Texte établi par Faculté des lettres de Rennes, J. Plihon et L. Hervé (p. 156-167).
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H

Ha, et, variante de hag devant consonne.

Habask, adj., doux, d’humeur accommodante : pour *he-bask « facile à nourrir » (un animal). V. sous hé- et paska, et cf. burzud.

Hak, s. m., hoquet, cf. gael. agadh « bégaiement ». Onomatopée.

Hakr, adj., variante de akr. V. ce mot[1].

Hâd, s. m., semence (et hada vb.), mbr. hat et had-aff » semer », cymr. had et had-u, corn. has id. : d’un celt. *sa-to- « semé » = lat. sa-tu-s ppe passé de rac. SÊ, sk. sa-syà et zd hahya « blé », lat. sē-men, etc., got. sai-an « semer », ag. to sow et al. sä-en, ag. see-d et al. saa-t « semence », vir. si-l « semence » et cymr. hî-l « postérité », vsl. sè-ti « semer », etc. Cf. aussi hoal, 2 héd, heiz et dihiḷa.

Hag, et, corn. hag et ha, cymr. ac et a, cf. vir. ac, acus, ocus, etc. : exactement « en outre, en ajoutant », d’une rac. qui signifie « proche, approchant, s’ajoutant à », corn. ogosu « près », cymr. agos « voisin », vir. acus et ocus id., uc et oc « près » cf. gr. ἀγχ-ὶ et ἐγγ-ύ-ς « proche », sk. (rac.) et naç « atteindre ». Cf. ha, hôgen, hôgoz et eṅk. — Rapports indécis.

Hal, s. m., pour halv, variante de halô.

Haḷébod, haḷévod, s. m., gueux, vagabond, mbr. hailhebod. Empr. fr. ancien hallebot-eur, « grappilleur, vagabond ».

Halek, s. m., saule (sg. haleg-en), corn. heligen, cymr. helygen, vir. sail (gén. sailech), ir. saileàg, gael. seileach id : d’un celt. *sal-ik- identique au lat. salix, gr. ἐλίϰη (arcad.), ag. sall-ow, al. sal-weide.

Halô, s. m., salive, cymr. haliw, vir. saile, ir. seile, gael. sile id. : supposent un celt. *sal-iwo-, presque identique au lat. saliva, sans autre équivalent connu, mais très probablement dér. du même radical que holen (en tant que liquide salé). V. ce mot.

Haṅ, s. m., variante de haṅv. V. ce mot.

Hanaf, s. f., coupe, jatte, etc. Empr. fr. ancien hanap.

1 Hanô, adv., variante aspirée de anô.

2 Hanô, s. m., nom (aussi hanv), mbr. hanff et hanu, cymr. enw, vbr. anu, vir., ir. et gael. ainm id. : d’un celt. *an-men-, gr. ὄνο-μα, vsl. imç, et cf. sk. na-ma, lat. nô-men, got. na-mô, ag. name et al. name « nom »[2].

Haṅter, s. m., moitié, corn. hanter, cymr. hanther > hanner id. : soit un celt. *san-tero- < i.-e. *sni-tero- « l’autre » (en ne parlant que de deux), gr. dialectal ἅ-τερο-ς ἕτερος[3] ; le celt. probablement influencé dans sa signification par un autre celt. *sëmi-iero- « demi », dér. de l’i.-e. *$ëmi-, sk. sdmi-, gr. ἡμι- et ἥμισυς, lat. sëmi- « demi », etc.

Haṅv, s. m., été, mbr. haff, corn. et cymr. haf s vir. sam (d’où le composé sam-rad > ir. et gael. samhradh « été ») : d’un celt. *sam-o-, sk. sàm-à « année », zd ham-a « en été », visl. sum-ar, ags. sum-or > ag. summer, vhal. sum-ar > al. sommer[4]. Cf. gr. ἡμ-έρᾱ « jour ».

Hanv, s. m., nom. V. sous 2 hanô.

Haṅvesken, s. f., vache stérile : exactement « [vache] qui n’a pas produit de l’année » [5]. V. sous hanv et 2 hesk.

Haô, adj., variante de . V. ce mot.

Hardiz, adj., hardi, violent. Empr. fr. ancien hardiz (cas-sujet).

Harlua, vb., bannir, chasser, mbr. harluaff> avec fausse aspiration pour vbr. ar-lu « il a empêché », cymr. arluo « arrêter » : dér. de préf. ar-, et d’un mot *lu « force armée » conservé partout ailleurs qu’en br. ; corn. lu et cymr. llu, vir. sluag « armée », ir. et gael. sluagh « gens », celt. *sloug-o- attesté en outre par le gaul. Catu-slôgï n. pr. (les gens de guerre) et le n. pr. br. Ker-lu. Cf. aussi vsl. slug-a « serviteur ».

