Lettres de Pline le Jeune/Tome premier/Panckoucke 1826/XIX. À Romanus

Traduction par Louis de Sacy revue et corrigée par Jules Pierrot.
éditeur Panckoucke (p. 59-61).
XIX.
Pline à Romanus.

Nés dans la même ville, instruits à même école, nous n’avons depuis notre enfance presque habité que la même maison. Votre père était lié d’une étroite amitié avec ma mère, avec mon oncle, avec moi, autant que le pouvait permettre la différence de nos âges. Que de raisons à la fois pour prendre intérêt à votre élévation, et pour y concourir ! Il est certain que vous avez cent mille sesterces de revenu, puisque vous êtes décurion dans notre province. Pour que nous ayons le plaisir de vous posséder encore dans l’ordre des chevaliers, j’ai à votre service les trois cent mille sesterces qui vous manquent, et je vous les offre. Notre ancienne amitié m’est un gage suffisant de votre reconnaissance. Je ne vous ferai pas même la recommandation que je devrais vous faire, si je n’étais persuadé que vous n’en avez pas besoin : c’est de vous gouverner avec sagesse dans ce nouvel emploi que vous tiendrez de moi. On ne peut remplir avec trop d’exactitude les devoirs de son rang, lorsqu’il faut justifier le choix, de l’ami qui nous y élève. Adieu.