Lettres de Marie-Antoinette/Tome II/Lettre CCXXXVIII
CCXXXVIII.
Voici ma lettre pour Bruxelles, Monsieur le comte. J’y dis un mot à ma sœur pour la personne qui s’y trouve. Je n’ai mis à ma lettre ni mon cachet ni l’adresse vous voudrez bien vous en charger. Je suis inquiète de l’électeur de Cologne ; le prince de Ligne a été obligé de s’enfuir de chez lui, et l’on dit qu’on compte en faire autant aux électeurs ecclésiastiques. Point de nouvelles de l’affaire qui nous occupe tous deux. J’ai attendu jusqu’à aujourd’hui pour vous écrire, comptant que je saurais quelque chose de nouveau mais rien. Seulement, mardi au soir, l’on m’a annoncé une lettre sous peu de jours. vraisemblablement, je la recevrai ce soir ou demain ; mais tout cela traîne tant en longueur que je doute fort qu’il y ait de l’intérêt.
Paris, pour le moment, est tranquille. On y a pris beaucoup de monde, et entre autres M. de Saint-Huruge[1]. Pourvu qu’on découvre quelque chose par eux, et qu’ils ne laissent aucun doute, car il faut être bien sûr des faits pour ne pas courir de nouveaux dangers. Adieu, Monsieur le comte vous connaissez mes sentiments pour vous.
(Archives impériales d’Autriche. Éd. Feuillet de Conches, l. c., I, 249.)
- ↑ Perdu de mœurs et perdu de dettes, le marquis de Saint-Huruge était un de ces déclassés toujours chers aux partis révolutionnaires. Il était à la tête des émeutiers du Palais-Royal. On l’avait déjà arrêté en juillet ; on l’arrêta de nouveau au 30 août, lorsqu’il forma le projet de marcher sur Versailles, à la tête d’une bande insurgée.