre, que je parle à la sœur de Tirsis :]
Je la vois qui de loin me fait signe et m’appelle.
[la nourr. Peut-être elle t’en veut dire quelque nouvelle.]
mél. [Rentre, sans t’informer de ce qu’elle prétend.] (1633-57)

262. Mettre en cervelle, inquiéter. Voyez plus haut, p. 192, note 2.

263. Var. Qu’aux fourbes qu’on leur fait je ne puis consentir. (1633-57)

264. Var. Mais pour m’en repentir j’ai fait un trop beau choix. (1633-60)

265. La leçon de 1657 :
C’est l’homme qui de tous l’a mérité le moins.
est certainement une faute d’impression.

266. Var. Mais je m’étonne fort que vous l’osez blâmer,
Vu que pour votre honneur vous devez l’estimer. (1633-57)

267. Var. Après cela jugez si je le peux haïr. (1633)
Var. Jugez après cela si je le puis haïr. (1644-57)

268. Var. Puisque sa trahison m’est un grand témoignage. (1633-57)

269. Var. Vraiment c’est un pouvoir dont vous usez fort mal,
Le poussant à me faire un tour si déloyal. (1633-57)

270. Var. Quoi ! son devoir l’oblige à l’infidélité !
clor. N’allons point rechercher tant de subtilité. (1633-57)

271. Var. Sur un serment commun d’être un jour sa moitié. (1633-57)

272. Var. Vous ne vous trompez pas._Doncques, pour me railler. (1633-57)

273. Var. Doncques, pour m’éblouir, une âme déloyale. (1633-57)

274. Voyez plus haut, p. 194, note 3.

275. L’édition de 1664 donne : vous croiriez. pour vous croirez. ce qui est sans doute une faute d’impression.

276. Var. Vous en voulez bien croire au moins votre écriture. (1633-57)

277. Veut savoir par avant le nom de l’imposteur,
Afin que cet affront retombe sur l’auteur.
clor. Vous voulez m’affiner ; mais c’est peine perdue :
Mélite, que vous sert de faire l’entendue ?
La chose étant si claire à quoi bon la nier ? (1633-57)

278. Var. C’est le brave Lisis, qui tout triste et pensif,
À ce qu’on peut juger, montre un deuil excessif. (1633-57)

279. Var. Pouvez-vous demeurer auprès d’une personne
Digne pour ses forfaits que chacun l’abandonne ?
Quittez cette infidèle, et venez avec moi. (1633-57)

280. Var. Dedans ce désespoir a rendu sa belle âme.
mél. Hélas ! soutenez-moi ; je n’en puis plus, je pâme. (1633-57)

281. Les mots : à Lisis, manquent dans les éditions de 1633-60.

282. Var. Si proche du logis, il vaut mieux l’y porter. (1657)

283. On lit en marge, dans l’exemplaire de l’édition de 1633 dont il a été parlé à la note 2 de la page 183 : Cliton et la Nourrice emportent Mélite pâmée en son logis, où Cloris les suit, appuyée sur Lisis.

284. Var. cloris, à Lisis. (1633, dans l’exemplaire de la Bibliothèque impériale, cité à la note précédente, et 1644-60.)

285. Var. Mais à quelle raison leurs âmes désunies. (1633-63)

286. Var. Fuyez de mon penser, inutiles remords ;
J’en ai trop de sujet de leur être contraire :
Cloris m’offense trop, étant sœur d’un tel frère. (1633-57)

287. Var. [N’a que la peine due à sa crédulité.]
Allons donc sans scrupule, allons voir cette belle ;
Faisons tous nos efforts à nous rapprocher d’elle,
Et tâchons de rentrer en son affection,
Avant qu’elle ait rien su de notre invention ag.
Cliton sort de chez elle.

SCÈNE VI.

ÉRASTE, CLITON.

