Les noms indiens de mon pays/QUÉBEC-TUGASKE

Texte établi par Rayonnement (1p. 153-173).

QUÉBEC
Québec (rétrécissement, détroit).

Dans la plupart des langues indiennes on retrouve ce sens. Les Iroquois appellent Québec Tekiatontarikon « deux montagnes qui se rejoignent » ; les Algonquins wabitikweiang « au rétréci de la rivière », les Micmacs Gépeg : « rétrécissement, détroit. » Seuls les Tête-de-Boule appelle Québec Kapawin, « débarcadaire ».

La Compagnie de la Baie d’Hudson dans sa revue « The Beaver » et le Père Arnaud, O.M.I. écrivent : « Quand Champlain arriva avec ses navires en face de Québec, les Indiens sur le rivage, naturellement, invitèrent les Français à venir à eux disant : Kabek, Kabek : débarquez, débarquez. »

Québec est le nom d’une province canadienne, d’un comté et d’une ville. La ville de Québec, fondée par Champlain en 1608, est la plus ancienne du Canada. Elle a gardé son cachet antique et pittoresque par ses rues étroites et montantes, par ses maisons à style français. Elle a su garder ses reliques du passé : remparts, tours de garde, citadelle, portes et murailles, plaines d’Abraham. Tout parle de son origine, de ses luttes, de son histoire et de sa foi. En 1659 Québec recevait Mgr de Laval, premier évêque de l’Amérique du Nord. Québec est l’église-mère du Canada et d’une majeure partie des États-Unis, et le point de départ de la civilisation et de l’évangélisation des peuples de l’Amérique du Nord.

Québec, capitale d’une province qui lui doit son nom, est bâtie sur un promontoire de 330 pieds, sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, au confluent de la rivière Saint-Charles. La haute-ville occupe la partie où jadis s’élevait le village indien de Stadaconé.

N.O., p. 93 Voir le mot Toronto, à propos de ce traducteur.

QUICHICHOUANE
Quichichouane pour kitchidjiwan (le grand courant) Cris, algonquin.
Racines : Kitchi : grand, gros : djiwan : courant.

Kitchidjiwan est le nom indien de la rivière Albany, Baie James. Les Anglais changèrent son nom en établissant un fort de traite, à l’embouchure du Fishig Creek. Pierre d’Iberville s’en empara en 1686, et les Canadiens changèrent le nom en celui de Fort Ste-Anne. Le P. Silvy, s.j., note qu’ils avaient pris Sainte Anne « pour patronne du voyage et de l’entreprise. »

C’est près de ce fort, en 1693, que fut tué le P. Dalmas, s.j. Une grande partie de la garnison avait péri de faim et de maladie, faute de ravitaillement. Le commandant et quatre soldats encore vivants étaient allés à la chasse aux outardes. Pendant leur absence, l’armurier Guillory tua le chirurgien. Après avoir servi la messe du Père, le meurtrier découvrit son crime et la crainte qu’il avait d’être puni lui-même et mis à mort, dès le retour de ses compagnons. « Je vous promets, répondit le Père, de m’y opposer autant que je le pourrai, mais je vous exhorte à reconnaître devant Dieu l’énormité de ce crime, à lui demander pardon et à en faire pénitence. » Le Père s’offrit à aller au devant des chasseurs pour les adoucir. Mais à peine était-il sorti du fort, que l’armurier se mit en tête que le Père le trompait ; il prit sa hache et son fusil et courut après lui. L’ayant rejoint, il l’accusa de traître et le blessa d’une balle. Pour se soustraire à la fureur de l’assassin, le religieux se jeta sur une glace flottante. Le meurtrier y sauta après lui, l’assomma de deux coups de hache et noya son corps sous la glace. C’était le 3 mars 1693.

Cent soixante et un ans plus tard, les Pères Oblats prirent charge des Indiens d’Albany. Leurs premiers missionnaires furent les pères Garin, Laverlochère et Nédelec. En 1892, les Pères F. X. Fafard et J. E. Guinard (l’auteur de cet ouvrage) y établirent une résidence. L’année suivante, le P. Fafard remontait la rivière Albany jusqu’à Fort Hope 30 milles. De son côté, le P. Guinard suivait la grève ouest de la Baie James et missionnait jusqu’à Winisk sur la Baie d’Hudson.

L. LE JEUNE, O.M.I. Dictionnaire général de biographie.
Archives de la mission d’Albany.
RICHIBOUCTOU
Richibouctou pour kitchipogteo ou gtjipotog (gros feu) Micmac.
Racines : Kitchi ; gtji : gros, grand ; bougteo : feu.

Richibouctou est le nom d’un village et d’une rivière du Nouveau-Brunswick. À marée haute, la rivière devient navigable sur une distance de 15 milles, sa longueur étant d’environ 40.

Richibouctou eut pour curé en 1820, François Norbert Blanchet. On retrouve plus tard ce prêtre zélé avec son confrère Modeste Demers, sur les lointains rivages de l’Orégon. Au début leur apostolat connut un succès appréciable, mais par la suite les résultats devinrent moins consolants. Pour infuser plus de vie à cette mission lointaine, un acte de Rome, daté du premier décembre 1843, érigea en Vicariat Apostolique la contrée de l’Orégon et en confia l’administration à l’abbé Norbert Blanchet, qui fut sacré à Montréal le 25 juillet 1845. L’année suivante il devenait le métropolitain d’une province ecclésiastique, avec résidence à Orégon City. Son archidiocèse embrassait tout l’Orégon actuel, avec juridiction provisoire sur le diocèse de Nesqually. Ses deux suffragants furent son frère Magloire Blanchet, promu évêque de Walla-Walla, et son ami Modeste Demers nommé au siège de Vancouver.

L. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap. Études hist. et Géographiques. pp. 215, 267.
RIMOUSKI
Rimouski pour animouski (cabane à chien) Algonquin, tête-de-boule.
Racines : Animous : chien ; ki : demeure.

Je n’accepte pas l’opinion de ceux qui traduisent Rimouski, par « terre de l’orignal ». Pour leur donner raison, il faudrait écrire : mousaki : (algonquin) ou mousaski (cris).

Rimouski est le nom d’un comté, d’une rivière et d’une ville dans le Québec. La ville de Rimouski est située sur la rive sud du golfe Saint-Laurent, à six milles de la Pointe-au-Père où les pilotes prennent charge des transatlantiques pour les conduire dans le chenal du St-Laurent. La ville de Rimouski est remarquable par ses riches institutions qui en font la Reine et comme la capitale du bas-St-Laurent. Siège d’un archidiocèse, centre d’études de tous genres, base aérienne et base navale, elle rend au commerce, à l’industrie et à l’agriculture de toute une région des services très appréciable.

C’est un peu en amont de cette ville qu’eut lieu, le 15 juillet 1628, le combat naval entre les Kirke et Claude Roquemont qui commandait la flotte des Cent Associés. Les Français se rendirent après avoir épuisé leurs projectiles et même les plombs de leurs lignes de pêche.

Le premier missionnaire de Rimouski fut le P. Jean-Baptiste de la Brosse, s.j. (1767-1781). Il raconte dans ses notes : parti de Chicoutimi après les fêtes du jour de l’an 1776, pour me rendre à Rimouski où je voulais faire l’office de Pâques, je me suis mis en route quatre fois, mais je fus ramené sur place par le vent et la température contraire, et enfin, Dieu le voulant ainsi, je fus terrassé par la maladie. » Rimouski eut sa seigneurie comme maints endroits de la Nouvelle-France. Elle fut concédée en 1694 au Sieur Augustin Rouer de la Coudonnière qui, six ans plus tard, la vendit à René Le Page de Ste-Claire.

Hist. du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870, p. 140.
R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap., Études hist. et géographiques.
L. LE JEUNE, O.M.I, Dictionnaire général de biographie.
RISTIGOUCHE
Ristigouche pour mistikocj (petits arbres, petit bois) Cris, tête-de-boule.
Racines : Mistik : bois ; och : le diminutif.

Le R.P. A. Lacombe, O.M.I., donne la même signification. (Dict. cris, p. 708) Selon un tract publié à Ottawa en 1914, le mot Ristigouche serait composé de deux mots micmacs ; listo et gotjg qui signifient « désobéis à ton père », et cela aurait été le cri de guerre de l’ancien chef micmac Tonel, contre un parti d’Iroquois qui fut exterminé. Selon moi, c’est aller chercher trop loin la signification de Ristigouche qu’on défigure sans raison valable.

Ristigouche, dans la province de Québec, est aujourd’hui le principal établissement des Micmacs. Avant la venue des blancs, ces Indiens habitaient les rives de la Baie des Chaleurs et des rivières Ristigouche et Matapédia. Depuis 1894, les Pères Capucins desservent cette paroisse, fondée en 1745, Les Micmacs ont beaucoup de vénération pour sainte Anne et la considèrent comme leur Reine. Leur église est un lieu de pèlerinage. Le R.P. de la Brosse, s.j. écrit dans ses notes qu’en 1772, après avoir visité la mission de Ristigouche, il a « béni solennellement une belle chapelle en l’honneur de Sainte-Anne ». Au temps de la conquête anglaise, Ristigouche fut témoin du dernier combat entre les frégates françaises, qui avaient cherché refuge dans le port, et les vaisseaux anglais qui les poursuivaient. Cette bataille navale eut lieu le 6 juillet 1760. Après leur victoire, les troupes anglaises débarquèrent, brûlèrent l’église et deux cents maisons.

Antoine BERNARD, La Gaspésie au Soleil, p. 225.
R.P. PACIFIQUE, O.F.M. Cap., Études hist. et géographique, p. 188.
SAGAMO
Sagamo (c’est cloué, attaché, fixé) Cris.

Nom que les tribus indiennes donnaient à leurs « grands chefs, leur capitaines ». En Acadie, le titre de Sagamo allait à l’aîné de la famille la plus puissante et la plus nombreuse. Néanmoins cette haute dignité était en principe élective et non héréditaire. Il reste que le Sagamo était l’homme « fixe » et d’une certaine manière inchangeable. Ses attributions étaient d’entretenir les chiens de chasse, de construire les canots de pêche, d’approvisionner la tribu entière, de régler les litiges, de déclarer la guerre et de la diriger. Le Sagamo présidait les conseils ou assemblées de la tribu, recevait les ambassadeurs étrangers, s’associait aux autres Sagamos d’une même fédération pour toutes les question d’intérêt général. De Sagamo les Français et les Anglais ont formé le mot sachem.

Bibl. R. S. Thwaites, ptre Jes. Rel. t. 73 Cleveland, 1903 cité par le R.P. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
SAGLUK
Sagluk (mensonge) Esquimau.

Sagluk poste de traite du détroit de la Baie d’Hudson, péninsule de l’Ungava. Les Esquimaux l’ont probablement ainsi dénommé parce que les environs sont trompeurs. Le poste fait de bien maigres affaires en matière de fourrures. Il a son poste émetteur de radio commercial.

