Lettre 775, 1680 (Sévigné)
1680
775. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Je veux commencer, ma très-chère, par votre santé ; c’est ce qui me tient uniquement au cœur. C’est sans préjudice de cette continuelle pensée que je vois, que 1680 j’entends et que je prends intérêt à[1] toutes les choses de ce monde : elles sont plus proches ou plus loin de moi, selon qu’elles ont plus ou moins de rapport à vous : vous me donnez même l’attention que j’ai aux nouvelles. Je vous trouve bien dorlotée et bien mitonnée, ma chère enfant ; vous n’êtes point dans le tourbillon, je suis en repos pour votre repos ; mais je n’y suis pas pour cette chaleur et cette pesanteur, et cette douleur sans bise, sans fatigue. Je voudrois bien un peu[2] d’éclaircissement sur un point si important : tant de soins qu’on a de vous ne sont pas sans raison, ni par pure précaution. Ma chère enfant, je souhaite que vous soyez changée sur l’écriture, et que ce soit sincèrement que vous ne veuilliez plus[3] vous tuer avec votre écritoire ; confirmez-moi cette bonne opinion de vous, et en nul cas ne m’écrivez de grandes lettres, vous m’en écrivez assez et trop. Montgobert s’acquitte très-bien du reste, et comme je vous ai dit[4], elle peut même vous soulager de dicter. Je voudrois qu’elle mêlât un mot du sien sur le sujet de votre santé.
Enfin j’ai reçu une lettre de mon fils. Il est à Nantes ; il n’a été que vingt jours à son voyage ; il n’a fait que quatre-vingt-dix lieues de Bretagne, au mois de janvier, pour solenniser la fête des Rois, sans aucun amour. Je lui mande qu’il se garde bien de dire cela à d’autres, et que pour ne pas se décrier, il faut qu’il laisse entendre une passion vraie ou fausse : sans cela il paraîtra plus 1680 Breton que tous les Bretons. Je le prie aussi de ne point demeurer à Nantes pour nos affaires ; elles ne sont plus vraisemblables, et je serois fort fâchée que l’on crût que je fusse assez sotte et assez avare[5] pour préférer des affaires de rien à la nécessité de faire sa cour, dans une occasion comme celle-ci. Il me paroît embarrassé ; mais enfin il reviendra assez tôt pour partir avec M. de Chaumes : voyez ma bonté, je lui ai retenu une place dans son carrosse.
En vérité, je ne me souviens plus du petit de Gonor[6] : je vous laisse le soin, et à votre frère, de ces anciennes dates. Sans la présence de Mademoiselle, j’aurois renoncé Mlle d’Épernon[7] ; je dis ce jour-là, et toujours, ces sottises que vous appelez jolies, et c’est tout ce qu’on peut faire pour les adoucir ; vous voulez tirer de ce rang le compliment que je fis à Mme de Richelieu[8] ; je le veux bien, car il ressemble à ce que lui auroit dit M. de Grignan : j’y pensai ; voilà justement de ces choses qui lui viennent quand il parle et quand il écrit, et qui fait[9] que ses lettres font toujours, deux mois durant, l’ornement de toutes les poches. Mme de Coulanges avoit encore hier la sienne, et la montre : cela n’est-il pas plaisant ? 1680 Au reste, ma chère enfant, ne comptez point tant que vous soyez où vous devez être, que vous ne comptiez aussi[10] que vous devez être quelquefois ici ; c’est votre pays et celui de M. de Grignan ; et je vivrois bien tristement, si je n’espérois de vous y revoir[11] cette année. Monsieur de Rennes[12] vous garde votre appartement, et vous donnera[13] pourtant tout le temps d’y faire travailler. Vous ne m’avez aucune obligation de cette société ; ce n’en est point une ; c’est un homme admirable : il ne pèse rien, ni ses gens aussi[14] ; sa conversation[15] est légère, on le voit peu, il trotte assez, et ne hait pas d’être dans sa chambre ; on le souhaite, il ne ressemble point à Monsieur du Mans[16] : enfin il est tel, que si on souhaitoit quelqu’un qui ne fût point vous, ce seroit un hôte comme celui-là : il m’a priée déjà plusieurs fois de vous faire bien des compliments, et de vous dire que, quelque joie qu’il ait d’être ici, il m’aime trop pour n’avoir pas beaucoup d’envie[17] de vous quitter la place.
