Les noms indiens de mon pays/UNGAVA-YUKON

Texte établi par Rayonnement (1p. 173-198).

UNGAVA
Ungava pour ungawak (le plus loin) Esquimau.
Racines : Unga : cette chose au loin avec le sens de l’autre côté de quelque chose : wak superlatif.

L’Ungava est la partie la plus nordique de la province de Québec. Le Dr. J.-A. Retty y a découvert de riches mines de fer. La Compagnie Hollinger les exploite au lac Knob. Les sondeuses à percussion ont permis de découvrir du minérai jusqu’à une profondeur de 367 pieds. Mais avant le Dr. J.-A. Retty, en 1868, le Père Louis Babel, O.M.I., sur une précieuse carte géographique qu’il a dressée à la suite de ses voyages, indique ce site comme « abondant en fer ». « Jusqu’à ce jour l’Ungava ne fut habité que par les Indiens et des Esquimaux. Les Frères Moraves y font la traite des fourrures depuis 1771, ainsi que la Compagnie de la Baie d’Hudson. »

Au sujet des premiers habitants de l’Ungava, M. J. A. Burgesse écrit : « L’Ungava est le pays des Naskapis, qui ne sont autres que nos Montagnais primitifs. Les Esquimaux ne pénètrent jamais dans l’intérieur, mais demeurent à la côte… Les noms géographiques Wiachouan et Kenogamischistuk, que l’on rencontre dans l’Ungava, sont montagnais. Les ouvrages de Wallace et surtout de Cabot, écrits au commencement du siècle actuel, indiquent bien que les habitants de l’intérieur de l’Ungava étaient Indiens et non pas Esquimaux. » (3 nov. 1950, Document aux Arch. de la S. Hist. du Saguenay)

La Baie d’Ungava s’ouvre au nord sur le détroit d’Hudson et s’enfonce vers le sud à l’intérieur des terres. Sa largeur est d’environ 170 milles. Plusieurs fleuves s’y déversent : le Koksoak, le George et le Kaniaspikaw. La plus considérable de ses îles est Akpatok, à l’entrée de la Baie.

Le district d’Ungava, qui faisait partie des territoires du Nord-Ouest, a été rattaché à la province de Québec en 1912; on l’appelle maintenant le Nouveau-Québec.

Progrès du Golfe, juin 1949.
Stanislas A. LAROCHELLE, Prov. O.M.I., Circulaire No 7.
UTIKUMA
Utikuma pour otkkomiw (il a des poux) Cris.

Utikuma est un lac de l’Alberta nord d’une superficie de 90 milles carrés, et situé à 2,105 pieds du niveau de la mer. Il se déverse dans la rivière Wabiskaw. Si ce lac, au nord du Petit lac des Esclaves, pouvait parler, il demanderait sûrement qu’on change son nom. N’est-ce pas humiliant de s’appeler « lac pouilleux ».

WABAMUN
Wabamun (miroir) Cris.

Nom d’une mission fondée en 1898 au diocèse d’Edmonton, en Alberta. On a changé le nom de Wabamun pour celui de Spruce Grove.

WABANO
Wabano (sorcier) Algonquin, cris.

Nom de bon nombre de personnes, de lieux, et de rapides.

Il y a parmi les Indiens païens, une société de gens qui se prétendent dépositaires de beaucoup de secrets. Tout le monde ne peut être admis dans cette société. Ils tiennent leurs assemblées le soir ; elle dure toute la nuit. On y fait toute sorte d’extravagances : les uns avalent plusieurs brasses de corde qu’ils arrachent ensuite de leur gosier ; d’autres mettent du feu dans leur bouche ou dans leurs mains. Et cela se fait au moyen de certains trucs bien simples qu’ils appellent médecines et qu’ils prétendent avoir reçues de l’Orient, d’où leur vient le nom de Wabano.

Un jour Mgr Grandin se tenait avec plusieurs Indiens autour d’un feu. Un sorcier se pencha et prit dans les cendres rouges une pierre brûlante et la présenta à l’Évêque en disant : « Es-tu capable de faire cela ? » L’Évêque répondit à ceux qui l’entouraient : « Je vous ai enseigné qu’il n’y a que les démons que le feu ne brûle pas. » Cette réponse fit réfléchir le sorcier, qui se convertit.

F. JONQUET, O.M.I., Vie de Mgr Grandin, O.M.I., premier évêque de St-Albert.
J.-A. CUOQ lexique de la langue algonquine.
WABASH
Wabash pour Wabask (ours blanc) Cris.
Racines : Wab : blanc ; ask : ours.

Wabash est le nom d’une compagnie, d’un chemin de fer et d’une rivière des États-Unis. La Wabash arrose l’Indiana, puis sépare cet état de l’Illinois et se jette dans l’Ohio, après une course de 550 milles, Elle est reliée au lac Érié par un long canal.

WABASKAW
Wabaskaw (il y a des ours blancs) Cris.
Racines : Wab : blanc ; ask : ours ; skaw : abondance.

Dans la province d’Alberta, une rivière et quelques lacs portent ce nom.

L’ours blanc, nanuk en langue esquimaude, est massif et fort. Sa longueur dépasse onze pieds. Lorsqu’il est jeune, il est très blanc mais avec les années son poil devient jaunâtre. Bien qu’amphibie, il vit ordinairement sur terre ou sur les glaces et les banquises. Avec les renards blancs, il nettoie les plages de la mer glaciale en y mangeant les animaux apportés par les vagues et les marées montantes. À l’eau, l’ours blanc est d’une souplesse étonnante. Il plie et se replie, j’allais dire, comme un serpent. Il plonge et va chercher des poissons au fond des eaux. Quand il réapparaît, il se met sur le dos et flottant, les pattes un peu élevées, un poisson à la gueule, il semble jouir et jubiler. L’ours blanc ne se contente pas de poissons ; il chasse les loups marins et les phoques. Je l’ai vu revenir tenant un phoque avec une patte de devant et monter sur la glace avec sa proie. La chasse à l’ours blanc est dangereuse : la plupart du temps, il faut plusieurs balles pour l’abattre. Des chasseurs poursuivis par lui sur l’eau se sont sauvés en l’aveuglant, en lui tirant des plombs aux yeux.

Généralement, l’ours blanc n’est pas agressif et ne s’attaque à personne. Mais, s’il est attaqué, il se défend courageusement. Cerné ou blessé, quand il décide de passer à la contre-attaque, il le fait toujours ventre à terre, l’avant de son corps glissant sur la neige, les deux pattes supérieures repliées dans un galop terrifiant. Comme il ne tue pas avec ses crocs mais d’un seul coup de massue de ses pattes énormes, il doit s’imposer un temps d’arrêt avant d’aborder son ennemi. C’est l’unique et dernière chance du chasseur, c’est l’instant que l’Esquimau de jadis mettait à profit pour lui darder son harpon dans l’épaule ou lui fouiller le cœur de son grand couteau.

