Texte établi par Faculté des lettres de Rennes, J. Plihon et L. Hervé (p. 192-208).
◄  L
N  ►
M

1 Ma, mon : le radical 'm- pour le sg. du pronom et du possessif de 1re  personne est commun à toute la famille et ne requiert pas d’exemple.

2 Ma, si, corn. ma, vir. > ma, gael. ma id. : le sk. a une particule sma ou smā, bien connue, qu’il possède en outre, en commun avec le germanique, à titre d’élément de déclinaison des pronoms et démonstratifs, et qu’on reconnaît aussi dans l’emphatique lat. -met[1].

3 Ma, particule correspondant au fr. -ci. V. sous maṅ, et cf. ama et éma.

4 Ma, où (interrogatif) : cf. les deux précédents et le suivant.

5 Ma, que : paraît identique au précédent[2].

Mâb, s. m., fils, corn. mab, cymr. mâb, vbr. map, vir. macc, ir. et gael. mac « fils » bien connu par les patronymiques : d’un celt. *mak-wo-, soit « nourrisson », dont on trouvera la rac. sous maga[3].

Mâd : adj., bon ; adv., bien ; s. m., richesse ; mbr. mat, corn. mas, cymr. mad, vir. et gael. maith > math id. : d’un celt. *ma-ti- (gaul. Matidomnus n. pr.), dont le sens originaire est « mesuré, bien composé » ; dér. de rac. MÊ « mesurer », qu’on trouvera sous amzer, ou peut-être de celle plus obscure du lat. mâ-turu-s, « mûr, à point ».

Madré, s. m., séneçon. Empr. fr. madré. V. sous baré.

Maé, s. m., mai, corn. , cymr. mai. Empr. lat. maius.

Maérounez, s. f., marraine : féminin pléonastique refait sur le mbr. mazron id., qui est empr. lat. matrôna. Cf. aussi niz et léanez.

Maga, vb., nourrir, élever, mbr. maguaff, corn. maga, cymr. mag-u id. : d’un celt. *mak-ô, « je nourris, je fais grandir », qui se rattache à la rac. MAK « grand », zd maç-anh « grandeur », gr. μαϰρ-ό-ς « large » et μῆϰ-ος largeur », lat. mag-nu-s, etc. V. aussi mâb et bagol.

Mac’ha, vb., fouler (aussi mahein V.). Empr. bas-lat. *maccâre, attesté notamment par l’espagnol macar « meurtrir ».

Mac’haña, vb., mutiler. Empr. fr. ancien mehaingnier.

Mac’homer, s. m., usurpateur : dér. d’un type *mac’hom « oppression », qui est à mac’ha ce que fr. pression est à fr. presser, c’est-à-dire dér. d’un vb. br. par un procédé emprunté au français. Cf. dalif, etc.

1 Mal, s. m., béquille, mbr. mall, cf. cymr. bagl « bâton » : contamination de l’empr. lat. baculus et du représentant de l’empr. lat. malleus (à cause du gros bout de la béquille). Cf. 1 maḷ et bélek.

2 Mal, s. f., coffre. Empr. fr. malle.

1 Maḷ, s. m., maillet. Empr. fr. ancien mail < lat. malleus.

2 Maḷ, s. m., maille. Empr. fr. maille < lat. macula.

3 Maḷ, adj., expert, savant : paraît abstrait d’une locution telle que eunn den maḷ, « un homme de maléfice, un sorcier », etc. Empr. fr. ancien malie « sortilège ». — Conj.

Mala, vb., moudre, mbr. malaff, cymr. malu, vir. mel-i-m « je mouds », ir. meilim, gael. meil id. : d’un celt. *mel-ô, rac. MELÄ, cf. sk. mr-nà-ti « il broie », gr. μύλ-η « meule » et ἀλεῖν « moudre », lat. mol-a et mol-ere, al. mahl-en « moudre » et mehl « farine », lit. mâl-ti, vsl. mel-ja, etc.

Malan, s. f., gerbe, mbr. malazn pour *manazl, cf. br. alan et corn. manal id. : d’un celt. *man-atla, qui correspond comme racine et sens au lat. man-ipulu-s « poignée »[4], lequel signifie aussi « gerbe ».

Maḷard, s. m., canard mâle. Empr. fr. ancien maillart id.

Mall, s. m., hâte, corn. mal « désir », cymr. malio « soigner » et go-fal « souci » : on rapproche le gr. μέλει μοι « il m’est à soin », qui a en grec de nombreux dérivés, mais point d’équivalent sûr ailleurs.

Mallc’héot, s. m., jusquiame : exactement « herbe molle », le premier terme étant le même que cymr. mall « mou » et ir. mail « lent », soit un celt. *mallo-, pour *mal-wo- > à peu près pareil à lat. mollis et ag. mellow.

Malloz, s. f., malédiction, mbr. malloez, corn. molleth (pour *malloeth), cymr. melldith, etc. Empr. lat. maledictiô et cf. millisien.

Malô, s. m., mauve. Empr. lat. malva.

Maḷok (V., aussi baḷok), s. m., menton. Empr. fr. ancien mailloque « surface arrondie de l’extrémité du maillet », etc. (métaphore).

Maḷur, s. m., maillot, mbr. mailluraou pl. : soit un empr. fr. *maill-ure, dér. de maille comme l’est aussi maill-ot.

Malven, s. f., cil, mbr. maluenn « paupière », vir. mala (gén. malach) et gael. mala « sourcil » : d’un celt. *malw- et *malaks-, dont on ne trouve d’équivalent (douteux) que dans les langues lettiques.

Malzen, s. f., flocon : pourrait se rattacher, par le sens « tendre, délicat » (cf. vir. meled « agréable »), au même radical que la syllabe initiale de mallc’héot. V. ce mot. — Rien de précis.

Mamm, s. f., mère, corn., cymr. et ir. mam. Cette réduplication enfantine et caressante de l’i.-e. *mâtër (cf. moéreb) se retrouve dans presque toutes les langues de la famille. Cf. aussi tâd.

Mammen, s. f., source, origine : dér. du précédent.

Maṅ, adv., ici, ci : pour amaṅ, et cf. 3 ma et éma.

