Les tendres épigrammes de Cydno la Lesbienne/16

(pseudonyme)
Traduction par Ibykos de Rhodes (pseudonyme).
Bibliothèque des curieux (p. 67-68).


XVI

LA RONDE


Le bel automne caresse avec une pétulance printanière la pelouse des Nymphes, au sommet de la colline des Kitharèdes, entre l’éther et l’azur marin.

Debout, au centre, en simarre jaune, je chante les odes secrètes de la divine Éléphantis, que j’ai retrouvées dans un tombeau crétois.

Les sœurs, vêtues d’émeraude flottante, dansent une ronde lubrique autour de ma lyre.

Celles qui préfèrent le rôle de l’amant portent en écharpe des baudriers blancs qui soutiennent de rouges embryons priapiques.

Ma lyre ordonne et la ronde obéit.

J’accélère, je ralentis, je précipite les gestes amoureux qui se mêlent à la danse.

Éléphantis et moi, nous rythmerons, ce soir, plusieurs centaines de jouissances féminines. Notre silence même fait de la volupté : dès que je m’interromps, les phallophores s’agenouillent pour des sucements.

Sapphô-Sélèné, mordorée, monte à l’horizon.