Lettres d'Hippolyte Valmore à Gustave Revilliod conservées aux Archives d'État de Genève (1859-1873)/20


Archives privées 18.8.1870/13

Cher Monsieur,

Permettez-moi, du fond de notre prison de nous appeler à votre souvenir. Les Prussiens nous frappent, nous humilient, nous tiennent étouffés dans nos murs, et le ciel veut cela. Il permet une chose cependant, c’est de se souvenir, et par moments aussi d’espérer. Le souvenir nous console, il vous place devant nos yeux avec tous les cœurs choisis que les nôtres appellent, nous revoyons les beaux jours d’autrefois, et par une magie singulière, sous ce ciel gris et neigeux dont l’influence devrait tuer toute illusion. Vous nous aviez prédit ce qui nous arrive, et fait connaître d’avaire les ennemis qui nous dominent aujourd’hui après une série de si incroyables trahisons, défections ou défaites. S’il faut juger de nos fautes par le châtiment, elles ont été bien grandes.

Je vous prie de la part de mon père, et de la mienne d’agréer notre affectueux respect ; et, pour Madame votre mère comme pour vous, les vœux les plus vifs pour votre bonheur.

H Valmore

27 Dbre 1870.