Man, s. f., mine, apparence : peut-être altéré de 2 mîn sous l’influence de l’empr. fr. manière > mbr. manier. Cf. 3 mann.

Manac’h, s. m., moine. Empr. lat. monachus.

Maṅk, adj., manchot, mbr. manc. Empr. lat. mancus.

Maṅdok, s. m., goujon, gardon (poisson à grosse mâchoire) : pour *mantok, dér. de *mant = cymr. et vir. mant « mâchoire », et celui-ci d’un celt. *mand-eto- dér. de la rac. peu répandue qui a donné lat. mand-ere « mâcher », mand-ucàre > fr. manger, et mand-ibula.

Manek, s. f., gant. Empr. lat. manica.

Maner, s. m., manoir. Empr. fr. ancien maneir.

1 Mann, s. m., mousse terrestre (la vraie graphie serait man Loth), cf. cymr. mawn et ir. main « tourbe » : soit un celt. *mak-ni- ou *màk-ni « marais », etc., dont on peut à peine rapprocher lat. 'muscus, ag. moss.

2 Mann, s. m., corbeille. Empr. fr. manne.

3 Mann, rien, corn. man : identique à mdn, au sens de « [pas]… apparence », devenu négatif par le contact avec une négation ; ou bien à cymr. man, qu’on trouvera sous marbléô. V. sous 3 kammed.

Mannon, s. m. pl., menu fumier : pl. de 1 mann.

Mannouz (V.), adj., nasillard. — Étym. inc, mais cf. moṅkluz.

Mañouner, s. m., chaudronnier : dér. d’empr. fr. ancien maignan (conservé comme n. pr.) = ital. magnano < bas-lat. *machinânus.

Maṅtra, vb., accabler, navrer ; cf. cymr. mathru « fouler aux pieds » : dérivation secondaire du même radical primitif d’où est issu le vb. moṅt.

Maô, adj., bien portant, gai, mbr. 'mau, corn. maw « garçon », cymr. *mau- « serviteur », gaul. *mag-us dans le n. pr. Magu-rix, cf. got. mag-u-s « garçon »[5] : soit un celt. *mag-u-, dér. de rac. MEGH « grandeur », sk. mah-ànt « grand » ( gr. μέγ-ας, lat. ing-ens), got. mag-an vb. « pouvoir », ag. I may et al. ich mag, got. mah-t-s « puissance », ag. might et al. macht, vsl. mog-q. « je puis », etc., etc.

Maouez, s. f., femme, mbr. moues, corn. mowes id. : fm. du précédent.

Maout, s. m., mouton, corn. mols, cymr. molli, ir. molt, gael. malt id. : d’un celt. *mol-to-, ppe passé de la rac. de mala, cf. lat. mul-tu-s, « moulu, écrasé, châtré » (d’où le dér. fr. mout-on) f et russe mollit « châtrer ». V. les mots cités sous mala et la note sous kalz.

Mar, si. V. sous la forme plus simple 2 ma[6].

Mâr, s. m., doute, corn. mar id. : soit un celt. *mar-o-s « inquiétude » ; cf. gr. μέρ-ιμνα « souci », sans autre équivalent connu.

Marbigel, s. f., étrape. V. sous marr et pigel[7].

Marbléô, s. m., poil follet : le premier terme, mar- pour *man, équivaut au cymr. man « petit », cf. vir. min et menb id., gr. μείων, lat. minor, etc. ; ou bien *marv-bléô « poil mort ». V. ces mots[8].

Mare, s. m., marée. Empr. fr. (d’où maréad « foule »).

Marella, vb., bigarrer. Empr. fr. (marelle, méreau, etc.).

Marc’h, s. m., cheval, corn. et cymr. march, vir., ir. et gael. marc, gaul. *marc-o-s et fm. μάρϰ-α : d’un celt. *mark-o-s, qui ne se retrouve qu’en germanique, vhal. marah « cheval » (d’où marah-scalc, « valet de cheval, palefrenier », latinisé mariscalcus > f r. maréchal), al. mahreet ag. mare « jument » ; tout à fait isolé, si le germ. est empr. celt.

Marc’had, s. m., marché. Empr. lat. mercatus.

Marital, s. m., inquiétude, jalousie : dér. de mar > mâr, mais peut-être contaminé, quant au sens et à la forme, de fr. ancien marri.

Marlouan, s. m., merlan. Empr. fr. altéré.

Marmouz, s. m., singe. Empr. fr. ancien marmotte id. et cf. marmouset.

Marô, s. m. et adj., mort, mbr. maru et marf, corn. marow, cymr. marw, vir. marb, ir. et gael. marbh « défunt » : d’un celt. *mar-wo-, dér. de rac. MER « mourir », sk. mr-iyà-te « il meurt » et mr-tà « mort » (mâr-ta « mortel »), gr. βρότος (pour *μρο-το-ς) « mortel », lat. mor-io-r, mor-s, mor-tuu-s, etc., lit. mir-ti « mourir », vsl. mrè-ti, etc.

Marr, s. f., grande houe. Empr. fr. ancien marre id.

Martézé, adv., peut-être, mbr. martese, {abréviation|corn.|cornique}} martesen id. : les variantes matrézé et matrézen indiquent une locution du même type que cymr. o thry hyn « si cela tourne > en admettant que cela arrive », dont on trouvera les éléments sous 2 ma, trei et (le démonstratif qui est contenu dans azé) ; la métathèse vient de la variante *mar-tré-sé (sous mar).

Martôlod, s. m., matelot. Empr. fr. peut-être contaminé de merdéad.

Marvel, adj., mortel : dér. de marv > marô.

1 Marz, s. m., merveille, miracle, corn. marth, mais cymr. gwyrth indiquant la forme inaltérée. Empr. lat. virtus, et cf. burzud.

2 Marz, s. m., frontière, mbr. mars. Empr. fr. ancien marche, lui-même empr. germanique, et cf. brô.

Mastara, vb., salir. Empr. fr. ancien matrasser « ébaucher ». — Conj.

Mastin, s. m., mâtin. Empr. fr. ancien mastin.

Mastokin, s. m., coquin : contamination de mastin et coquin.

