Texte établi par Faculté des lettres de Rennes, J. Plihon et L. Hervé (p. 177-192).
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L

Lâb, s. m., hangar, mbr. lap id. : exactement « pan, appentis ». Empr. ags. laeppa > ag. lap, « pan, lambeau », al. lapp-en.

Labasken, s. f., guenille : dér. péjoratif du précédent.

Labenna, vb., babiller, médire : par dissimilation pour *blabenna, et celui-ci par emprunt d’une onomatopée très répandue, ag. to babble, hollandais babbelen, al. pappeln, fr. babiller. Cf. lanchenna.

Labéza, vb., lapider. Empr. lat. lapidare.

Labistr, s. m., congre, cf. cymr. llabwst « grand flandrin ». Empr. ag. ancien lopystre, « sauterelle, homard »[1].

Labour, s. m., travail, corn. lafur. Empr. fr. ancien.

Labouz, s. m., oiseau, mbr. lapous. Empr. lat. locusta > bas-lat. *loquusta ou ags. lopust « sauterelle ». Cf. labistr.

Lakaat, vb., mettre, poser. Empr. lat. locàre.

Lakébod, s. m., estafier,

Laképod, s. m., brigand,

cf. aussi aklépod « polisson » : contamination de halébod par le mbr. lakés « laquais » ; tous empr. fr. plus ou moins étrangement corrompus.

Laer, s. m., voleur (pl. laéroun), mbr. laezr, corn. lader (pl. ladron), cymr. lleidr (pl. lladron), etc. Empr. lat. latrô (pl. latrônës).

Laérez, s. f., mal de côté, bonde (latérale) d’un étang : représente une dérivation bretonne sur une base *lazr- équivalente à une base latine later- > *latr-. Empr. lat. latus « côté ». Cf. 2 léz.

1 Laez, s. m., le haut. Empr. fr. ancien lais (laiens), « léans, là, là-haut »[2].

2 Laez, s. m., legs. Empr. fr. ancien lais.

3 Laez, s. m., lait : variante ancienne de lèaz.

Lagad, s. m., œil, mbr. et corn. lagat, cymr. Uygad id. : d’un celt. *lukato-, qui n’a d’équivalents, encore très approximatifs, qu’en germanique, ags. lôc-ian > ag. to look « regarder » et al. (dialectal) lug-en id. ; cf. sk. lak-ç-a-ie « il considère ». V. la note sous burzud.

Lagaden, s. f., cercle : dér. du précédent.

Lagen, s. f., lac, mare, corn. lagen. Empr. lat. lacus.

Lamm, s. m., bond, chute, cymr. llam, vbr lamm-am « je saute », vir. léimm > lèim et gael. leum « saut » : d’un celt. *leng-men- dér. nt. de rac-LENGH, sk. langh-a-ti a il saute », al. ling-en « aller de l’avant » d’où ge-ling-en « réussir », ags. lih-t >> ag. light « léger », al. leicht id.[3]

1 Lammen (C.), s. f., épi : parait signifier « pointe » et dépendre de la même dérivation que lemrn. V. ce mot.

2 Lammen, s. f., contamination de laonen par le fr. lame.

Lampr, adj., poli, glissant. Empr. fr. (ancien et dialectal lamper « glisser », lambre « revêtement poli », etc., eux-mêmes d’origine peu claire.

Lampréz, s. m., lamproie. Empr. bas-lat. lampréda.

Laṅdar, adj., paresseux, lâche ; cf. gael. lunndair id. Empr. fr. ancien landore « lourdaud », lui-même empr. germ. probable.

Laṅdourc’hen, s. f., femme publique (terme très grossier) : exactement « pâture à verrats ». V. sous lann et tourch. — Conj.

Laṅfaz, s. m., étoupe, mbr. lanface. Empr. fr. (normand) lanfais < lat. *lânificium. Cf. aussi Bas-Maine lâfey Dn.

Laṅgouinek, s. m., efflanqué, grand flandrin. Empr. fr. probable (patois ou argot), cf. fr. berlingouin id. — Conj. Ern.

Lavchenna, vb., médire : contamination de labenna et d’une dérivation du br. laṅgach. Empr. fr. langage avec sens péjoratif.

Lann, s. f., monastère, lieu saint, endroit plan, corn. lan, cymr. llan, vbr. lann « région » (et cf. éd), vir. land, ir. et gael. lann « enclos » : d’un celt. *landā « étendue de sol », qui représente un i.-e. *landhā, cf. ag. land et al. land « pays », vsl. led-ina « lande » et russe ljad-ina[4].

Lanô, laṅv, s. m., flux, cymr. llanw id., cf. corn. lan-w-es, « plénitude, abondance » : dér. secondaire du même radical que leùn. V. ce mot.

Laon, s. f., variante de lavn-en. V. ce mot.

Laoak, adj., lâche, desserré, mbr. lamq, etc. : abstrait du vb. mbr. laoscat, « lâcher, desserrer ». V. sous leùskel.

1 Laouen, s. f., pou, mbr. louen, corn. louen et lewen, cymr- lleuen, vbr. leu- id. : soit un celt. *low-es-, dont le radical se retrouve en germanique, ags. lu-» > ag. louse, vhal. lus > al. laus.

2 Laouen, adj., joyeux, mbr. et corn. louen, cymr. llawen, et cf. vir. laine, ir. et gael. loinna joie » : d’un celt. # /aw ?-eno->gaul. -launos dans Cata-launi[5] « Châlons » et autres noms de lieux, rac. LAW « jouir » attestée par sk. lô-ta et lô-tra « butin », gr. ἀπο-λαύ-ειν « jouir de », lat. lû-cru-m « gain », got. lâu-n étal, lohn « salaire », vsl. Zoo-# « prise de chasse », etc.

Laouénan, s. m., roitelet : dér. du précédent.

Laouer, s. m., auge, mbr. louazr, vir. làalhar, gaul. Hautron « bain » : d’un celt. *lowo-tro-, cf. gr. λου-τρό-ν « bain », tous deux dér. de rac. LOW. V. sous glao — Aucun rapport avec le suivant.