A. THIBERT, O.M.I.

SAGUAY
Saguay pour saki (embouchure) Algonquin.
Racines : Saki : sortie, embouchure (d’une rivière).

Nom d’une paroisse du diocèse de Mont-Laurier, province de Québec.

SAGUENAY
Saguenay pour sakini (son embouchure, sa sortie) Algonquin, tête-de-boule, montagnais.
Racines : Saki : embouchure d’une rivière ; ni exprime le possessif.

M. J. A. Burgesse écrit (30 mai 1949, document de la S. Hist. du Saguenay, cité dans la préface du présent volume) : « Je ne connais aucun nom géographique de notre région (saguenéenne) qui ne soit pas de langue montagnaise, si ce n’est le mot SAGUENAY. Il est absolument certain que, s’il y a eu d’autres races au Saguenay avant les Montagnais, celles-ci n’ont laissé aucune trace de leur passage dans les noms géographiques, lesquels sont tous de langue algonquine, c’est-à-dire la langue mère de tous les dialectes des Indiens des bois : que ce soit le Cris, le Montagnais, l’Algonquin, l’Abénaquis, le Micmac, l’Outaouais, l’Otchipwé, etc.

Il est universellement admis, parmi les ethnologues, que les Montagnais — Naskapi habitent la région du Saguenay depuis longtemps (2,000 ans, selon quelques-uns). On se base sur les mœurs et non sur la langue pour l’affirmer. Nous savons qu’il n’y a pas eu de migrations parmi les Montagnais depuis l’arrivée des blancs, sauf peut-être un petit déplacement temporaire à cause des incursions des Iroquois ; mais nous savons également que la langue qui se parlait à l’époque du père de Crespieul n’était pas tout à fait celle qui se parle aujourd’hui. Elle ressemblait plutôt à la langue dite crise de la Baie James et du lac Mistassini.

« Certains ethnologues croient que ce changement est dû à l’extinction des populations entre la période 1700-1720, lors de l’abandon des postes et des ravages de la peste…

« Bref, il n’y a pas de noms géographiques de notre région qui sont autre chose que du montagnais ancien ou moderne. »

Le Saguenay est un tributaire du Saint-Laurent. Un trait caractéristique du Saguenay c’est son fjord, un bras de mer sinueux d’une largeur moyenne d’un mille et d’une longueur de 75, encaissé entre des rochers à pic qui, à certains endroits, dépassent 1500 pieds de hauteur. Il donne l’impression d’une majesté mystérieuse et farouche, plus propre à émouvoir le voyageur qu’à attirer le colonisateur. Sa profondeur dépasse généralement 800 pieds. À 50 milles de son embouchure, il se divise en deux, formant au sud la Baie des Haha et au nord le « bras du Nord » ou de Chicoutimi. Il est navigable à eau profonde jusqu’au fond de la Baie des Haha et, par un chenal entretenu, jusqu’à la ville de Chicoutimi. Ce n’est qu’aux termes de le navigation que les rives du Saguenay s’adoucissent et deviennent hospitalières, L’entrée du Saguenay est dangereuse à cause des courants occasionnés par les marées. Jacques Cartier faillit y perdre l’un de ses navires, l’Émerillon. Le premier prêtre qui parcourut les bords du Saguenay, habités par les Montagnais, fut le Père Dolbeau, récollet (1615) ; son zèle le poussa à s’enfoncer dans la forêt dès son arrivée de France. Le 30 octobre 1844, l’Archevêque de Québec Mgr Signay confiait aux Oblats la desserte des établissements et l’évangélisation des Indiens dans le territoire du Saguenay, avec résidence à Saint-Alexis de Grande-Baie.

Histoire du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870, p. 6, 36, 222.
SAKAMITÉ ou SAGAMITÉ
Sakamité pour kijakamité (eau chaude) Indien.
Racines : Jig : chaud ; kami : eau.

Mot passé dans le langage canadien pour désigner une espèce de brouet ou aliment presque liquide.

Les Indiens ne donnent à aucun de leur potage ou ragoût le nom de sakamité. Ce mot doit son origine à une méprise, ou à quelqu’un qui ignorait la langue indienne.

SAKIMAY
Sakimay pour sakimé (maringouin) Cris.

Sakimé est une mission desservie par la paroisse de Marieval, archidiocèse de Régina en Saskatchewan.

SAPAWE
Sapawe pour nisabawe (noyade, mot à mot, il est tué par l’eau) Algonquin.
Racines : Nisa : tuer : abawe : par l’eau.

Nom d’un tout petit village de la région du lac Supérieur en Ontario.

SASKATCHEWAN
Saskatchewan pour Saskadjiwan (courant du dégel) Cris.
Racines : Saska : dégel ; djiwan : courant.

Dans son Dictionnaire de la langue crise, le père Albert Lacombe O.M.I. propose comme traduction : « Saskatchewan pour Kisiskadjiwan « courant rapide ». (de Kisiska : il marche vite ; djiwan ou tchewan : courant). »

Saskatchewan est le nom d’une grande rivière et d’une province de l’Ouest canadien. En fait, la rivière Saskatchewan est une eau d’un dégel, naissant directement d’un champ de glaces éternelles, au cœur des Montagnes Rocheuses.

La rivière Saskatchewan parcourt les prairies et se jette dans le lac Winnipeg. Il existe également, au sein des Rocheuses, le mont Saskatchewan dont l’altitude atteint 10, 970 pieds.

Une partie de la Saskatchewan ressemble à un désert ; car le sol est d’une poussière fine qui reste dénudée aux époques de sécheresse et se laisse emporter jusqu’aux nues par les tempêtes fréquentes de cette région. Une croûte d’humus a donné de belles récoltes, mais la fécondité n’a pu se maintenir.

