Lettres d'Hippolyte Valmore à Gustave Revilliod conservées aux Archives d'État de Genève (1859-1873)/22


Archives privées 18.8.1871/43

Cher Monsieur Revilliod,

Nous recevons votre beau livre, et je suis d’autant plus reconnaissant que je vois réalisé mon vœu. Les feuilletons sont devenus livre, et votre voyage a maintenant son monument pour en perpétuer le souvenir. Je vais le relire avec plus de plaisir encore que la première fois ; j’en suis [illisible], car je viens de l’ouvrir, et je me sens appelé à ne plus le quitter. Vous y avez ajouté des notes sur la poésie, qui ont assurément leur intérêt, bien que le voisinage de votre récit ne leur soit pas favorable. Après ces pages vives, faciles, sans prétention, après ces tableaux animés et variés, les traductions de M. de Sugny me semblent des paraphrases assez éloignées du génie et du ton des originaux. Le vers ne traduit pas d'ailleurs et ne se traduit pas davantage. Il y a cependant un sentiment de mélancolie et un goût qui charment et font qu’après tout on remercie l'interprète. N’importe, je crois trouver plus d'orient dans les pages rapides que nous vous devons.

Nous avons lu, mon père et moi, le drame d’Oscar de Redwitz. Mon père, qui s’y connaît mieux que moi, l’a trouvé original, et il a particulièrement admiré la scène toute nouvelle d’ailleurs, dans laquelle Behaim demande à entrer dans le corps des marchands Cette grandeur si simple le place un moment même au dessus du chef de la corporation de Orfèvres, et pourtant Krafft est un héros.

Veuillez, bien cher Monsieur et ami, recevoir nos bien vifs remerciements pour avoir traduit ce drame plein de nobles sentiments, de couleur et d’énergie ; et aussi, pour nous combler de tant d’aimables attentions.

À Madame votre mère, mon plus profond respect, à vous, cher Monsieur, mon humble et fidèle attachement,

H. Valmore

27 Mars 1871.