Matez, s. f., servante, corn. maghteth > mahtheid, cymr. machteith id., vir. -macdacht « adulte » : d’un celt. *mag-wa-takta, dér. secondaire par rapport à got. mag-ath-s « jeune fille », ag. maid, al. magd « servante », cf. mädchen « jeune fille ». V. la rac. sous mâo et cf. mével.

1 Mé, je, moi : accusatif devenu nominatif. V. sous 1 ma.

2 Mé (V.), s. m., pétrin. Empr. fr. ancien mait > maie.

Méan, s. m., pierre, corn. men, cymr. maen, vbr. main id. : d’une forme celtique, qu’on peut rapprocher de lat. moen-ia « murailles », isolé.

Méar, s. m., maire, mbr. maer, cymr. maer, « intendant, administrateur », vbr. mair, etc. Empr. lat. major (d’où vient aussi fr. maire, dont l’influence sémantique a amené la restriction de sens en breton).

Méaz, s. m., campagne, mbr. maes, corn. mes, cymr. maes « champ » : d’un celt. *mag-es-tu-, dér. d’un celt. nt. *mag-es- « champ », corn. et cymr. ma, vir. mag, ir. et gael. magh, gaul. -magos dans un grand nombre de noms propres ; cf. sk. mah-i « la terre », exactement « la grande », dér. de la rac. qu’on verra sous maô. V. aussi amaû.

Médi, vb., moissonner, mbr. midiff, vbr. met-etic « moissonné » : soit un celt. *met-ô « je moissonne », lat. met-ere, cf. gr. ἀ-μά-ω, ag. to mow et al. mäh-en id., mat-te « prairie », ohmet « regain », etc.

Mégel, s. f., tique : pour bégel. V. ce mot[9].

Mégin, s. f., soufflet : variante de bégin, non sans influence possible d’empr. lat. machina qui est à la base de manouñer.

Mécher, s. f., métier. Empr. fr. (t + y > br. ch).

Méc’hi, s. m., morve : pour *moc’h-i, dér. du même radical que môc’h. V. ce mot, et cf. moṅkluz et la variante mic’hi.

1 Mél, s. m., miel, corn. et cymr. mel, vbr. mél, vir., ir. et gael. mil id. : d’un celt. *mel-i-, cf. gr. μέλ-ι (-ιτ-ος), lat. mel (mell-is), got. milrith.

2 Mél, s. m., moelle, sève : peut-être empr. lat. medulla[10], mais altéré par contamination du précédent ou contact du roman (prov. melha).

1 Meḷ, s. m., mulet (poisson), mbr. meill. Empr. lat. mugil, ou plutôt empr. fr. ancien meuil (du même). Cf. moullek (tout différent).

2 Meḷ, s. m., poing, mbr. meilh et (plus complet) meilh an dorn, vir. mul-dorn, exactement « tête [formée par] la main » ; cf. mbr. melle « sommet de la tête », vir. et gael. mull-ach « sommet », ags. mold-a « suture du crâne » et sk. mûrdh-àn « tête ». V. aussi mêliez.

Mélaouen, s. f., mélilot : dér. de 1 mél.

Mélen, adj., jaune, corn. milin, cymr. melyn id. : d’un celt. *mel-ino- (couleur de miel ?), cf. sk. mal-inâ « sombre », gr. μέλας « noir », lit. mèl-yna-s « bleu »[11] (dont le radical est *mèl-).

Mélének, s. m., verdier : dér. du précédent.

Melchen, s. m., trèfle, mbr. melchonenn, cymr. meiUion id. : dér. de 1 mél avec évolution normale du y brittonique en ch breton.

Melc’houéden, s. f., colimaçon, mbr. melfeden, etc., et cf. melhuenn (V.) « morve », cymr. malw-od-en « limaçon » : dér. du radical *mall-[12] « mou », mais cf. ir. et gael. mall « lent ». V. sous mallc’héot.

1 Mell, s. m., articulation, vertèbre, corn. mal (pl. mell-ow), cymr. cymmal « jointure » : d’un radical celt. *mel-s-, qui est le même que celui du gr. μέλ-ος « membre », cf. sk. mâr-ma « organe » et lit. mel-m& « dos ».

2 Mell, s. f., gros ballon ; le même que mbr. melle (sous 2 meḷ).

3 Mell, s. m., millet : soit un celt. *millo- pour *mil-yo-, de même formation que lat. mil-iu-m (> fr. mil), isolé par ailleurs.

Mêllez, s. f., suture de la tête : dér. de melle (sous 2 meḷ).

Mellézour, s. m., miroir : dissimilé pour *merezour. Empr. lat. romanisé *miradàrio < bas-lat. mirâtôrium. Cf. aussi mirout.

Mellon, s. m. pl., renouée : pl. de 1 mell « nœud ».

Melré (C.), s. m., souci. — Étym. inc. Cf. mall.

Melv (V.), s. m., morve. V. sous melc’houéden.

Melven, s. f., variante de balafen, et cf. mégel.

Men, s. m., variante de méan. V. ce mot.

Ménaoued, s. m., alêne, mbr. menauet, cymr. mynawyd, vir. menad id. : soit un celt. *minaw-eto-, cf. gr. σμινύ-η « pioche » (objet pointu).

Mének, s. m., mention, souvenir : cf. cymr. mynag « rapport », vir. muinig-in « confiance », etc. V. la rac. sous koun et cf. menna.

Ménéc’hi, s. m., asile, franchise, mbr. menehy, etc. Empr. bas-lat. monachia, « enclos de moines, terre ecclésiastique ».

Ménez, s. m., montagne, corn. menedh, cymr. mynydd, vbr. -monid, gael. monadh, gaul. *-menios dans Herminius mons, etc. : d’un celt. *men-iyo-, dér. d’une rac. MEN « être élevé », cf. lat. ē-min-ēre, etc., et mons < *mon-t-s, dont le radical se retrouve dans le gr. μοῦσα (mousa)[13] « ( *μον-τ-yα (*mon-t-ya)).

Mengleûz, s. f., mine, carrière, cymr. mwyn-glawdd id. Le premier terme, que le br. a confondu par étymologie populaire avec men, est en réalité cymr. mwyn « métal brut », vir. méinn « métal », qui ne se trouve avec certitude que dans le domaine celtique (soit *meinni- < *smei-n-ni-, et cf. ag. smith, al. schmid « forgeron ») et a donné par emprunt le fr. mine. V. le second terme sous kleùz, et cf. men = méan et miṅter.