Dans son ensemble, cependant, la Saskatchewan est tellement fertile qu’on l’appelle avec raison : « la province du blé ». Elle devient même la province des huiles, à cause des immenses dépôts pétrolifères qu’on y découvre de nos jours.

A. LACOMBE O.M.I. Dictionnaire de la langue crise.
A-G. MORICE, O.M.I., Hist. de l’Église Cath. dans l’ouest Can. V. I. p.229.
SASKATOON

Saskatoon est le nom d’un bon petit fruit très commun dans l’Ouest canadien. On devrait l’appeler « petite poire ». C’est le produit d’un arbuste ressemblant à un frêle cerisier qui n’a généralement qu’une quinzaine de pieds de hauteur ; les noyaux de son fruit sont nombreux et fins comme des grains de sable.

Saskatoon est aussi le nom d’une ville très moderne, située au centre de la province de Saskatchewan, où, comme un nœud, se réunissent plusieurs voies ferrées transportant la farine, les blés, les animaux à boucherie de l’Alberta et de la Saskatchewan. Ses élévateurs à grain peuvent entreposer plus de 5 millions de boisseaux. La ville de Saskatoon est bâtie sur le sable et entourée de sable. Ce sable ressemble aux noyaux des fruits de l’arbre saskatoon ; cette ressemblance explique peut-être l’origine du nom.

L. J. SWEENEY, O.M.I., 1946.

SAWAIAN
Sawaian pour osawian (plante à racine jaune et poilue) Cris, algonquin.
Racines : Osaw : jaune ; waian : velu.

Le mot est passé dans la langue française du Canada. On le prononce sawéniane, sawiane, savoyane. La sawaian, une très petite plante à trois feuillets, dont la racine sert à teindre en jaune, est employée comme médicament, contre les maux de bouche. Ses fils jaunes et poilus justifient pleinement son nom. Les Algonquins l’appellent objibik « racine jaune ». Ils la mâchent dans leurs longues marches ; ils disent qu’elle guérit les lèvres gercées, donne de l’appétit,  etc.

SAYABEC
Sayabec pour Siapeg (prolongement du lac, petit golfe) Micmac.

Paroisse du diocèse de Rimouski, située sur la petite rivière Saint-Pierre, près du lac Matapédia.

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap., Étude historique et géographiques, p. 100.
SEBEC
Sebec pour sepeg (passage étroit) Micmac.

Nom géographique sur la rivière Cascapédia, province de Québec.

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap. Étude historiques et Géographiques, p. 100.
SECHELT
Sechelt (sauter par dessus) Déné.

Sechelt est le nom d’une tribu indienne de la Colombie. Le Père A. G. Morice, O.M.I., inventa pour ces Indiens, et tous ceux de la Colombie, un système d’écriture semblable à celui que le ministre protestant James Evans avait inventé pour les Cris ; mais plus perfectionné et rendant adéquatement les sons de la langue dénée, si compliquée. Les différents dialectes des Indiens de cette province ont pour ainsi dire les mêmes racines.

A. G. MORICE, O.M.I., Histoire de l’Église catho. dans l’Ouest Canadien V. III, p. 348.
SESEMATTAWA
Sesemattawa pour siswemattawa (rivière formant plusieurs confluents) Cris, algonquin.
Racines : siswe : dispersion, se répandre de côté et d’autre. Mattawa : confluent.

Sésémattawa est une rivière de l’Ontario Nord. Elle déverse ses eaux dans le fleuve Weenisk, lequel débouche dans la Baie d’Hudson, versant ouest.

En algonquin, les premiers mots du chant de l’Asperges sont : Siwebikandewicin Tebenimin ni kitci piniteeian : « Aspergez-moi d’eau, Seigneur, afin que j’aie le cœur pur. »

SHAWANAGA
Shawanaga pour Shawanakam (la rive sud) Cris, algonquin.
Racines : Shawan : sud ; akam : rivage, bord de l’eau, rive.

Shawanaga est une mission indienne du diocèse de Peterborough, province d’Ontario.

SHAWINIGAN
Shawinigan pour ashawenikam (portage anguleux) Tête-de-boule, algonquin, cris.
Racines : Asjawé : anguleux, formant un angle ; onikam : portage.

Shawinigan est le nom d’une chute et d’une ville industrielle sur la rivière Saint-Maurice. D’après les relations des Jésuites, ce territoire fut grandement bouleversé lors du tremblement de terre de 1663.

Shawinigan est la ville reine des Laurentides. Déjà en 1929, le Bureau fédéral de la Statistique lui accordait le 3e rang dans la province de Québec pour la valeur de sa production. Elle avait alors 24 grandes industries. Les principales sont : les usines à papier de la Belgo ; l’Aluminium Company of Canada ; la Shawinigan Water & Power, (en 1943, la distribution de son électricité dépassait 7,343,000,000 Kilowatts-heure) : la Shawinigan Chemicals dont les édifices couvrent 25 acres ; la Canadian Carborandum, dont les ouvriers revêtus d’amiante se démènent dans la chaleur intense des fourneaux et l’éclat éblouissant du produit en fusion ; la filature de la Shawinigan Cotton avec ses 600 métiers ; la Canadian Industries Limited, où l’on fabrique le cellophane.

Ces industries et les autres appelaient une École Technique où l’on prépare la main d’œuvre ; on y donne des cours de mathématique, de chimie, de dessin industriel, de mécanique, d’électricité, etc.