Harnez, s. m., ferraille, harnais : contamination de l’empr. fr. harnais (venu du celt.) avec une dérivation de houarn. V. ce mot.

Harp, s. m., appui, soutien. Empr. fr. ancien harper « empoigner », avec contamination possible du sens du mot suivant.

1 Harz, s. m., arrêt, obstacle, borne, et cf. harz (V.) : dans l’hypothèse, d’ailleurs peu probable, où ce dernier serait emprunté à un autre dialecte breton, on pourrait songer à un type de ppe passé celt. *sar-to- y de même origine que le vb. lat. ser-ô « j’entrelace », qu’on trouvera sous kéfret.

2 Harz, aboiement (et harzal « aboyer »), mbr. harzaff, avec une fausse aspiration pour vbr. arton et cymr. arthal id. : plus anciennement sans doute « grogner à la façon d’un ours », cf. cymr. arth et vir. art « ours », sk. fk$a, gr. ἄρϰτος, lat. ursus. V. la note sous déach.

3 Harz, adv., proche (cf. s. m. pl. harzou « limites ») : identique à 1 harz « faisant obstacle > heurtant contre > jouxtant ».

Hast, s. m., empressement. Empr. fr. ancien haste.

Havrek, s. m., guéret. Le mot ressemble, mais de bien loin, au bas-lat. *warectum (du germanique), d’où vient aussi fr. guéret.

1 Hé, pronom de 3e  pers. du sg., sujet ou complément (aussi heh et hen)[6], mbr. çff, corn. ef > e, cymr. em> ef> d’un démonstratif celt. *emoidentique au sk. àma « celui-ci » ; aspiration surajoutée en br.

2 Hé, son, sa : correspond à deux anciens génitifs du thème indiqué sous 1 a, l’un msc. (sk. anya « de lui »), l’autre fm. (sk. asyàs « d’elle »), ce qui explique que hé « de lui » exige mutation douce et hé « d’elle » mutation forte ; cf. cymr. clust « oreille », ei glust « l’oreille de lui » et et chlust « l’oreille d’elle » ; avec aspiration surajoutée en br.

Hé-, particule préfixée avec le sens du gr. εὐ- « bien », corn. he-, cymr. hy-, vir. su-, gaul. su- [7], sk. su- (et isolément sa « bien »), zd. Au-. Cf. habask et qquns des mots suivants.

1 Héal, adj., cordial, généreux, mbr. et cymr. hael, vbr. hael- (dans un n. pr.) : suppose un celt. *sag-lo-, homologue de *sag-ro- « fort » qu’on trouvera sous (éar, et dér. comme lui de la rac. SEGH qu’on trouvera sous le suivant : cf. sk. sàh-a-te « il est victorieux » et sâhas « force triomphante », celt. *seg-o-, « fort, vainqueur », attesté par le gaul. Sego- en tête de divers noms propres, got. sig-is, visl. sigr et al. sieg « victoire », etc. V. d’autres répondants sous 2 héal.

2 Héal, s. f., fourche de la charrue (par où on la tient), mbr. haezl, cymr. haeddel, d’un celt. *sag-e-dla = gr. ἐχ-έ-τλη, « manche, poignée » : tous deux dér. de rac. SEGH « tenir ferme », gr. *ἔχ-ω ἔχω « j’ai », cf. l’esprit rude de ἕξω et le σ de ἔ-σχ-ε « il eut » ; autres dérivés sous 1 héal.

Hék, s. m., irritation, chicane, mbr. hec « odieux ». — Étym. inc, mais les mots fr. chicane, agacer, etc., ne sont pas plus clairs[8].

1 Héd, s. m., longueur, mbr. het, corn. hès, cymr. hyd « longueur » et « jusqu’à » (cf. bété), vir. sith « long » (préf. intensif), ir. et gael. sith, « marche vers, assaut » : d’un celt. *se-ti" de même rac. que br. hîr.

2 Héd, s. m., essaim, mbr. het, cymr. haid, vir. saithe id. : d’un celt. *satyà « génération » (cf. lat. sa-tiô « ensemencement »), dont on trouvera la rac. sous hàd mais avec changement de genre en br.

Hégar, hégarad, adj., affable, affectueux, corn. hegar, cymr. hygar, gaul. n. pr. Su-car-ios. V. sous hé- et kâr.

Hégin, s. m., variante aspirée de égin, V. ce mot.

Hégléô : adj., sonore, clair ; s. m., écho[9] : cymr. hy’glyw(&d).) < celt. *suklew-o-, « qu’on entend bien, facile à entendre ». V. le préf. sous hé- et la rac. sous klévout.

Heiz, s. m., orge, cymr. haidd, gaul. probable sasia « seigle » (asia après un s dans Pline) : d’un celt. *sa-syo-, sk. sasyà et zd hahya « céréale », qui peut-être se rattache à la même rac. que hâd. V. ce mot.

