Texte établi par Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer & Cie (p. 122-im11).

CHAPITRE XIII


guillaume hébert. — sa mort. — mort de marie rollet. — guillaume couillard concède le terrain de la fabrique de québec. — il fait des dons aux dames de l’hôtel-dieu. — il est anobli par le roi. — ses dernières années. — mort de deux de ses fils.


Louis Hébert, en mourant, avait laissé dans le monde, outre Mme Couillard, son fils, Guillaume Hébert. Il avait épousé Hélène, fille de Pierre Desportes et de Françoise Langlois.

Cette union fut de courte durée. Guillaume Hébert mourut en 1639, laissant à sa veuve trois enfants : Joseph, né le 3 novembre 1636 ; Françoise, née le 27 janvier 1638 ; et Angélique, née le 2 août 1639 ; cette dernière mourut encore enfant.

Le 9 janvier 1640, Hélène Desportes épousa Noël Morin, charron, fils de Claude Morin et de Jeanne Moreau, de Saint-Étienne de Brie-Comte-Robert. Morin fut inhumé le 10 février 1680, à Saint-Thomas de Montmagny. Il fut le père de Germain, qui fut le premier prêtre canadien et de Marie, qui devint religieuse chez les Hospitalières de Montréal.


l’ancienne cathédrale de québec a été construite sur un terrain donné par guillaume couillard.

Noël Morin compte encore de nos jours un grand nombre de descendants.

En 1649, s’éteignit dans le Seigneur, Marie Rollet. Elle survécut à Louis Hébert vingt-deux ans. Durant son séjour à Québec, elle sema autour d’elle les bienfaits. Les sauvages l’avaient en grande vénération. Elle fut, en effet, une de leurs plus dévouées protectrices. Le nom de Marie Rollet mérite une place d’honneur dans nos annales. Le Canada se doit à elle-même d’honorer cette femme qui a pris une si large part dans les travaux du premier colon.

Marie Rollet fut inhumée le 27 mai 1649, au milieu d’un grand concours de peuple. Les sauvages de Québec se firent un devoir d’assister aux funérailles de celle qui les avait entourés de soins et leur avait témoigné la plus ardente charité.

Guillaume Couillard, collaborateur de Louis Hébert, et son fidèle successeur, parvint jusqu’à une extrême vieillesse. Il eut la joie de voir les premiers progrès accomplis par la Nouvelle-France. La Providence lui permit de jouir ainsi du fruit de ses travaux. Il avait amassé assez de biens pour garantir aux siens un brillant avenir. C’était le plus riche habitant de la colonie. Il sut en même temps faire large part de ses biens aux communautés de Québec.

En 1652, pour aider à l’établissement de la première église paroissiale de Québec, il accorda à la fabrique un emplacement de quatre-vingts perches de terre. C’est le terrain sur lequel s’élève la Basilique. En retour de cette donation, il obtint dans l’église, un banc à perpétuité, pour sa famille et ses descendants. Ce banc est possédé de nos jours, par un membre de la famille Couillard de Lespinay,

Vers le même temps, pour favoriser les Dames de l’Hôtel-Dieu, il leur concéda un emplacement ; il mit pour conditions, cette fois, qu’outre la jouissance d’un banc dans leur chapelle, et ce, à perpétuité, il recevrait la sépulture ainsi que Marie-Guillemette Hébert, son épouse, dans la même chapelle.

En 1654, le roi de France, pour reconnaître les services qu’il avait rendus à la colonie, le décora du titre de noblesse. Il prit pour armes : D’azur, à la colombe éployée d’or, tenant dans son bec un rameau d’olivier de sinople. Pour devise, il choisit : « Dieu aide au premier colon. »

Ses lettres de noblesse furent renouvelées en 1668 en faveur de ses fils, Louis Couillard de Lespinay et Charles Couillard des Islets de Beaumont.

Les armes suivantes furent adoptées par les Couillard de Lespinay, des Prez, du Puy, des Écores et L’Islois : D’argent, à l’olivier de sinople mouvant d’un rocher à trois coupeaux au naturel, éclairé par un soleil, en chef, à senestre, d’or. L’écu timbré d’un casque et d’une couronne de comte, avec une colombe d’argent en cimier, portant en son bec un rameau d’olivier de sinople. Supports : deux branches d’olivier. Devise : Prix des travaux n’a rien de vil.

Les Couillard de Beaumont, portèrent : D’azur au cerf d’argent, passant et contourné, ramé d’or, onglé de même. Devise : Au champ labeur, au camp valeur.

Le 15 juillet 1661, Guillaume Couillard fit une nouvelle concession aux Dames de l’Hôtel-Dieu d’une pièce de terre pour servir de cimetière aux pauvres qui mouraient à l’Hôpital. En 1679, Marie-Guillemette Hébert augmenta cette concession.