Gérard FILTEAU, L’Épopée de Shawinigan, p. 88.

SHEGUIANDAH
Sheguiandah pour shéwiandak (s’introduire, se fourrer sous les branches de conifères) Algonquin, cris.
Sek : fourrer, introduire, mettre entre ; andak : feuillage des arbres toujours verts ; se dit aussi des branches et quelquefois de l’arbre lui-même.

Sheguiandah, mission indienne desservie par les pères Jésuites, province d’Ontario.

SHIPAGAN
Shipagan (passage) Micmac.

Shipagan est le nom d’une île située à l’ouest de la Baie des Chaleurs au sud de l’île Miscou. C’est encore le nom d’une paroisse au diocèse de Bathurst, Nouveau-Brunswick, et d’un détroit où on fait la pêche à l’éperlan.

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap. Étude Hist. et Géog. p. 201.
J. A. CUOQ, Lexique de la langue algonquine.
SIKIP
Sikip pour sikkip (poule d’eau) Cris.

Nom d’une desserte sur le Meadow Lake, en Saskatchewan.

La poule d’eau ou gallinule est un oiseau aquatique qui fait son nid dans les roseaux, au bord des marais, des étangs et des petites rivières. Ses ailes et sa queue sont courtes, ses pattes longues et vigoureuses. Ce gibier est difficile à chasser en raison de la rapidité avec laquelle il court et plonge. On prétend que son cri annonce la pluie.

SISIPUK
Sisipuk pour chichibak (canards) Cris.

Sisipuk est le nom d’un lac du Manitoba dont les eaux se déversent dans le fleuve Churchill.

Le canard sauvage est un oiseau aquatique, palmipède, à bec d’oie. Il est nerveux, agité et bavard. Les indiens imitent son cri à la perfection. Sur terre, les canetons savent si bien se cacher que seul le chien peut les repérer. Sur l’eau, la cane est vraiment admirable, pour protéger ses tout petits, en présence du chasseur. S’exposant elle-même aux projectiles, elle distrait le chasseur en tournoyant autour de lui. Quand ses canetons le peuvent, elle fuit avec eux et vole en se trainant sur l’eau, ce qui produit un écran d’écume blanche qui, brillant au soleil, les dérobe à la vue. Les meilleurs avirons ne peuvent les atteindre. Le soir, les canards se réunissent sur les îles pour dormir.

SKEENA
Skeena (les nuages) Déné.

Skeena est le nom d’un fleuve qui déverse ses eaux dans l’Océan Pacifique à Essington, Colombie canadienne. Il coule dans une vallée entre les Cascades et les Rocheuses, son parcours est de 150 milles.

La traduction Skeena, nuages, signifie que les nuages, à cause des pluies abondantes, sont comme la source de ce fleuve de l’ouest. On sait que les hautes montagnes de la Colombie interceptent les nuages, les amoncellent et sont cause des pluies torrentielles qui arrosent ces lieux.

« Canadian Board on Geographical Names » et « Surveys and Mapping Branch » of Victoria, B.C.
SQUATECK
Squateck pour eckwatek (le brûlé) Montagnais, tête-de-boule.

Village et paroisse du diocèse de Rimouski, située sur la rivière du même nom, comté de Témiscouata, province de Québec. Deux lacs de la région portent le nom de Squateck ; le plus grand a sept milles de longueur sur un mille de largeur et il est poissonneux. Lorsque le feu détruit une forêt, ordinairement ces brûlés deviennent d’abord des champs d’épilobes ou de bleuets. Après quelques années, les bouleaux et les trembles prennent leur place, puis c’est le tour des conifères : sapins, épinettes, enfin poussent les bois durs : ormes, frênes, etc… La providence a déposé en tout lieu des semences cachées que les feux ne peuvent détruire : « Semences qui germez dans la terre, bénissez le Seigneur », s’écrie le Psalmiste.

SKWAMISH

Skwamish est le nom d’une tribu déné de la Colombie, d’une rivière et d’un village situé à son embouchure.

À l’automne de 1887, les archevêques de Montréal et de Saint-Boniface, accompagnés du vénérable Père Lacombe, étaient venus admirer sur place les fruits des sages industries et de la clairvoyance de Mgr Durieu. Les Indiens Skawamiches que ce prélat avait, à force de patience et de persévérance, réunis en ce qu’on pourrait appeler un village modèle, juste en face de la nouvelle ville de Vancouver, vinrent, fanfare en tête, recevoir à la gare leurs illustres visiteurs. Puis ce fut à la mission une série de fêtes qui émurent jusqu’aux larmes le vétéran des grandes plaines de l’Ouest. Le Père Lacombe pleurait de joie et de tristesse : de joie, en voyant les Indiens si bien formés et si solidement instruits, et de tristesse, lorsqu’il les comparaît par la pensée à leurs frères des Territoires du Nord-Ouest, pour lesquels lui et tant d’autres missionnaires bien méritants ne cessaient de se dévouer depuis longtemps avec des résultats si différents.

A. G. MORICE, Histoire de l’Église Catholique dans l’Ouest Canadien, V. 3, p. 339 citant une lettre du R.P. Lejacq, 6 nov. 1887.
SKWAW — SQUAW BROOK
Squaw Brook (le ruisseau de la Sauvagesse) Cris, tête-de-boule, anglais.
Racines : Du mot iskwew les Anglais ont fait squaw, sauvagesse, indienne ; brook : ruisseau.

Skwaw Brook, est le nom d’un ruisseau et d’une gare de chemin de fer du Pacifique Canadien entre Mooshead et Greenville.