Laour, s. f., cercueil : cf. mbr. laur, « douleur, peine », empr. fr. labour altéré ; mais bien plutôt empr. fr. ancien laor s. f., « largeur, étendue », d’où « mesure du corps étendu » (par euphémisme). — Conj.

Lapa, vb., laper. Empr. fr. d’origine germanique.

Lapas, s. m., lavette : dér. de mbr. lap. V. sous lab.

1 Lark, adj., libéral, généreux, mbr. larg, cymr. llary « aimable ». Empr. lat. larg us, et cf. fr. larg-esse (mais le k fait difficulté).

2 Lark, adv., loin, profondément : identique au précédent[6].

Lard, s. m., graisse animale non fondue. Empr. fr. ancien lard, ou abstrait du vb. larda (empr. fr. larder), avec extension de sens.

Larein (V.), laret (T.), vb., parler, dire : pour lavarout (L.), par contraction du radical de lavar.

Larjez, s. f., graisse de cuisson : pour *lard-yez, dér. de lard.

Las, s. m., lacs, lacet, mbr. lacc. Empr. fr.

Lastézen, s. f., ordure, souillure matérielle ou morale, corn. last id. : parait dér. d’un emprunt à un dialecte germanique qu’on ne saurait préciser, cf. ag. (ancien) last, visl. lost-r, al. laster « vice ».

Lastr, s. m., lest : emprunté, comme le fr. lest, au bas-al. (hollandais) last « charge » avec finale altérée d’après lestr.

Latar, s. m., brouillard, humidité, cf. corn. lad « liquide », vir. lath-ach « boue » : tous dér. d’une rac. LAT, d’ailleurs peu répandue en dehors du celtique, gr. λάτ-αξ « goutte », lat. lat-ex « source » (peut-être empr. gr.), mhal. lette « boue » et al. dialectal lettern « patauger ».

Lavar, s. m., parole, corn. lauar y cymr. llafar « sonore », vir. labar « éloquent », ir. et gael. labhar « sonore », vir. labr-ur « il parle », etc. : soit un celt. *lab-ro-, très difficile à identifier ; cf. lat lab-ru-m- « lèvre », gr. λαβρ-εύ-ο-μαι « je parle avec volubilité » ; ou encore bas-allemand flappen, « bruire, bavarder », qui ramènerait à *plabro-. Cf. lenv.

Lavnen, s. f., lame (aussi laon, laoun), cymr. llafn. Empr. lat. lamina > lamna.

Lavrek, s. m., culotte, mbr. laurec, corn. la/roc (voc.) et cymr. llafrog id. ; cf. cymr. llafru, « s’étendre, se répandre ». — Etym. inc.

Lftz, s. m., perche, gaule, cymr. llath et yslath, ir. et gael. slat id. : soit un celt. *slat-to- ou *slat-tà[7] pour splat-to- ppe passé de la rac qui suit. V. aussi goulaz. Cf. pourtant Kluge, s. v. Latte.

Laza, vb., tuer, mbr. lazaff, corn. ladhe, cymr. llâdd, vbr. lad-a-met vir. xlaid-i-m « je frappe » : soit un celt. *slad-ô « je frappe » (d’une gaule, etc., cf. làz), d’une rac. SPLAD qui ne se retrouve que dans les plus anciens dialectes germaniques.

Lazout, vb., importer : faux verbe, abstrait d’un substantif vieilli pris pour une 3e  pers. du sg. dans des phrases telles que pé lâz d’inn t exactement « quel intérêt à moi ? » corn. les, cymr. Iles, vir. less, ir. et gael. leas « avantage », d’un celt. *les$o- pour *ples-so-> ppe passéd’une rac. PLED, cf. vsl. plod-û « profit », sans autre équivalent connu.

, s. m., serment, cymr. llw, vir. luige, gael. lugh « jurer » : soit un celt. *lug-io- « engagement », de rac. LUGH « lier », cf. got. liug-an v se marier », ags. or-lege et hollandais oor-log « guerre » (rupture d’alliance), lit. lug-na-s « flexible », lat. lig-are « lier »[8], etc. — Douteux.

1 Léac’h, s. m., lieu, mbr. lech, d’un celt. *lek-s-o-[9], dér. secondaire de *leg-os> « situation, lit » (cf. gtcélé), et celui-ci de rac. LEGH « être couché » ; cf. vir. laig-i-m « je me couche », gaul. leg-as-it « il a placé », gr. λέχ-ε-ται (lech-e-tai) », ag. to lie et to lay, al. lieg-en et leg-en, etc.

2 Léac’h, s. m., rachitisme, corn. leauh « fièvre maligne » : peut-être identique ou apparenté au précédent (drouk-léac’h[10]).

Liéal, adj., loyal. Empr. fr. ancien leial.

Léanez, s. f., religieuse : dér. de rabr. lean> cymr. lleian id. : fm. pléonastique refait sur un ancien fm. (cf. maérounez), lequel est dér du nom de couleur dont témoigne cymr. liai, « gris, brun, sombre ». — Étym. inc.

Léaz, s. m., lait (aussi léac’h V.), mbr. lûez, corn. lait>leyth, cymr. llaeth. Empr. bas-lat. lact-em accusatif de lac.

Léd, s. m., largeur, mbr. lehet, et cf. lec’hed « lé » : contamination d’un empr. fr. ancien lé-esse « largeur » et d’un substantif abstrait du suivant.

Lédan, adj., large, cymr. llydan, vbr. lilan, vir. lethan, ir. et gael. leathan, gaul. # lit-ano-s dans divers n. pr. : d’un celt. *lit-ano-, pour *plitano-, de rac. PLT, sk. prth-à « vaste » et prth-iv-î « la terre »[11], gr. πλάτ-ύ-ς (plat-u-s), « large, plat », πλάτ-ανο-ς (plat-ano-s) « platane » (arbre qui s’étale) et πλάθ-ανο-ς (plath-ano-s) « planche à gâteau », lat. plant-a « plante (partie plate) du pied », ag. fiai « plat » et al. flad-en « tartine », etc.

