Les noms indiens de mon pays/OBA-PYTHONGA

Texte établi par Rayonnement (1p. 124-152).

OBA
Oba (détroit, rétréci) Algonquin, tête-de-boule.

Nom de deux gares de chemin de fer en Ontario.

OBACHING
Obaching (au détroit, au rétréci) Algonquin, cris.

C’est le nom d’un lac du comté Témiscamingue, province de Québec.


OBANAKAW
Obanakaw (les îles des détroits, chenaux formés par des îles) Algonquin, tête-de-boule, cris.
Racines : Oba et obé : détroit, chenal ; anak : idée d’île.

Plusieurs lacs portent le nom d’obanakaw. Généralement on traduit obanakaw par « le lac des îles ».

OBASATIKAW — OPASATIKA
Obasatikaw (le détroit des peupliers, des trembles — à la lettre : les peupliers du détroit) Cris, tête-de-boule.

Nom d’un village, d’une rivière affluent de la Missinaibi et d’une gare de chemin de fer, dans le comté de Cochrane, en Ontario.

OBASKAW
Obaskaw (détroit herbeux) Cris, tête-de-boule.
Racines : Oba : détroit, rétréci ; askaw : foin, herbe.

Si vous coupez le mot : oba skaw, il faut traduire : détroits nombreux.

Nom d’un lac et enseigne d’un magasin, en Abitibi.

OBASKWEYAW ou OPPASKAWEYA
Obaskweyaw (la forêt rétrécit) ou, en modifiant l’accent (élévation boisée) Cris. (voir PASQUIA HILLS)
Racines : Oba : rétréci, détroit, skweyaw : forêt, bois.

Nom géographique du district de Le Pas, Manitoba, Il est commun à la ville de LE PAS, à la rivière qui s’y jette et qui vient des montagnes Oppaskweya ou Pasquia Hills situées en Saskatchewan. (voir Pasquia Hills).

OBATAGUSH
Obatagush pour obatagoch (le petit détroit) Cris.
Racines : Obata, oba : détroit, rétréci ; och : diminutif.

Obatagoch est le nom du poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson situé à quelques milles du grand lac Mistassini, dans le Québec. Anciennement ce poste s’approvisionnait à Rupert House sur la Baie James. Un jour, les grands canots de cette Compagnie, revenant chargés de provisions et de marchandises, furent surpris par une tempête. Pour sauver leur vie, les Indiens jetèrent à l’eau toute la cargaison. Cette année-là le magasin du lac Mistassini, jamais riche, resta complètement vide. Pendant quelques années plusieurs Indiens de ce poste se rendaient trafiquer à Oskélaneo, gare du Canadien National. Le voyage se faisait par les lacs Chibougamo et Obatakoman, suivis des lacs et rivières Orhault, Brochet, Œil de Linx, Clair, pour sortir au Bassin de la Loutre sur la Saint-Maurice, en face de la mission d’Obédjiwan, et naviguer la rivière Oskélaneo, jusqu’à terme. Aujourd’hui les Indiens de Mistassini ne vont plus à Oskélaneo, mais au lac Chibougamo, nouveau terminus d’un chemin de terre venant de Roberval et de deux voies ferrées.

OBATAKOMAN
Obatakoman pour obatagama (le lac des détroits, des rétrécis) Cris
Racines : Obata, oba : détroit, rétrécis ; gama : lac, étendue d’eau.

Ce lac de la Province de Québec touche à la grande hauteur des terres, versant de la Baie James. Des centaines d’îles le parsèment, au point qu’il est difficile de sortir de ce labyrinthe et de retrouver sa route. Un jour, j’y rencontrai plusieurs Indiens protestants du lac Mistassini. Ils étaient pauvres et tristes, n’ayant absolument rien dans leurs misérables canots. Nous les avons secourus.

OBATIKWEIAK
Obatikweiak (du détroit de la rivière) Tête-de-boule, cris.
Racines : Oba : détroit ; tikweia : rivière ; locatif.

