Les tendres épigrammes de Cydno la Lesbienne/03

(pseudonyme)
Traduction par Ibykos de Rhodes (pseudonyme).
Bibliothèque des curieux (p. 23-25).


III

LE PANÉGYRIQUE D’HÉLÈNE


Chaste Hélène ! Ô ma favorite ! Ô gymnaste gracieuse ! Ô toi qui excelles à la poésie, à la grammaire, à la musique ! Ô toi qui t’endors sur mon épaule droite à la fin des banquets ! Je ne te changerais point, ô perle de Lesbos ! pour tout l’Empire des Sultans.

Tu es plus dorée que l’or.

Quand tu fais ta promenade solitaire, en baissant les yeux, dans le chemin des lauriers-roses, je voudrais être le collier de fleurs des champs qui frôle ton cou, le ruisseau qui mouille tes jambes, l’églantine qui se caresse à tes cheveux blonds.

Tu es la meilleure, la plus tendre et aussi la plus studieuse orpheline que le père Aristophane m’ait amenée jusqu’à présent.

Ta langue experte et ton regard pudique forment un contraste excitant.

Avec toi, c’est toujours la première leçon, une première leçon où — si blonde et pourtant toujours fraîche, toujours exempte de sueur, toujours inodore à l’endroit essentiel — tu fais souvent figure de professeur.

Hélène ! Ô ingénue dévoratrice ! Tes yeux gris, pailletés, me fascinaient hier, sous le berceau de vigne, quand nous lisions ensemble des vers d’Ibykos à Euryale. T’en ressouvient-il ?

Mais, qui donc t’offrit ce bouquet de violettes blanches ? Tu ignores la place où on en trouve…

Pardonne-moi, candide Hélène, au nom de nos douze pâmoisons réciproques de la nuit dernière !

Je suis jalouse et j’ai envie de t’étrangler.