Menna, vb., penser, estimer, désirer, cf. cymr. myn « désir », vir. mian et gael. miann « désir », ag. to mean et al. mein-en « avoir l’intention de » : se rattachent à la rac. qu’on trouvera sous koun. Cf. mének.

Mennont, vb., demander, offrir. Empr. lat. mandare.

Meṅt, s. f., grandeur, taille, corn. myns, cymr. maint, vbr. -mint, vir. met > méit, gael. meud id. : d’un celt. *mn-ti, auquel on ne connaît pas d’équivalent précis (cf. pourtant ménez), mais dont relève le fr. maint.

Méra, vb., manier, administrer, mbr. maerat id. : dér. de mbr. maer > br. méar. V. ce mot et méreur.

Merk, s. m., marque : contamination de l’empr. fr. ancien marque et de l’empr. fr. ancien merchier « remarquer », tous deux au surplus venus du germanique. Cf. 2 marz et merzout.

Merdéad, s. m., marin, cf. mbr. mordeiff et cymr. mordwy « naviguer », cymr. mordwyad « matelot ». V. le premier terme sous môr ; le second est peut-être une des formes originaires de doṅt. V. ce mot.

Méren, s. f., goûter. Empr. lat. merenda.

Méreur, s. m., fermier : dér. de méra[14].

Mergl, s. m., rouille, vir. et gael. meirg (les deux mots ne sont pas identiques) : soit une base celt. *merg-, dont le sens étymologique pourrait être « sombre » (cf. ag. murk) ou « émoussé » (cf. gr. μάργ-ο-ς (marg-o-s) ?).

Merc’h, s. f., fille, corn. myrch, cymr. merch, etc. : d’un celt. *merg-eka, qui est comme un diminutif par rapport au lit. merg-à « jeune file » ; cf. aussi sk. màr-ya et mar-ya-kâ « jeune garçon », gr. μεῖραξ et gael. smarach id. (et br. mâb venu d’un celt. *mago-qo ???).

Merc’her, s. m., mercredi. Empr. lat. Mercurii (dies).

Merc’hoden, s. f., poupée : dér. de merc’h.

Mériénen, s. f., fourmi, mbr. merien, cymr. myr-ion et myr (singul. myr-ion-en), cf. vir. moirb id. : d’un celt. *mor-yon-, cf. vsl. mra-cija, gr. μύρ-μηξ (lat. for- mica, sk. vamrâ, ags. mÿre et mire, etc.[15]).

Merl, s. m., engrais de rivage, cf. cymr. marl (empr. ag.). Empr. fr. (picard merle) < bas-lat. margila[16], lui-même d’un gaul. marga.

Mern (V., C), s. f., dîner : variante de méren.

Merrad, adv., apparemment : la variante merc’had (V.) semble indiquer un rapport avec merzout (cf. armerc’h) ; mais, d’autre part, la forme mohad (V.) pour morhad est difficile à séparer de la locution moarvad (L., C), abrégée de mé oar oâd « je sais bien ». Série de confusions peu claires dues à l’étymologie populaire. — Loth.

Mervel, vb., mourir : dér. de marv > marô.

Merveṅt, s. m., vent de sud-ouest : exactement « le grand vent » (d’Arb.), ou « le vent de mer » (Loth). V. sous meûr, môr et gwefit.

Merzout, vb., apercevoir, cf. cymr. ar-merth-u et dar-merth-u « pourvoir ». — Aucune étymologie bien satisfaisante.

Mésa (C, T.), faire paître les bestiaux : pour *maesa, dér. de mbr. maes, soit « mener aux champs » ; ou de 1 méz « pâture ». V. sous î et 4 méz.

Meski, vb., mêler, cymr. mysg-u, vir. mesc-aim « je môle » ; cf. sk. mlmikç-a-ti « il môle », gr. μισγ-ειν, lat. mise-ère, al. misch-en, etc. (rac. à amplifications variées MIK MIKS MISK).

Meski, s. m., moule (coquillage}. Empr. lat. altéré musculus.

Mesper, s. m., nèfle. Empr. lat. mespilum.

Métou, s. m., milieu : aucun rapport possible avec la rac. MEDH, qu’on trouvera sous émesk, sauf peut-être une contamination de sens ; mais la locution é métou « au milieu » pourrait être à meṅt ce que la locution akétaou = égétaou est à keht. V. tous ces mots. — Loth.

Meûd, s. m., pouce, mbr. meut, cymr. maut > bawd id. : suppose un celt. *māt-o-, qui se rattacherait à une rac. MAT « tâter », cf. gr. ματ-εύω (mat-euô) « je cherche », lett. mat-it « sentir », lit. mat-ẏti « voir », vsl. -mot-riti « regarder », et surtout arménien mat-n « doigt » (Meillet).

Meûli, vb., louer, honorer, mbr. meuliff, cymr. moli (et mawl « louange »), vir. molid « il loue », ir. mol-aim « je loue » et gael. mol « louer » : rac. indécise, mais cf. gr. μάλα (mala) « beaucoup », lat. mel-ior, vsl. iz-mol-èti « prédominer ». Ou de même rac. que le suivant ?

Meûr, adj., grand, corn. maur, vbr. mââr, cymr. mawr, vir. màret mâr, ir. et gael. màr, gaul. -màros et -mura dans beaucoup de noms propres : d’un celt. *mdr-o- « grand », dont les corrélatifs ne se retrouvent en général aussi que comme derniers termes de composés, savoir gr. μωρ-ο-ς (-môr-o-s) (ἐγχεσί-μωρος (egchesi-môros) « fameux par les coups de lance »), got. -mers (n. pr. al. Waidemar), vsl. -mêril (mais celui-ci empr. germ. probable).

Meurbed, adv., très, mbr. meurbet, exactement « grandement combien ». V. sous meàr et pet.

Meurs, s. m., mars, mardi, cymr. mawrth, etc. Empr. lat. martis (gén.), et martius, mais prononcé *màrtis, *mdrtius.

Mével, s. m., valet : soit un celt. *mogw-illo- dimin. de celt. *mog-u- « serviteur » (attesté par vir. mug « esclave »), et celui-ci se rattachant directement à la rac. qu’on trouvera sous maô. Cf. matez.