Léenn, s. m., variante plus ancienne de 3 lenn.

Légestr, s. m., homard, cymr. Ile g est à. : corrompu d’un bas-lat. Hecista, lui-même corrompu de lat. locusta « sauterelle » ( > fr. langouste). Cf. laboux et lahistr. Altérations en partie inexplicables.

Lech, s. m., variante de lich. V. ce mot.

Lec’h, s. f., grosse pierre plate[12], cymr. llech, vir. lecc, gaul. *licca probable : d’un précelt. *plk-nâ, cf. gr. πλάξ (plax) surface plate » et πλαϰ-οῦς (plak-ous) « gâteau », bas-lat. planc-a « planche » (fr. planche et plaque), al. flach « plat ». V. aussi lédan.

Lec’hed, s. m., lé d’étoffe, mbr. lehet. V. sous léd.

Lechid, s. m., vase, lie, mbr. lechit id. : proprement « dépôt, ce qui gît » [au fond], dér. de 1 léach « lit »[13]. V. aussi gwélézen.

Leien, s. m., serpillière, grosse toile : légère variante de lien, avec différenciation accidentelle de sens. V. ce mot.

1 Lein, s. m., sommet : pour mbr. blein > *vlein, puis chute du v initial. V. sous bléña, et sous ab, etc., pour la chute du v.

2 Lein, s. f., dîner, mbr. leiff et leynff, corn. li « déjeuner », sans autre répondant même celtique. — Étym. inc.[14].

3 Lein (V.), adj., variante dialectale de leùn.

1 Leiz, adj., adv., plein, pleinement (aussi lei V.) : identique au suivant, par la filière « humide — mouillé — plein d’eau — plein » (tout court), et par influence accessoire du sens de S lein.

2 Leiz, adj., humide (aussi lei V.), cymr. llaith « humide » et dad-leith-io « se fondre », vir. leg-ai-m, ir. et gael. leagh id. : soit un radical celt. *leg-ô, d’où procède aussi fr. dè-lay-er, et qui a deux ou trois répondants germaniques (cf. ags. leccan « mouiller » et ag. leak « voie d’eau »).

Lémel, vb., ôter, retrancher, : le ppe lam-et semble dénoncer une parenté ancienne avec lamm[15]. V. ce mot, et cf. le sens de la rac. LENGH dans sk. lahgh-àya-ti « il endommage », gr. ἔλεγϰος « blâme » et ἐλαχύς « petit », lat. *leh-ui-s > leois, lit. lèng-oa-s et vsl. lïg-û-kû « léger ».

Lemm, adj., aigu, tranchant, cymr. llym, vbr. lim id. : soit un celt. *slib-mo-, à peu près identique en formation au celt. *slib-no-, qui a donné cymr. lly/n « poli » < vbr. limn « flexible », vir. slemon, ir. sleamhuin et gael. sleamhuinn « glissant » ; dérivations diverses de la rac. SLIB « glisser » qu’on trouvera sous libonik.

Leṅkernen, s. f., ver intestinal, mbr. lencquernenn, cymr. llyngyr pl. : d’un celt. *lengro-, qui, si le g représente un gh vélaire, est aussi à la base du lat. lumbr-ïcus id. > fr. lombric.

Lêné, s. m., année : fausse forme abstraite par étymologie populaire des locutions hévlénê et warléné. V. ces deux mots.

Léned, s. m., les Quatre-Temps : empr. ag. Lent « Carême » ; ou abstrait de la locution ar zul ened « le dimanche gras ». V. sous sûl et énet[16].

1 Lenn, s. f., étang, corn. lin, cymr. llynn, vir. lind, ir. linn, gael. linne id. : soit un celt. *li-nnos nt., dér. d’une rac. LI à sens général de « liquide », sk. ri-ya-te « il coule », gr. λί-μνη, « étang », lat. lî-mus « vase », lit. ly-jù et vsl. li-ja « je verse », etc.

2 Lenn, s. f., couverture, corn. len, cymr. llen, vbr. et vir. lenn, gaul. lenna et linna « manteau » : d’un celt. *linna, pour *pl-innà « pel-isse », dont la syllabe radicale est la même que celle de gr. πέλλ-α (et πέ-πλ-ο-ς), lat. pell-i-s, ag. fell et al. fell « fourrure ».

3 Lenn, s. m., lecture : contracté de léenn, corn. lenn « lire », cymr. lleen > llèn « instruction ». Empr. lat. legendum « ce qu’on doit lire ».

Leṅt, adj., timide, abasourdi. Empr. fr. lent.

Leṅv, s. m., gémissement, mbr. leff, cymr. llèf et dérivés : soit un celt. *lemo-, pour *lep-mo-, issu d’une rac. LEP (d’ailleurs fort rare) ; sk. lapa-ti « il murmure », qui à la grande rigueur pourrait être apparenté à lacar, en admettant une alternance indo-européenne de b et p.

Léo, s. f., lieue, mbr. leau. Empr. bas-lat. legua pour leuca, nom de mesure itinéraire venu d’ailleurs du gaulois.

1 Léon, s. m., lion : contamination de i’empr. lat. leô > *levô > cymr. llew et corn. leu (voc.) et du fr. lion.

2 Léon, s. m., le pays de Léon. Empr. lat. Legiônes (toponymique fréquent en pays conquis par les Romains), brittonisé en *Legiônes.

Léor, s. m., variante de levr. V. ce mot.

Ler, s. m., cuir, mbr. lezr, cymr. lledr, vir. lethar, gael. leathar id. : soit un celt. *letro-[17], pour *pl-etro-, dont la rac. semble la même que celle de *pl-innd. V. sous 2 lenn.

Lerc’h, s. m., suite, trace, corn. lerch et lyrch, cymr. llwrw et llyry « direction », vir. lorc, ir. et gael. lorg « trace » : d’un celt. *lorgo-, sans apparentation bien définie (bas-al. lurken « traîner les pieds » Bzzbg.)