Autrefois, la femme indienne avait la vie dure ; elle portait les fardeaux, charroyait l’eau et les quartiers des gros animaux abattus par son homme dans la forêt. Elle bûchait le bois, tannait les peaux, etc. pendant que le mari flânait dans le wigwam ou se promenait sans but, la hache à la ceinture et l’arc pendant à l’épaule.

On la considérait en outre comme un être inférieur et plus ou moins insensé. En cris les mots « femme et fou », se ressemblent de près.

Cependant, chez quelques peuplades, du moins chez les Têtes-de-Boule, la femme choisissait son mari. Le vieux Michel Kwetchich me racontait :

« Autrefois, avant qu’on nous prêchât la Prière, quand une fille voulait se marier, elle se faisait un wigwam qu’elle tapissait de branches de sapin. Au milieu, elle faisait un foyer, entouré de cailloux, elle roulait sa couverte, tressait ses cheveux avec des rubans en peau d’anguille, revêtait sa plus belle robe avec ses bracelets en coquillages et chaussait ses mocassins neufs ; puis, assise sur les talons, près de la porte, elle regardait par un trou les jeunes gens qui passaient devant elle en revue. Elle chassait rudement ceux qu’elle ne prisait pas. Mais elle ouvrait la porte à celui qu’elle désirait pour mari. C’est ainsi, concluait Michel, qu’anciennement on faisait chez nous les mariages ».

STIKINE
Stikine : corruption de sta-han-kane (grande rivière) Déné de la tribu thlikit

Rivière de la Colombie qui jette ses eaux dans l’océan Pacifique.

« Surveys and Mapping Branch » de Victoria, B.C.
SWASTIKA

De par son orthographe et sa prononciation, on croirait ce mot cris ou algonquin. Cependant il est de la langue sanscrite et signifie « Croix gammée ». Les branches de cette croix sont coudées en forme de gamma vers la droite.

Swasika, sur la voie ferrée Ontario Morthland, est un village et un centre minier du Témiscamingue. Autrefois ce village était peuplé d’Allemands.

TADOUSSAC
Tadoussac pour totochak (mamelles) Algonquin.

Tadoussac doit son nom aux montagnes qui l’environnent et dont les cimes au-dessus de la forêt ressemblent à des mamelles.

Tadoussac est un village touristique situé au fond d’une très belle baie à l’embouchure du Saguenay. À Tadoussac on fait l’élevage du saumon, et cela en l’empêchant de prendre la mer, par une clôture métallique aux mailles très étroites.

Avant la découverte du Canada par Jacques Cartier (1534), Tadoussac était, pendant la belle saison, le rendez-vous commercial des Indiens. Vers 1560, Normands, Bretons et Basques se partageaient les revenus du trafic (pas toujours à l’amiable). Un vieil Indien disait au Père Charles Lalemant qu’il avait vu à Tadoussac jusqu’à 20 navires à la fois.

TAKU
Taku (saumon) Déné de la tribu Chilkat.

Taku est aussi le nom d’un fleuve qui se jette dans l’océan Pacifique à Douglas, en face de l’île Admiralty, Colombie canadienne.

Canadian Board on Geographical Names.
TAPINI
Tapini (cresson) Algonquin.

Plante antiscorbutique et dépurative qui croit dans les eaux Le cresson des jardins sert à assaisonner les salades.

Tapini est le nom d’une vieille ferme de chantier sur les bords de la Lièvre supérieure, province de Québec. Le R.P. Guéguen, O.M.I. parlait souvent de cette ferme où il donnait la mission en allant et revenant de chez les Indiens. Arrivée à Tapini, il se croyait revenu dans la civilisation.

Le Père Guéguen était breton. Il souffrit toute sa vie d’une infirmité incurable qui aurait retenu tout autre à la maison. Cependant, il missionna plus de 30 ans chez les bûcherons et les Indiens. Quelquefois, étant incapable de marcher, ses guides le portaient dans leurs bras. Je l’ai accompagné dans son dernier voyage en canot, de huit à neuf cent milles. J’ai vu sa charité, sa patience et les maux qui l’affligeaient. Une fois on l’attendit plus d’une heure au bout un portage marécageux, on le plaça dans le canot ; sa plainte fut : « Pauvre moi ».

Un Frère qui le mena souvent dans les chantiers et fut témoin plus d’une fois de ses actes d’héroïsme, avait coutume de dire : « Quand le Père Guéguen se décidera de faire des miracles, il en fera tant qu’il voudra ».

Un jour des Indiens protestants venus de Rupert House à Waswanipi où le cher Père prêchait une mission aux Cris, le ridiculisèrent grossièrement. Pour toute réponse il leur rappela la justice de Dieu. Peu de temps après, ces insulteurs partirent pour retourner à leur poste et tous moururent en chemin. On les trouva pourris. À l’entrée de leur tente était une chaudière dans laquelle une bête avait bouillie avec le thé. On a pensé que l’un d’eux alla de nuit puiser de l’eau où se trouvait cette bête vénéneuse qui empoisonna leur breuvage.

Le Père Guéguen possédait plusieurs langues indiennes. Il publia en tête-de-boule un catéchisme, des prières et des cantiques. Il mourut à Maniwaki en 1909. On fit son oraison funèbre en trois langues.

TAWANI
Tawani (il ouvre la bouche, il bâille) Otchipwé.

Nom d’une mission esquimaude sur la côte ouest de la Baie d’Hudson.

TAWATINAW
Tawatinaw (vallée, espace, entre deux montagnes ou Collines) Cris, tête-de-boule.
Racines : Tawaw : espace, terrain ; atinaw : montagne, colline.