1 Méz, s. m., gland, mbr. mesenn, corn. mesen, cymr. mes, vir. mess « fruit », ir. meas, « fruit, gland », gael. meas « fruit » : d’un celt. *messu- « nourriture », cf. ag. buck-mast « faîne », al. eichel-mast « gland » et mästen « engraisser », dont on rapproche sk. méd-as « graisse ».

2 Méz, s. f., honte, pudeur (aussi méc’h V.), mbr. mezz, cymr. methu « manquer de cœur », vir. met-acht « lâcheté » : soit un vb. celt. *met-tô « je suis en défaut », cf. vir. mad-ach « vain », gr. μάτ-ην (mat-ên) « en vain », ματ-ά-ω (mat-a-ô) « j’hésite », d’une rac. MAT ( ?) qui ne se rencontre pas ailleurs[17].

3 Méz, s. m., hydromel, corn. med, cymr. medd, vir. mid id. : d’un celt. *med-u, sk. mâdh-u, « miel, liqueur douce et enivrante », gr. μέθ-υ (meth-u) « vin », ag. mead et al. met « hydromel », lit. midrù-s id., vsl. med-ŭ, « miel, vin » ; ne manque qu’au lat. Cf. mézô.

4 Méz, s. m., variante contractée de méaz. V. ce mot.

Mézec, s. m., médecin, cymr. meddyg. Empr. lat. medicus.

Mézer, s. m., étoffe. Empr. lat. māteria > roman *madéria.

Mézéren, s. f., lange : dér. du précédent.

Môzévelli, vb., éblouir, fasciner (aussi méz-évén-ein V., etc.) : dérivation compliquée de 2 méz, soit « faire baisser les yeux »[18].

Mézéven, s. m., juin, cymr. mehefin, et cf. br. méjéüen (V.) : serait en vbr. *med-ham-in-, soit « [mois] du milieu de l’été ». V. sous émesk et hanv et cf. éven, gouhéré, gourèlin et le suivant.

Mézévennik, s. m., juillet : diminutif du précédent.

Mézô, adj., ivre, cymr. meddw, etc. : soit un celt. *med-wo- dér. de celt. *med-u-. V. sous 3 méz, et cf. gael. misg « ivresse » = ir. meisge < vir. mesce < celt. *med-skyo- (gr. vb. μεθ-ύ-σϰειν « enivrer »).

Miaoua, vb., miauler. Onomatopée.

Mibiliez, s. f., enfantillage : dér. de mâb. Cf. le suivant.

Mibin, adv., vite, mbr. mibin « agile », cymr. mabin « juvénile », mabinogi « enfance » : dér. de mab > mâb, dont le pl. est mipien > mibien.

Mîk, adv., entièrement, mbr. mic et mouc id. : formé sur un radical apparenté à celui de mouga, soit « d’une manière serrée, étouffante », etc.[19].

Midi, vb., variante de médi. V. ce mot.

Migourn, s. m., cartilage, cymr. migwrn y etc. Empr. ags. miegern « graisse », et cf. askourn et mudurun. — Conj.

Micher, s. f., variante de mécher. V. ce mot.

Mic’hi, s. m., variante de méc’hi. V. ce mot.

1 Mil, s. m., animal, corn. mil, cymr. mil, vir. mil et ir. miol, « animal, pou, baleine », gael. midi, « pou, animal » : soit un celt. *mèlo- « bétail », le même que gr. μῆλον « petit bétail, brebis », cf. visl. smale id., ag. small et al. schmal « menu ».

2 Mil, mille, cymr. mil. Emp. lat. mille.

Milfid, s. m., mauvis (aussi miloid, et milc’houid V.), mbr. milhuyt. Emprunt du breton au roman, ou réciproquement, on ne sait.

Milgin, s. f., manche d’habit : dissimilé pour *min-g-in> et celui-ci dér. d’empr. lat. man-iea. Cf. manek, mais peut-être rapprocher gin.

Milin, s. f., moulin. Empr. bas.-lat. molina. Cf. mala.

Millisien, vb., maudire, cymr. melldith « malédiction » et melldithio « maudire ». Empr. lat. maledīctio (cf. binnizien), tandis que mbr. milliga = cymr. melldigo sort directement de maledīcere.

Milzin (C.), adj., délicat, difficile en fait de nourriture : pour *mlizin, et celui-ci de *bliz-in, dér. de même base que bliz-ik. — Conj.

1 Min, s. f., museau, corn. meyn > min, cymr. min> vir. mén (> gael. mèanan « bâillement ») : d’un celt. *mikna < *mëk-nâ « bouche », qu’on a rapproché de l’ag. maw « jabot » et de l’ai, magen « estomac ».

2 Mîn, s. f., mine : le même influencé par le fr. mine, qui d’ailleurs parait être empr. br. et avoir d’abord signifié « visage ».

2 Mîn, s. m., cap : le même, ou celt. *mikno- m.

Minel, s. f., fer à talon, etc. : dér. de 1 mîn[20].

Mingl, adj., tiède (aussi mig V.), cymr. mwygl. — Étym. inc.

Minoc’h, s. m., musaraigne : dér. de 1 min.

Miâon, s. m., ami. Empr.fr. mignon.

Minôten (V.), s. f., sentier : variante dialectale de gwénôden.

Minter, s. m., chaudronnier : parait dér. du radical qui se dissimule sous la syllabe initiale de mengleû». V. ce mot.

Mintin, s. m., matin (aussi mitin V.}, corn. metin, mettin et myttyn. Empr. bas-lat. *mattinus < lat. mātūtīnus. Cf. beṅdel.

Mintrad, s. m., peu, un peu : dér. secondaire d’un type celt. inconnu, mais assez voisin du lat. minûtus. Cf. munud et le suivant.

Minvik, s. m., mie, mbr. mynhuiguenn, cf. corn. minoto « menu », etc. : originairement « miette », dér. d’un celt. *min-wo- « petit », cf. ir. menb- >meanbha petit », lat. min-or, min-u-ô « je diminue », wm-û-/u-«, etc., sk. min-à-ti « il diminue », got. min-s et al. min-der « moins », vsl. mïnijï « petit », etc. Cf. aussi moan, peut-être moal, et marbléô.

