Lettres d'Hippolyte Valmore à Gustave Revilliod conservées aux Archives d'État de Genève (1859-1873)/29


Archives privées 18.8.1872/55

Ministère de l’Instruction publique, des cultes et des beaux-arts.

Paris, le 25 Juin 1872

Bien cher Monsieur et ami,

J’ai eu l’honneur de voir M. Sandoz, près de qui votre nom m’a valu un accueil très cordial. Je me suis mis à sa disposition pour le cas où, à l’occasion de la réédition des Poésies inédites je pourrais lui être utile en quoi que ce soit, et je lui ai soumis une pentée de mon père que je désirais vous soumettre avant personne mais que l’entraînement de la conversation m’a amené à exprimer. Mon père pense qu’il y aurait peut-être quelque intérêt à placer, à la suite du recueil des poésies de Madame Valmore, quelques pièces de vers sorties de la main de sa fille, Madame Langlais, et qui ne sont pas indignes de figurer à côté, ou du moins à la suite, comme je le disais, des compositions de ma mère. M. Ste Beuve faisait quelque cas de l’esprit et du sentiment poétique d’Ondine ; il en a parlé avec bienveillance dans la préface des Pleurs et aussi, je crois, dans son article du Temps. C’est à vous, cher Monsieur, à juger de l’opportunité et de la convenance de ce rapprochement

Et maintenant, ne pensez vous pas que l’article de M. Ste Beuve sur le volume de Genève, accouppagné des pages si courtes mais si bien senties de Madame Olivier, dans la Revue Suisse (?), suffiraient à la parure comme à la gloire de ses vers. Je ne ssis, mais trop de prose n’aurait-il pas l’inconvénient de rejeter bien loin la poésie, sans compter l’inconvénient des répétitions. MM. B. d’Aurevilly, Montégut, Lacaussade, etc. ont dit d’excellentes choses, que nous voudrions voir conservées dans quelque travail particulier. Mais tout mettre dans le volume de vers, c’est beaucoup ; c’est étouffer la muse sous les lauriers. M. Sandoz avait l’idée d’un travail nouveau, d’une sorte de cadre biographique et littéraire où seraient enchâssés des fragments de chacun des articles Ce projet qui m’a souri d’abord me paraît maintenant moins heureux en ce qu’il entraîne le découpement de l’article de Ste Beuve, ce qui serait, à mon humble avis, bien regrettable. Enfin, rien n’est fait. Tout cela n’est que le résultat d’une causerie, c’est vous en définitive, Monsieur, qui avez, à tous les titres, droit de décision. Tout ce que vous ferez ne peut que ressembler à ce que vous avez déjà fait, et mériter notre reconnaissance.

Recevez, je vous prie, cher Monsieur, l’assurance de mon affectueux dévouement et veuillez présenter à Madame votre mère mes plus respectueux hommages.

H. Valmore