Les crocs de l’ours blanc sont précieusement mis en réserve pour servir d’agrafes à la ceinture. Sa peau devient un magnifique tapis de sol imperméable ou de beaux pantalons, à moins qu’un blanc ne l’achète pour une vingtaine de dollars.

Roger BULIARD, O.M.I., Inuk p. 136.

WABASKOTCHI
Wabaskothi (la montagne de l’ours blanc) Cris.
Racines : Wabask : ours blanc ; tchi : montagne.

Cette montagne ou colline est située un peu au nord-ouest du cap Henriette. Il y a quelques arbres sur cette colline. Comme la forêt est loin de là, il est probable que des mères ourses se rendent à cet endroit pour avoir leurs petits.

WABASSIMONG
Wabassimong (au chien blanc) Otchipwé, sauteux.
Racines : Wab-wap : blanc ; sim, suffixe pour chien ; ong : locatif.

En 1838, l’abbé Belcourt fonda Wabassimong, au confluent des rivières aux Anglais et Winnipeg. Cette mission coûta aux missionnaires des efforts surhumains. M. Georges Antoine Belcourt, né à la Baie-du-Febvre, était curé de Sainte-Martine, quand il partit pour les missions de l’Ouest canadien. M. A. Ross, dans son livre « The Red River Settlement », l’appelle un homme actif, intelligent et entreprenant. Il essaya longtemps de décider les Indiens à cultiver la terre. Ces nomades, hélas ! n’étaient pas mûrs pour cette besogne ; même aujourd’hui, ils ne le sont pas encore. M. Belcourt publia en sauteux un catéchisme, un livre de prières et une grammaire que j’ai étudiée. Son dictionnaire ne fut pas imprimé.

WABASSO
Wabasso pour wabosok (lièvres, il est blanc par le feu ou le soleil) Algonquin, cris.
Racines : Wab : ou wap : blanc ; sow terminaison verbale ou suffixe, indique l’action du feu ou du soleil.

Aux Trois-Rivières et à Shawinigan, deux manufactures de cotonnade portent le nom de Wabasso. Celle de Shawinigan emploie environ 400 ouvriers sur plus de 600 métiers, avec 22,000 broches. On y produit les cotonnades blanches et coloriées, les batistes, shirtings et broadcloths. Les produits à l’enseigne du lièvre blanc « Wabasso » sont en grande faveur sur le marché.

Gérard FILTEAU, L’épopée de Shawinigan, p. 293.
WABIKONDJISIPI
Wabikondjisipi (la rivière de la montagne des fleurs) Cris.
Racines : Wabikon : fleur ; dji : montagne ; sipi : rivière.

Cette rivière se déverse dans le lac Waswanipi, en traversant un gros rapide.

La montagne, moyenne et ronde, a belle apparence à cause de ses arbres très durs. Elle présente deux parties bien distinctes, deux teintes fort jolies et bien dessinées. Il est probable que le sommet fut brûlé par la foudre tandis que le pied a été épargné.

WABIKOON
Wabikoon pour wakilon (fleur naturelle ou artificielle) Cris, sauteux, otchipwé.

Nom d’une rivière de la province d’Ontario qui se jette dans l’English River. Une gare du Canadien Pacifique porte également ce nom.

En algonquin et tête-de-boule, le mois de mai s’appelle « la lune des fleurs ».

WABISI
Wabisi (l’oiseau blanc, le cygne) Algonquin.
Racines : Wab : blanc ; si : oiseau, volatile en général.

Nom d’un lac de la rivière Gatineau.

Le cygne est un énorme oiseau très blanc, palmipède, migrateur et domestique. Il possède un long cou flexible, de larges ailes et un cou décoratif. Il aime les joncs et les eaux.

Tous les oiseaux aiment l’eau ; et des millions y vivent. Les oiseaux furent les premiers à rompre le grand silence de la terre et à chanter la gloire du Créateur.

WABISIWISIPI
Wabisiwisipi (la rivière du cygne) Cris.
Racines : Wabisiw : cygne ; sipi : rivière.

Cette rivière poissonneuse conduit ses eaux à la baie James. Elle coule entre les rivières Ekwan et Obénakaw en Ontario nord.

WABISKAW
Wabiskaw (c’est blanc) Cris.

Wabiskaw est un nom géographique en Saskatchewan. C’est également le nom d’un affluent de la rivière La Paix, en Alberta.

WABOZ SIPI
Waboz sipi (la rivière du lièvre) Algonquin, tête-de-boule.
Racines : Waboz : lièvre ; sipi : rivière.

Cette rivière, qu’on appelle toujours La Lièvre, est un affluent de la rivière Ottawa. Sur ses bords on rencontre les villes de Buckingham et de Mont-Laurier. La Lièvre est alimentée par les lacs Manjamegous, Des Pins, Culotte et Nemiskachi. À 22 milles de son embouchure, ses eaux font un énorme saut de 130 pieds.

Le lièvre est un mammifère rongeur, à longues oreilles, très rapide à la course. Blanc en hiver et brun en été, il est la proie des renards, des pécans, des loups, des hiboux et la manne des Indiens. Certains Indiens m’ont dit qu’ils ne se fatiguaient point de manger sa chair, alors que c’est le contraire pour le chevreuil et l’orignal. Sa peau mince avec ses poils électrisés donnent une chaussette remarquablement douce. Les indiennes taillent sa peau en lanières et en tressent des couvertes blanches comme neige et très chaudes.

Il y a quelques années un Indien appelé Salomon, employé au service de la Compagnie de la Baie d’Hudson, écorcha vif un lièvre et le relâcha, avec de grands éclats de rire. La pauvre bête exaspérée de souffrance, bondissait ça et là, se jetant dans les broussailles et les flaques d’eau, se meurtrissant aux arbres et aux pierres. Or il advint que celui qui avait commis cet acte de cruauté, eut un de ses enfants affligé d’un mal étrange, faisant de temps en temps le saut ridicule du lièvre écorché, et cela jusqu’à épuisement. Tous les Indiens du poste virent dans cette infirmité unique en son genre, un châtiment du ciel.

WABUSH
Wabush (lièvre) Cris.

Nom d’un lac sur les frontières du Labrador et du Québec. Importants dépôts de fer et site d’une ville en construction.

WACH
Wach (cavité, creux horizontal sous terre, terrier) Algonquin, cris, tête-de-boule.

Par analogie, wach se dit d’une tanière d’ours et d’un repaire de serpent. De wach, les Canadiens-français ont fait les mots se ouacher, une wache.