On ne parle ni on ne pense plus à la bonne femme Soubise[18]. Vraiment, il y a bien d’autres affaires, et je 1680 pense que je suis folle de m’amuser à parler d’autre chose. Il y a deux jours que l’on est assez comme le jour de Mademoiselle et de M. de Lauzun : on est dans une agitation, on envoie aux nouvelles, on va dans les maisons pour en apprendre, on est curieux ; et voici ce qui a paru, en attendant le reste.
M. de Luxembourg étoit mercredi à Saint-Germain, sans que le Roi lui fît moins bonne mine qu’à l’ordinaire : au contraire il lui avoit donné une très-belle épée pour un cheval qu’il lui avoit pris[19]. On l’avertit qu’il y avoit contre lui un décret de prise de corps : il voulut parler au Roi ; vous pouvez penser ce qu’on dit. Sa Majesté lui dit que s’il étoit innocent, il n’avoit qu’à s’aller mettre en prison, et qu’il avoit donné de si bons juges pour examiner ces sortes d’affaires, qu’il leur en laissoit toute la conduite. M. de Luxembourg pria qu’on ne l’y menât point, et en effet il monta en carrosse[20], et s’en vint chez le P. de la Chaise ; Mmes de Lavardin et de Mouci, qui venoient ici, le rencontrèrent dans la rue Saint-Honoré, assez triste dans son carrosse ; après avoir été une heure aux Jésuites[21], il fut à la Bastille ; il donna à Bezemaux[22] l’ordre qu’il avoit apporté de Saint-Germain, et entra d’abord dans une assez belle chambre : c’est celle où étoit Tallard[23]. Mme de Meckelbourg vint, qui 1680 pensa[24] fondre en larmes ; elle s’en alla, et une heure après qu’elle fut sortie, il vint[25] un ordre de le mettre dans une des horribles chambres grillées qui sont dans les tours, où l’on voit à peine le ciel, et défense de voir qui que ce fût. Voilà, ma fille, un grand sujet de réflexion. Songez à la fortune brillante de cet homme, où il ne manquoit plus rien, à l’honneur qu’il avoit eu de commander les armées du Roi, et le voilà[26]. Songez ce que ce fut pour lui que d’entendre fermer ces gros verrous ; et s’il a dormi par excès d’abattement, songez au réveil[27]. On ne croit pas qu’il y ait du poison à son affaire[28], mais tant d’autres sottises, qu’il ne peut jamais reparoître dans le monde après un tel malheur. Cette charge[29] sortira de sa maison, et sera donnée. J’en parlois tantôt avec M. de la Rochefoucauld ; il me disoit que vous m’envoyassiez à tout hasard une lettre de M. de Grignan pour son fils[30] ; au cas que le Roi ne veuille pas un homme
1680 titré, il y a peu de gens qui soient plus en état d’y prétendre que vous. Vous avez du temps, il faut écrire à Sa Majesté : ne datez point, et vous êtes bien assurée que ce paquet, étant entre mes mains, n’en sortira qu’après avoir été bien consulté par des gens à qui vous avez beaucoup de confiance, et qui en sont très-dignes. Digérez cette pensée. Je vous assure que voilà une sorte de malheur qui en efface bien d’autres.