Les-, particule (dans les-hanô « sobriquet », les-vâb « beau-fils », etc.), cymr. llys-, vir. less-, ir. et gael. leas- id. : d’un celt. *lis-so- « blâme », dér. de rac. LEÏD « blâmer » ; cf. mir. lâidh-i-m « je réprimande », gr. λοιδ-ορέω « j’injurie » et λαιδ-ρό-ς « insolent », sans autre répondant.

Leski, vb., brûler, mbr. lesquiff, corn. losc « brûlure », oymr. llosg « incendie » et llosgi « brûler », vir. losc-ud, ir. losc-adh et gael. losg-adh « combustion » : soit un celt. *loskô « je brûle », pour *lop-skô t dont la rac. se retrouve avec vraisemblance dans le groupe bal tique (lelt. lapa « torche », etc.) et dans le gr. λάμπ-ειν « étinceler ».

Léspôz, adj., déhanché, cf. pôzlést (T.) id. : exactement « à qui la hanche pèse ». V. sous 2 lèz et poéz (ce dernier contracté).

Lestr, s. m., navire, vaisselle (pl.lisiri), corn. lester (pl.listri), cymr. llestr, vbr. lestir, vir. lestar « écuelle » : soit un celt. *lestro- auquel on ne connaît pas ombre d’équivalent ailleurs.

Léton, létoun, s. m., jachère, gazon, cf. mbr. leter « litière », qui naturellement est empr. fr.[18] — Étym. inc.

Leûé, s. m., veau, mbr. lue, corn. loch, cymr. tto, vbr. to, vir. làeg, ir. et gael. laogh id. : d’un celt. *loig-o-( ?) t qui peut signifier « sauteur » (sk. réj-, got. làik-an, lit. laig-yti <( bondir »)ou « lécheur » (sk. rih- et lih-, gr. λείχ-ω, ag. to lick, al. lecken « lécher »), etc. Cf. loa.

Leûn, adj., plein, corn. leun et Ze/i, cymr. llawn, vbr. laun, vir. W/i, ir. lân, gael. /an id. : d’un celt. */âno-, pour *p/â-no-, qui est, comme sk. pur-nà et lat. plê-nu-s, un ppe passé de rac. PELA « remplir » ; sk. pipar-ti « il emplit », etc. ; gr. πίμ-πλη-μι « j’emplis », πλή-ρης « plein » ; goX.full-s (pour *ful-n-s < *pl-no-s), ag./a/Z et al. po/Z « plein », etc.

Leûr, s. f., sol, aire, corn. lor (voc. )>luer, cymr. llawr y vbr. Jaar, vir. Zdr, ir. /4r, gael. làr « sol » : d’un celt. *làro+ *larâ y pour *plà-rd, à peu près identique à ag.Jloo-rel zX.fiu-r « sol », tous dér. de rac. PLÀ « étendre » ; cf., avec un autre suff., lat. plà-nu-s et gaul. *lâ-no-s, « uni, plane »[19], etc. V. sous lédan une amplification de la même racine.

Leûri, vb., envoyer, mbr. leuariff id. : paraît être une dér. secondaire à rattacher au celt. *loudiô « je meus » (pour *ploud-iô, cf. vir, im-luad « agitation »), et dépendre, par cet intermédiaire, de la rac PLU au sens général et vague de « mouvement », dont les principales amplifications sont sk. plâv-a-te « il nage », gr. *πλέϝ-ω > πλέω « je navigue », lat. plu-i-t « il pleut », ag. to fly et al. fliegen « voler », ag. to flee et al. fliehen « s’enfuir » (cf. lôgôden), al. fliessen « couler », etc.

Leûskel, vb., lâcher, mbr. lauscaff, et cf. adj. laosk. Empr. bas-lat. *laxi-cāre, fréquentatif de laxāre. — Loth.

1 Lév, s. m., variante de leno. V. ce mot.

2 Lév, s. f., variante de léô. V. ce mot.

Lévé, s. m., rente, revenu. Empr. fr. ancien levée id.

Lévenez, s. f., gaieté : dér. de 2 laouen. V. ce mot.

Levier, s. m., pilote, mbr. leuyaff « gouverner », corn. leu, cymr. llyw et vir. lui « gouvernail » : soit un celt. *lowyo- « gouvernail », pour *lop-uyo-, dont le correspondant, existant dans les langues germaniques, a produit par emprunt le terme de marine fr. loff-er.

Levr, s. m., livre, corn liver, leoar et lyvyr cymr. llyfr, vir. lebor, ir. et gael. leabhar. Empr. lat. lĭber.

Levriad, s. m., chalumeau (où les doigts glissent) : dér. d’une base *levr- < celt. *slib-ro- « glissant », cf. cymr. llyfr « la partie (du véhicule) qui traîne à terre », vbr. libir-iou pl. « traîneaux », lat. lubr-icu-s « glissant ». V. la rac. sous lemm et libonik.

1 Léz, s. m., cour, mbr. les, cymr. llys, vbr. lis, vir. liss et less, ir. et gael. lios « jardin » (aucun rapport avec le br. liorz) : d’un celt. *lisso-, pour *plisso- < i.-e. *plt-so- « enclos », dont on trouvera la rac. sous lédan.

2 Léz, s. f., hanche, cymr. lied, « côté, moitié », vbr. let, vir, ir. et gael. leth id. : soit un celt. *te/-«-o-, dér. secondaire par rapport à celt. Het-os « côté », qui répond au lat. liU-us, sans autre équivalent connu.

3 Léz, s. m., lisière, bord. Empr. fr. ancien lez « côté » « lat. lotus), d’où aujourd’hui l’adv. fr. lez « près ».

4 Léz, prép., près de. V. le précédent.

Léza, vb., allaiter : dér. deléaz. V. ce mot.

Lézel, vb., quitter, mbr. lesell. Empr. fr. laisser.

Lézen, s. f., loi : dér. d’empr. fr. ancien leis id.

Lézen, s. f., lisière : dér. de 3 léz. V. ce mot.