Détroit de la rivière Manouan, affluent de la Saint-Maurice. Il y eut à cet endroit un combat célèbre entre les Têtes-de-Boule et les Iroquois. Ceux-ci furent annihilés. On coupa les pouces et les index à deux prisonniers, puis on les poussa au large dans un vieux canot d’écorce en disant : « Allez et dites aux chiens d’Iroquois que s’ils reviennent sur nos terres, ils ne retourneront jamais chez eux. » J’ai vu là de mes yeux les vieux pins rouges, aux pieds noircis par le feu, où furent brûlés les prisonniers Iroquois, et jamais les Têtes-de-boule ne campent à cet endroit.

OBATINA
Obatina pour obatinaw (la montagne du détroit) Cris.
Racines : Oba : détroit, chenal ; atin : montagne, côte pente. Nom géographique.
OBÉDJIWAN
Obédjiwan (le courant du détroit) Tête-de-Boule, cris.
Racines : Obé, oba : détroit, rétréci ; djiwan : courant.

Ce détroit est élargi depuis qu’on a construit le barrage Gouin (La Loutre), sur la rivière Saint-Maurice. (Voir Nikik Parvistik).

Obédjiwan est le nom d’une réserve et d’une mission indienne tête-de-Boule.

L’avant-veille du premier de l’an 1935, les Indiens de cette mission cherchaient Louisa, une enfant de six ans, égarée dans la forêt depuis des heures. Il faisait très froid et c’était la nuit. On avait beau crier, appeler ; aucune réponse. D’instinct, l’enfant égarée gravit une colline, Elle vit soudain, près d’elle, un tout petit oiseau qui la regardait. Alors elle entendit une voix d’enfant qui lui dit en indien : « Peux-tu retourner seule chez toi ? — Non, répondit Louisa. — Je vais te conduire », reprit la voix. À l’instant même, comme si quelqu’un l’eut poussée par les épaules, elle se vit ramenée chez ses parents. Elle avait beau tourner et retourner la tête, elle ne pouvait voir qui la touchait. « Nous ne marchions pas dans la neige, racontait Louisa, je n’avais ni froid, ni peur ». Le petit Jérôme, son frère jumeau, paraissait bien inquiet, et regardait continuellement à la fenêtre. La voyant arriver, il s’écria : « Voilà Louisa », La maman ouvre la porte et aperçoit sa petite Louisa secouant, avant d’entrer, la neige de ses bas. « Mais qui donc t’a ramenée ? — Celui qui est derrière moi ». La maman eut beau regarder, elle ne vit personne. Pendant quelques jours, Louisa demeura absorbée, mystérieuse et priait les mains jointes, ce qu’elle n’avait jamais fait jusqu’alors. Je fus témoin du fait, car je prêchais alors aux Indiens d’Obedjiwan.

OCHAPOWACE
Ochapowace pour chabowase (c’est lumineux, la lumière passe à travers) Algonquin, cris.
Racines : chabo : à travers, bord en bord ; wase : qui brille, clair, lumineux.

Ochapowace est le nom d’une mission desservie par les Pères Oblats de Marieval, archidiocèse de Régina, Saskatchewan.

ODANAK
Odanak (au village) Abénaquis.

Odanak dans le comté d’Yamaska, est le nom d’un village et d’une réserve indienne peuplée par deux cents Abénaquis, une branche de la grande famille algonquine. Vers 1680 ils émigrèrent de l’État du Maine. Ils sont habiles à faire des objets de fantaisie, d’agréments, surtout des corbeilles et des paniers.

OGASCANAN
Ogascanan pour ogaskanang (au pays des dorés) Algonquin.
Racines : Oga : doré ; skaw idée d’abondance ; nang locatif régional.

Les eaux du lac Ogaskanan s’écoulent dans la rivière Kipawa, comté de Témiscamingue.

