Lettres d'Hippolyte Valmore à Gustave Revilliod conservées aux Archives d'État de Genève (1859-1873)/23


Archives privées 18.8.1871/80

Ministère de l’Instruction publique.

Paris, le 11 Juin 1871.

Bien cher Monsieur et ami,

Votre lettre nous a bien touchés ; c’est une centième preuve de cet intérêt bienveillant que vous nous avez toujours témoigné : nous vous remercions parfois, mais nous ne pouvons exprimer toute notre gratitude, sinon en parlant de vont souvent et en formant le vœu de vous revoir à Paris. Dans ce Paris que vous aimerez parce qu’il est malheureux et qu’il n’a pas perdu tout son charme, ni même toute sa grandeur. Pour moi, je l’aime plus qu’autrefois, comme on aime davantage un ami après une grande faute expiée. Et puis, je ne vois rien qui l’égale, je suis plus amoureux que jamais. Ses malheurs l’ont un peu vieilli, mais c’est toujours Ninon, le désespoir des jeunes belles. Enfin, que voulez-vous, cher Monsieur, je suis sous le charme.

Comme vous l’avez désiré, je suis allé m’informer de l’état de la maison de la rue de l’Université et de la santé de M. Marjolin. Il venait de sortir quand je me suis présenté chez lui : il se porte très bien ; sa maison est intacte. Les vitres seules ont payé pour tous. (11 Rue Bellechasse).

Veuillez, cher Monsieur, me laisser espérer que cette année, déjà assez malheureuse, ne se passera pas tant que nous ayons le plaisir si vif de vous voir. Recevez et veuillez faire agréer à Madame votre mère l’hommage de mon affectueux respect.

H. Valmore