Heizez, s. f., biche, cymr. hydd-es fm. de hydd « cerf ». Empr. germanique probable, et vraisemblablement très ancien : cf. ags. hind > ag. hind, al. hinde > hind-in « biche ».

Héja, vb., secouer, mbr. hegaff[10]. Empr. fr. hocher.

Hélavar, adj., éloquent, affable, vbr. helabar : préf. hé- et lavar.

Hélédan, s. m., grand plantain, corn. enlidan, cymr. henllydan (y ffordd) id. : pour hèd-lédan[11]. V. ces mots.

Helluz, adj., possible : dér. de gall-oud. V.ce mot[12].

Helmoï, vb., s’accouder : dér. et altéré d’un emprunt germanique (ags. ?) au moins très probable, cf. ag. elbow « coude ».

Hémolc’hi, vb., chasser. V. sous émol&h.

Hen, adj., vieux[13], corn. et cymr. hen > hên, vir. sen y ir. et gael. sean, gaul. Seno- en tète de divers noms propres : d’un celt. *sen-o- dont le comparatif est lat. sen-ior, cf. sk. sâna « âgé » et sanàd « depuis longtemps », gr. ἕνος, lat. s en-ex, got. sin-ista superlatif, germ. latinisé siniscalcus « le doyen des domestiques » (> fr. sénéchal), lit. sénas, etc.

Héna, adj., aîné, mbr. henqff, superlatif de hen.

Hénôz, adv., ce soir. V. sous 1 hé et nôz.

Heṅt, s. m., chemin, mbr. hent, corn. /uns, cymr. hynt, vbr. hint « chemin », vïr.sét, it.saod et seud, gael. saod « voyage » : d’un celt. *sento-[14], qui ne se retrouve qu’en germanique, got. sinth-s « chemin », vhal. sind (disparu, mais cf. al. ge-sin-de « cortège » et sen-den « envoyer », etc.).

Heṅted, s. m., allonge : pour hét-ed, avec nasalisation illégitime, peut-être empruntée à astenn. V. ce mot et 1 héd.

Heṅtez, s. m., le prochain : comme qui dirait collectivement « ce qu’on rencontre sur son chemin » ou mieux encore « l’ensemble des compagnons de route », dér. de heṅt mais cf. heṅti.

Heṅti, vb., fréquenter ; contamination del’empr. fr. hanter par le br. heṅt.

Henvel, vb., nommer : dér. de hanv > hanô.

Héol, s. m., soleil, mbr. heaul, corn. heuul > houl, cymr. haul > fieul-, vir. suit « œil », gael. sùil id. : d’un celt. *sàwali- et *«û/i- « soleil », cf. sk. surya, gr. *σᾱϝελιος ἡέλιος ἥλιος, lat. sôl t got. *aiuï (ag. sun, al. sonne dérivés secondaires), lit. saâlè, etc.

Héôr, s. m., variante aspirée de éôr. V. ce mot.

Hép, prép., sans, corn. heb, cymr. heb 9 « sans, outre », heib-io, « outre, excepté », vbr. hep « sans », vir. sech, ir. et gael. seach « outre » : d’un celt. *seq-os, à peu près identique au lat. sec-us « en moins » et au sk. sâc-â « avec »[15] ; la rac. est SEQ « suivre », sk. sàc-a-te, gr. ἕπ-ε-ται et lat. sequ-i-tur « il suit », got. saihw-an, ag. to see étal, seh-en « voir ».

1 Her, s. m., héritier. V. sous 2 aer.

2 Her, adj., hardi, insolent, mbr. hear, cymr. hydr, vbr. hitr, vir. sethar « fort » : d’un celt. *set-ro-, qui n’a nulle part d’équivalent certain (vsl. chot-èti « vouloir » peut à peine s’y rattacher).

Herberc’h, s. f., hospitalité, abri. Empr. fr. ancien herberge (lui-même empr. germ.),d’où fr. héberger et auberge.

Héré, s. m., octobre, mbr. miz hezreff, corn. mis hedra, cymr. mis hydref, exactement « mois [de fin] de l’automne » ? : le nom de l’automne serait dér. de hezr = hydr (sous 2 her), comme qui dirait « la saison puissante de la fécondité », ainsi qu’en lat. au(c)tumnus par rapport à aug-ëre.

1 Hérez, s. f., héritière : dér. de 1 her.

2 Hérez, s. f., variante de érez. V. ce mot.

Herlégon, s. m., aigrette (héron blanc). Empr. bas-lat. altéré *hagirônem (d’origine germanique), d’où viennent aussi les deux mots français.

Herr, s. m. (d’où herruz « fougueux »), variante de err.