Le doré, aux yeux pâles et saillants, au dos muni d’une double nageoire, aux écailles rudes et libéralement pailletées d’or, fut justement appelé par les premiers Français venus au Canada « poisson doré ». L’on pourrait aller plus loin et dire « poisson qui vaut son pesant d’or ». Le doré est tellement amusant à pêcher ; sa chair savoureuse fournit de si bons plats ; il s’enlève sur le marché comme des petits pains chauds. Mais toutes ces qualités lui causent des ennuis. Les braconniers outrepassent les lois, le harponnent sur la frayère et l’exterminent d’une façon révoltante. La race est en péril, et c’est à se demander si la généreuse femelle, qui pond jusqu’à 300,000 œufs par an, pourra suffire à repeupler nos lacs.

OGOKI
Ogoki pour agoki (être adhérent, joint à, collé) Algonquin.

Ogoki est un affluent du fleuve Albany, Baie James, province d’Ontario, où l’on voit un poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson. C’est également le nom d’une gare de chemin de fer dans le nord de l’Ontario.

OHIO
Ohio abréviation de Ohionhiio (belle rivière) Iroquois.
Racines : Kahionha : rivière ; iio : belle.

L’Ohio est un affluent du fleuve Mississipi. C’est le nom d’un état américain dont la capitale est Columbus. Cette région fut découverte et exploré par Cavalier de La Salle, vers 1670, et demeura possession française jusqu’en 1760.

Études philologiques sur les langues indiennes d’Amérique. p. 16.
OKA
Oka — oga (le doré, le poisson doré).

Village sur le lac des Deux-Montagnes, renommé par son abbaye cistercienne, son école d’agriculture et sa ferme modèle où l’on fabrique le fameux fromage d’Oka.

Avec les années, la mission indienne du lac des Deux-Montagnes a pris le nom d’Oka. Cette mission avait été fondée en 1721, par M. Robert Gay, Sulpicien, afin d’y réunir les indiens de la montagne du Sault Récollet, de L’Île aux Tourtes, et de tous les environs. On y parlait iroquois et algonquin, De 1721 à 1747, 24 prêtres sulpiciens se succédèrent à la tâche.

Les premiers oblats destinés aux missions firent à Oka un long stage d’étude des langues indiennes. Ils revinrent, enthousiasmés de leurs professeurs, bien munis de catéchismes, de livres de prières, de sermons, de dictionnaires, cartes géographiques et précieuses notes de tout genre.

Un jour que je voyageais en chemin de fer, un vénérable prêtre sulpicien vint s’asseoir près de moi, et commença à me parler en cris. Je le pris pour un missionnaire quelconque et ce n’est que plus tard que j’appris quel sorte d’homme il était : un savant polyglotte, un maître linguiste, un spécialiste en langue algonquine, auteur de plusieurs volumes réputés. Je découvrais M. J.-A. Cuoq, p.s.s. C’était en 1898.

J.-A. CUOQ P.S.S., Anotc Kekon, p. 172.
OKANASE
Okanase pour okanens (petit os) Sauteux.

Okanase dans la localité de Balcarres, est un groupement de 123 indiens, en Saskatchewan. Okanase et Keeseekons sont des noms imposés par un sorcier.

OKATARA
Okatara (lézard) Tête-de-boule.

Nom d’un ruisseau et aussi nom que des Indiens donnent au « bulldozer » ; parce que cette puissante machine se meut à peu près comme le lézard.

Les lézards sont des reptiles sauriens, insectivores, à longue queue et à quatre pieds. Ils recherchent les endroits rocailleux et ensoleillés, Se chauffer paresseusement au soleil, c’est prendre un bain de lézard.

OKOTOKS
Okotoks pour orhkotoks (roches, pierre) Pied-noir.

Au sud de l’Alberta, à 25 milles de Calgary, on voit en pleine prairie une merveille de la nature : une roche « erratique » ou errante, seule de son espèce et sans explication : véritable okotoks qui pèse 1 800 tonnes.

Okotoks, sur la rivière Sheep, est un village de l’Alberta, centre d’exportation pétrolifère rattaché à Turner Valley. On y fait également de l’agriculture et en particulier l’élevage des chevaux.

OLAMAN
Olaman (vermillon) Cris.