Cliton sort de chez elle. ér. Eh bien ! que fait Mélite ?
[clit. Monsieur, tout est perdu : votre fourbe maudite.] (1633-57)

288. Var. Monsieur, il est tout vrai : le moment déplorable. (1633-60)

289. Var. Ce pair d’amants sans pair est sous la sépulture. (1633-57)
Var. Ces malheureux amants treuvent la sépulture. (1660)

290. Var. Tu m’oses donc flatter, et ta sottise estime
M’obliger en taisant la moitié de mon crime ? (1633-57)

291. Var. Achève tout d’un trait : dis que maîtresse, ami. (1633-57)

292. Var. Par ma fraude a perdu la lumière des cieux. (1633-57)

293. Var. [Falsifié, trahi, séfluit, assassiné,]
Que j’ai toute une ville en larmes convertie :
[Tu n’en diras encor que la moindre partie.]
Mais quel ressentiment ! quel puissant déplaisir !
Grands Dieux ! et peuvent-ils jusque-là nous saisir,
Qu’un pauvre amant en meure, et qu’une âpre tristesse
Réduise au même point après lui sa maîtresse ?
clit. Tous ces discours ne font… ér. Laisse agir ma douleur.
Traître, si tu ne veux attirer ton malheur :
Interrompre son cours, c’est n’aimer pas ta vie.
La mort de son Tirsis me l’a doncques ravie !
[Je ne l’avois pas su, Parques, jusqu’à ce jour.] (1633-57)

294. Var. [Il vous pût commander d’unir aussi leurs trames ;]
J’ignorois que, pour être exemptes de ses coups,
Vous souffrissiez qu’il prit un tel pouvoir sur vous.
[Vous en relevez donc, et vos ciseaux barbares]
Tranchent comme il lui plaît les choses les plus rares !
Vous en relevez donc, et pour le flatter mieux
Vous voulez comme lui ne vous servir point d’yeux !
Mais je m’en prends à vous, et ma funeste ruse,
Vous imputant ces maux, se bâtit une excuse ;
J’ose vous en charger, et j’en suis l’inventeur,
Et seul de ces malheurs ah le détestable auteur.
Mon courage, au besoin se trouvant trop timide
Pour attaquer Tirsis autrement qu’en perfide.
Je fis à mon défaut combattre son ennui,
Son deuil, son désespoir, sa rage, contre lui.
Hélas ! et falloit-il que ma supercherie
Tournât si lâchement son amour en furie ?
Falloit-il, l’aveuglant d’une indiscrète erreur,
Contre une âme innocente allumer sa fureur ?
Falloit-il le forcer à dépeindre Mélite
Des infâmes couleurs d’une fille hypocrite ai ?
[Inutiles regrets, repentirs superflus.] (1633-57)

295. Var. Et que par ma main propre un juste sacrifice
De mon coupable chef venge mon artifice aj.
Avançons donc, allons sur cet aimable corps
Éprouver, s’il se peut, à la fois mille morts.
D’où vient qu’au premier pas je tremble, je chancelle ?
Mon pied, qui me dédit, contre moi se rebelle.
[Quel murmure confus ! et qu’entends-je hurler ?] (1633-57)

296. Var. Et dont les neuf remplis ceignent ces tristes lieux,
Ne te colère point contre mon insolence,
[Si j’ose avec mes cris violer ton silence.]
Ce n’est pas que je veuille, en buvant de ton eau,
Avec mon souvenir étouffer mon bourreau ;
Non, je ne prétends pas une faveur si grande ;
Réponds-moi seulement, réponds à ma demande ;
As-tu vu ces amants ? Tirsis est-il passé ?
Mélite est-elle ici ? Mais que dis-je ? insensé !
Le père de l’oubli, dessous cette onde noire,
Pourroit-il conserver tant soit peu de mémoire ?
Mais de rechef que dis-je ? Imprudent ! je confonds
Le Léthé pêle-mêle et ces gouffres profonds ;
Le Styx, de qui l’oubli ne prit jamais naissance,
De tout ce qui se passe a tant de connoissance,
Que les Dieux n’oseroient vers lui s’être mépris.
Mais le traître se tait, et tenant ces esprits
Pour le plus grand trésor de son funeste empire,
De crainte de les perdre, il n’en ose rien dire.
Vous donc, esprits légers, qui, faute de tombeaux. (1633-57).

297. Var. Dites, et je promets d’employer mon crédit. (1633-60)

298. Var. Monsieur, que faites-vous ? Votre raison s’égare :
Voyez qu’il n’est ici de Styx ni de Ténare ;
Revenez à vous-même. [ér. Ah ! te voilà, Charon.] (1633-57)

299. Var. Monsieur, rentrez en vous, contemplez mon visage. (1633-57)

300. Fondre, aller au fond, s’engloutir.

301. Var. [Il n’en aura que trop d’Éraste et de ses crimes ak.]
Clit. Il vaut mieux esquiver, car avecque des fous al
Souvent on ne rencontre à gagner que des coups :
Si jamais un amant fut dans l’extravagance,
Il s’en peut bien vanter avec toute assurance.
éraste, se jetant sur ses épaulesam.
Tu veux donc échapper à l’autre bord sans moi ?
[Si faut-il qu’à ton cou je passe malgré toi.] (1633-57)

302. Ce jeu de scène est omis dans l’édition de 1660 ; dans celle de 1664, il est placé entre les deux derniers vers de la scène. Voyez p. 223, note c.