Hervez, prép., selon (aussi ervez), cymr. herwydd, « à cause de, selon, parmi », corn. yn aga herwydh « en leur compagnie » : pour *ar-wez « en la forme, la manière, la présence de », cf. mbr. goez « forme » et cymr. gwydd « présence ». V. sous ar- et ac’houéz.

1 Hesk, s. m., glaïeul ou roseau à feuilles coupantes, corn. heschen, cymr. hesg « jonc », vir. *sesc dans le dér. sesc-enn « marécage » (roselière, cf. ir. seisgeann et gael. seasgann), ir. seing « jonc » : soit un celt. *seskà > qui peut être une forme de réduplication tirée de la même rac. que lat. secàre « couper » ; cf. aussi ag. sedge < « jonc ». V. sous heskenn.

2 Hesk, adj., stérile, tari : contamination, par le fr. sec, du br. régulier hesp. V. ce mot. Ou alternance de gutturale et vélaire dans le suff. (-ko- : -qo-) ?

Hesked, s. m., abcès qui ne suppure pas : dér. de 2 hesk.

Heskémen, s. f., chantier. Empr. fr. ancien eschamel « billot », du lat. scamellum. Cf. eskammed et aussi cymr. esgemydd « banc ».

Heskenn, s. f., scie : soit un celt. *se-sk-inna ou *sek-sk-inna, dér. d’un type pareil à 1 hesk. V. ce mot et surtout lat. sec-àre.

Heskina, vb., agacer, mbr. hersquinaff «railler ». Empr. fr. ancien eschiner (en prononciation normande) « échiner »[16].

Hesp, adj., stérile, cymr. hysp, vir. sesc, ir. et gael. seasg id. : d’un celt. *sisqo- « sec », zd hisku, gr. ἰσχ-νό-ς « maigre », lat. siccus ( *sit-go-s, cf. sit-i-s « soif »), etc. ; équivalences approximatives.

Héta, vb., souhaiter, plaire. Empr. fr. ancien haitier « plaire », qui est le second terme de sou-haiter, et cf. la locution de bon hait « de bon cœur » encore usitée dans la langue de la Bretagne française.

Heûd (C.), s. m., entrave, embarras (aussi hod V.) : abstrait d’empr. fr. ancien heuder « fixer », qui est d’origine germanique.

Heûg, s. m., répugnance, aversion ; cf. mbr. heugui et heugal « roter », cymr. cyf-ogi « vomir ». Onomatopée.

Heûl, s. m., action de suivre, suite, trace, corn., cymr. et vbr. ol id. : avec chute ou métathèse d’une aspiration devenue finale, pour *olch < celi. *olg-o- < *poly-o- t qui n’a de répondant possible qu’en germanique[17], ag. iofoll-ow, d.folg-en « suivre ».

Heut (V.), adj., maladroit : paraît abstrait et altéré du mbr. heurtaff « s’aheurter ». Empr. fr. heurter cl cf. horz.

1 Heûz, s. m., botte, guêtre. Empr. fr. ancien heuse.

2 Heûz, s. m., variante de 2 eûz. V. ce mot.

Hével, adj., semblable (dénasalisé pour henvel), mbr. et corn. haoal, cymr. ha/al, vbr. -hemelet amal, vir. samail « image » et samlith « ensemble », ir. et gael. samhail « pareil », etc. : d’un celt. *sam-ali-, à peu près identique à gr. ὁμ-αλό-ς « égal » et lat. sim-ili-s, tous dér. d’une rac. SE M « un » (cf. hanter), sk. sam-â « égal. », gr. ἅμ-α et ὅμ-ου « ensemble », lat. sim-ul, Sig.same « même », al. sam-t « ensemble », etc.

Hévélep, adj., pareil, conforme : pour *kévélep[18], que semble attester cymr. ctjffeltjb « semblable » à décomposer en *kev-he-lep « [faisant] bonne iigure avec » ; la rac. est LIQ, « forme, corps, apparence » (cf. disléber), surtout développée en germanique, al. leich-e « cadavre », got. ga-leiks « de même forme > égal > semblable », ags. g elle > ag. alike > like et al. gleich. V. les préf. sous *ke- et hé-,

Hévléné, adv., cette année (aussi hélénéC), cymr. eleni id. : pour *enoléné « dans l’annuel », le premier terme étant 1 en, et le second une sorte d’adj. (soit celt. *bleinyo- pour *bleid-n-yo-) dér. du radical d’où est issu bloaz. V. ces mots, et cf. léné et warléné.

Hi, elle : soit une forme primitive *si, fm. du démonstratif *syo- > sk. syâ, etc., auquel se rattachent également les formes féminines ag. she et al. sie. (Ici l’aspirée est étymologique ; cf. .)

Hibil, s. m., variante de ibil. V. ce mot.

Hiboud, s. m., murmure, délation : pour ibout < imbout, abstrait de l’empr. fr. imputer « dénoncer »[19]. — Ern.