Lézen, s. f., laitance : dér. de léaz. V. ce mot.

Lézirek, adj., oisif : dér. de mbr. lesir. Empr. fr. loisir. Cf. lurè.

Lézou, s. m. pl., glas : pour *c’hlézou, pl. de 3 glâz. V. ce mot.

Liac’h, s. f., pierre, vir. et gael. lia id., cf. gael, leug « gemme » : contamination du celt. *lèwink- (cf. gr. λᾶας « pierre » et λᾶιξ « caillou », ital. lavagna et al. leie « ardoise ») a r ec le br. lec’h. V. ce mot.

Liamm, s. m., lien. Empr.fr. ancien « lat. ligàmen).

Libistr, s. m., boue, mbr. libostren (douteux) : pour *c’hlib-istr, même radical que dans gléb. — Conj.

Libonik (V.), s. m., rémouleur, aussi limonik, et cf. vbr. lemhaam « j’aiguise » : dér. d’un radical *lib-[20] qui représente une rac. SLEIB (et SLEUB), dont le sens s’accuse par le lat. lab-ricu-s « glissant », ag. to slip « glisser », al. schleif-en (ppe ge-schliff-en) « aiguiser » et schleif-en (ppe ge-schleif-t) « traîner ». Cf. arléc’houein, bréôlim, lemm, leoriad, luban, et les mots cités sous jelken.

Libourdien, s. f., souillon : dér. du radical de libistr.

Llk, adj., laïque, lascif[21], corn. leie. Empr. lat. lâicus.

Likaoui, vb., cajoler : dér. probable du précédent.

Likéta, vb., placarder. Empr. ags licettan et liccettan « simuler »[22].

Lîd, s. m., fête, mbr. lit, vir. lilh, gaul. Litu- dans plusieurs noms propres : soit un celt. *lilo- <l*lêto-, le même que gr. *λητο- dans λητουργία[23], etc. ; sans autre équivalent connu.

Lien, s. m., toile, corn. (ancien) Hein et cymr. lliain « linge » : d’un celt. *lesanyo- peut-être apparenté à *plinnà >£ lenn.

Lies, adj., plusieurs, beaucoup, cymr. liaus^> lliaw, vir. lia, gael. Uuih id. : d’un celt. pl. *leises, pour *pleis-es, comparatif du mot signifiant « beaucoup » ; cf. gr. πλείων comparatif de πολ-ύ-ς, lat. pleor-es > plûr-ès. visl. fleiri « plus »[24]. (Le vocalisme manque partout de netteté.)

Lioh, s. m., liège. Empr. fr., et cf. sich pour le vocalisme.

Lilien, s. f., lis, corn. Mie, etc. Empr. lat lïlium.

Lim, s. m., lime. Empr. fr. Cf. cymr. llifn scie », empr. lat. tima.

Limestra, adj., violet, pourpre : cf. fr. limestre « sorte de serge » ; mais il n’est pas dit qu’elle fût nécessairement violette (lat. limbus ostreus ?).

1 Lin, s. m., lin, corn. lin, cymr. llin. Empr. lat. linum.

2 Lin, s. m., pus, cf. cymr. lliant « flot » : soit un dér. celt. de la rac. LI « couler », qu’on trouvera sous 1 lenn et licaden.

Linad, s. m., ortie, corn. linhaden (voc.) et linaz : pour *nenad[25], vir. nenaid, celt. *ne-nad-i, soit une forme redoublée du même radical primitif *nad- qui a produit ag. nettle et al. nessel « ortie » ; cf. aussi gr. ἀδ-ίκη < *ṇd-ika, qui a la rac. à l’état réduit.

Liṅk, liṅkr, adj., glissant : contamination de mbr. lencr et de liṅtr. V. ce mot, et cf. (pour le sens) leṅkernen, 2 lîn, lemm, etc.

Lindag, s. m., lacet : exactement « lin à étrangler ». V. sous taga.

Linen, s. f., ligne, cymr. llin. Empr. lat. linea.

Liṅtr, adj., luisant, corn. ter-lentr-y « scintiller », cymr. llithr-o « glisser » (cf. liṅk), lleih-r « pente » et llath-r « poli », vir. et gael. leit-ir « pente » : il y a eu corruption par mélange de formes de diverses quantités et issues de racines différentes ; mais celle qui parait prépondérante est SLIDH du gr. ὀλισθάνειν « glisser », ag. to slide, al. schlitten « traîneau.».

Liorz, s. f., jardin, corn. luworth (voc.) > lowarth, cymr. lluarth, vir. lub-gort id. : d’un celt. *lubi-gorto- (-gortà), exactement « enclos à plantes ». V. le premier terme sous louzou et le second sous 2 garz.

Liou, s. m., couleur, corn. liu, cymr. lliw, vbr. liou, vir. lii > li, gael. li id. : d’un celt. *lîw-es-, cf. le surnom gaul. latinisé Lîo-iu-s « coloré » et le lat. lio-or « pâleur » ; les deux sens se conciliant par la valeur initiale de la rac. LI, « s’attacher, se superposer à », gr. ἀ-λί-ν-ειν « enduire », lat. li-n-ere, vir. le-n-im « je m’attache », sk. li-ya-te « il se colle contre »[26], etc. V. un autre dér. sous goulenn.

Lipa, vb., lécher : dér. d’empr. fr. lippe, lippée, etc.

Lipouz, adj., friand : dér. du précédent.

Lireû, s. m., lilas. Empr. fr. altéré par une cause inconnue.

Liaer, s. f., drap de lit, mbr. licel (pour *lincel, cf. la variante actuelle ninsel T.). Empr. fr. linceul (aujourd’hui spécialisé).

Lisiou, s. m., lessive, cymr. leisw, vbr. lissiu et lisiu. Empr. lat. lixivum.

Listrier, s. m., buffet : dér. de lestr. V. ce mot.

Liva, vb., peindre : dér. de liv. V. sous liou.

