Lettres à la princesse/Lettre217

Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 297-298).


CCXVII

Ce 21 août 1867.
Princesse,

Pendant que le groupe heureux est à votre suite, pendant que vous allez chercher l’air de la mer, j’admire qu’on puisse faire un mouvement sous cette pesante chaleur qui nous accable à Paris.

Il y aura toujours, malgré votre amitié, une difficulté pour les Goncourt : ils sont deux, il faut deux croix, et les ministres sont avares.

Ce qu’on m’a dit de M. Monnier est un peu vague : le général Frossard l’aurait traité en pékin, et… il n’aurait pu s’y soumettre. Éloigné d’abord, il serait revenu sur les larmes du jeune prince ; mais les mêmes difficultés se renouvelant, il serait parti une bonne fois, sans dédommagement aucun, et devant rentrer à son grade dans quelque collège. Tout ceci n’est sans doute pas définitif. L’influence de Mme C…, qui s’exerçait sous M. Monnier, serait atteinte du même coup. Enfin, le général Frossard et le curé de la Madeleine auraient l’un et l’autre le champ libre à l’avenir.

M. Berthelot n’a eu qu’une consolation sèche avec cette rosette. Il y a (Duruy étant impossible à réduire) quelque chose a essayer auprès du ministre des travaux publics, si M. de Forcade de la Roquette veut bien s’y prêter. On reviendrait, moyennant détour, au même résultat, et la bonne volonté de l’empereur aurait son issue de ce côté. J’aurai l’honneur d’expliquer cela verbalement à Votre Altesse à la première occasion.

On me dit l’esquisse d’Hébert des mieux réussies. À sa place, il me semble que je réussirais comme lui.

Bien de nouveau ne venant varier ma vie stagnante, je regarde, je réfléchis, je ne trouve rien, mais je me souviens, et toute plainte s’arrête devant cette douceur tranquille des souvenirs.

Je mets à vos pieds, Princesse, l’hommage de mon tendre et inviolable attachement.