Hîk, s. m., hoquet, cf. ag. hiccough. Onomatopée.

Higen, s. f., hameçon, mbr. iguenn, corn. hyc, cymr. kig et hig-ell id. : parait emprunté (avec ë devenu régulièrement celt. î) à un germ. très ancien *hëga > vhal. hàgo > al. haken « croc », cf. ag. hook.

Higolen, s. f., pierre à aiguiser, mbr. hygoulen, corn. ancien ocoluin, cymr. ogalen et hogalen id. : soit un celt. *ak-ulènà dér. de rac. AK, cf. gaul. ac-aunu-m « pierre » et cymr. hog-i « aiguiser ». V. sous ék.

Hili, s. m., saumure (aussi héli), cymr. heli id. : soit un celt. dér. ^sal-ïn-, issu de la même rac. que holen ; cf. le dér. lat. salïnae pl.

Hiliber, s. m., corme, sorbe : composé de pér, et de mbr. illy « sorbier », d’origine inconnue, mais qui se laisse vaguement rapprocher de hirin et iliô (ce sont tous noms de plantes à baies).

Hillik, s. m., chatouillement : abstrait d’un empr. bas-lat. (avec chute de l’initiale comme dans inam et autres) *tillicàre, écourté de *titillicàre, fréquentatif de titillàre « chatouiller ». — Conj. Ern.

Hiṅkané, s. m. f., cheval ou jument qui va l’amble. Empr. fr. ancien altéré haquenée, qui a le même sens.

Hiṅkin, s. m., pointe du fuseau, chandelle de glace : dér. de ehk avec fausse aspiration (extrémités effilées et longues). V. ce mot.

Hiṅcha, vb., montrer le chemin : dér. de hent[20].

Hini, celui, celle, cymr. hyny, démonstratif secondairement dér. du même radical que ann. V. ce mot et cf. hoàt.

Hinnôa, vb., braire. Empr. lat. hinnïre « hennir ».

Hiṅviz, s. f., variante plus ancienne de hiviz.

Hir, adj., long, corn. et vbr. hir, cymr. hir, vir. sir, ir. sior, gael. sïor id. : d’un celt. *së-ro- identique au lat sè-ru-s « tardif » (cf. sk. sâyâ « soir ») et dér. comme lui d’une rac. SE, « étendre, allonger », vir. si-n-im et gael. sin « étendre », vir. is-sius « en longueur », mhal. seine « tout doucement », ag. sith, sin et since « depuis ». V. aussi 1 héd.

Hirin, s. m., prunelle, mbr. irin, cymr. eirinen, vir. airne : soit un celt. *arinio-, cf. sk. arâni « le tourniquet à faire du feu »[21].

Hirlô, adv., aujourd’hui, mbr. hiziu, cymr. heddyw* d’un celt. *se-diic-os = sk. sadio-as « aussitôt » : le premier terme est le démonstratif qu’on trouvera sous ann, et le second la rac. du mot deiz. V. ces mots[22].

Hiron, adj., métis. Empr. fr. Huron[23]. — Conj.

Hirr, adj., variante de hir (d’où hirraat, hirruz, etc.).

Hirvin, s. m., variante de irvin. V. ce mot.

Hirvoud, s. m., sanglot. V. sous hir et boud.

Histr, s. m., huître, mbr. et corn. estren, vir. ostrin. Empr. lat. altéré ostreum > ostrea > *ostria (cf. le fr.).

Hiviz, s. f., chemise de femme, mbr. hincis, corn. heois. cymr. hefys. Empr. germ. très ancien *hamîthya- « chemise » (> al. hemd), d’où vient aussi bas-lat. camisia. Cf. la variante kamps.

Hiviziken, adv., désormais : exactement « d’ici à jamais », cf. 1 hé et birciken (et similaires).

1 Hô, votre : procède d’une ancienne forme de génitif de c’houi.

2 Hô, leur : procède d’une ancienne forme de génitif pl. du démonstratif indiqué sous 2 hé (sk. gén. esâm « d’eux »).

Hoal, s. m., âge, mbr. hoazl, cymr. hoedl, vbr. hoetl- (dans un n. pr.) : d’un celt. "sai-tlo-, de formation parallèle à celle du lat. sae-clo-m >* saeculum « génération », et relevant comme lui de rac SE e semer », qui devait avoir une forme secondaire SÉi SAi. V. sous hâd.

Hoala, vb., attirer, capter, mbr. hoalat, dér. d’un mot perdu *c’hoel « tour », cymr. chwel et chicyl, vir. sel et bel « action de faire tourner » : supposent une rac. SWEL, « tourner, agiter », gr. σάλ-ο-ς « houle », lat. sal-u-m « mer », ag. to swell et al. schwellen « se gonfler », etc.