Mirout, vb., regarder, observer, corn. miras. Empr. lat. miràrî.

Mistr, adj., propre, coquet. Empr. fr. ancien misée, a joli, élégant, adroit ».

Mitouik, s. m., patelin. Empr. fr. ancien mitouin id. Cf. Bas-Maine mit « chatte » Dn, et le fr. vieilli chatte-mite.

1 Mîz, s. m., mois, mbr. et corn. mis, cymr. mis, vir. mi id. : d’un celt. *mèns->*mïns- f cf. sk. mas « lune » et màs-a « mois », gr. μήν et μήν-η, (lat. mēns-i-s), ag. moon et mon-th, al. mond et mon-at, etc.

2 Mîz, s. m., frais, cf. cymr. mwys « panier à provisions » et corn. moys « table » : donc originairement « table, frais de table », puis « dépense » en général[21]. Empr. lat. mènsa « table » > lat. populaire mësa.

Moal, adj., chauve, cymr. moel, vbr. mail « mutilé », vir. mâel, ir. et gael. maol id. : d’un celt. *mai-lo- sans équivalent sûr[22].

Moan, adj., mince, corn. muin (voc.) > mon, cymr. main « mince » et mwyn « doux », vbr. pl. mein, vir. min et gael. min « délicat » : d’un celt. *mei-no-> dér. de rac. MEÏ MI « petit ». V. sous minoik et mihtrad.

Moell, s. m., moyeu. Empr. fr. ancien moiuel id.

Moeltr, adj., humide. Empr. fr. altéré moite.

Moéreb, s. f., tante, mbr. mozrep, corn. modereb, cymr. modryb « matrone », vbr. motrep « tante » : d’un celt. *mâtrqà, dér. de *màtër « mère » ; cf. sk. mâtrka « grand-mère » et lat. màtertera « tante maternelle ».

Môg, s. m., feu[23], exactement « fumée », corn. moc> cymr. mwg et vir. mdch « fumée » (cf. le suivant et mouga) : d’un celt. *muko- et *mako apparenté par emprunt ou autrement à l’ag. smoke.

Môged, s. m., fumée : dér. du précédent.

Môgéden, s. f., vapeur, exhalaison : dér. de môged.

Môger, s. m., mur : pour *moager, métathèse de vbr. macoer, et cf. cymr. magwyr. Empr. lat. màcéria « maçonnerie ». Cf. c’hoalen.

Môc’h, s. m., pourceau, corn. et cymr. moch, vir. mucc, ir. et gael. mue id. : d’un celt. *muk-ku-, dont la rac. paraît la même que celle de lat. muccus et mucus « morve » mung-ere « moucher » (nasalisée), gr. μύξα « morve » et μυϰτήρ « groin », ἀπομύσσω « je me mouche », sk. muñc-á-ti « il lâche » (sens général spécialisé partout ailleurs).

Môc’hik, s. m., cloporte : diminutif du précédent.

Môjen (C.), s. f., conte : dér. et corrompu de mbr. bauche « pièce pour rire ». Empr. fr. (argot) se baucher « se gausser », etc.[24]. — Ern.

Mon, s. m., excrément humain. Empr. fr. ancien moun « jaune d’œuf » ou telle autre métaphore d’argot. Cf. pourtant cymr. monoch a intestins ».

Moû, adj., manchot. Empr. fr. ancien moign « mutilé »[25].

Moṅk, adj., manchot : contamination de maṅk et moñ.

Moṅkluz (C.), adj., nasillard : doit se rattacher au même radical que môc’h (soit « qui a de la morve » ou « qui grogne en parlant » ).

Moneiz, s. m., monnaie. Empr. lat. mohèta > roman monëda.

Moṅt, vb., aller, devenir, mbr. monet, corn. mortes, cymr. myned id. : dér. d’une rac. MEN, « aller, marcher », d’ailleurs fort peu répandue, gr. (éolien) μά-τη-μι « je marche », lit. mìnti et russe po-mjatĭ « marcher » [26].

Môr, s. m., mer, corn. et cymr. mor, vir., ir. et gael. muir id. : d’un celt. *mor-i-, à peu près identique à lat. mar-e, got. mar-ei, ag. mère « pièce d’eau w, al. meer et vsl. mor-je « mer » [27], lit. màrès « lagune ».

Moral, s. m., verrou. Empr. fr. ancien moraillea verrou de la visière du casque ».

Môred, s. m., variante déaspirée de morc’hed.

Moren, s. f., vapeur, surtout au pl. morennou « les vapeurs » (accidents nerveux) : dér. de môr, soit « flux et reflux, caprices ». — Conj.

Morgaden, s. f., sèche (lièvre de mer ?). V. sous môr et gdd.

Morgô, s. m., collier de cheval, cf. cymr. myngci id. : soit donc pour *mon-go, dont le premier terme est cymr. mwn « cou », et le second cymr. caw « lien », tous deux perdus en breton.

Morgousk, s. m., assoupissement : contamination de mor-ed (cf. môred) et de kousk. V. ces mots.

Morc’hed, s. m., assoupissement, mbr. morchet « souci », corn. moreth (pour *morheth, cf. môred) « chagrin », et cf. ir. et gael. murc-ach « triste » : soit un celt. *murk-eto— « fait de se flétrir », lat. Murc-ia « déesse de la paresse », murc-idu-s « lâche », marc-ère « se flétrir » [28], lit. mark-atnu-s « chagrinant » (douteux) ; isolé par ailleurs.

Môrian, s. m., nègre : dér. d’empr. fr. More[29].

Môrlargez, s. m., carnaval, mbr. marlarjez, meurzlargiez, etc. : dér. de meurs-lard « mardi-gras » (par d + y > j). V. ces deux mots.

Môrlivet, adj., pâle : soit « grisâtre, verdâtre ». V. sour môr et liou, et cf. môrlivid s. m., « biset, chevalier » (plumage ardoisé).

Mormouz, s. m., morve du cheval : assimilé, pour *morbouz, formé sur l’empr. fr. morve, comme br. babouz sur fr. bave.

Mors, adj., engourdi, lent : d’un celt. *murso-, pour *murk-so-, dér. probable de la même rac. que morc’hed. V. ce mot.