Nom d’une paroisse du diocèse d’Edmonton, province d’Alberta.

TEKAKWITHA
Tékakwitha (celle qui avance en hésitant) Iroquois.

C’est le nom d’une jeune Iroquoise, remarquable par la sainteté de sa vie. Dès ses premiers ans, la petite vérole affecta sa vue ; ce qui lui valut sans doute le surnom de « marcheuse hésitante. »

Son père était Iroquois, sa mère algonquine, et ils venaient des environs des Trois-Rivières. Elle avait connu les « Robes Noires » avant d’être amenée captive sur les rives de la Mohawh.

Tékakwitha décida de demeurer vierge. Deux de ses tantes, dans leur intérêt, voulurent la marier par surprise. Découvrant le piège, elle sortit de la cabane avec précipitation, laissant stupéfaits tantes et prétendant. Cet affront attira sur elle persécutions et travail accablant.

Sur un hêtre, près d’une source où souvent elle allait puiser de l’eau, l’enfant grava une croix et priait devant elle. On rapporte que sa prière du matin était à peu près celle-ci : « Père, Tékakwitha s’est levée avant le jour, avant les autres, pour t’apporter son cœur, garde-le. Tékakwitha n’a pas autre chose à t’offrir. Mais elle a beaucoup à demander. Hélas ! ceux de la cabane ne cessent de t’offenser, ils se moquent des « Robes Noires », boivent l’eau de feu et me défendent de prier. Père, parle à mon oreille intérieure ; protège-moi car j’ai peur. Tu as pris ma mère, donne-moi la tienne, car je suis seule. Père, es-tu ici avec moi, comme l’a dit la Robe Noire ? Tu m’entends ? »

Elle fut baptisée un jour de Pâques et reçut le nom de Kateri (Catherine) ; son parrain fut un grand chef appelé Cryn.

Ne pouvant pratiquer librement la religion sur les rives de la Mohawh, rivière des États-Unis, elle s’enfuit à Kanawaké (Caughnawaga) où elle fit sa première communion.

Kateri était mortifiée ; elle se flagella ; pour un temps, elle coucha sur une natte parsemée d’épines, se levait avant l’aurore et attendait à la porte de l’église, encore fermée à clef. À l’occasion d’un enterrement elle dit, en montrant du doigt une pointe de terre près des rapides : « Bientôt je serai enterrée là ». La prédiction allait bientôt se réaliser.

Elle mourut à 24 ans (1680), entourée de ses compagnes, à genoux. Pendant que le Père Cholenec récitait les prières des agonisants, un cri d’étonnement s’échappa de sa poitrine. Le visage de Kateri, qu’il avait toujours vu couvert des marques de la petite vérole, était devenu d’une beauté surprenante : les assistants en étaient ravis ; la peau délicate semblait lumineuse et ce rayonnement durait encore quand on ferma son cercueil.

Gilbert C. BOUVIER, Kateri Tékakwitha.
Rina LASNIER, Féerie indienne, p. 21.
CAUGHNAWAGA.
TEMISCAMINGUE
Témiscamingue pour timiskaming (dans l’eau profonde) Algonquin.
Racines : Tim : profond ; kami : eau, étendue d’eau ; ing un locatif.

Témiscamingue, lac de 67 milles de longueur, élargissement de la rivière Ottawa. Un comté de la province de Québec porte également ce nom.

Le Témiscamingue d’aujourd’hui, belle région agricole et grand district minier, parsemé de villes neuves et de gros villages, est une chose bien différente du Témiscamingue sauvage d’il y a cent ans et plus.

De nos jours, la vie indienne se résume à quelques pauvres réserves sans importance ; alors que jadis, les missions indiennes et les postes de traite du Témiscamingue étaient un centre d’activité considérable.

Comme partout ailleurs, la pénétration des blancs a été précédée par une ère de pénibles missions. Citons parmi les missionnaires célèbres : Charles Bellefeuille (1836), les abbés Hippolyte Moreau, Poiré, Bourassa, Payement, Olscamp ; le jésuite Duranquet et finalement Nicholas Laverlochère, o.m.i. (1844). À partir de cette date, ce territoire fut confié aux pères Oblats. Ils s’y installèrent de façon permanente, à la sortie du lac Témiscamingue, en 1863.

C’est un oblat, le frère Moffette, qui révéla aux Canadiens le Témiscamingue agricole. Lui-même piocha le premier jardin, traça le premier sillon et récolta la première gerbe de blé. Une société de colonisation fut organisée et les familles terriennes arrivèrent. Le frère Moffette fut à ce point le guide et le protecteur des colons qu’on lui donna le titre de « Père du Témiscamingue ».

Eugène NADEAU, Un homme sortit pour semer, p. 30.
TÉMISCOUATA
Témiscouata (lac profond) Micmac.
Racines : Timi : profond ; goateg : lac.

Nom d’un lac qui donne naissance à la rivière Madawaska. Sa longueur mesure environ 32 milles, sa largeur est irrégulière de un à trois milles. C’est également le nom d’un comté du Québec. Chef-lieu : L’Île Verte. Ce comté touche à l’État du Maine et est arrosé par la Rivière-du-Loup, la Trois-Pistoles et le Saint-François.

TIKERARDJUARK
Tikerardjuark (comme un long index) Esquimau.
Racines : Tikerk : index ; djuar : très grand ; rar, pour l’euphonie ; tendance vers.

Tikerardjuark est une longue pointe de terre en direction de la mer, à Cap Esquimau. Chaque printemps les Esquimaux s’y rassemblent pour faire la chasse aux phoques.