Hôgan, s. m., fruit de l’aubépine ou de l’églantier : soit un celt. *ak-auno- « épineux », corrompu en *aukano-. V. la rac. sous higolen.

1 Hôgen, s. f., ramas : exactement « fait de rapprocher, addition ». V. sous hag la racine et les autres répondants celtiques.

2 Hôgen, mais, vbr. hacen « et cependant », etc. : identique au précédent et, comme sens, à la locution française « au surplus ».

Hôgoz, adv., presque : exactement « en approchant de », dér. du même radical que hôgen et hag. V. ces mots.

Hoc’ha, vb., grogner : dér. de houc’h. V. ce mot.

Holen, s. m., sel, corn. haloin, cymr. halen, vir., ir. et gael. salann id. : d’un celt. *sal-ëno- ou *sal-anno-, dér. de l’i.-e. *sal-, gr. ἄλ-ς, lat. sàl, ag. sal-t, al. sal-z, vsl. sol-ï. V. aussi c’hoalen.

Holl, adj., tout, corn. et vbr. hoh cymr. holl et oll id. V. sous oll.

Hon, notre, corn. agan, cymr. ein, etc. : paraît contenir le même radical i.-e. que gr. ἀμμές (ἡμεῖς) < **ἀ-σμε = *ṇ-sme, cf. got. et al. uns, ags. *uns > us > ag. us, subsidiairement sk. nas et lat. nos, etc. Cf. ni.

Hont, adv., là, cymr. hwnt, vir. *sunt > sût « cela » : soit un dér. d’un radical démonstratif pareil à celui qui a produit ann. Cf. hini.

Hopa, vb., crier pour appeler : dér. de l’exclamation hop !

Horden, s. f., paquet, charge : abstrait d’un empr. fr. ancien se hourder « se charger » ; cf. hourd, terme d’architecture. — Conj.

Horella, vb., vaciller : aussi horjella, qui accuse la dér. irrégulière et corrompue de l’empr. fr. horloge (à cause de l’oscillation du pendule) > br. horolach, etc.[24]

Horz, s. f., maillet, pilon (aussi orz), vbr. ord, cymr. gordd, vir. ordd, ir. et gael. ord id. : d’un celt. *ard-o-, « puissant, dressé », etc. ? auquel il est difficile de trouver un équivalent sûr ; cf. sk. vârdh-a-te « il s’accroît », gr. ὀρθ-ό-ς « droit », lat. ard-uu-s[25]. — Mcb.

Houad, s. m., canard (pl. houidi), mbr. houat, corn. hoed, cymr. hwyad. — Étym. inc. Cf. Uhlenbeck, Aind. Wb. t s. v. sipras.

Houarn, s. m., fer, corn. hoern, cymr. haiarn > hearn, vbr. hoiarn, vir. iarn, ir. iarann, gael. iarunn id., gaul. *isarnon dans Isarno-dori « les Portes de fer » et autres noms de lieux : d’un celt. *eis-arno-, adj. de matière dér. de l’i.-e. *ais-, « airain, fer », sk. âyas, lat. aes, etc.[26].

Houé (V.), s. m., poussière, poudre. — Étym. inc.

Houc’h, s. m., porc. corn. hoch, cymr. hwch, vir. *socc > ir. suig id. : supposent un celt. *sukku-, dér. de rac. *su-, qui est le nom générique du pourceau en i.-e., sk. su-karà « sanglier », gr. ὗ-ς, lat. sū-s, ag. sow[27], al. sau, etc. Cf. la rac. SÛ sous dozvi (femelle très féconde).

Houja, vb., reculer (se dit surtout des bêtes de trait) : dér. de quelque onomatopée employée pour les faire reculer. — Conj.

Houlier, s. m., proxénète. Empr. fr. ancien holier et houlier, « débauché, courtier de débauche », d’origine très obscure.

Houpérik, s. m., huppe (oiseau) : dimin. d’un mot *houper « porteur de huppe », dér. d’empr. fr. houppe = huppe[28].

Houpez, s. m., houblon : dér. de hop emprunté au hollandais.

Houpi, vb., se hérisser (former des houppes) : dér. d’empr. fr.

1 Hû, vous : forme atone de c’houi. V. ce mot.

2 Hû, s. m., huée. Empr. fr. ancien hu id.

Huai, s. m., entrave, obstacle, corn. fual > hual, cymr. huai, qu’on a ramené avec doute à un empr. lat. fibula « agrafe ».

Huanad, s. m., soupir, mbr. huanat pour *uh-anat, cymr. uch-enaid, vir. osnad, ir. et gael. osnadh id. : soit « haute inspiration », composé du radical de huel et d’un dér. de la rac. AN À « respirer ». V. sous alan, anaoun et huel[29]. Pour la formation, cf. lat. an-hëlu-s « haletant ».