303. Var. Rival injurieux, dont l’absence importune. (1633-57).

304. Var. [Retarde le succès de ma bonne fortune,]
Et qui, sachant combien m’importe ton retour,
De peur de m’obliger n’oserois voir le jour,
As-tu sitôt perdu cette ombre de courage
Que te prêtoient jadis les transports de ta rage ?
Ce brusque mouvement d’un esprit forcené
Relâche-t-il sitôt ton cœur efféminé ?
[Que devient à présent cette bouillante envie.] (1633)

305. On lit dans l’édition de 1654 : « Il ne tient plus à toi, » pour « qu’à toi. » C’est évidemment une faute, ainsi qu’à la page suivante, la leçon de 1657 v. 1359 : « Détachez Ixion ; » et au vers 1360 le singulier mégère, pour mégères, dans les éditions de 1660-64.

306. Var. Ai-je, prenant le front de cet audacieux. (1633-57)
Var. Ai-je, prenant le front de cet ambitieux. (1660-64)

307. Var. Vous travaillez en vain, bourrelles Euménides. (1633-60)

308. Var. Il semble à ces discours qu’il ait perdu le sens. (1633-57)

309. Var. Car des lettres qu’il a de la part de Mélite,
Autre que cette main n’en a pas une écrite. (1633-57)

310. Var. Je te laisse impuni, perfide, tes remords. (1633)
Var. Je te laisse impuni, traître, car tes remords. (1644-57)
Var. Je te laisse impuni, de si cuisants remords. (1660)

311. Bien que Claveret ne conteste pas à Corneille l’invention de la frénésie d’Éraste (voyez plus haut, p. 128), on pourrait être tenté de croire que notre poëte en a pris l’idée dans la Climène de C. S. sieur de la Croix, représentée, suivant les frères Parfait, en 1628 (Histoire du théâtre françois, tome IV, p. 401). Le berger Liridas, pensant que Climène est morte, devient fou de chagrin ; dans son délire, il veut obliger un magicien, qu’il prend pour Pluton, à rendre la vie à son amante, et lui dit :

Toi seul dedans ces lieux sentiras les tourments,
Sans pouvoir prendre part à nos contentements ;
J’épouserai Climène, et pour ma concubine
Je prendrai, s’il me plaît, ta femme Proserpine.

312. Var. N’en doute aucunement, ton frère n’est point mort, (1633-57)

313. Var. Si ce cœur, recevant quelque légère atteinte. (1633)

314. Var. Dont les plus furieux et plus rudes assauts
Avoient bien de la peine à m’émouvoir à faux. (1633-57)

315. Var. Qu’à cause que j’étois parfaitement honteuse. (1633-57)

316. Var. Qu’un autre an en témoignât plus de ressentiment. (1633-60)

317. Var. Mais avec tout cela confesse franchement. (1633-57)

318. Var. D’aller vite d’un mot ranimer sa maîtresse ;
Autrement je saurois te rendre ton paquet.
lis. Et moi pareillement rabattre ton caquet, (1633-57)


af. Dans l’édition de 1667, probablement par erreur :
Parce que tous les jours, en tes affections,
Tu reçois du profit de mes instructions.

ag. Avant qu’elle ait rien su de notre intention. (1654)

ah. Les éditions de 1633 et de 1644 donnent, mais par erreur sans doute : « ses malheurs, » pour « ces malheurs. »

ai. Les quatre derniers vers, depuis : « Falloit-il, l’aveuglant, etc., » ne sont que dans l’édition de 1633.

aj. Ces deux vers, ainsi que les vers 1301 et 1302 du texte, manquent dans les éditions de 1644-57.

ak. Il n’en aura que trop d’Éraste, de ses crimes. (1657)

al. Il vaut mieux se tirer, car avecque des fous, (1644-57)

am. Il se jette sur les épaules de Cliton, qui l’emporte du théâtre. (1633, en marge.)

an. Il y a plus loin un semblable emploi du masculin dans le vers 1387 de Clitandre. Voyez le Lexique ; voyez aussi la première variante de la p. 241 et la huitième de la p. 365.