LA COUR SUPRÊME
Il ne faut pas oublier ce tribunal ; il faut en parler de temps à autre ; il faut surtout en demander l’abolition à temps et à contre-temps.
La cour suprême constitue un véritable danger pour notre autonomie provinciale. Tous ceux qui ont suivi de près les tendances à la centralisation que manifeste ce tribunal en sont fermement convaincus.
Ce tribunal a été institué par les chefs grits pour éliminer « l’idée française » de nos statuts, et les chefs torys le maintiennent pour la même fin.
À la veille d’une élection générale, c’est plus que jamais le temps d’agiter cette question de l’abolition de la cour suprême. Que les électeurs fassent comprendre aux candidats, tant bleus que rouges, que cette affaire doit primer tout esprit de parti ; que les députés de la province de Québec doivent insister sur l’abolition de la cour suprême, au risque de déplaire à Sir John ou à M. Blake.
Nous regrettons beaucoup de voir que le Canadien qui dénonçait naguère la cour suprême avec une très grande énergie, laisse refroidir son zèle au moment même où il faudrait réchauffer le zèle des électeurs. Cela nous inquiète. Notre confrère affirme qu’en appuyant chaleureusement le cabinet fédéral, il n’est pas mu par l’esprit de parti. Nous voulons bien le croire sincère. Mais nous ne pouvons pas comprendre son silence au sujet de la cour suprême. Il nous semble que, sans combattre le cabinet, il pourrait insister sur cette question dont il comprend toute l’importance. Notre confrère disait, pourtant, il n’y a pas longtemps, que si le gouvernement n’abolissait pas la cour suprême, il entendrait quelque chose de bien désagréable pendant les prochaines élections.
C’est le temps de parler.