Texte établi par Faculté des lettres de Rennes, J. Plihon et L. Hervé (p. 208-213).
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N

Na, ne, ni : pour nag devant consonne. Cf. hag et ha.

Naka, vb., dissimuler : dér. de nak > nag. V. ce mot et cf. nac’ha.

Nadoz, s. f., aiguille, mbr. nadoez, cymr. nodwydd, vbr. notuid, et cf. vir. snâthat, ir. snâthad, gael. snàthat id. ; cf. encore got. në-thla, ag. nee-dle, et al. na-del, tous dér. de rac. SNÊ, « filer, coudre ». V. sous néza.

Nag, ni : juxtaposition de et hag. V. ces mots.

Nagen, s. f., querelle. — Étym. inc[1].

Nahen (V., C), s. f., tresse, ruban : variante dialectale de *naz-en, d’un celt. *na-t-to-. V. la rac. probable sous nadoz.

Nac’ha, vb., nier, corn. nacha, cymr. nacau : dér. de nag. Cf. naka et nagen, présentant les trois variétés de gutturale.

Nâm, namm, s. m., tache, vice : peut-être exactement, « défaut, chose [qui manque parce qu’elle a été] enlevée », en tant que dér. de la rac. NEM qu’on verra dans la note sous lémel. Cf. német.

Nann, non : sorte de redoublement de la négation ; cf. aussi lat. non, al. nein « pas un », fr. nenni, etc.

Naô, neuf, corn. et cymr. naw, vir. nài n-> gael. naoi, etc. : d’un celt. *nawan, à vocalisme un peu différent de celui de l’i.-e. *newn, sk. náva, gr. ἐννέα, lat. novem, got. niun, ag. rime et al. neun, lit devynï, vsl. devetï, ces derniers avec initiale altérée.

Naon, s. f., faim, mbr. naffn, cymr. newyn, vir. noine id. : d’un celt. *nawenyâ, dont le type radical paraît se retrouver dans les langues lettiques (pruss. nau-ti- « besoin ») et germaniques (got. nâu-th s et nâu-di-, ag. nèa-d^> ag. nee<f, al. not id.).

Naon, s. m., pente : pour *tnaou, devenu en mutation douce *dnaou > *nnaou. V. la forme primitive sous traon.

Naouac’h (V.), néanmoins : correspond au cymr. na chwaith « pas encore, pas plus, non davantage », etc. V. sous gwéach et c’hoaz.

Naoz, s. f., lit de rivière, canal. V. sous 2 aoz[2].

Napléz, s. m., syphilis. Empr. fr. [mal de] Naples.

Nask, s. m., lien, vir. nasc et gael. nasg> « collier, lien », et cf. peut-être sk. niqkà « collier » : le tout se rattachant à la rac. du sk. nàh-ya-ti « il lie », vir. fo-nasc-ar <( on le lie » et ro-ne-nasc « je liai », peu répandue hors de ces domaines. Cf. un de ses dér. italiques sous nés.

, particule négative, cymr. ni, vir. n/, etc. : d’un celt. *ne, *nëou *nei, cf. sk. nâ, lat. ne, got. ni, vsl. ne et ni, etc., etc. Cf. 2 am.

Néannérez (V.), s. f., nageoire. V. sous neùi.

Néat, adj., propre, pur. Empr. fr. diphtongue net.

Nébeûd, adv., peu : pourrait, à la rigueur, en br., être composé de et paot (cf. les variantes vocaliques kaouled et keùlé, daoust et deùst, diroestla et reâslla, pénaoz et neùz, etc.) ; mais le cymr., qui répond par nebawd, ne vocalise jamais l devant t. — Étym. inc.

Nédélek, s. m., Noël, corn. Nadelic, cymr. Nadolyg, vir. Notlaic, ir. Nodlog, gael. Nollaig. Empr. lat. *Natalicium.

Nec’h, s. m., chagrin, cymr. nych « langueur » : exactement « suffocation », d’un celt *nekso-, pour *pnekso-, métathèse pour *pnesg-o-, de même dérivation que gr. πνῖγος « suffocation » et πνίγω « j’étouffe ».

Neiz, s. m., nid, corn. neith (voc.) > neid, cymr. nyth> vir. nelt y etc. : d’un celt. *nizdo-[3], dont les équivalents sont sk. nïdà, lat. nïdus (pour *nizdus), ag. nest, al. nest> vsl. gnêzdo, lit. ludas, arménien nul « siège ».

Neizer, adv., hier au soir, mbr. neyzor, corn. neihur et nehuer, cymr. neithiwyr, neithwyr et neithiicr id. : soit un composé celt. *nokti-gestro-[4], dont on trouvera les deux éléments sous ad ? et déac’h.

Némét, adv., excepté (aussi nameit V.) : exactement « enlevé », ppe passé de la rac. qu’on trouvera dans la note sous lémel. Cf. nâm.

Némeûr, adv., peu. V. sous et meûr.

