Lettres à la princesse/Lettre218

Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 299-300).


CCXVIII

Ce 4 septembre.
Princesse,

J’espère aussi que dans ce cas les deux n’en feront qu’un et verront surtout dans cette distinction[1] la preuve d’une amitié si précieuse et si honorable, qui a dû forcer la main aux tièdes et aux récalcitrants.

Voilà un nouveau roman de Mme Sand[2] dédié à l’Américain Harrisse : il aura eu aussi sa croix d’honneur. — Avez-vous lu Monsieur de Camors, Princesse, et qu’en dites-vous ? C’est mieux, dit-on, que le précédent roman[3], avec des parties fort habiles et fort agréables, mais le principal personnage est systématiquement odieux… — Il y a eu une lettre très-spirituelle de Villemot à Veuillot : c’est gai et fort juste. Cette justesse est rare et chacun exagère à qui mieux mieux. Cela est plus sensible à qui ne bouge de sa place et se borne à regarder. J’attends avec une sorte d’impatience l’automne, et il me semble que, si je puis encore avoir le bonheur de vous recevoir, j’aurai l’impression d’être encore des vivants.

Je mets à vos pieds. Princesse, mon tendre et respectueux hommage.


  1. M. Edmond de Goncourt venait d’être décoré.
  2. Cadio.
  3. Histoire de Sibylle.