Lexique étymologique du breton moderne/CH
Chaga, vb., s’arrêter, s’amasser : variante obscure de sac’ha.
Chajel (V.), s. f., mâchoire : dér. du même radical que chaoka.
Chai (V.), s. m., flux. — Étym. inc.
Chala, vb., chagriner, s’affliger. Empr. fr. ancien chaloir (« que m’en chaut-W !») devenu par corruption vb. personnel[1].
Chaoka, vb., mâcher (aussi chakein V.). Empr. germanique probable (ags. eëowan > ag. to chew, et al. kauen), mais peut-être contaminé de chzk. Cf. chajel et a.%.jaw « mâchoire » (sousjaved).
Charoṅs, s. m., espèce de vesce. Empr. fr. jarosse.
Chatal, s. m., bétail. Empr. fr. ancien chatel « cheptel ».
Chédé, chétu, adv., variante de sétu. V. ce mot.
Chévech (V.), s. f., fresaie. Empr. fr. chevêche.
Chik, s. f., menton. Empr. fr. chique « bille ».
Chika, vb., frapper avec un outil à gros bout (et chikein V. « meurtrir ») : dér. du précédent au sens de « bille ».
Chîf, s. m., chagrin. Emprunt probable, mais d’où ?[2]
Chilpa, vb., japper, glapir. Empr. germanique probable, cf. visl. gjàlpa, ags. gilpan et gielpan > ag. lo yelp.
Chipod, s. m., pluvier de mer : dér. du précédent. Ghipôd (T.), s. m., petite huche : peut-être « récipient où l’on chipote, où Ton prend par menues portions »[3]. Empr. fr.
Chita, vb., piauler. Onomatopée.
Choanen, s. f., miche. Empr. fr. ancien choine « [pain] blanc ».
Choka, vb., variante contractée de chaoka.
Chomm, vb., rester : autrefois « chômer ». Empr. fr.
1 Chouk, s. m., nuque, mbr. scouc ; cf. fr. ancien suc, provençal zuc, ital. zucca « courge », d’où « tête ». — Conj. Ern.
2 Chouk (V. ), s. m., le séant : identique à 1 chouk[4].
Choum (L.), vb., variante de chomm.
Chourik (V., C), s. f., bruit de frottement. Onomatopée ?
Chugein (V.), vb., sucer : dér. d’un mot *chug = mbr. sug, « suc, jus », corn. syg-an, cymr. sug. Empr. lat. sûcus « suc », et cf. fr. sucer et br. sùn (= cheunein V.). Le tout compliqué d’onomatopée.
Chuchuer, s. m., musard, tatillon. Empr. fr. ancien *chuchilleur, « chuchotant, balbutiant » ? Ou onomatopée plaisante ?
- Chupen ##
Chupen, s. f., veste (aussi jupen). Empr. fr. ancien jupe (en tant que vêtement masculin).
- C'H ##
C’hoalen, s. m., sel : pour *hoalen, variante métathétique de haloen. V sous holen et cf. l’évolution de môger.
C’hoanen, s. f., puce, cymr. chwain pl. : paraît dér. d’une rac. SWI « disparaître » (cf. al. schwinden, etc.), de même que ag. flea et al. floh « puce » se rattachent à la rac. germ. qui signifie « s’enfuir ».
C’hoaṅt, s. m., désir, mbr. hoant, corn. whans, cymr. chwant, vir. sant, gael. sannt id. : d’un celt. *swand-ito- ppe passé de rac. SWAD « être agréable », sk. scàd-ú « doux », gr. *σϝᾱδ-ύ-ς (swâd-u-s) ἁδός (ados) ἡδύς (hêdus) id. et *σϝανδ-άν-ω (swand-an-ô) ἁνδάνω (handanô) « je plais », lat. suāvis ( *suād ui-s, cf. suādère « persuader »), germ. *swôt-i- « doux », d’où ag. sweet et al. süss, etc.[5]
C’hoar, s. f., sœur, mbr. hoar, corn. huir, cymr. chwaer, vir. siur et fiur id. : d’un celt. *swesor- identique au sk. svásā et au lat. soror, et cf. ag. sister, al. schwester, vsl. sestra. etc. (ne manque qu’au grec).
C’hoari, s. m., jeu, cymr. chwar-au « jouer » et cf. vir. fuir-ec « festin » : supposent un vb. celt. *swer-ō, « je chante, je fais du bruit, je m’amuse », etc., dér. d’une rac. SWER « bruire », sk. svár-a-ti « il bruit », lat. su-surr-u-s « murmure », got. swar-an « bruire »[6], secondairement al. schwirr-en « bruire » et schwar-m « essaim » = ag. swarm. Cf. c'hoarz.
C’hoarvézout, vb., arriver, survenir, corn. wharfos id. : avec aspiration prothétique[7]. V. sous war et béza, et cf. cymr. cy-far-fod « assemblée ».
- ↑ Comme on dit en fr. même « je me souviens », au lieu de « il me souvient », seul historiquement correct.
- ↑ Le fr. dit « cela me chiffonne = me chagrine », et le mbr. a meschif, empr. fr. meschief « malheur ». C’est tout ce qu’on entrevoit de plus clair.
- ↑ Car par quelle voie serait venu le gr. ϰιϐωτός (kibôtos) ?
- ↑ Par extension et euphémisme ? En tout cas, l’étymologie de l’un et de l’autre est inconnue, probablement compliquée d’argot.
- ↑ Aucun rapport dès lors avec koaṅt, mais il serait surprenant que l’étymologie populaire n’en eût pas établi.
- ↑ Passé au sens de « parler » ou similaire, dans ag. to an-swer « répondre » et to swear = al. schwör-en « jurer ». — Cf. toutefois cymr. gwarae « jeu ».
- ↑ On trouvera dans quelques-uns des mots suivants d’autres exemples du même phénomène ; cf. Eruault, Mém. Soc. Ling, X, p. 334. — Quant à la formation, on peut comparer le fr. sur-venir.