Olaman est le nom d’une rivière du sud de l’Alberta, affluent de la Goéland et d’une autre rivière dans le Comté Saguenay, province de Québec.

OMBABIKA
Ombabika (rochers élevés) Algonquin.
Racines : Omb : élevé, levé de terre ; abik : pierre, rocher, fer.

Ombabika est une rivière rocheuse de l’Ontario nord, qui se jette dans une baie du lac Nipigon.

Ombabika, mission indienne desservie par les Pères Jésuites de Port-Arthur, Ontario.

OMENICA
Omenica pour moenekhak (rivière paresseuse, qui a peu de courant) Déné.
Racines : Omoen : paresseux ; khah : rivière.

Omenica nom d’un fort de traite, construit en 1806 par la Compagnie du Nord-Ouest, qui s’appelait autrefois Fort St-James.

C’est également le nom d’une rivière typiquement paresseuse du bassin du Makenzie, en Colombie. Quand les Indiens s’engagent sur ses eaux, ils disent, en remettant dans le canot les perches utilisées dans les rapides : Omoene khah : « il n’y a plus de courant ».

MORICE, O.M.I., History of the Northern Interior of British Columbia pp. 55 et 315.
ONAKAWANA
Onakawana pour onakawanan (il l’empêche, il le détourne, il l’entraîne) Algonquin.
Racines : Naka : opposition, retardement ; o : il, pronom personnel.

Nom géographique dans l’Ontario nord.

ONAMAN
Onaman (vermillon) Cris, algonquin.
Racines : Naka : opposition, retardement ; o : il, pronom personnel.

Nom d’un lac situé à 25 milles à l’est du Lac Nipigon dans le district de Thunder Bay, Ontario. Les Montagnais appellent Onaman la rivière Romaine, qui se jette dans le golfe St-Laurent près des îles de Mingan en Québec. Les blancs ont francisé ce mot et en ont fait « Romaine ».

ONISTAGAN
Onistagan pour ka anistagants (ce qui est en désordre) Montagnais.

Onistagan est le nom d’un lac de la rivière Péribonca, comté de Roberval, province de Québec : lac en forme de betterave, très poissonneux, très profond, avec des eaux très claires.

Onistagan est le nom d’un portage plutôt marécageux. D’après la légende, une famille indienne y aurait trouvé la mort. Ces pauvres affamés à bout de provision, cherchaient à fuir la forêt, mais ne purent jamais trouver ce portage de malheur, encombré qu’il était par les tourbes du marécage. Ça lui valut le nom d’Onistagan : « portage embarrassé ».

ONONTHIO
Ononthio (belle montagne) Iroquois.
Racines : Ononta : montagne ; iio : idée de beauté.

Les Iroquois donnèrent ce nom à Monsieur C.H. de Montmagny, deuxième gouverneur de la Nouvelle-France, et l’attribuèrent dans la suite à tous ses successeurs. À sa Majesté le roi de France, ils décernaient le titre de Grand Ononthio.

Quant à M. de Montmagny, Ononthio était la traduction fidèle de son nom ; puisque Montmagny est un mot latin mal francisé (mons magnus) qui signifie « Montagne grande », « Mont grand ». On peut supposer que, dans l’entourage du gouverneur, un interprète avait expliqué aux Iroquois la signification du mot Montmagny ; c’est pourquoi ils s’adressèrent à ce personnage en l’appelant Ononthio, alias « Monsieur de Grandmont » ou « de Grande Montagne » alias « Monsieur de Montmagny ».

ONTARIO
Ontario pour Oniatariio (beau lac) Iroquois.
Racines : Kaniatare : lac ; iio idée de beauté.

Ontario : l’un des cinq grands Lacs et l’une des dix provinces du Canada.