WAGASKA
Wagaska pour wakaskaw (il y a plusieurs croches, c’est croche) Cris.
Racines : Wag : croche ; skaw : beaucoup, plusieurs.

Nom d’une paroisse du diocèse de Grouard, en Alberta.

WAGISTIKWEIA
Wagistikweia (la rivière croche) Cris.
Racines : Wag : croche ; tikweia : rivière.

Plusieurs rivières portent ce nom. Sur les bords de l’une d’elles, très loin dans la forêt, vers Waswanipi, j’ai vu plusieurs orignaux en putréfaction : étranglés par les loups. Un jeune orignal encore vivant se tenait dans la rivière. Il avait reçu plusieurs coups de dents et tremblait de tout son corps. Quelques milles plus loin un gros orignal avait la tête plongée au fond de l’eau et mangeait les racines de plantes aquatiques. Nous cessâmes d’avironner pour ne pas le frapper avec le canot. Quand il leva la tête, il se tourna vers nous et nous regarda fixement, comme pour nous supplier de lui laisser la vie. J’ai souvent pensé que les bêtes considèrent l’homme, à bon droit, comme un protecteur.

Sur cette petite rivière sinueuse, je faillis brûler vif avec cinq Indiens. C’était la nuit, une pluie de feu venant d’une forêt embrasée tombait sur nous. Nous étions entourés d’herbes sèches et de vieilles épinettes particulièrement inflammables. Nous sautâmes dans notre canot, et je dis aux Indiens : « Prions, Dieu seul peut nous tirer de ce danger ». Nous récitâmes deux Pater et deux Ave et soudainement la pluie de feu s’arrêta.

WAGOCH
Wagoch (renard) algonquin.

Nom de plusieurs rivières et ruisseaux.

On évalue le renard selon sa couleur et son poil : le jaune, le rouge, le noir, le croisé, l’argenté et le blanc. Ce dernier rôde dans les contrées très froides du cercle arctique. Le jaune et le croisé sont plus nombreux mais moins estimés, tandis que le renard noir ou argenté est la coqueluche des élégantes. On chasse le renard pour sa fourrure et jamais pour sa chair.

Les renards ont mille ruses pour saisir leur proie et pour éviter les pièges. L’Indien qui tend au renard prend soin de cacher son piège en le recouvrant d’un bloc de neige durci qu’il a aminci à la hache, et, avant de quitter les lieux, il nivèle la neige pour que rien ne paraisse de ses traces. Ensuite il sort de son sac deux ou trois petits morceaux de poisson qu’il jette à quelques pas du piège. Un Indien, à qui je conseillais de mettre plus de poissons, me répondit : « Ce n’est pas chanceux ; quand il y a peu de nourriture, le renard en cherche davantage et se rend jusqu’au piège ».

WAHWASHESH
Wahwashesh pour wawachich (petits œufs) Cris.
Racines : Wawa : œufs ; chich : diminutif.

Wahwashesh est le nom d’un lac de la rivière Magnetawan, qui se jette dans la Baie Georgienne en Ontario.

WAIAGAMAK
Waiagamak pour wawiagamaw (lac rond) Cris, tête-de-boule, montagnais.
Racines : Wawia : rond ; gama : étendue d’eau, lac.

C’est le nom de plusieurs lacs et aussi d’une manufacture de papier à Trois-Rivières. Les gens du Cap-de-la-Madeleine et des environs se plaignent avec raison de l’odeur nauséabonde qui s’échappe de cette manufacture.

Les Servantes de Jésus-Marie de Hull se disposaient à faire une fondation au Cap-de-la-Madeleine quand elles apprirent à regret que les Carmélites du Manitoba avaient pris position avant elles. Or, lorsque celles-ci vinrent au Cap choisir l’emplacement de leur futur monastère, les moulins de la Waiagamak lancèrent une puanteur infecte. Les pauvres Carmélites, étrangères à ce baume, jugèrent qu’elles ne pourraient vivre dans une semblable peste et demandèrent à l’Évêque des Trois-Rivières un autre lieu. Ce qui fut l’occasion de la venue des Servantes de Jésus-Marie au Cap-de-la-Madeleine.

WAKAW
Wakaw (c’est croche, courbé) Cris.

Nom d’une paroisse du diocèse de Prince-Albert, Saskatchewan, où se trouve un sanctuaire national, dédié à Ste-Thérèse de l’Enfant-Jésus. On y fait deux grands pèlerinages annuels : le 2e dimanche de juin et le 3 octobre, chacun précédé d’une neuvaine à la petite fleur de Lisieux.

Canada Ecclésiastique, 1944.

WAKO
Wako pour wakaw (c’est croche) Cris.
Wako est peut-être pour wakoch « renard ». Algonquin.

Nom d’une gare de chemin de fer dans la province d’Ontario.

WAKWEKOBI
Wakwekobi pour wakekobi (il quitte le rivage tranquillement)
Racines : Waké : doucement, tranquillement ; Kopi : quitter le rivage.

Nom d’un lac qui se déverse dans la rivière Mississagi, comté d’Algoma, Ontario.

WANIKEWIN
Wanikewin (oubli) Cris.

Nom d’une gare du Canadien Pacifique entre Pickerd et Franck River, dans la province d’Ontario. J’ignore pourquoi ce lieu fut appelé « oubli ».

J’ai souvent médité sur l’oubli. Il y a tant de sortes d’oubli : l’oubli de choses : tabac, outil, argent ; l’oubli des bienfaits : l’ingratitude ; l’oubli de soi : l’abnégation ; l’oubli des injures : le pardon parfait ; l’oubli de faire pénitence, d’entrer par la porte étroite ; l’oubli de nos fins dernières : l’unique nécessaire ; l’oubli de la présence de Dieu : ce grand malheur qui donne chance au mal et aux tentations ; l’oubli de prier, d’adorer Dieu, le Maître et Créateur de toutes choses, l’Éternel, le Vivant, l’Amour infini ; l’oubli du ciel : la Jérusalem céleste. Ô Dieu, qui n’oubliez point, faites que je n’oublie jamais de me repentir, de vous aimer, de vous servir, de réparer les crimes de la terre et d’exercer l’apostolat.

WAPASKWEYA ou WABASKWEYA
Wabaskweya (la forêt des ours blancs) Cris.
Racines : Wabask : ours blanc ; skweia : forêt.

Nom géographique du Nord-Ouest.

WAPPAWEKA
Wappaweka pour wabanaka (sable blanc) Cris.
Racines : Wab : blanc ; néka : sable.