Livaden, s. f., inondation, cf. cymr. llif « flot », vir. lie, ir. lia, gael. lighe « inondation » : amplifié sur la rac. d’où sont issus 1 lenn et 2 lin.

Livastred, s. m. pl., canaille. — Étym. inc.[27].

Livrin (C.), adj., bien portant, dispos, mbr. liffrin. Empr. ags. liflic (> ag. lively) avec nouveau suffixe de type breton. — Conj.[28].

Livriz, adj., frais, doux (lait), mbr. liufriz, vbr. leverid, cymr. llefritk, cf. vir. lemnacht « *lem-lacht ?). — Étym. obscure.

Lizen, s. f., plie (aussi pleizenV., contaminé du fr.), mbr. leizen, cymr. llythien, et cf. adj. llyth, « plat, mou » : contamination ancienne d’un dér. du radical de lédan et d’un dér. du radical de leiz. V. ces mots.

Lizer, s. m., lettre missive, corn. lither, cymr. llythyr. Empr. lat. litlerae pl.(Au singul. lizérerm caractère d’écriture »).

Loa, s. f., cuiller, corn. lo t cymr. llwy, vir. liag, ir. liach, gael. liaghid. : d’un celt. *leig-â, dont l’équivalent lat. a produit le diminutif lïg-ula « cuiller » ; le tout de rac. LEIGH « lécher », mbr. leat, cymr. Uyf-u > llyo, vir. lig-i-m « je lèche », sk. rih-à-ti et lih-a-ti « il lèche », gr. λειχ-ω, lat. ling-ere (qui explique le g irrégulier de ligula), ag. to Uck et al. leck-en, vsl. liz-ati et lit. lësz-ti « lécher ». Cf. leàé.

Loakr (T.), adj., louche, mbr. loes pour *loesk, etc. : altérations diverses et peu claires de l’empr. lat. luscus par le radical de lagad.

Loar, s. f., lune, corn. luir, cymr. lloer. — Étym. inc.[29].

Lôd, s. m., portion, mbr. lot. Empr. fr. lot.

Loen, s. m. f., animal, mbr. lozn^> loezn, corn. lodnei cymr. llwdna petit d’animal », cf. vir. et gael. loth « poulain » : soit un celt. *lutno-, isolé[30].

Loer, s. f., bas, cf. cymr. llawdr « culotte », corn. loder « bottine ». mbr. louzr « chausse » : soit un celt. *làtro-, sans répondant sûr ailleurs (al. Iode « lambeau » ??? Bzzbg.).

Lôgôden, s. f., souris, corn. logoden, cymr. llyg et llyg-oden, vir. luch (gén. loch-at), gael. luch id. : soit un celt. *luk-oto-, peut-être de rac. PLUK « s’enfuir ». V. sous leûri, et cf. lus et c’hoanen.

Loc’h, s. f., levier. Empr. germanique probable : cf. visl. làg « arbre abattu », d’où ag. log, « bloc, souche, loch ».

Lomber, s. m., lucarne, soupirail. Le fr. ancien a lombre « nombril » : dans la supposition d’un emprunt bien invraisemblable, l’identité de forme (enfoncement circulaire) justifierait le sens breton. — Conj.

Lomm, s. m., goutte, cymr. llym-aid « gorgée », vir. loimm id. : soit un celt. *lommen, pour *lop-men, qu’on rapproche de gr. λάπ-τειν et lit. làk-ti, « lécher, siroter ». — Aucune donnée ferme.

Loṅk, s. m., gouffre : abstrait du suivant.

Loṅka, vb., engloutir, avaler, cymr. llyngc-u, vbr. ro-lunc-as « il avala », cf. vir. slucci-m « j’avale » : soit un celt. *sluṅkô et *slukkô, dér. de rac. SLUG > LUG, gr. λύζ-ειν et al. schluck-en « avaler », gr. λυγγ-άνειν et al. schluch-zen, « sangloter, avoir le hoquet ».

Lonec’h, s. f., rognon : dér. d’empr. fr. ancien logne « longe »[31].

Loṅtek, s. m., gourmand : dissimilé pour *loṅkek. Cf. loṅka.

Lorbein (V.), vb., ensorceler : plus anciennement, « corrompre, séduire », et lorbour « trompeur » ; cf. fr. ancien lorberie pour loberie « séduction », de lobber et lober « cajoler » (God.). — Empr. fr. probable.

Loré, s. m., laurier. Empr. fr. altéré laurel. Cf. morsé.

1 Lorc’h, s. m., flatterie : identique au suivant[32]. — Conj.

2 Lorc’h (V.), s. m., effroi : comme qui dirait « [coup de] massue », d’un celt. *lorgo- « gourdin », attesté par mbr. lorchen « timon », corn. lorch « bâton », vir. lorg et lorc « massue »[33].

Losk, s. m., brûlure. V. la formation sous leski.

Lost, s. m., queue, mbr. lost, cymr. llost, vir. los id. : d’un celt. *losto- ou *lostà sans autre équivalent connu ; tout à fait isolé.

Lôsten, s. f., jupe : dér. du précédent.

Louad, adj., benêt, paresseux. — Aucune donnée ferme.

Louan, s. f., courroie, mbr. louffan, corn. louan, cymr. llyfan, vir. loman, ir. lomna « corde », gael. lomhainn « laisse » : d’un celt. *lomana, dont aucun équivalent ne se rencontre nulle part.

Louarn, s. m., renard, corn. et vbr. louuern, cymr. llywern-og (dans un nom de lieu), vir. Loarn id., gaul. dér. Λουέρν-ιο-ς : d’un celt. *luerno-, pour *lup-erno-, dont l’équivalent le plus approché[34] est sk. lop-àçà « chacal », et gr. ἀ-λώπ-ηξ emprunté sans doute à une langue asiatique.

Loudour, adj., malpropre : dér. d’une base *loud- qui signifierait « ordure », cf. vir. Loth « marais », ir. lod-an t gael. lod et lod-an « motte de terre », celt. *lut, lat. lut-u-m « boue », lit. lut-ynas « fondrière ».