La Tingry est chez elle, qui est ajournée[31] pour répondre devant les juges. Pour Mme la comtesse de Soissons, elle n’a pu envisager la prison ; on a bien voulu lui donner le temps de s’enfuir, si elle est coupable. Elle jouoit à la bassette mercredi[32]. M. de Bouillon entra ; elle lui dit qu’il ne devoit revenir que le lendemain, pourquoi il étoit revenu[33] ? Il la pria de passer dans son cabinet ; il lui dit qu’il falloit sortir de France, ou aller à la Bastille : elle ne balança point ; elle fit sortir du jeu la marquise d’Alluye[34] ; elles ne parurent plus. L’heure de 1680 souper[35] vint ; on dit que Madame la Comtesse soupoit à la ville[36] : tout le monde s’en alla, persuadé de quelque chose d’extraordinaire. Cependant on fit beaucoup de paquets, on prit de l’argent, des pierreries ; on fit prendre des justaucorps gris aux laquais et cochers[37] ; on fit mettre huit chevaux au carrosse. Elle fit mettre la marquise d’Alluye au fond auprès d’elle[38], qu’on dit qui ne vouloit pas aller ; deux femmes de chambre au devant[39]. Elle dit à ses gens qu’ils ne se missent point en peine d’elle, qu’elle étoit innocente ; mais que ces coquines de femmes[40] avoient pris plaisir à la nommer ; elle pleura ;
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elle passa chez Mme de Carignan, et à trois heures du matin sortit de Paris. On dit qu’elle va à Namur : vous croyez bien qu’on n’a pas dessein de la suivre. On ne laissera pas de faire son procès ou de la justifier[41] : il y a bien des noirceurs dans ce que dit la Voisin. Le duc de Villeroi[42] paroît très-affligé, ou pour mieux dire ne paroît pas, car il est enfermé dans sa chambre. Peut-être vous dirai-je encore quelque nouvelle avant que de fermer cette lettre.
Mme de Vibraye[43] a repris le train de sa dévotion ; Dieu n’a pas voulu qu’elle ait passé sa vie, comme vous dites fort bien, avec ses ennemis. Cela s’est tourné désagréablement pour elle, car on trouvoit la qualité entre deux fers[44] pour entrer dans le carrosse de la Reine. On se représentoit toujours Mme de Bellébat[45]. La Gouville[46] 1680 dit tant de sottises là-dessus chez Mademoiselle, que Mme de Montglas, qui est Hurault, en fut en furie avec raison, et M. de Vibraye dit qu’il couperoit le nez ou la robe de cette p… ; je ne sais si je me fais entendre : voilà comme il s’est expliqué partout. La Bury fait fort joliment tourner son moulin à paroles. Si on voit cette princesse[47] à Paris, j’irai avec Mme de Vins, qui m’en prie[48]. Pomenars a été taillé ; vous l’ai-je dit[49] ? Je l’ai vu ; c’est un plaisir que de l’entendre parler sur tous ces poisons ; on est. tenté de lui demander[50] : « Est-il possible que ce seul crime vous soit inconnu ? » Volonne[51] dit son avis comme un autre, admirant le commerce qu’on a eu avec ces coquines. La reine d’Espagne est quasi aussi enfermée que M. de Luxembourg. Mme de Villars mandoit l’autre jour fort plaisamment[52] à Mme de Coulanges, que si ce n’étoit pour l’amour de M. de Villars, elle ne passeroit pas son hiver à Madrid. Elle fait des relations fort jolies et fort plaisantes à Mme de Coulanges, croyant bien qu’elles iront plus loin[53]. Je suis fort contente d’en avoir le plaisir, sans être chargée[54] d’y répondre. Mme de Vins est de mon avis.
M. de Pompone est allé pour trois jours respirer à Pompone ; il a tout reçu, il a tout rendu, voilà qui est fait ; c’est le malheur de M. de Luxembourg qui est un malheur[55] : il doit se trouver bien heureux par comparaison. Il me serre toujours le cœur, quand il me demande si je ne sais point de nouvelles ; il est ignorant comme sur les bords de Marne : il a raison de calmer son âme tant qu’il pourra. La mienne a été fort émue, aussi bien que celle de l’abbé, de ce que vous écrivez de votre main : vous ne l’avez pas senti, ma chère enfant ; il est impossible de le lire avec des yeux secs. Eh, bon Dieu ! vous compter bonne à rien et inutile partout à quelqu’un qui ne compte que vous dans le monde : comprenez, ma chère enfant, l’effet que cela peut faire. Je vous prie de ne plus dire de mal de votre humeur : votre cœur et votre âme sont trop parfaits pour laisser voir ces légères ombres ; épargnez un peu la vérité, la justice, et mon seul et sensible goût ; ma chère enfant, je ne compterai point ma vie que je ne me retrouve avec vous.