Morse, adv., jamais (au présent), mbr. morcé. Empr. fr. morsel « morceau », employé comme mie pour renforcer la négation. Cf. 3 kammed.

Morsen, s. f., mulot : dér. de mors[30].

Morser (V.), s. m., gourmand : dér. d’empr. fr. (morceau, etc.).

Moruklen, s. f., morille. Empr. fr. ou germanique[31].

Môrvran, s. f., cormoran. V. sous môr et bran.

Morzed, s. f., cuisse, cymr. morddwyd, corn. mordoit (voc.) > mordkos et vbr. morduit id. : soit un celt. *màr-yeito-, construit sur la même base que gr. μηρ-ό-ς « cuisse », μηρ-ία « fémur ». — Très douteux.

Morziḷ, s. m., vent de sud-ouest, mbr. morzuill. V. sous môr et sûla (vent qui vient de mer et pourtant brûle les plantes).

Morzol, s. m., marteau, corn. et vbr. morthol, cymr. morthwyl et mwrthwyl. Empr. lat. martéllus > *martélus.

Moualc’h, s. f., merle, corn. moelh, cymr. mwyalch (cf. gael. smèor-ach « grive ») : d’un celt. *meis-alkā, dont le radical se retrouve altéré dans le lat. mer-ula « merle » et intact dans l’al., meis-e « mésange ».

Mouar, s. m., mûre, corn. moyar, cymr. mwyar, vir. smér, ir. et gael. smeur, gael. smiar id. : cf. lat. môr-u-m et gr. μόρ-ο-ν[32].

Mouk, s. m., coquillage à pourpre : écourté de l’empr. lat. bucinum id., peut-être par contamination de fucus « teinture ». — Conj.

Mouden, s. f., motte, mbr. moten. Empr. fr.

Moue, s. f., crinière, mbr. moe, vbr. pl. mong-ou, cymr. rnwng, vir. mong y ir. et gael. muing id. : soit un celt. *mong-à, auquel se rattachent aussi sk. màn-yà « nuque », ag. marie, al. màhne « crinière »[33].

Moues, adj., humide (aussi mouëst V.). Empr. fr. ancien moiste. Cf. aussi moeltr, et rattacher peut-être à 2 mouéz, mours, etc.

1 Mouéz, s. f., voix (aussi mouec’h V.), mbr. moez y pour *voez (le v pris pour une mutation douce). Empr. fr. ancien vois, mais emprunté vraisemblablement à une époque où la gutturale latine de vôx y sonnait vaguement encore ; fait de chronologie indéterminable.

2 Mouéz, s. m., puanteur : abstrait d’empr. fr. ancien moiseure « moisissure » ; ou empr. fr. moise « caque ». — Conj.

Mouga, vb., étouffer : dér. de môg. V. ce mot.

Mougéô, s. m., caverne, cymr. gogof« celt. *too-kow-yo-) : pour *gwogeo contaminé de mouga. V. sous *gw- et kèô.

Moucha, vb., couvrir le visage. Empr. fr. ancien se musser « se cacher », contaminé de mouchouer « fichu », autre empr. fr.

Moulbenni, vb., rechigner (aussi mouspenni). Empr. germanique probable : cf. al. actuel maulen et schmollen « bouder »[34].

Moullek, s. m., pluvier, cf. mbr. moullecgu mulet » (poisson) : dér. d’empr. lat. mullus, mais le changement de sens est bien bizarre.

Mouña, vb., manger comme les gens qui n’ont plus de dents, remuer les lèvres sans bruit : paraît une onomatopée assez expressive ; cf. pourtant fr. marmonner et br. munzun (peu clair lui-même).

Mouren, s. f., sourcil, moustache : variante de gourrenn[35].

Mours (V.), s. m., excrément humain : altéré pour mbr. mous (cf. aussi mouzenn V. « c souillon »), cymr. mws « excrément », ir. mos-ach et gael. mus-ach « malpropre », qui supposent un celt. *musso- < *mwd-« o-, gr. μύσος *μυδ-σος « souillure », μύδ-ο-ς, « humidité, moisissure », lit. mud-a-s « algue » (?) ; cf. aussi ag. mud « boue » (avec une autre dentale) et br. moués, car fr. moite relève peut-être de cette souche.

Mousc’hoarz, s. m., sourire : exactement « rire qui se dissimule », composé hybride de fr. et de br. Cf. moucha et c’hoarz.

Moustra, vb., accabler, fouler. Empr. fr. ancien mousser « froisser » (cf. mousse « émoussé »), contaminé de maṅtra. V. ce mot.

Mouza, vb., bouder. Empr. fr. ancien et dialectal (picard) mousse « moue » d’origine inconnue comme moue lui-même.

Mûd, adj., muet, cymr. mud. Empr. lat. mutus.

Mudurun, s. f., gond, cf. cymr. migwrn[36] et ir. mudharn, « la cheville du pied » : dér. d’empr. lat, môtôrium « servant à faire mouvoir ».

Mui, muioc’h, adv., plus (comparatif de meû-r comme lat. maj-or l’est de mag-nu-s), corn. moy, cymr. mwy, vbr. mui, vir. mâa, màa, mà, ir. ma, gael. mb « plus grand » : d’un celt. *may-os-, cf. got. mais, ag. more, al. mehr, etc.

Munud, adj., petit, (in. Empr. lat. minūtus. V. sous burzud.

Munudik, s. m., serpolet : dér. du précédent.

Munzun, s. f., gencive sans dents. Cf. mouña.

Musa, vb., flâner, flairer, écornifler. Empr. fr. muser, mais évidemment contaminé par muzel dans les deux derniers sens.

Muturnia, vb., estropier : contamination de deux empr. fr., soit mut-iler, et bes-tourner, « tordre, faire biaiser », etc.

Muzel, s. f., lèvre, museau. Empr. fr. ancien musel.

Muzul, s. f., mesure. Empr. fr. altéré. Cf. munud.

    LUK dont il est l’opposé, par le fait que le noir est la couleur de ce qui a brûlé. C’est ainsi que ag. black « noir » se rattache à gr. φλέγω « brûler ».