Loued, adj., moisi, gris[35], mbr. loet, corn. luit, cymr. llwyd et vbr. loit « chenu », vir. llath, ir. et gael. liath « gris » : d’un celt. *leito-, pour *pl-eito-, de même dérivation que sk. pal-itâ « gris », gr. πελ-ιτνό-ς id. et πολ-ιό-ς « chenu », lat. pul-lus « noirâtre » et pall-idu-s « pâle », ag. fallow et al. falb « fauve », lit. pàl-vas « pâle », vsl. pla-cû « blanchâtre ».

Loufa, vb., vesser : dér. de mbr. louff « vesse ». Empr. fr. populaire et dialectal, cf. provençal loufa et picard loufée.

Loui (C.), puer[36] : dér. du précédent (*loufi > *louvi > loui).

Lounez, s. f., variante de lonec’h[37]. V. ce mot.

1 Louz, adj., malpropre, obscène. Empr. fr. ancien lous « misérable » ; mais cf. aussi loufa, loui et 2 louz.

2 Louz (C.), s. m., blaireau : identique au précédent (puant).

Louzaou, louzou, s. m., herbe, légume, mbr. lousouenn, corn. losow pl.. cymr. llys(p. llysiau), vir. luss, ir. et gael. lus id. :d’un celt. */u*$u-, pour *lup-su-, et celui-ci dér. du même radical que celt. *lub-i- « herbe », attesté par vir. luib, ir. et gael. luibh « herbe » et br. liorz[38]. V. ce mot

Lovr, adj., ladre, lépreux, mbr. lojjfr, cymr. llwfr « souffreteux », vbr. lobur « faible », vir. lobur id., ir. et gael. lobhar « lèpre » ; d’un celt. *lob-ro-, cf. vir. lobat « qu’ils pourrissent », ir. lobhaim « je me corromps », gael. lobh id., lat. làb-î « s’écrouler », taé-ês « ruine », sans autre équivalent connu ; on songe aussi à got. thlaq-us « mou ».

Lu, adj., ridicule : parait abstrait de luia. V. ce mot.

Luban, adj., insinuant : soit un celt. *sloib-ano-« qqi se glisse ». V. la rac. sous libonik, mais avec les mêmes réserves. — Conj. Ern.

Ludu, s. m., cendre, corn. lusow, cymr. lludw, vir. lùaith, ir. luaith, gael. luath id. : d’un celt. Houtwi-, auquel on ne connaît pas d’équivalent ; cf. pourtant al. lod-ern « couver sous la cendre ».

Lufr, s. m., éclat, lustre, cymr. lleufer, vbr. louber id. : d’un celt. *lou’broluminaire », cf. lat. lac-ubrâre « travailler à la lumière ». V. la rac. nue sous goulou et amplifiée sous lâcha.

Lûg, adj., lourd (temps) : exactement « blanc »[39], d’un celt. fléchi *louk-o-, cf. gr. (normal) λευϰ-ό-ς « blanc », dont la rac. est sous luc’ha.

Lugern, s. m., éclat, corn. lugarrm lampe », cymr. llugorn, vir. làcharn, ir. làchrann et gael. Ibchran « flambeau » : d’un celt. Houk-orno-, cf. lat. luc-erna « lampe », tous dér. de la rac. LUK. V. sous luc’ha.

Lugud, s. m., lenteur, paresse : dér. de làg[40].

Lugustr, s. m., troène, nénufar. Empr. lat. ligustrum. Cf. burzud.

Luc’ha, vb., luire : soit un celt. *louk-s-ō « je brille », dér. de rac. LEUK LUK, universellement répandue ; sk. róc-a-ti « il brille », ruc-á « brillant », rok-á « éclat », etc. ; gr. λευϰ-ό-ς « blanc », ἀμφι-λύϰ-η « crépuscule », λύχ-νο-ς « Lampe », etc. ; lat. *louk-s > lūx, lāc-ēre, *louk-s-nā > lūna, lūmen, etc., etc. : cymr. llùg « lumière » et vir. luach « blanc », etc. (cf. les précédents à partir de lufr) ; got. liuh-ath « lumière », ag. light, al. licht, et leuchten « éclairer » ; lit. laúk-a-s « φάλιος » (sous 1 baḷ).

Luc’héden, s. f., éclair, corn. luhet, cymr lluched (singul. lluch-ed-en), cf. vir. lóche (gén. lóchet) et gaul. Leuc-etio-s (surnom du dieu Mars) : d’un celt. * louk-s-etā. V. la rac. sous luc’ha.

Luia, vb., brouiller : variante possible de luzia.

Lûn, s. m., lundi. Empr. lat. lunae (diès).

Lupr, adj., en rut. Empr. fr. ancien labre, abstrait de l’empr. lat. savant lubricus > fr. lubrique.

Luré (V., C), s. m., paresse, négligence : contraction dialectale de *lizouré. V. sous lézirek et cf. ag. leisure. — Conj.

Lurel, s. f., bande, ligature : contraction de *lezurel, dér. et altéré de l’empr. fr. lisière. Cf. 3 léz et 2 lézen. — Conj.

Lus, s. m., airelle, cymr. llus id. (singul. llusen) : se rattache à un celt. *luk-o- « noir » qu’attestent cymr. llwg « pâle » et vir. loch « noir »[41].

Luska, luskella, vb., agiter, bercer, mbr. queu-lusq « mouvement », vbr. pl. lusc-ou « berceaux », ir. luasg-aim « je secoue » et gael. luaisg « agiler », etc., etc. : soit un celt. *louk-skô « j’agite », pour *ploug-skô, qui se rattache aux racines qu’on trouvera sous leûri.

1 Lusen, s. f., brouillard : dér. du même radical que lus ou que lùg, et probablement de l’un et de l’autre, vu la variante luzen.

2 Lusen, s. f., le premier lait d’une vache qui vient de vêler : pour usen [42] qui s’est partiellement maintenu, et celui-ci d’une base celt. *ous- pour *pous-, cf. sk. piyàs-a et gr. *πῦσ-ο-ς > πῦος qui ont le même sens.

