Les oiseaux dans les harmonies de la nature/Partie 2/Chapitre 4

J.-B. Baillière, Victor Palmé, Firmin Marchand (p. 181-183).

CHAPITRE IV.


Avantages que nous trouvons à tuer les oiseaux.

NOUS AVONS LE DROIT DE TUER LES OISEAUX, QUAND ILS SONT NÉCESSAIRES À NOTRE EXISTENCE, MAIS D’UNE MANIÈRE LIMITÉE, SUIVANT LES CIRCONSTANCES, ET EN DIMINUANT AUTANT QUE POSSIBLE LEURS SOUFFRANCES.

Les oiseaux sont destinés à nous fournir et, partout et toujours, ils ont fourni aux hommes des substances alimentaires, de la plume pour la literie, l’habillement et les parures.

C’est encore là un appoint de nos richesses et une dernière conséquence du grand principe de l’élimination.

Ce fait universel, parfaitement en rapport avec la nature et les exigences de nos besoins, est une base incontestable de nos droits.

Mais d’abord l’homme n’a pas le droit d’être cruel ; il doit, en tuant l’oiseau, diminuer, autant que possible, sa souffrance. Toute souffrance imposée inutilement à ce charmant animal est un acte de méchanceté, souvent le principe d’habitudes violentes et injustes, quelquefois l’apprentissage du crime : nous en trouvons des preuves dans les annales des cours d’assises.

Aussi, la loi dite de Grammont est intervenue pour réprimer des écarts de ce genre.

C’est dans le même but que se sont fondées des Sociétés protectrices d’animaux.

Le sentiment de compassion, qui est leur mobile, a inspiré à de grands écrivains des pensées qu’il est bon de reproduire :

Buffon : « La cruauté envers ces êtres animés et bons, qui vivent au milieu de nous et qui n’y vivent que pour satisfaire à nos besoins, nous procurer des jouissances et concourir à nos plaisirs, est une flétrissure pour les nations civilisées… Malheur à l’homme qui ne sait pas compatir aux souffrances des animaux !… L’homme méchant et dur laisse percer son caractère, malgré sa dissimulation, et on le voit souvent donner d’autres preuves d’inhumanité ».

Rousseau : « Ce plaisir (en parlant de la chasse aux petits oiseaux) endurcit le cœur ; il accoutume au sang et à la cruauté ».

Cormenin : « Ne maltraitez pas les animaux ; car ils ne peuvent se défendre, et ce serait lâche ; car ils souffrent, et ce serait cruel ».

Lamartine : « Comprendre l’animal dans le cercle des devoirs et des miséricordes qui nous sont imposés, c’est améliorer l’homme lui-même ».

Enfin, en recommandant, dans toutes les occasions, la protection des oiseaux, le cardinal Donnet s’est appuyé aussi bien sur les traditions et les Écritures saintes que sur la morale et la science ».

Comme être doué d’instincts supérieurs et d’une grande sensibilité, l’oiseau a donc partiellement droit à notre respect. Ce droit est plus étendu pour lui que pour les insectes. Destiné à servir, dans une certaine mesure, de nourriture à l’homme, il doit au moins recevoir les bénéfices d’une mort prompte et sans douleur, la mort que donne le fusil du chasseur ou le couteau de la cuisinière, et nous devons autant que possible lui épargner les tortures de la plupart des chasses à la tendue.