- ↑ Lettre 775 (revue en grande partie sur une ancienne copie). — 1. Les mots « et que je prends intérêt à » ne sont pas dans le texte de 1754.
- ↑ 2 « Un peu plus. » (Édition de 1754.)
- ↑ 3. L’édition de 1754 donne simplement : « Je souhaite que ce soit sincèrement que vous ne vouliez plus, etc. »
- ↑ 4. « Et en nul cas ne m’écrivez de grandes lettres, puisque Montgobert s’en acquitte très-bien, et que, comme je vous ai dit, etc. » (Édition de 1754.) — Voyez ci-dessus, p. 199. 1680
- ↑ 5. « Que l’on me crût assez sotte ou assez avare. » (Édition de 1754.)
- ↑ 6. Charles Gouffier, l’un des oncles du duc de Roannès (l’ami de Pascal), porta le titre de comte de Gonor et de Maulevrier ; nous n’avons pas de renseignements sur l’aîné de ses fils ; mais le second, filleul de Louis XIV, paraît avoir été un marin distingué, connu d’abord sous le nom de chevalier de Gonor, puis de comte de Roannès ; né en 1648, il mourut lieutenant général en 1734 ; il fut quelque temps lieutenant de la Réale avant d’être nommé (en 1684) capitaine de galère : c’est lui probablement que Mme de Grignan avait revu en Provence.
- ↑ 7. Voyez la lettre du 5 janvier précédent, p. 175.
- ↑ 8. Voyez la lettre du 3 janvier précédent, p. 170.
- ↑ 9. « C’est ce qui fait. » (Édition de 1754.)
- ↑ 10. « Que vous ne comptiez encore. » (Édition de 1754.)
- ↑ 11. « Si je n’espérois vous y revoir. » (Ibidem.)
- ↑ 12. L’évêque de Rennes, Jean-Baptiste de Beaumanoir (de Lavardin, évêque de 1678 à 1711), occupoit dans ce temps-là l’appartement de Mme de Grignan, à l’hôtel de Carnavalet. (Note de Perrin, 1754.)
- ↑ 13. « Nous donnera. » (Éditions de 1734 et de 1754.)
- ↑ 14. « Il ne pèse rien, non plus que ses gens. » (Édition de 1754.)
- ↑ 15. Dans le manuscrit : « la conversation. ».
- ↑ 16. « À feu Monsieur du Mans. » (Éditions de 1734 et de 1754.) — Philibert-Emmanuel de Beaumanoir, évêque du Mans, mort en juillet 1671. Il étoit cousin germain de Monsieur de Rennes. (Note de Perrin, 1754.) — Voyez tome II, p. 77, note 17, et p. 305, note 4.
- ↑ 17. « Pour n’avoir point envie. » (Édition de 1734.)
- ↑ 18. « On ne parle ni on ne pense plus à Mme de S***. » (Édition de 1734.) — « On ne parle plus de Mme de S…, on n’y pense même déjà plus. » (Édition de 1754.)
- ↑ 19. Ce membre de phrase ne se trouve que dans notre manuscrit.
- ↑ 20 « M. de Luxembourg monta aussitôt en carrosse. » (Édition de 1754.)
- ↑ 21. Rue Saint-Antoine. Leur église est devenue la paroisse Saint-Paul-Saint-Louis.
- ↑ 22. « Et remit à Baisemeaux. » (Ibidem.) — Il a déjà été question de Bezemaux, gouverneur de la Bastille, au tome I, p. 471. Il avait été capitaine des gardes de Mazarin. Voyez la Correspondance de Bussy, tome V, p. 108 et 109.