Côtes de sable blanc au sud du lac Rouge, en Saskatchewan. On dit plutôt « Côtes Wapawekka. »

WASHAGAMI
Washagami (le lac clair) Cris, algonquin, tête-de-boule.
Racines : Was : qui luit, qui brille, clair, lumineux ; gami : lac, étendue d’eau.

Plusieurs lacs et rivières du Canada portent ce nom. Leurs eaux translucides en laissent voir le fond et les poissons dolents qui semblent si souvent rêver.

WASHAGO
Washago pour Washakam (le rivage de la baie) Cris.
Racines : Washaw : baie ; akam : rivage, bord de l’eau.

Paroisse du diocèse de Toronto, comté Simcoe, province d’Ontario.

WASHAMEK
Washamek (baie poissonneuse ou poisson de la baie) Cris, tête-de-boule.
Racines : Washaw : baie ; mek : suffixe idée de poisson.

Washamek : nom géographique de la côte nord du golfe Saint-Laurent.

WASIGAMAK
Wasigamak pour wasegamaw (le lac clair) Cris.
Racines : Wase : clair, eau claire ; gamaw : lac, étendue d’eau.

Wasigamak est une desserte au Vicariat apostolique du Keewatin.

WASKANA
Waskana (entoure-le) Cris.
Racines : Wask : autour, à l’entour ; nam est une forme verbale.

Waskana est le nom d’un lac artificiel, entouré d’arbres et de jolis sentiers, en face des édifices du Parlement à Régina, en Saskatchewan. Cet étang d’un mille de long et d’un demi-mille de large est alimenté par les eaux d’une petite rivière du même nom.

Certains disent que waskana est pour « oskana », les os. Il y avait jadis des monceaux d’ossements sur les bords de cette rivière.

WASKOK
Waskok (dans le nuage, dans le ciel) Tête-de-boule, cris.

Nuage est la signification première de Waskow ; les Cris de la côte ouest de la Baie James et les Têtes-de-boule du Saint-Maurice lui donnent encore la signification de ciel. Joseph Otawa de Manawan mourut en chantant le cantique Waskok ni wi ijaw : « je veux aller au ciel. »

Plusieurs amateurs de pêche et de chasse ont orné du mot Waskok leur chalet de bois rond.

WASWANIPI
Waswanipi (lac où l’on pêche au flambeau) Cris, algonquin.
Racines : Waswaw : pêcher au flambeau ; nipi : eau, lac.

On sait que le poisson est attiré par la lumière. « À Forillon, promontoire escarpé entre le Cap des Rosiers et la baie de Gaspé, les pêcheurs basques bâtirent un petit fort où la nuit, ils faisaient des feux pour attirer le poisson dans leurs filets ».

Waswanipi est le nom d’un poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson, d’un lac et d’une rivière qui se déversent dans le Matagami, Québec.

À Waswanipi, il fut un temps où les Compagnies du Nord-Ouest et de la Baie d’Hudson se faisaient une opposition très vive. Les rixes éclataient entre employés et même les femmes indiennes n’y étaient pas étrangères. Un jour deux d’entre elles se battirent à coups de hache et se tuèrent. Il y a quelques années, les jeunes gens de ce poste jouaient avec le crâne de l’une d’elles en se le renvoyant les uns les autres à coup de pied comme si ce fut un ballon. Le commis de l’endroit m’ayant conté la chose, je recherchai le crâne de cette malheureuse païenne pour le mettre en terre.

L’histoire se répète : la tradition rapporte qu’un des premiers ballons chez les Angles, les Saxons et les Vikings fut le crâne d’un envahisseur Danois, et qu’on s’en est servi à Chester.

Le père Guéguen, O.M.I., revenant de mission, attendit 7 jours au bord du lac Waswanipi sans pouvoir le traverser. « Le huitième jour, écrit-il, le vent s’étant calmé, un de mes guides, fatigué d’attendre, se leva de grand matin et dans les ténèbres, voulant préparer le bois pour le feu, se fendit le pied d’un coup de hache. On avait à marcher au moins 150 milles avant de rencontrer quelqu’un. Après avoir bandé la blessure, on tint conseil : devait-on retourner au poste de Waswanipi ou continuer le voyage ? Le blessé dit : « Je puis avironner ; dans les portages, je marcherai sur les mains et les genoux ». L’autre guide ajouta : « Moi, je porterai le canot, les bagages et les provisions. » Ce voyage de retour fut lent et pénible car il y avait de nombreux portages. Le vieux missionnaire était ému en me racontant ces choses.

Digeste catholique, nov. 1948, p. 17.
La Revue de l’Université Laval, avril 1949.
WATCHICH
Watchich (petite montagne, colline) Cris.
Racines : Watchi : montagne ; ich : le diminutif.

Watchich est le nom d’une chaîne de montagnes peu élevées, déboisées qui passent près d’Amos et court de l’ouest à l’est jusqu’au Labrador.

WATCHISTON
Watchiston (le nid) Cris, tête-de-boule.

C’est le nom d’un bosquet qui a la forme d’un nid, sur les bords de la rivière Ekwan. Le lieu est accueillant, indiens et missionnaires aiment à y accoster et camper : l’on s’y sent chez soi comme l’oiseau dans son nid.

Il y a des millions de nids de toutes sortes, et tous leurs œufs sont féconds, et les petits qui naissent de ces œufs fragiles ne manquent jamais de nourriture. Ils dorment dans le duvet, sous l’aile de leur mère. Avant de laisser le nid, l’oiselet se penche et regarde puis il s’envole tout près sur une branche, puis sur une autre et finalement à terre. Il marche quelques pas, puis vole prudemment sans s’éloigner de sa base. Déjà il sait fuir le danger, se cacher, trouver sa nourriture. Après quelques heures, il se risque dans les airs, plus haut que son nid.

WATSISHOU
Watsishou (petite montagne) Cris.

Nom d’un lac de la région du Saguenay, ainsi dénommé à cause des collines qui l’avoisinent.

WAUBAMIK
Waubamik pour Wabamik (castor blanc) Algonquin.
Racines : Wab : blanc, de couleur blanche ; amik : castor.

Waubamik est le nom d’un homme, d’un lieu et d’un rapide, en Ontario.

WAUBAUSHENE
Waubaushene pour wabosing (au lièvre, chez le lièvre) Algonquin.
Racines : Wabos : lièvre ; ing : locatif.

Village situé à l’extrémité sud-est de la Baie Géorgienne, comté Simcoe, Ontario. Peut-être que ce mot mal écrit signifie « petit lièvre » (Waboshish).

WAUPOOS
Waupoos pour wapos ou wabos (lièvre) Algonquin.

Nom d’une localité du diocèse de Pembroke, Ontario.

WAWA
Wawa, pluriel de wawi (œufs) Cris.

Nom d’une paroisse du diocèse de Sault-Sainte-Marie, Ontario.