Samuel de Champlain fut le premier blanc à visiter ces régions (1615-16). Les Pères Jésuites y évangélisèrent bientôt les tribus huronnes et algonquines, et M. de La Salle entreprit ses découvertes et ses fondations. Sous le régime français les forts se multiplièrent dans la péninsule et sur les rives méridionales du lac Ontario. Tout se résumait alors à la traite des fourrures et aux activités de guerre. Après le traité de 1763, la péninsule resta déserte durant vingt années encore et ce n’est qu’en 1783 que l’Ontario se peupla d’un notable contingent d’immigrants loyalistes, venant des États-Unis. Leur nombre s’éleva dès l’année suivante à 10,000. Les loyalistes ont été les véritables fondateurs de la Province d’Ontario. En 1788, on jugea urgent de diviser la région jusqu’à Niagara en quatre districts ; Lunenbourg, Mecklembourg, Nassau, Hesse, dénominations allemandes en mémoire des alliances princières d’Angleterre. Le 24 août 1791, un arrêté du Conseil Privé « divise la Province de Québec en Province du Haut-Canada et Bas-Canada ». Toronto devient capitale.

Le lac Ontario, reçoit les eaux des lacs Supérieur, Michigan, Huron et Érié. Sa forme ovale mesure 193 milles de long et 60 milles de large. Sa plus grande profondeur d’eau atteint 738 pieds. Il se décharge dans le fleuve Saint-Laurent en passant par de très nombreuses îles. Ce lac est navigable dans toute son étendue et presque toute l’année durant. Il est cependant sujet à de violentes tempêtes et dangereux pour les embarcations légères. Une partie du lac Ontario appartient au Canada, l’autre aux États-Unis.

Études Philologiques sur quelques langues sauvages d’Amérique p. 17.
L. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
Encyclopédie Grolier.
OPINNAKAU
Opinnakau pour obénakaw (chenaux des îles) Algonquin, tête-de-boule, cris.
Racines : Obé : détroit, chenal ; anak : idée d’île.

Opinnakau est le nom d’une rivière qui se déverse dans la Baie James. Pendant quelques années la Compagnie de la Baie d’Hudson eut un poste de traite sur ses rives. Son embouchure est difficile d’accès.

OSHAWA
Oshawa (traverser, il traverse) Algonquin, tête-de-Boule.

Oshawa est le nom d’une paroisse de l’archidiocèse de Toronto, d’une chrétienté Ukrainienne et d’une ville manufacturière d’Ontario renommée par son port de mer et ses usines d’automobiles.

OTOSKWAN
Otoskwan (son coude) Cris,
Racines : O : son ; mitoskwan : coude.

Nom d’une petite gare du Canadien Pacifique en Alberta.

Autrefois la Bow River, affluent de la Saskatchewan, s’appelait otoskwani sipi : « la rivière du coude ».

OTTAWA
Ottawa pour Ottiwa (Elles bouillent, les eaux bouillent) Cris, tête-de-boule.
Racine : ottew : bouillir.

On a donné plusieurs traductions fantaisistes au mot outaouais ou Ottawa. « Cheveux relevés, oreilles courtes, oreilles longues, trafiquants » (Bancroft), « hommes des bois » (Sulte). Selon moi, il n’y a rien de cela dans le mot Ottawa, si ce n’est un pâle souvenir de la racine algonquine tawak (oreille) ; mais sans aucun adjectif.

Ottawa, tel qu’écrit, est le pluriel inanimé de ottew : « elles bouillent », (les eaux, les rapides, les chutes). Les Cris et les Tête-de-boule, emploient couramment ce mot pour dire que l’eau bout, ou que des vapeurs s’élèvent au-dessus des chutes, comme dans le cas de la chute des Chaudières à Ottawa. Cette traduction me semble beaucoup plus plausible et même la seule acceptable.

Champlain fut le premier blanc à voir cette chute ; il en donne la description en mentionnant que les Indiens l’appellent asticou. Champlain a mal saisi le mot et l’a écrit asticou pour askikok qui sinifie « dans la chaudière. » Cris, tête-de-boule, Algonquin. J’ai entendu des Anglais prononcer Ottawa : Ottiwa. C’est de l’indien pur.