Néô, s. f., auge, mbr. néau, cymr. noe, vir. naua vaisseau » : d’un celt. *nau-> commun à presque toute la famille, sk. naû-s « vaisseau », gr. ναῦ-ς, lat. nâo-i-s, visl. nô-r, al. dér. nachen « barque », etc.

Nép, quiconque (aussi néb), corn. nep et neb, cymr. neb, vir. nech, ir. et gael. neach « quelqu’un » : soit un celt. *ne-qo- « n [importe] qui », composé de la négation et du radical des pronoms commençant par p-. V. sous *p-, et pour la formation et le sens cf. bennâk.

Népréd, adv., jamais (au présent). V. sous et préd.

Ners, s. f., force, corn. et cymr. nerth, vir. nert, ir. et gael. neart, gaul. *nerto- dans divers noms propres, et n. pr. Nertacus > cymr. nerthog « fort », vbr. nerth-i « tu fortifieras » : soit un celt. *ner-tâ « force », dont la rac. est NER, « mâle, fort, héros », sk. nàr et nâr-a « homme vigoureux », gr. ἀ-νήρ, lat. Àer-ô n. pr. dér. d’origine sabine, ombrien accus, pl. ner-f « les principaux citoyens », etc.

Nerven, s. f., nerf. Empr. fr.

Nés, adj., adv., proche, près (superl. nésa < mbr, nessaff), corn. ne* et nessa y cymr. nés et netaf, vir. nessa et nessam, etc. : d’un celt. *ned-so- et */ietf-« amo-, dér. de rac. NEDH « lier »[5], cf. sk. nâh-us « voisin », osque accus, sg. nesimum et ombrien advb. nesimei. V. sous nask.

Nétra, rien (comme ag. nothing). V. sous et trâ.

Neûd, s. m., fil, mbr. neut, corn. snod, cymr. nod-en et y-snod-en, vir. snâthe, ir. snath, gael. snath id. : d’un celt. *sna-to-, forme fléchie ou altérée du ppe passé de la rac. de néza. V. ce mot.

Neûi, vb., nager (aussi neûnvi > neùni, et nèannein V.), mbr. neuff, cymr. nawf « natation », vir. snâm id. et snâ-im « je nage », ir. snâmhain et gael. snàmh id. : soit un celt. *snâ-ô, de rac. SNÂ, sk. snà-ti « Il se baigne », gr. νά-ειν « couler » et νή-χ-ειν « nager », lat. nà-re.

Neûz, s. f., façon, forme, mbr. neuz (et *naoz dans 1 aoz et pénaoz, cf. nébeût), cymr. naws, ir. nos et gael. nos « coutume » : déviations diverses, soit d’un dér. de la rac. GNÔ « connaître » (sous anaf), soit d’un celt. *nom-so- à peu près identique au lat. num-eru-s et apparenté au gr. νόμ-ο-ς « loi » ; deux dérivés distincts ont pu se confondre.

Neûzé, adv., alors, ensuite, mbr. neuse id. : paraît abrégé de enn eur se « à cette heure » (eùr empr. fr., et cf. azé, se, zé).

Névez, adj., nouveau, cymr. neicydd, vbr. nouuid, vir. nùe, gaul. novio dans Novio-dunum, etc. : d’un celt. *noto-iâ-, dont les équivalents exacts sont sk. nâry-ya, gr. (ion.) νειός ( *νεϝ-ιό-ς), lat. n. pr. Nov-iu-s, got. niu-ji-s (ag. new, al. neu), lit nàu-ja-s id. ; un dér. plus simple est sk. náv-a, gr. *νέϝ-ο-ς νέος, lat. nov-u-s 9 vsl. noo-# id. ; le tout issu de la rac. et particule # m< « maintenant », allongée */ia, sk. nd et nw, gr. νύ « or » et νῦ-ν « maintenant », lat. amplifié nu-m et nu-nc, ags. nu > ag.now, « maintenant, or », al. nu-n, vsl. ny-nè, etc.

1 Néz, s. m., lentes (sg. nèzen), corn. nedhan, cymr. nedden(p. nedd), vir. sned, ir sneagh, gael. « neadAid. : d’un celt. *snida (pour *sknida), cf. gr. ϰονίδ- ες, ags. hnitu^> ag. wï, al. ms«.

2 Néz, adj., variante de nés. V. ce mot.

Néza, vb., filer, tordre, tresser, mbr. nezaff, corn. nedhe, cymr. nyddu, vir. sni-im « je tresse », gael. sniomh « filer » : soit un celt. *snë-yô « je file », dér. de rac. SNÊ, sk. snâ-ya-tiu il enveloppe » (douteux), snà-yu « ligament », etc., vhal. snuo-r > al. schnur « cordon » ; plus répandue est la variante radicale NÊ, gr. νέ-ω et νή-θω « je file », νῆ-μα « tissu », lat. nê-re « tiler », al. nâh-en « coudre ». Cf. neûd et nadoz.

Nézé, s. m., doloire, cf. mbr. ezeff[6] « besaiguë », vbr. nedim « hache », cymr. nadd-u « hacher » et nedd-yf« hache », vir. snaid-i-m « je coupe » et snass « coup », ir. snaidhim et snoighim^ gael. snaidh « hacher » : soit un celt. *snad-ô « je coupe », sans équivalent sûr ailleurs[7].