- ↑ 23. Ce membre de phrase est seulement dans notre manuscrit. — Tallard avait été mis à la Bastille à la suite de sa querelle avec le comte d’Auvergne. Voyez la Correspondance de Bussy, tome IV, p. 226, et dans notre tome V, p. 498, la lettre du 24 novembre 1678.
- ↑ 24. « Mme de Meckelbourg vint l’y voir, et pensa, etc. » (Édition de 1754.) — Mme de Mecklenbourg était sœur du maréchal de Luxembourg. Voyez tome I, p. 406, note 2.
- ↑ 25. « Il arriva. » (Édition de 1754.)
- ↑ 26. Cette phrase manque dans l’édition de 1734. Dans celle de 1754 elle est jointe à celle qui suit : « Songez à la fortune brillante d’un tel homme, à l’honneur qu’il avoit eu de commander les armées du Roi, et représentez-vous ce que ce fut pour lui d’entendre, etc. »
- ↑ 27. « Pensez au réveil. (Édition de 1754.)
- ↑ 28. Dans les deux éditions de Perrin : « Personne ne croit qu’il y ait du poison à son affaire. » Ce qui suit, jusqu’à la dernière phrase de l’alinéa : « Je vous assure, » ne se lit que dans notre manuscrit ; cette dernière phrase elle-même, qui est dans l’édition de 1754, manque dans celle de 1734.
- ↑ 29. De capitaine des gardes. Son successeur fut le maréchal de Villeroi, en 1695.
- ↑ 30. Le prince de Marsillac.
- ↑ 31. « Mme de T** est chez elle ; elle est ajournée… » (Édition de 1734.) — « Mme de Tingris est ajournée… » (Édition de 1754.)
- ↑ 32. Le décret de prise de corps, lancé contre la comtesse de Soissons, la marquise d’Alluye et la maréchale de la Ferté, est du (mardi) 23 janvier. La comtesse fut avertie le 24, et des huissiers se transportèrent le 25 aux Tuileries, où ils dressèrent procès-verbal de perquisition de sa personne. Voyez les pièces originales de l’affaire des poisons. (Note de l’édition de 1818.)
- ↑ 33. Cette seconde partie de la phrase : « elle lui dit, etc., » se lit seulement dans notre manuscrit.
- ↑ 34. Bénigne de Meaux du Fouilloux. Elle avait épousé en 1667 Paul d’Escoubleau, marquis d’Alluye et de Sourdis, gouverneur de l’Orléanais. Elle avait accompagné la comtesse de Soissons chez la Voisin. (Voyez la note 19 de la lettre du 31 janvier suivant, p. 230.) Elle mourut en 1720 (voyez le Journal de Dangeau aux 5 et 16 mars 1720), à Paris, où elle était revenue depuis longtemps déjà, car on trouve son nom et son adresse rue du Bac, au nombre des dames qui possédaient des cabinets de curiosités, dans le Livre commode de 1692. « D’Alluye, dit Saint-Simon (tome XVII, p. 472 et 473), fut encore plus mêlé que sa femme dans l’affaire de la Voisin ; ils furent longtemps exilés, et le mari, qui mourut sans enfants en 1690, n’eut jamais permission de voir le Roi, quoique revenu à Paris. Sa femme, amie intime de la comtesse de Soissons et des duchesses de Bouillon et Mazarin, passa sa vie dans les intrigues de galanterie, et quand son âge l’en exclut pour elle-même, dans celles d’autrui… Cétoit une femme qui n’étoit point méchante, qui n’avoit d’intrigues que de galanterie, mais qui les aimoit tant, que jusqu’à sa mort elle étoit le rendez-vous et la confidente des galanteries de Paris, dont tous les matins les intéressés lui rendoient compte. Elle aimoit le monde et le jeu passionnément, avoit peu de bien et le réservoit pour son jeu. Le matin, tout en discourant avec les galants qui lui contoient les nouvelles de la ville, ou les leurs, elle envoyoit chercher une tranche de pâté ou de jambon, quelquefois un peu de salé ou des petits pâtés, et les mangeoit. Le soir, elle alloit souper et jouer où elle pouvoit, rentroit à quatre heures du matin, et a vécu de la sorte grasse et fraîche, sans nulle infirmité, jusqu’à plus de quatre-vingts ans qu’elle mourut d’une assez courte maladie, après une aussi longue vie sans souci, sans contrainte et uniquement de plaisir. D’estime, elle ne s’en étoit jamais mise en peine, sinon d’être sûre et secrète au dernier point ; avec cela, tout le monde l’aimoit, mais il n’alloit guère de femmes chez elle. »
- ↑ 35. « L’heure du souper. » (Éditions de 1734 et de 1754.)