Hubot (C.), s. m., fripon, gueux : paraît altéré et écourté de halébot. V. ce mot. — Conj. Ern., et cf. Thurneysen, Keltorom, p. 24.

Hudur, adj., malpropre, obscène : corrompu de loudour[30].

Huel, adj., haut (pour uc’hel), mbr. uhel, corn. huhel, cymr. uchel, vir. uasal, ir. et gael. uasal, gaul. *ux-ello-s « haut » dans Uxello-dunum n. pr. : d’un celt. *ouk-s-elo- pour *oup-s-elo-, gr. ὑψ-ηλό-ς, et cf.ὑπ-ὲρ, ὑπ-ὸ, ag. up, vhal. ûf > auf, etc.[31].

Huélen, s. f., absinthe, armoise, mbr. huffelen et huzelen, corn. fuelein id. : peut-être dér. d’empr. lat. fîbula[32]. Cf. hual.

Huerai, vb., quereller. Empr. fr. ancien hergner « hargner ».

Hugen, s. f., luette : dér. br. du genre de dourgen, refait sur l’empr. lat. ûva « grain de raisin »[33]. — Conj. Ern.

Hugéolen ( V.), s. f., ampoule (aussi ugèolen) : parait dér. du même radical que hugen, cf. ital. ugola « luette ».

Huler (V.), s. m., suie : pour *huc’hl-er, dér. de *huc’hel, qui est une variante dialectale de huzel ; ou pour huzel, par changement de z en r, soit *hurel, et métathèse (Loth). V. ce mot.

Hûn, s. m., sommeil (pour *hûnv, cf. hunv-ré)[34], mbr. et corn. hun, cymr. hûn, vir. « aan, ir. suan, gael. saam id. : soit un celt. *stoow-no- pour *$wop’no- 9 dér. de la rac. SWEP « dormir », sk. svâp-i-ti « il dort » et scâp-na« sommeil », gr. ὕπ-νο-ς, lat. *sop-no-s > somnus et sôp-ire, ags. swef-n « songe », lit. sâp-nas « songe », vsl. sûnû « sommeil ».

Hunégan, s. m., loir, marmotte : dér. du précédent.

Huṅvré, s. f., songe : dér. de hûn. V. ce mot.

Hurlink, s. m., cauchemar, cf. cymr. hun-llef id. : ce dernier parait signifier « cri de sommeil ». V. sous hûn le premier terme ; le second (éventuellement sous lenv) a subi une corruption en cymr. ou en br.

Hurlou, s. m. pl., goutte, crampe : le nom complet est drouk Sant Ourlaou, appellation plaisante construite sur le radical hurl-, à cause des cris que la douleur arrache au malade. Empr. fr. hurler.

Huvré, s. f., variante usuelle de hunvré. V. ce mot.

Huzel, huzil, s. f., suie, cymr. hudd-ygl (et cf. hudd « sombre »), vir. suid-i > mir. suithe, ir. sûithche, gael. sùith id. : soit un {abréviation|celt.|celtique}} *soidy& ou *soudyà, altération inexplicable pour *sod-ya «[substance] qui s’assied », c’est-à-dire « s’agglutine, se dépose », dér. de rac. SED, ags. sôt > ag. soot (le fr. suie est empr. germ.), al. ruas (pour *suss ?). V. sous azèza.

    L’initiale h est comme une forme de compromis entre l’initiale vocalique simple et l’initiale &h.