Un chef de poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson à Albany me disait : « Le printemps, quand les outardes nous reviennent, plusieurs s’arrêtent pour pondre et couver à une soixantaine de milles en haut de la rivière. Il arrive quelquefois qu’elles meurent sur leurs nids au temps de la couvaison, quand survient un froid de plusieurs jours. La chaleur naturelle de ces grosses oies produit de l’humidité et le froid glace leurs plumes en les collant au sol. Elles ne peuvent secouer cette robe de glace qui les emprisonne et les pauvres captives périssent de froid, de faim et d’épuisement. On les trouve baignant dans la glue de leurs œufs, les ailes à moitié tendues et entièrement déplumées. »

WAWAKATAWAKAW PAWISTIK
Wawakatawakaw pawistik (rapide qui a plusieurs croches et espaces) Cris.
Racines : Wawakaw : plusieurs croches ; tawaw : place, espace ; pawistik : rapide.

Nom d’un rapide sur la rivière Albany.

Ce fut au pied de ce rapide que chavira la chaloupe du Père Fafard, au printemps de 1894. Tout ce qui pouvait flotter avait pris le large et était emporté par un fort courant. Le Père, sur le rivage, voyant sa chapelle, déjà loin et s’en allant à la dérive, implora les Saints-Anges, patrons de la mission d’Albany. Il s’écria : « Saints-Anges, je ne pourrai sans chapelle dire la messe, ni communier mes pauvres Indiens. Elle m’est indispensable pour continuer mon ministère ». Alors la toute petite Chapelle portative, large d’un pied et longue de quinze pouces, quitta immédiatement le courant du large et vint s’échouer au rivage. « Je la cueillis, me dit-il, sans même me mouiller les pieds ». Trois jours après il me quittait pour Martin Falls et Fort Hope. Plein de joie et de confiance, il entreprenait un voyage de 400 milles.

WAWASKESY
Wawaskesy pour wawachesiw (chevreuil) Algonquin.

Nom d’un parc national de la province d’Alberta.

WAWASKICHIW SIPI
Wawaskichiw sipi (la rivière du chevreuil) Cris, tête-de-boule.

Ancien nom indien de la rivière Red Deer. Cette traduction anglaise est excellente.

La ville de Red Deer en Alberta, est bâtie sur les bords de la rivière de ce nom, qui prend sa source dans le parc Banff au pied des Rocheuses et, après un parcours de plus de 385 milles, se jette dans la Saskatchewan du Sud.

WAWATE
Wawate (aurore boréale ou il fait des éclairs) Algonquin, tête-de-boule.
Racines : Wate : la nuit est un peu éclairée par des nuages blancs ; le premier wa un réduplicatif.

Wawate est le nom d’une rivière de la province de Québec.

Celui qui n’a point vu les aurores boréales de la Baie d’Hudson ou de l’Arctique n’a qu’une faible idée de ce phénomène vraiment merveilleux où se mêlent toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Les aurores boréales sont comme les soirées du ciel. Elles sont si diaphanes qu’on aperçoit très distinctement les étoiles, le halo de la lune, la voie lactée ; elles ne cachent rien du ciel toujours en paix. Ces aurores semblent se tenir à 1,000 pieds au-dessus de nos têtes. On dirait de riches rideaux ou tentures mobiles qui montent et descendent, dansent, courent, s’éloignent, se séparent et reviennent ensemble sans se briser en faisant des grésillements électriques. Et cela varie constamment : écrans, alcôves, longues avenues, etc. et cela dure du crépuscule à l’aurore. Le matin elles sont pâles, comme fatiguées de leurs danses nocturnes, et tassées sur l’horizon. L’aurore boréale est intimement liée au magnétisme terrestre, car elle rend folle l’aiguille aimantée.

WEENISK — WINASK
Weenisk pour winisk (marmotte, siffleux) Cris, maskegon.

Weenisk est le nom d’un fleuve qui se jette dans la Baie d’Hudson, versant ouest. À son embouchure, s’élève une mission indienne, crise. Je fus le premier prêtre à visiter cet endroit (1893). C’était en juillet, il faisait froid, le vent du nord poussait vers nous d’immenses banquises blanches. Je catéchisais une trentaine d’Indiens, tous bien disposés. D’autres familles étaient venues, puis reparties en disant : « La Robe Noire ne viendra pas ici, c’est trop loin. »

Au retour, mes deux guides et moi n’étions pas riches en provisions et devions faire 400 milles d’aviron. Nous fûmes à la gêne, mais jamais à bout de nourriture. La divine Providence veillait sur nous et mettait constamment quelque gibier sur notre chemin. Nous n’avions ni poudre, ni filet, ni hameçon et pourtant nous marchions sans nous préoccuper.

WEKUSKO
Wekusko pour wikkenskaw (gingembre) Cris.
Racines : Wik : agréable au goût, à l’odorat.

Nom d’un lac du Manitoba et d’une gare de chemin de fer.

WÉMISTIGOJIW
Wémistigojiw (un Canadien français, littéralement : homme à canot de bois) Cris, algonquin, tête-de-boule.
Racines : Mistik : bois ; oji : canot.

De toute évidence, ce nom fut donné aux Canadiens français parce que les Indiens remarquèrent qu’ils se fabriquaient des canots en creusant des troncs d’arbres, et non en écorce de bouleau comme leurs canots à eux.

Non loin de Moosonee, il y a un ruisseau que les Indiens appellent Wémistigojiw sipichich « le ruisseau des Français ». C’est dù au fait qu’au printemps de 1686 le chevalier Pierre de Troyes, allant déloger les Anglais de la Baie James, s’y arrêta avec ses soldats afin de préparer l’assaut du fort Moose sipi, aujourd’hui Moose Factory.

L. LE JEUNE, O.M.I. Dictionnaire général de biographie.
WÉTANAGAMIN
Wétanagamin (eau facile) Cris.
Racines : Wétan : facile, aisé ; gamin : eau.

Les eaux de ce lac s’écoulent dans la rivière Waswanipi. On y arrive par un portage. Au milieu de ce portage il y a un petit cimetière et tout près de longues perches plantées et chargées d’ossements d’ours, liés ensemble. Dans leurs superstitions, les Indiens croient qu’ils ne tueraient plus d’ours s’ils dispersaient leurs ossements et c’est pourquoi ils les ramassent. L’âme de l’ours tué, disent-ils, avertiraient les ours vivants de quitter les terres de chasse de ces Indiens qui les abattent et les mangent.

WETASKIWIN
Wetaskiwin (la paix entre nations) Cris.