- ↑ 36. « En ville. » (Édition de 1754.)
- ↑ 37. « Aux laquais et aux cochers. » (Ibidem.)
- ↑ 38. « c Elle fit placer auprès d’elle dans le fond la marquise d Alluye. » (Ibidem.)
- ↑ 39. « Et deux femmes de chambre sur le devant. » (Ibidem.)
- ↑ 40. La Voisin et ses associées pour des sorcelleries. (Note de Perrin.)
- ↑ 41. « Ne fût-ce que pour la justifier. » (Édition de 1754)
- ↑ 42. Il était toujours très-attaché à la comtesse de Soissons, dont il avait été fort épris. (Note de l’édition de 1818.) Il ne peut guère être ici question que du marquis de Villeroi ; mais son père, le duc, ne mourut qu’en l685. Peut-être y a-t-il une faute de copie. — Dans l’édition de 1754 : « On croit le duc de Villeroi très-affligé : il est enfermé dans sa chambre et ne voit personne. »
- ↑ 43. Voyez la note 12 de la lettre du 3 janvier précédent, p. 171. — Le commencement de cet alinéa, jusqu’à : « Pomenars, etc., » ne se trouve pas dans le texte de 1734. — La seconde phrase et tout ce qui la suit, jusqu’à : « La Bury, etc., » manque dans le texte de 1754.
- ↑ 44. C’est-à-dire insuffisante. « On dit communément qu’une pièce de monnoie est entre deux fers, pour dire qu’elle ne trébuche point (lorsqu’on la pèse). (Dictionnaire de l’Académie de 1694.)
- ↑ 45. Renée de Flexelles, fille de Jean seigneur de Brégy, morte le 26 mars 1707, à l’âge de quatre-vingt-dix ans, avait épousé, le 10 novembre 1637, Henri Hurault de l’Hospital, seigneur de Bellébat ou Belesbat, maître des requêtes, qui mourut en mars 1684. Les Bellébat et les Vibraye étaient de même maison (voyez plus haut, p. 171, note 12.)
- ↑ 46. Voyez tome I, p. 395, note 2, et tome II, p. 97, note 16. — Mme de Montglas était Élisabeth Hurault de Chiverny : voyez tome I, p. 394, note 1.
- ↑ 47. La princesse de Conti ?
- ↑ 48. « Si on voit la princesse à Paris, Mme de Vins désire que j’y aille avec elle. » (Édition de 1754.)
- ↑ 49. Voyez la lettre du 12 janvier précédent, p. 188 et 189.
- ↑ 50. « De lui dire. » (Édition de 1754.)
- ↑ 51. Celui que Madame de Bavière accuse d’avoir été le complice du chevalier de Lorraine dans l’empoisonnement de Madame Henriette. Voyez tome III, p. 295, note 3.
- ↑ 52. Les mots fort plaisamment ne se trouvent pas dans le texte de 1754.
- ↑ 53. C’est-à-dire jusqu’à Mme de Maintenon et au Roi. Voyez la lettre du 8 novembre 1679, p. 80.
- ↑ 54. « Obligée. » (Édition de 1754.)
- ↑ 55. Ce membre de phrase et le suivant ne se lisent que dans notre manuscrit.