Ni, nous, corn. ny, cymr. et ir. ni, etc. : d’un celt. *nës, contenant le même radical que sk. nas (accus.), gr. νώ (duel), lat. nos, vsl. n^fgén. nasii), etc.

Nikun, aucun : singulier hybride, semble contaminé de l’empr. fr. aucun et de l’empr. espagnol ninguno avec mbr. negun = lat. nec unus.

Nîch, nîj, s. m., vol des oiseaux (d’où nija « voler »), mbr. nigal (prononcer nijal), corn. nyge « voler » et nygethys « oiseau » : exactement « quitter le nid », dér. ancien du radical *nizdo-. V. sous neiz.

Niûv, s. m., chagrin, mbr. niff, vir. snim « détresse » : semble un dér. très ancien de rac. SNÊ qu’on trouvera sous néza[8].

Niver, s. m., nombre, corn. niver et neoer, cymr. nifer, vbr. nimer. Empr. lat. numerus qui a dû être altéré en *numerus.

1 Nîz, s. m., neveu, mbr. ni « neveu » et niz[9] « nièce » : le msc. ni, corn noi (voc), cymr. nai, vbr. pl. mon, ir. niae, estl&celt. *neôt-, pour •nepôf-, sk. nâpàt-, « fils, petit-fils », gr. νέποδ-ες « descendants », lat. nepôs, « petit-fils, neveu », lit. nep-otis id. ; le fm. niz t corn. noith (voc), cymr. et vbr. nith, ir. necht, est le celt. *neptï t sk. napti, lat. neptis « nièce », lit. neptis, vhal. nift (aujourd’hui nichte), etc. Cf. ketiderf.

2 Nîz, s. m., variante de 1 néz. V. ce mot.

Niza, vb., vanner, cymr. nith-io id. : dér. d’un celt. *nikto- « nettoyé », qu’accusent vir. necht « propre », sk. nik-tà « lavé » et ἄ-νιπ-το-ς « non lavé » ; la rac. est NIGw, sk. né-nej-mi « je lave », gr. νίζω, vir. do-fo-nug id. et nig-ther « on lave », al. nixe « nymphe aquatique », etc.

1 Noaz, s. m., tort, querelle. Empr. fr. noise.

2 Noaz, adj., nu, corn. noeth, noyth et noth, cymr. noeth, vir. nocht, gael. nochd id. : d’un celt. *nokto- 1 ppe passé à peu près identique à got. naq-aths, ag. nafc-ed et al. nack-t, et dér. du même radical que sk. nag-nâ, lat. *nogv-edo-s > nudus et vsl. nag-û.

Nodi, vb., éclore (et nodein V. « mettre bas »), mbr. nodas « il produisit » : peut-être pour *en-odi, avec un préf. différent de ceux de di-oda et èc-odi. V. ces mots, mais cf. surtout inodein.

Noed, s. m., gouttière. Empr. fr. ancien noete f., dimin. de noe, « canal, chéneau, gouttière », mais avec changement de genre.

Nouen, s. m., extrême-onction, mbr. ouenn, d’où avec l’article ann ouenn > an nouen[10]. Empr. lat. unguentum[11]. Mais cf. Ernault, R. celt., XIX, p. 320.

Nôz, s. f., nuit, corn. et cymr. nos, ir. in-nocht et gael. nochd « cette nuit » : d’un celt. *nok-ti-, sk. nákti, gr. νύξ (νυϰτ-ός), lat. nox (noct-is), got. naht-s, ags. œaÀl > ag. night, al. nacht, lit. nak-ti-s, vsl. nosti, etc.

Nozélen, s. f., glande, bouton. Empr. bas-lat. nôdellus « petit nœud ».

  1. Doit se rattacher d’une manière quelconque au radical de naka et nac’ha, par le sens « cacher, contester, nier ». Sur le rapport de ces deux mots, cf. le Gloss. Brn. p. 108.
  2. Le régulier ann aoz est devenu ann naoz, par le procédé inverse de celui de 1 aer, 1 aoz, etc.
  3. Qu’on analyse en *ni-sd-ô- « [lieu] où on se repose », la rac. étant SBD et le préf. sk. ni = gr. ἐνὶ = lat. in. V. sous / en et azéza.
  4. « Hier de nuit », formation inverse du got. gi*tra-dag-is (ag. ytster-day) « le jour d’hier ».
  5. Aucun rapport des lors avec al. nah et ag. neœt.
  6. Avec chute de l’n comme dans 1 aer, etc.
  7. L’al. schneiden est bien voisin, mais non identique.
  8. Signifierait donc « entortillement, embarras ».
  9. Remplacé aujourd’hui par un fm. pléonastique niz-ez. Cf. léanex.
  10. Cf. naoz, etc. : phénomène inverse de celui de 1 aer, etc.
  11. Ou unguendum gérondif ; cf. méren, oféren, 3 lenn, péden, etc.