Wetaskiwin est une ville de l’Alberta. C’est là que les Cris et les Pieds Noirs firent autrefois la paix. Wétaskiwin est un grand centre agricole au sud d’Edmonton, avec minoterie, élévateurs à grain, marchés de bestiaux, établissements avicoles, industrie laitière, etc.

Tout le monde connaît le rôle du fameux calumet chez les tribus indiennes d’Amérique. Lorsqu’il est question de paix ou de guerre, les chefs le font circuler. Or cet important symbole ne serait pas exclusif à l’Indien, car le calumet aurait une signification identique chez les Tondras de la Sibérie Orientale. Témoin ce document du Père Sauteni à propos des Koriaks :

« Quand une nation veut faire la paix, elle allume la pipe sacrée qui est alors offerte par un chef au commandant de la tribu hostile. S’il la reçoit et la fume, la paix est immédiatement proclamée, et ils considèrent cet accord si sacré qu’ils ne l’ont rarement violé. Le fourneau de cette pipe est en terre glaise et le tuyau consiste en un roseau de trois ou quatre pieds de longueur, décoré de plumes de différentes couleurs. »

Le scalpe serait également d’origine asiatique.

Le Progrès du Golfe, 22 août, 1947.
L. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
Encyclopédie Grolier.
WEYMONTACHIQUE — WEMONTACHING
Weymontachique pour wemotatchik (montagne d’où on observe) Tête-de-boule.
Racines : Wemot : regarder, observer ; tchi : montagne ; ik et ing : locatif.

Wémontaching sur le Saint-Maurice n’est pas l’endroit du village indien actuel mais un massif de roc à l’embouchure de la rivière du Ruban.

Les Indiens du haut Saint-Maurice, qu’on appelait atikamek (les poissons blancs) et qui s’appellent aujourd’hui Têtes-de-boule, furent visités pour la première fois en 1651 par le père Buteux, s.j. L’année suivante, le missionnaire, voulant les revoir, fut tué par les Iroquois, non loin de Shawinigan. Ce ne fut que 186 ans plus tard (1837) que le curé d’Yamachiche, M. Dumoulin, ancien missionnaire à la Rivière Rouge, entreprit de les évangéliser, à la demande de Mgr Sinay, évêque de Québec.

Ce que je vais écrire me fut raconté en 1913 à Wémontaching même, par le vieux Louis Néwéiachit, alors chef de la tribu indienne de Manawan. Debout, appuyé sur une grosse canne qu’il s’était fabriquée, et la levant de temps à autre pour faire un geste ou pour indiquer un endroit, il parlait ainsi et tous les Indiens de Wémontaching écoutaient. J’avais alors environ huit ans, nous étions campés là où est la maison de la Prière. Un matin, un homme de notre bande dit : « Il vient quelqu’un, une voile brille à l’horizon. » Puis montrant l’ouest, il ajouta : « Quand le soleil aura marché jusque-là, le visiteur débarquera ici au lieu où nous sommes. »

« Alors, tous nous allâmes camper là-bas, à l’embouchure de la rivière Manawan. Nous étions craintifs et pour rendre leur cœur plus fort, les hommes buvaient de l’eau de feu, mais raisonnablement. Dans l’après-midi, toujours inquiets, nous regardions du côté du magasin de la Compagnie. Nous entendîmes un coup de feu et, peu après, au mât de l’embarcation apparut le linge rouge qui s’agite au vent (le pavillon). Alors tous se dirent : « Il est arrivé. Qui est-il ? Que nous veut-il ? » Le lendemain, vers le milieu du jour, le grand canot s’approcha, monté par des visages pâles. Il avançait lentement. Un homme en robe noire était assis au milieu d’eux.

« Plusieurs de nos gens étaient restés dans leur wigwam, d’autres se tenaient debout sur la côte ; les chiens aboyaient et hurlaient. La robe noire ôta son chapeau et nous salua. Lentement, il monta la côte et il donna la main à tous. Il dit : « Mes frères, je viens de Métabenotin (Trois-Rivières). Je ne viens pas acheter des peaux de castor, de loutre, ou de vison ; je ne suis pas marchand. Je suis envoyé par le Grand Esprit, l’Esprit Bon qui a fait le ciel et la terre, les animaux qui vivent dans les eaux et dans les forêts. Si vous voulez planter vos mikiwams de l’autre côté de la rivière, je vous enseignerai à connaître ce Grand Esprit et à le prier ». Le chef répondit : « Nous traverserons pour t’entendre ». Quand la Robe Noire fut partie, nous avons levé le camp. C’était facile, nous n’avions presque rien. Quand nous fûmes de l’autre côté, nous construisîmes une longue cabane d’écorce, tous y mirent la main. Les hommes apportaient des perches, les femmes des branches de sapin. Au fond de la cabane, la Robe Noire étendit une toile blanche et y accrocha des médailles, des chapelets, des images, des crucifix qui brillaient ; alors nous ne savions pas ce qu’étaient ces choses. C’est là qu’il disait la messe, et c’est dans cette longue cabane que j’entendis pour la première fois le chant de la Prière. Il y avait parmi nous un homme et une femme qui venaient d’Oka, sur la rivière Ottawa et qui savaient prier. La Robe Noire se servit d’eux pour nous instruire. On priait jour et nuit. On entendait sans cesse répéter le signe de la Croix, le Notre Père, Je vous salue Marie, Je crois en Dieu. Quand quelqu’un savait l’une de ces prières, la Robe Noire lui donnait une médaille ou un crucifix et elle lui disait : « Enseigne aux autres ce que tu sais. » Ça nous prenait du temps pour apprendre quelque chose et plusieurs partirent sans rien savoir. »

WIACHOUAN
Wiachouan pour wawiatchiwan (courant tournant en rond, remous) Cris.
Racines : wawia : rond, en rond, tchiwan : courant.


Plusieurs lieux portent ce nom. J’ai souvent contemplé le Grand Remous de la Rivière Gatineau où les billots flottent et descendent. Il n’est pas facile de les tirer et, lorsque la rivière se gonfle, c’est peine perdue. Souvent même la masse des billots tourbillonnants casse la chaîne de fer qui les encercle. (Voir le mot SAGUENAY)

WIGWAM
Wigwam corruption de mikiwam (logis, hutte, habitation, cabane indienne) Algonquin, tête-de-boule.

Le wigwam est une habitation conique d’une dizaine de pieds de diamètre, faite de perches d’une douzaine de pieds de longueur qui se rejoignent au sommet, où il y a une ouverture pour laisser passer la fumée et la lumière du jour. L’extérieur du wigwam est recouvert d’écorce ou de peaux de bêtes, que les chiens affamés mangent parfois. La porte est une espace entre deux perches généralement fermée par une peau d’ours. On y entre en se baissant. Au centre c’est le feu entouré de cailloux. Le plancher est d’écorce d’épinette ou de cèdre, recouvert de branches de sapin. Le wigwam est la demeure ordinaire des Indiens vivant dans les forêts.

