Lettres d'Hippolyte Valmore à Gustave Revilliod conservées aux Archives d'État de Genève (1859-1873)/21


Archives privées 18.8.1871/39

Ministère de l’Instruction publique et des Cultes.

Paris, le 20 Mars 1871.

Bien cher Monsieur et ami,

nous avons reçu votre nouveau travail littéraire, et nous nous promettons une heure de délicieuse diversion à tout ce qui de passe autour de nous. L’esprit n’est pas précisément dans l’assiette qu’il faut pour jouir ou pour apprécier. Vous savez ou vous allez savoir par les journaux ce qui se passe à Paris. En ce moment la garde nationale marche sur Versailles ; si la troupe fraternise ; voilà l’Assemblée forcée de chercher en province un lieu plus tranquille de délibérations ; Si l’émeute et maîtrisée, sur la route du moins, elle va continuer un jour ou deux à Paris. Quelle situation ! Sommes-nous tombés bas ! Et tout cela et mené avec un certain ordre, avec plus de suite peut-être et d’organisation qu’on ne l’attendrait d’une révolte spontanée. Qui est là derrière ? Un seul parti, ou deux qui se disputent notre pauvre pays. Et les Prussiens sont encore dans nos forts du Nord et de l’Est !

Pardon, je reviens à vous, à votre bon souvenir toujours gracieux et bienveillant. Je vous exprime au nom de mon père comme au mien les plus vifs remerciements. Veuillez prier Madame votre mère d’agréer mes hommages de respect, et recevez vous même l’assurance de mon inaltérable dévouement

H Valmore

Je ne voudrais pas finir par une indiscrétion, et pourtant je serais bien content de savoir que le voyage en Égypte va paraître sous une forme plus durable. Mais, pardonnez encore, si mon vif désir me fait dépasser la mesure.