  1. Ces petits mots n’ont en aucune façon le sens conditionnel ; mais ils peuvent figurer dans une proposition conditionnelle, tout comme dans une autre, pour en renforcer le sens, et dès lors prendre dans telle ou telle langue le sens conditionnel par contamination. C’est ce qui paraît être arrivé en celtique. Au reste l’étymologie des particules est rarement claire, et l’on perd son temps à la vouloir serrer de près. Cf. les mots suivants.
  2. Le dédale est inextricable. A la rigueur, tous ces sens pourraient s’être attachés artificiellement à la particule de renforcement qu’on a vue sous 2 ma. Mais cela n’est point probable. D’autre part, le sens de « où ? » pourrait se déduire de celui de « ici » [ma oud ? « ici es-tu ? > où es-tu ? » ou du sens de « que » (ma oud ? «[où est-ce] que tu es ? »). Inversement le sens de « que » se déduirait très naturellement de celui de « où » relatif. Mais à peine entrevoit-on des raisons de préférence.
  3. La curieuse expression mâb lagad « la prunelle » a son pendant en sk., kantnika « la petite fille », et en lat., pûp-illa « la petite figure » qu’on voit reflétée dans l’œil d’autrui. — Ce qui rend difficile l’étymologie par *mak-wo-, c’est que l’ir. devrait en ce cas répondre par *mach (cf. ir. ech sous ébeûl). V. sous merc’h des formations par addition d’un suff. -ko-, qui peut-être est aussi en jeu ici.
  4. Le radical *man- « main » a à peu près disparu en celtique, mais est assez commun ailleurs : il est latin, grec et germanique.
  5. Le sens originaire est « beau gars bien portant », d’où « garçon », puis « serviteur ». Cf. aussi maouez, méoel, matez, et une foule de noms propres gaul. dérivés.
  6. L’addition de l’r est très obscure : ou mar est un mot différent de ma et inexpliqué ; ou bien ma a été influencé par le mot suivant (valeur dubitative de « si »). C’est le plus probable, puisque le corn. et le br. ont en commun les deux mots.
  7. Mais le sens ne concorde pas. Cf. marbléô, soit « petite boue ».
  8. Cf. cymr. mar-ddanadl (ortie morte) « marrube ». — Mais, dans la première hypothèse, on attendrait *manvléô ; dans la seconde, *maroléô.
  9. À cause de la petite « boucle » que fait la piqûre. — Dans ce mot et le suivant, le changement b > m est inverse de celui de bagol, etc., mais procède de la même cause.
  10. Le cymr. mêr indiquerait plutôt un empr. germanique : ags. mearh > ag. marrow.
  11. Sur le caractère fuyant des désignations de couleur, on comparera glas glazaour, géot et gell.
  12. L’aspiration bretonne n’est donc pas primitive.
  13. Le sens primitif était « nymphe des montagnes ».
  14. On observera que l’al. meyer « fermier » vient aussi, et plus directement, du lat. major. Au contraire fr. mehier, meyer, etc., est le lat. mediarius « métayer ».
  15. Tous ces noms ont subi autant de déviations inexplicables que ceux de la grenouille. Cf. Uhlenbeck, Altind. Wb., p. 271 b.
  16. D’où al. mergel, ag. marl, fr. marle > marne.
  17. La base serait-elle d’aventure la particule prohibitive i.-e. *md, sk. ma, gr. μή (), etc. ?
  18. Procédant d’une locution du genre de mez m’eus deus an dé (T.), exactement « le jour me fait honte ». — Ern.
  19. Par exemple dans la locution maru micq « raide mort » ; puis extension à d’autres cas. — Ern.
  20. C’est un fer en forme de croissant, et par conséquent de lèvre, et aussi l’anneau qu’on passe dans le groin du pourceau.
  21. Procédé sémantique inverse de celui de l’allemand, dans bas-lat. *spè&a « dépense » > al. speise, « frais de table, repas ». — Le vocalisme br. a dû être altéré par contamination d’un mot mit « mensualité », identique au précédent.
  22. On l’a rattaché, sans grande vraisemblance, À la base MI du suivant, soit « diminué ». Comme vbr. mail signifie « mutilé », on peut aussi songer au lat. mutilus, mais on n’aperçoit pas de lien phonétique entre le celtique et le latin.
  23. Dans la phrase « ce bourg est de cent feux », etc.
  24. Conservé dans le composé se débaucher, etc.
  25. Abstrait d’un vb. lat *mundtàre (cf. mandas « propre ») « nettoyer » [la viande, à la façon des bouchers, en coupant les appendices, les moignons inutiles].
  26. Cf. aussi maṅtra et tréménout. — Les formes de la conjugaison de ce vb. qui commencent par voyelle, viennent de la rac. El de lat. i-re, gr. εἶ-μι « j’irai », skr. é-ti « il va », etc. ; pour celles qui commencent par k, voir sous 1 kîz.
  27. Cf. gaul. Morint (peuple habitant le littoral du Boulonnais actuel), Are-morica, etc. V. sous ar-.
  28. Marcidus somnô signifie « accablé de sommeil ».
  29. Les Maures ont passé au moyen âge pour le type de la race noire : cf. fr. moricaud, espagnol mor-eno « noir » et gr. μαῦρος id.
  30. S’appelle aussi lôgôden vors « souris lente ».
  31. En tout cas, montrant encore la gutturale du vhal. morhila > al. morchel, auquel le fr. a emprunté le mot morille.
  32. La forme primitive est difficilement restituable : le mot a dû passer par emprunts successifs et réciproques. L’« initial ir. vient de contamination de sméar- « enduire » : sanguineis frontem moris et tempora pingit.
  33. Cf. encore illyrien (péonien) μόν-απο-ς « bison » (ruminant à crinière) : Kretschmer, Einleit. in die Gesch. d. Gr. Spr., p. 249.
  34. Mais la dernière partie du mot est bien obscure. — La variante mouspenni parait contaminée de mouza. V. ce mot.
  35. G et m, en mutation douce, devenant occasionnellement v, une forme de mutation douce à v initial procédant de g a pu parfois suggérer une forme faussement primitive, commençant par m. Cf. le Gloss. Ern. p., 428 sq.
  36. Le même que migwrn « cartilage », mais ayant pris le sens de « cheville » par confusion avec un mot du genre du br. mudurun. La métaphore entre « gond » et « cheville » se conçoit d’elle-même.