Il arrive quelquefois que des fanfarons, pour épeurer les familles ou pour les provoquer, plantent leur couteau dans ces murs de peau et les fendent du haut en bas, en poussant des cris sauvages.

Le mot wigwam est passé dans la langue française et dans la langue anglaise.

WIGWASSAN
Wigwassan (écorce de bouleau) Cris, algonquin.

Nom géographique en Ontario.

Les Indiens utilisent l’écorce de bouleau pour faire des canots légers, mais aussi des embarcations lourdes atteignant jusqu’à 36 pieds de longueur. Avec l’écorce, ils couvrent leurs wigwams, se confectionnent des abris, des boîtes, des récipients pour l’eau et les graisses, et des objets de fantaisie, Ils font sur écorces des dessins très bien réussis en grattant le dernier âge du bouleau du côté intérieur. L’écorce de bouleau effeuillée donne un bon papier à écrire. Un chimiste me disait : « On pourrait tirer un excellent produit de l’écorce. » L’écorce est toujours inflammable, même mouillée. On fait un beau feu d’artifice, en allumant un bouleau par le pied ; aussitôt le feu se glisse en crépitant le long du tronc, monte aux branches et dessine un arbre lumineux.

WIKWÉMIKONG
Wikwémikong pour wikwéamikong (au coin des castors) Algonquin.
Racines : Wikwe : angle, coin ; amik : castor ; ong : locatif.

Wikwémikong, située sur la baie Georgienne, est une mission indienne du diocèse du Sault-Sainte-Marie, desservie par les RR. PP. Jésuites.

WINAGAMI LAKE
Winagami lake (le lac sale) Cris, anglais.
Racines : Win : sale ; gami : eau, étendue d’eau.

Lac de l’Alberta au sud du lac Kimiwan près du village de Doussal.

WINDIGO
Windigo pour Witikow (monstre fabuleux, espèce d’homme géant et antropophage) Algonquin, cris.

Windigo est un affluent de la rivière Saint-Maurice. Des portages et plusieurs lieux portent aussi ce nom.

Le windigo est, aux yeux des Indiens, une personne possédée du mauvais esprit, un démoniaque, un cannibale, ou les deux combinés. Ils ont coutume de le tuer à la première occasion. Improprement, c’est un fou exalté, excité.

Depuis le matin du premier mai 1885, une vieille indienne nommée She-Wins, faisait trembler tous les Indiens du camp de Big-Bear. Elle menaçait de dévorer les enfants si on ne la mettait pas à mort avant le coucher du soleil. Le Père Legopf, O.M.I. étant rentré au camp, on vint aussitôt lui demander d’exorciser ou de calmer la pauvre femme devenue Witikow, en lui faisant toucher des choses saintes, ou en l’aspergeant d’eau bénite, ce qui n’eut aucun effet. Avant de se retirer, le missionnaire recommanda aux Indiens de la bien garder et même de la garrotter au besoin, jusqu’à ce que la crise fut passée, mais pour rien au monde ils ne devaient la tuer, car elle était inoffensive. Malheureusement, une heure plus tard, la pauvre démente était transportée par quatre hommes au lieu du supplice, puis criblée de balles. Pour empêcher toute réincarnation de son esprit malfaisant, ses membres furent hachés et ses viscères brûlés.

Les Algonquins se servent du mot Windigo pour empêcher les enfants de pleurer, de faire du tapage ou de désobéir. On les menace de ce vilain fantôme : c’est leur croquemitaine.

A.-G. MORICE, O.M.I. Hist. de l’Église Catholique dans l’Ouest canadien.
Jules LE CHEVALIER, O.M.I. Batoche, p. 220.
J.-A. CUOQ, P.S.S. Lexique de la langue iroquoise, p. 175.
WINNIPEG
Winnipeg pour Winipeg (eau sale) Cris.
Racines : Win : sale ; pew : eau.

Winnipeg fut d’abord le Fort Rouge, bâti en 1738 par la Vérendrye, puis le Fort Garry de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Située à la jonction des rivières Rouge et Assiniboine, à 40 milles au sud du lac Winnipeg, cette ville est la capitale du Manitoba. C’est le plus grand centre de blé du continent. Ses élévateurs à grain sont immenses ainsi que son marché de bestiaux.

Winnipeg est également le nom d’un lac aux rives basses, qui décharge ses eaux dans la Baie d’Hudson par le fleuve Nelson. Le lac Winnipeg, qui couvrait autrefois une surface triple ou quadruple, mesure pourtant encore une étendue considérable ; il aurait une superficie de 8,500 milles carrés ; sa plus grande longueur atteint 280 milles, et sa largeur varie de 6 à 60 milles. Sa profondeur n’excède pas 12 brasses. Les eaux du lac Winnipeg, qui a l’est battent le granit et, à l’ouest, les sables et calcaires, ne parviennent pas à s’éclaircir, Winnipeg est aussi le nom d’une rivière formant une succession de lacs, de chutes et de rapides, entre le lac des Bois et le lac Winnipeg.

Mgr Alex. TACHE, O.M.I. évêque de St-Boniface.
Esquisse sur le Nord-Ouest de l’Amérique, p. 28.
WINNIPÉGOSIS
Winnipégosis (petite eau sale, le petit Winnipeg) Cris.
Racines : Win : sale ; pew : eau ; sis : diminutif.

Winnipegosis est le nom d’un lac peu profond, long de 125 milles et large de 20, situé au nord du lac Manitoba et communiquant avec lui par la rivière Waterhen.

Winnipegosis est aussi le nom d’une paroisse de l’archidiocèse de Winnipeg.

WYKES
Wykes (belle-angélique) Tête-de-Boule.

Nom d’une gare du Canadien National, province de Québec.

La belle-angélique est l’acorus calamus des botanistes, plante médicinale en grand renom parmi les Indiens d’Amérique, Sa racine pique la langue et augmente la salive.

YAMACHICHE
Yamachiche pour iyamachichki (beaucoup de boue) Cris.
Racines : iyamitaw : beaucoup ; achichki : boue.