A. THIBERT, O.M.I., ancien missionnaire chez les Esquimaux.
TIMAGAMI
Timagami (eau profonde) Cris, algonquin.
Racines : Tima : creux, profond ; kami : eau, étendue d’eau.

Ce lac aux eaux claires, profondes et poissonneuses, est certainement l’un des plus beaux du Canada. Il mesure 90 milles carrés. Il est parsemé d’îles, petites mais toutes bien boisées. C’est le lac le plus achalandé de touristes, de toute la province d’Ontario. Jusqu’à 1938, les Indiens de Timagami furent desservis par les Pères Oblats ; leurs deux derniers missionnaires furent les Pères Évain et Martel.

Sur la rive nord-est du lac Timagami, dans le district de Nipissing, est bâti le village qui porte son nom. Il abonde de visiteurs et son bateau invite chaque jour à une jolie promenade : le tour du lac.

TOBOGGAN

Toboggan, mot d’origine indienne : otaban en algonquin, otabanask en cris : « traîne », (dérivé de otabi et otabew, il traîne, il charrie, il hâle derrière lui). Toboggan est devenu un terme français et anglais.

La traîne indienne est faite d’une planche en bois franc d’un demi-pouce d’épaisseur et recourbée en rond à l’avant. Sa longueur est de 7 à 8 pieds, et sa largeur d’une quinzaine de pouces. Cette traîne a l’avantage de glisser sur la neige sans enfoncer, et ne verse pas comme les traîneaux à patins élevés. Il est agréable de descendre en toboggan les collines et les côtes de neige vierge où ne circule ni route ni sentier.

TOMAHAWK

Tomahawk, ce mot vient du verbe cris « otamahwew, il le frappe » ; otamah : frappe-le ; otamahok, frappe-les ; otohamwaw : On le frappe, il est frappé.

Le tomahawk fut une arme de guerre chez les Indiens, un assommoir.

Tomahawk est le nom d’une mission de l’Archidiocèse d’Edmonton.

TOMASIN
Tomasin pour tangasin (toucher le roc) Algonquin.
Racines : Tang : toucher ; asin ; pierre.

Quand un canot touche une pierre au fond de l’eau, on dit : « Tangasin. »

Tomasin est le nom d’un lac et d’une rivière. Leurs eaux alimentent le lac Rond puis le lac et la rivière Désert et finalement la Gatineau.

TORONTO
Toronto (un arbre dans l’eau) Iroquois.
Racines : Karonta : arbre ; 0 : idée de plongée dans un liquide, eau.

Un ancien missionnaire signant N. O., auteur des « études philologiques sur quelques langues indiennes de l’Amérique », donne de Toronto cette traduction et il la donne comme faisant exception à une règle générale, parce que la composition de ce nom « exclut toute postposition », (p. 93). M. J.-A. Cuoq, dans son lexique iroquois, donne la même traduction de Toronto.

Toronto, capitale de la province d’Ontario, est située sur la rive nord du lac du même nom. Fondée en 1794 par le gouverneur Simcoe, cette ville a réalisé un incessant progrès. Elle est située à l’endroit où s’élevait le fort « Rouillé » bâti par les Français en 1749. Plus tard, avec les Loyalistes, elle devint Fort York, nom qu’elle garda jusqu’en 1834. En 1813, durant le conflit entre les Canadiens et les Étatsuniens, ce bourg fut pris, pillé et brûlé deux fois par les troupes américaines de terre et de mer. L’on a élevé dans l’enceinte actuel du terrain de l’exposition, une colonne commémorative indiquant le site précis de l’ancien fort Rouillé. Toronto, qu’on peut appeler la ville des ponts, est arrosée par trois rivières. Son université fondée en 1827 est l’une des plus importantes du Canada et sa Bourse l’une des mieux cotées de l’Univers. Toronto compte près de 3, 000 établissements industriels. La population est en très grande majorité anglo-protestante. L’Église catholique compte plusieurs paroisses, de nombreuses écoles séparées, soutenues par les catholiques, le Saint-Michael’s College, un archevêché dont le titulaire est Cardinal.

Études philologiques sur quelques langues sauvages de l’Amérique, p. 93.
L. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
Encyclopédie Grolier.
TRACADIE
Tracadie pour Tlagatik (établissement, campement) Micmac.

Village et port de mer de la Nouvelle-Écosse et village du Nouveau-Brunswick, comté de Gloucester. Ce dernier’Tracadie (N.-B.) fut toujours considéré comme un centre acadien important par ses institutions (collège, hôpital, pèlerinage, lazaret), par son agriculture, ses produits maritimes et ses nombreuses fabriques de tonneaux. Un cours d’eau de 50 milles se jetant dans le golfe Saint-Laurent, porte aussi le nom de Tracadie.

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap., Études historiques et géographiques.
TRACADIECHE
Tracadièche pour tlagatiedche (endroit où il y a des hérons) Micmac.

Nom d’un Mont qui dresse à quelques centaines de pieds sa crête verdoyante, près de Carleton, Baie des Chaleurs.

Les premiers colons de Carleton étaient des Acadiens échappés à la cruelle déportation de leurs compatriotes, lors du Grand Dérangement. Sept familles dont l’histoire a enregistré les noms et qui ne sont pas près de s’éteindre : les Leblanc, Landry, Dugas, Comeau, atteignirent Tracadièche, aujourd’hui Carleton, en décembre 1755.

Vie de Mère Mallet, p. 431.

TUGASKE
Tugaske pour takaske (fais un pas) Cris.

Petite localité en Saskatchewan.