Lettres à la princesse/Lettre240

Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 329-330).

CCXL

Ce jeudi 12 mars.
Princesse,

J’ai vu de nos amis et j’ai eu plus d’un écho du mercredi, Flaubert, Gautier… C’est quelque chose de ce que je n’ai plus, de ce que je n’ai pu retrouver encore. Je m’exerce chaque jour à marcher vers six heures, et il me semble que je fais quelque progrès. On me fait espérer que la Princesse veut bien penser à venir : j’ose la prier que ce ne soit pas demain vendredi, ayant à quatre heures une visite annoncée que je n’ai pas été libre d’éluder et qui me gâterait mon plaisir. Car j’aime à le prendre seul, ayant tant de questions à faire, tant à écouter, et jaloux de reprendre un à un, autant que possible, chaque fil du passé.

La Princesse aura reçu le Gisors de Camille Rousset : j’en viens de faire un article[1]. Mais ne trouvez-vous pas que ce jeune homme est trop parfait ? Quoi ! pas une légèreté, pas une erreur ! — On lui voudrait une faiblesse.

J’ai un peu de souci, étant obligé par position de dire quelque chose sur cette loi de la presse au Sénat, et n’ayant, pour être sincère, rien à dire de satisfaisant dans aucun sens. Combien j’aime mieux n’être en face que de mes livres et n’avoir affaire qu’à mes morts !

Je mets à vos pieds, Princesse, l’hommage de mon tendre et inviolable attachement.


  1. Nouveaux Lundis, tome XI.