Luzen, s. f., vaciet : pourrait signifier « lampe, lanterne » ; cf. le nom de la luzerne ( « ver-luisant » en provençal), le fr. veilleuse, nom populaire du colchique d’automne, etc.

Luzia, vb., brouiller, confondre, mbr. luz « embarras », cymr. lludd « obstacle » : soit un celt. *loud-o-, qui peut se rattachera la rac. LUDH, sk. runâd-dhi et rodh-a-ti, « il arrête, encombre », etc.

  1. Qui a donné l’ag. actuel lobster « homard » et qui procède du lat. locusta. Cf. aussi labota et légestr.
  2. Mais cette étymologie n’explique pas la forme lue du vannetais.
  3. V. sous lèmel d’autres dérivés de la même racine.
  4. Fr. lande vient du celtique plutôt que du germanique ; mais, à en juger par le vocalisme slave, le celt. pourrait être empr. germ. très ancien.
  5. « Qui prennent plaisir au combat ». V. sous kadarn.
  6. Cf. le fr. ample-ment.
  7. D’où aussi le fr. latte, passé en allemand.
  8. Le lat. a un vocalisme différent ; le gr. λύγ-ο-ς (lug-o-s) « osier », etc., une non aspirée au lieu de l’aspirée.
  9. Mais corn. le et cymr. Ile id. feraient plutôt supposer un nominatif *legos avec s conservé, identique au gr. λέχος (lechos).
  10. Mal qui force à garder le lit.
  11. Cf. gaul. latinisé Litavia « terre ferme » (absolument identique à sk. prthiot), d’où cymr. Litau > Llydaco « la Bretagne continentale ». — Thurn.
  12. Mot vieilli, mais conservé dans br. francisé « cromlech ». V. sous kroumm.
  13. Cf. al. lag-er, « couche, dépôt, terrain vaseux ». Le fr. lie est sûrement dérivé d’un radical celtique.
  14. Peut-on rapprocher gr. λαιμός « gorge » (œsophage), λῑμός « faim », etc., tous termes d’origine également obscure ?
  15. Les deux sens se concilieraient ainsi : « sauter », c’est être léger ; « enlever » quelque partie d’un objet, c’est le rendre plus léger, plus petit. — Mais néanmoins cette parenté apparaît plutôt comme le résultat d’une confusion postérieure, en tant que la vraie forme du mot non dissimilé (cf. linad) serait *ném-el, de la rac. NEM* « prendre, ôter », qu’on trouvera sous etic. V. aussi nam et német. — Loth.
  16. Conj. Ern. — Mais cela supposerait la confusion invraisemblable des Quatre-Temps, non pas même avec le Carême, mais avec le carnaval. L’ags. est lencten « printemps ».
  17. Emprunté par les Germains, ag. leather, al. leder.
  18. Le rapport est peu concevable. On songerait plutôt à l’emprunt d’une forme de moyen anglais possible +lei-toun (cf. ags. tûn « enclos » > ag. town « ville »), qui aurait eu le même sens que l’ag. actuel lay-land a jachère ».
  19. Dans Medioldnum « Milan », (la ville du) milieu de la plaine (lombarde) : nom fort répandu. V. sous émesk.
  20. Difficilement ; car le phonétique exigerait impérieusement *lioonik. Mais le Gloss. Ern. s. v. admet que l’alternance de b et m équivaut à l’indication d’un o plus ancien. Ce point n’étant pas éclairci, la dérivation de libonik, ainsi que celle de luban, n’est consignée ici que pour mémoire.
  21. En tant qu’opposé à la chasteté ecclésiastique. Mais M. Ernault sépare les deux sens et rattache le second à UAk. V. ce mot, et cf. le double sens du lat. lùbrieus.
  22. Cf. le double sens du fr. afficher. Mais ici la métonymie serait inverse.
  23. Aussi λειτουργία, d’où le fr. liturgie.
  24. Se rattache à la rac. PELA, qu’on trouvera sous leân. Cf. aussi ailes et la note sous ilboéd.
  25. À preuve la forme parallèle lénad. La contamination vient de / Un, parce que l’ortie est aussi une plante textile. Four la dissimilation, cf. lémel.
  26. La couleur est comme l’épiderme d’un objet.
  27. Peut-on rattacher à libostren (sous libistr) et libourc’hen ?
  28. Les formes mbr. lizrin et lirzin (T.) ne sont pas de même provenance, ou bien elles sont corrompues.
  29. On ne voit pas comment rattacher à rac. LUK, d’où lat. lùna. V. sous luc’ha. Ir. et gael. luan a lune » est véhémentement suspect d’empr. lat.
  30. Peut-être pour *pl-ut-no-, dont on rapprocherait vaguement le lat. pullus, al. füllen « poulain ». Le sens s’est étendu en breton et spécialisé en irlandais. — Mcb.
  31. Ag. loin (et sirloin « surlonge ») est aussi empr. fr.
  32. Comme on dit « louer à tour de bras », etc.
  33. On rapproche, sans plus, visl. lurk-r « gourdin ».
  34. Aucun rapport avec lat. lupus, dont le p vient d’un q primitif ; quant à lat. oulpës, on n’aperçoit pas le lien.
  35. D’après l’étymologie, le second sens est le primitif.
  36. D’où sans doute aussi louézaé s. m. « punaise des bois » ; mais le mot est difficile a analyser.
  37. Chercher de même sous lo- les mots qui manquent sous loa-.
  38. Le mot se retrouve dans les vieux dialectes germaniques, mais s’y distingue nettement de ag. leaf « feuille » et al. laub « feuillage ».
  39. « Blanchâtre » sous un soleil voilé par les vapeurs.
  40. Effet produit par une chaleur étouffante.
  41. On y peut rattacher aussi lûg et lôgôden, dont il a été donné d’autres explications. Et même, à la grande rigueur, le sens « noir y » se concilie avec celui de la rac.
  42. L’l vient d’une sorte d’allitération par écho dans la liaison léaz usen > léaz lusen. — Conj. Ern.