Paroisse sur la rive nord du St-Laurent, diocèse des Trois-Rivières. Elle eut un curé remarquable dans l’abbé N. S. Dumoulin qui fut l’un des deux premiers missionnaires de la Rivière-Rouge, où il arriva avec l’abbé Provencher, le 16 juillet 1818. Cette arrivée fut un événement et provoqua des larmes de joie chez les Métis. M. Dumoulin ouvrit les deux premières écoles et bâtit la première église et le premier presbytère de l’Ouest canadien. Au printemps de 1820, il descendit jusqu’à la Baie d’Hudson, prenant possession du pays au nom de Jésus-Christ. Il écrivit à Mgr Plessis : « Les protestants d’ici sont entièrement contents de la mission catholique, particulièrement le colonel Dickson. Le jour de Noël, j’ai fait faire la première communion à sa fille et à Mlle Powell, née d’un père protestant ». Après deux années il avait déjà fait 313 baptêmes et béni 53 mariages, à la seule mission de Pembina. M. Dumoulin revint dans l’est après cinq ans de bons services.

Mais le missionnaire ne rapportait pas de très bons souvenirs des Indiens de la Rivière-Rouge. En 1820, l’un d’eux l’avait tiré pendant qu’il récitait son bréviaire le long de la rivière Pembina : la balle avait traversé son chapeau. Le même individu revint à la charge avec un résultat identique.

En 1837, obéissant à Mgr Signay, évêque de Québec, il remontait les courants dangereux du Saint-Maurice afin d’évangéliser les Têtes-de-boule à Wémontachik. (voir ce mot) Il les trouva si bien disposés qu’à la fin de sa seconde mission, il avait déjà baptisé plus de 60 adultes et faisait le catéchisme à 80 catéchumènes. Yamachiche est la paroisse qui vit naître Antoine Gérin-Lajoie, le poète Nérée Beauchemin et H. Pothier, ex-gouverneur du Rhode-Island, États-Unis. La compagnie Marconi y opère une station transatlantique.

A. G. MORICE, O.M.I., Histoire de l’Église catholique dans l’Ouest Canadien, V. 1, p. 136, 142, 188.
A. JOYAL, O.M.I., Excursion sacerdotale chez les Têtes-de-Boule, p. 8.
Along Quebec Highways, 1930.
YAMASKA
Yamaska pour iyamaskaw (il y a beaucoup de foin, de jonc) Cris.
Racines ; Iyamitaw : beaucoup : askaw : foin, jonc.

Yamaska est le nom d’une paroisse et d’une montagne dans la vallée du Richelieu, d’un comté et d’une rivière qui prend sa source au lac Brome et se jette dans le fleuve St-Laurent à la tête du lac Saint-Pierre.

À l’embouchure de la rivière Yamaska pousse un foin long de 7 à 8 pieds dont on se servait autrefois pour couvrir les étables et granges. Ces toits duraient 30 à 40 ans. On clouait aux chevrons des gaules à tous les 12 pouces de distance et on y attachait ce foin avec des harts tordues. On voit encore quelques-uns de ces vieux toits.

YOUKLTAS

La tribu indienne Youkltas était considérée comme la plus terrible des dénés de la Colombie canadienne. Mgr Demers, évêque de l’Île Vancouver, baptisa le fils de leur chef. On raconte que le sauvage potentat, voyant dans le missionnaire un être au caractère surnaturel, n’osa approcher de lui qu’en se traînant sur ses genoux et en tremblant de tout son corps.

C’est à cette époque que nous devons rattacher un incident qui montre bien le pouvoir civilisateur de la religion catholique, même sur les natures les plus revêches. Les terribles Youkltas ayant appris, par un faux rapport que le Grand Priant (l’Évêque) était parmi les Nanaimouhs, se mirent en route avec trente canots pour aller l’y trouver. Les Nanaimouhs, à la vue de 600 barbares, qu’ils reconnurent de loin à la coupe de leurs voiles et à la grandeur de leurs canots dont chacun pouvait porter 60 rameurs, coururent aux armes et prirent position sur le rivage à un endroit propice pour repousser l’ennemi. Les Youkltas ne pouvaient reculer sans se déshonorer. Une idée merveilleuse traverse l’esprit du chef : il se lève et s’écrie : « Hommes, femmes et enfants, levez-vous dans vos canots et faites le signe de la croix. » Tous se lèvent et se signent au nom de la Très Sainte Trinité. Immédiatement, les armes tombent des mains des Nanaimouhs qui se pressent maintenant sur la grève pour recevoir en amis leurs ennemis de la veille, devenus leurs frères dans la foi.

A. G. MORICE, O.M.I. Histoire de l’Église catholique dans l’ouest Canadien, V. III, p. 238.
YUKON
Yukon (la plus grande rivière, le plus grand fleuve) Dené.

Le Yukon est un district très montagneux du Nord-Ouest canadien, sur la bordure de l’Alaska. Il tire son nom d’un cours d’eau remarquable, le fleuve Yukon, l’un des plus grands du monde. Long de plus de 2,000, milles, il longe les montagnes Rocheuses, traverse l’Alaska et se jette dans la mer de Behring.

La plupart des Indiens du Yukon, sinon tous, appartiennent à la grande famille des dénés : Loucheux, Peaux-de-Lièvre,  etc. et parlent des dialectes plus ou moins connus. Le premier prêtre catholique à pénétrer au Yukon fut incontestablement le père Séguin, O.M.I., en 1862. Parti de Good-Hope, il s’arrêta un certain temps chez les Loucheux du Fort MacPherson et arriva le onze juin à Lapierre House, où il posa les fondements d’une mission qu’il confia à Saint-Barnabé.

Inspiré par son zèle, Mgr Seghers était parti en Alaska pour une expédition apostolique. Il comptait remonter le fleuve Yukon dans le but d’étudier les possibilités d’établir des missions. Il était accompagné de quelques guides et d’un Américain, nommé François Fuller, qui avait lui-même demandé d’être son serviteur. Pareil voyage comportait nécessairement des difficultés sans nombre et, soit que l’esprit de l’Américain en ait été affecté, soit qu’il n’ait pas eu le courage d’en supporter paisiblement les inconvénients, sa mauvaise humeur ne fit que croître avec les ennuis de la route, et ses exigences devinrent chaque jour plus grandes. Le 28 novembre 1886, Mgr Seghers fut réveillé en sursaut par une voix agitée : « Levez-vous, évêque », criait l’Américain. Ce n’était pas l’appel amical coutumier. Néanmoins, l’évêque se leva. Mais il était à peine debout qu’un canon de fusil le menaçait. Réalisant la situation, l’évêque baissa la tête et croisa les mains sur sa poitrine. Un éclair, accompagné d’une forte détonation… et l’Archevêque de l’Île de Vancouver était tué à bout portant par son serviteur. Mgr Charles Jean Seghers était né à Gand en Belgique, le 26 décembre 1839. Il avait succédé à Mgr Demers en 1873.

A. G. MORICE, O.M.I., Histoire de l’Église Catholique dans l’Ouest Canadien V. II. p. 333.
Mgr Gabriel BREYNAT, O.M.I., Cinquante ans aux pays des Neiges, V. II. p. 56.