Guillaume Couillard aimait à prendre une part active aux fêtes et aux réjouissances publiques. À la Saint-Joseph, chaque année, il allumait un feu de joie. Au jour de la Fête-Dieu, il érigeait dans son grand jardin un reposoir magnifique ; en passant devant sa maison, les soldats tiraient des salves de mousquets et de fusils. Les Jésuites, au jour de l’an lui faisaient leur visite annuelle ; ils retournaient à leur couvent avec quelques petits présents. Comme on le voit, ce vétéran de la colonie était entouré de la considération de ses concitoyens.

Deux deuils attristèrent les dernières années de Guillaume Couillard. Ses deux fils, Nicolas et Guillaume tombèrent sous les coups des Iroquois. La mort de Joseph Hébert, petit-fils de Louis Hébert, arrivée presque en même temps, vint encore briser le cœur de ce respectable vieillard.

Nicolas Couillard, sieur de Belleroche, fut tué sur l’Île d’Orléans, en allant porter secours à son frère Louis Couillard de Lespinay. Voici en quelles circonstances. Au mois de juin de l’année 1661, Louis Couillard de Lespinay partit pour aller à la chasse sur l’Île d’Orléans. Geneviève des Prez, son épouse, sœur de Mme Jean de Lauzon, le Sénéchal de la Nouvelle-France, et fils du gouverneur de ce nom, ayant appris que les Iroquois avaient fait leur apparition sur l’île, supplia ce dernier d’aller délivrer son mari.

« M. de Lauzon, pour signaler l’amitié qu’il lui portait, partit avec six jeunes gens dans une chaloupe ; étant arrivé vis-à-vis la maison du sieur Maheu, qui était au milieu de l’île, et qui avait été abandonnée depuis quelques jours, il la fit échouer à marée-basse entre deux rochers. Il y envoya deux de ses compagnons pour voir si les habitants avaient eu le temps de s’enfuir. Celui qui ouvrit la porte de l’habitation se trouva en présence de quatre-vingts Iroquois qui le tuèrent et ils firent l’autre prisonnier.

» Il ne restait plus que cinq Français, mais ils résolurent de vendre chèrement leur vie. Les Iroquois proposèrent aux Français de se livrer, leur garantissant la vie ; mais tous se défendirent jusqu’au dernier soupir. M. de Lauzon eut les bras tout meurtris et hachés des coups qu’on lui avait donnés pour lui faire mettre bas les armes… Après sa mort les Iroquois lui coupèrent la tête qu’ils emportèrent dans leur pays. Ainsi furent massacrés sept Français ; ces derniers tuèrent un bien plus grand nombre d’Iroquois, dont on trouva les ossements lorsqu’on alla lever les corps des nôtres ; leurs gens ayant brûlé les corps de leurs morts selon leur coutume et laissé entiers ceux de nos Français.

« Après cette horrible boucherie, ces barbares s’étant aperçus qu’on envoyait des troupes à leur poursuite se sauvèrent à la hâte. Par malheur le secours arrivait trop tard : car M. d’Argenson, Gouverneur, n’eut la nouvelle de ce désastre que par M. de Lespinay, celui même pour lequel on s’était mis au hasard qui, ayant entendu le bruit des fusils, fit voile vers Québec, pour avertir qu’il y avait du danger. Mais, quand il sut que c’était pour lui que ces vaillants gentilshommes s’étaient ainsi exposés, il faillit mourir de douleur. »

Telle fut la mort héroïque de Nicolas Couillard et de ses compagnons. Le fils de Guillaume Couillard, M. Jean de Lauson, Ignace Sévestre furent inhumés dans l’église de Québec, le 24 juin 1661.

Au mois d’octobre de l’année 1662, Guillaume Couillard, sieur des Chênes, fut tué à Tadoussac, avec un autre Français. Comme on le voit, les deuils succédaient aux deuils dans la famille Couillard.

À quelque temps de là on apprit la certitude de la mort de Joseph Hébert, petit-fils de Louis Hébert. Il avait épousé, le 12 octobre 1660, Mlle Marie Charlotte, fille de feu Pierre-Charles de Poytiers, écuyer, capitaine d’infanterie, et de feue Mlle Hélène de Belleau, du petit Espagne, sis à une lieue de la ville de Montdidier, en Picardie.

Hélène de Poytiers convola en secondes noces avec Simon Lefebvre, sieur Angers. Il fut l’ancêtre de l’honorable famille de ce nom si répandue dans les environs de Québec.

Quant à Françoise Hébert, sœur de Joseph, et nièce de Guillaume Couillard, elle épousa, le 20 novembre 1651, Guillaume Fournier, originaire de Coulme en Normandie. Il est l’ancêtre des Fournier, Blanchet, Laflamme, Michon, toutes familles avantageusement connues dans le district de Montmagny.




plan de québec en 1660.