  1. Comme l’h br. ne se prononce plus guère, il est arrivé fréquemment qu’on l’a supprimé là où il était étymologique, ou au contraire qu’on l’a suppléé où il n’avait que faire. On cherchera donc sous la voyelle suivante les mots qu’on ne trouverait pas sous li> et réciproquement. — Toutefois, si hakr procède en effet de akr t il a, par un effet d’emphase, reçu l’A dès l’époque brittonique ; corn. hac-ter « laideur » et hager « laid », cymr. hagr « laid » et hacr-u « enlaidir ». — De toute manière, il reste dans cette hypothèse une énigme iusoluble : la conservation du k, qui aurait dû devenir g, puis diphtonguer la voyelle ; et la difficulté ne disparait pas, si l’on explique Vh initial par un emprunt ou une forme celt. apparentée au lat. sacer « exécrable ».
  2. Les conditions phonétiques indo-européennes ne sont pas pleinement éclaircies ; mais on voit que le br. seul présente une aspiration prothétique, relativement récente.
  3. Comparatif de l’i.-e. *sém-s « un » > gr. *ἕμ-ς εἶς.
  4. Le nom d’une saison pris pour celui de l’année, ou inversement, est partout une métonymie courante. Cf. aussi haAoesken.
  5. Ou qui a porté toute l’année pour n’aboutir qu’à avorter.
  6. La nasale primitive nettement conservée dans hen-horlt, hen-nez, mais perdue dans hé-mafl (démonstratifs).
  7. Par exemple dans SV-CELLOS, surnom du dieu qui a « un bon frappeur, un bon marteau », dans le monument qu’a commenté M. d’A. de J. — Cf. V. Henry, Journ. A*., 9« sér., XI, p. 329.
  8. Cf. encore hakr et akr, heûg, fr. Héquet n. pr. eto.
  9. Il est difficile de croire que le nom de la « joubarbe » ne soit pas le même mot ; mais on n’en aperçoit pas la raison.
  10. Tout indique qu’ici le g est à prononcer comme j.
  11. « Longueur large » : les épis sont longs et les feuilles larges. Ou bien hédlédan serait-il dû à l’étymologie populaire ? Dans ce cas, le corn. et le cymr. auraient la vraie forme, mais leur syllabe initiale résiste à l’analyse.
  12. Le changement de g en h, ici et dans diverses formes de conjugaison de ce vb., tient, d’une part, à la chute de g initial dans certains auxiliaires très usités (cf. gober : ôber, gra : ra, gouzout : ouzout), de l’autre, à la mutation douce de g en c’h.
  13. Le mot est tombé comme tel en désuétude ; mais ses dérivés subsistent. Cf. le suivant. Le vbr. a hendat « grand-père » et henmam « grand-mère ».
  14. Gaul. sentum à la fin de divers noms de lieux.
  15. Le contraste constant de signification s’éclaire par le lat. praeter, qui lui aussi signifie tout à la fois « outre » et « hormis ». Cf. aussi ébiou.
  16. Peu sûr : ni le sens du mbr., ni l’r qu’il insère, ne s’expliquent par cet emprunt.
  17. Mais dans tout le germanique. La décomposition de folgen en +ooll-gehen (Kluge s. v.) rendrait ce rapprochement fort douteux ; mais elle-même est assez douteuse. — Cf. d’autre part cymr. hatol « poursuite judiciaire » et hol-i a réclamer » : phonétiquement, br. heùl semble le même mot ; deux quasi-homophones se sont évidemment contaminés ; mais d’où vient le second ?
  18. L’initiale, à raison de la synonymie, s’est assimilée à celle de hécel. — Conj. Ern. (la plus plausible de quatre).
  19. C’est donc le second sens qui est le primitif. Le premier vient de la contamination de boud. V. ce mot et hirvoud.
  20. Très régulièrement, pour *hentya, par métaphonie de e eu i devant un suffixe contenant la semi-voyelle dï, et changement normal du groupe t + y en ch.
  21. En bois très dur, comme l’est aussi celui du prunellier. Le rapprochement avec cymr. aren « rein » (pl. eirin) = vir. aru (al. niere « rognon », corps dur et ovale) est intéressant, mais bien problématique.
  22. Pour la formation, cf. vir. in-dlu, ir. andiu gael. diu « aujourd’hui », et lat. ho-dië.
  23. Nom d’un peuple de race américaine ; puis, par extension, sobriquet d’un métis de race européenne et américaine ; enfin « métis » en général.
  24. Quant à horella « jouer à la crosse », il est bien difficile de se prononcer ; car l’ag. to hurl (conj. Ern.) ne pourrait être qu’un emprunt récent : au moyen âge encore, la forme correcte esihurtle et le mot n’est pas anglo-saxon.
  25. Le plus probable, c’est qu’on a affaire à un radical exclusivement celtique (cf. tourta), qui lui-même a servi de souche au fr. heurter.
  26. Le germanique *eisarn (d’où ag. iron et al. eisen) est directement emprunté au celtique très ancien.
  27. Ag. hog est emprunté au cymr. ou au corn.
  28. Le sens fr. dér. « dupe » a aussi passé au breton.
  29. Conj. Ziramer. — Ou bien un radical *ouk-s- y dér. d’un type uch (vir.) « soupir », qui se retrouve en germanique et le tto -slave et peut procéder d’onomatopée (Stokes, Mcb.).
  30. Abstrait, par exemple, d’un groupe eul loudouren « une souillon », comparé à eun tout loudour « un sale trou » qu’on peut couper toull *oudour, etc. : de là donc aussi eunn *oudouren, et subsidiairement ou > a, puis h prothétique. Mais, avec tout cela, Vu pour ou fait grande difficulté.
  31. Cf. Davau, Mém. Soc. Ling., VIII, p. 256.
  32. A cause de la forme des corymbes ; en tout cas, contaminé en br. de huzel (amertume de la suie) et de huel (plante de montagne). V. ces mots.
  33. Cf. lat. uvula dimin. « luette » et fr. luette corrompu pour l’uvette (forme de cet appendice). Ou empr. fr. hugue (God.), mais que signifie ce mot ?
  34. Tombé en désuétude en tant que mot simple.