Outaouais est l’ancien nom de la rivière Ottawa et celui d’une tribu indienne qui erra longtemps sur ses bords. La ville d’Ottawa, sur la rivière du même nom, est l’ancienne Bytown. En 1858, la reine Victoria la choisit pour capitale du Haut et du Bas-Canada ; neuf ans plus tard, en 1867, Ottawa devenait la capitale de tout le pays. Le maire Dickinson avoua avec raison qu’Ottawa était redevable surtout à G.-Étienne Cartier d’avoir été choisie comme capitale du Canada.

En janvier 1844, deux Oblats, les Pères Telmon et Dandurand, arrivèrent à Bytown pour desservir les hommes des chantiers et pour atteindre plus facilement les Indiens du Témiscamingue, de l’Abitibi et de la Baie James. Le 20 février 1845, les Mères Élisabeth Bruyère et trois Sœurs Grises arrivèrent à Bytown au son des cloches, quatre-vingts voitures chargées d’hommes et de femmes s’étaient portées à leur rencontre. En 1847, le Père Eugène Guigues, O.M.I., devenait premier évêque de Bytown. En septembre 1849, il dotait son jeune diocèse d’un collège classique, humblement installé dans un local en bois près de la cathédrale, et qui devait devenir un jour l’Université d’Ottawa. Le premier septembre 1860, le prince de Galles, futur Édouard VII, posa la pierre angulaire du premier édifice du Gouvernement. En août 1896, à une assemblée tenue au carré Cartier, Sir Wilfrid Laurier déclara qu’il désirait faire d’Ottawa, le Washington du Nord, c’est-à-dire un district fédéral indépendant des provinces. Le « Washington » s’organise graduellement selon les plans de l’urbaniste français Gréber.

L.-M. LE JEUNE, O.M.I. Dictionnaire Général de biographie.
Sœur PAUL-ÉMILE, Mère Élisabeth Bruyère et son œuvre.
Lucien BRAULT, Ottawa, Capitale du Canada, pp. 151, 32, 40.
OUAMISTIGOUCHE SHIPO
Ouamistigouche pour wémistigojiw shipo (rivière des français) Montagnais.
Racines : Wémistigojiw : français : shipo : rivière.

Cette rivière se jette dans la Baie Rouge, rive nord du Golfe St-Laurent. Une autre Rivière des Français ou « ruisseau des Français ». (Wemistigojiw sipichich) se déverse dans la Moose River, Baie James. Pierre de Troyes et ses cent soldats y préparèrent leur attaque contre les anglais en 1686.

OUANANICHE
Ouananiche pour wananich (le petit égaré) Cris, tête-de-boule, montagnais.
Racines : Wan : égaré, perdu ; ich : diminutif.

La Ouananiche est le nom d’un poisson du lac St-Jean qui a fait la renommée du royaume du Saguenay. La ouananiche a le goût et la couleur du saumon. Elle serait un saumon de mer adapté à la vie en eau douce ; par conséquent un « petit égaré ». Sans doute ce saumon n’a pas trouvé d’issue ou s’est trop attardé quand les eaux salées se retirèrent du Lac St-Jean et ainsi, il devint prisonnier de l’eau douce ou plutôt il voulut y rester car il pouvait encore s’échapper par le Saguenay ; c’est donc un poisson relique, rappelant l’asséchement de l’Amérique du Nord. La ouananiche est gourmande, et ne perd pas un coup de dents. Piquée par l’hameçon, elle lutte avec énergie. On la pêche à la volée, à la traînée et à l’appât. Son poids moyen est de 4 livres. Depuis quelques années on l’élève artificiellement dans le Québec et on la sème dans divers lacs.

Raoul BLANCHARD, L’est du Canada Français, T. 2, p. 27.
Claude MELANÇON, Les Poissons de nos Eaux.
Luc SIROIS, C.J.M., Montagnais sans Maître.
OUAOUARON
Ouaouaron pour wawaron (grenouille verte) Iroquois. Mot canadianisé.

Les Anglais l’appellent bull-frog ; les Algonquins omamano. D’où l’on voit que tous ces noms sont des onomatopées, cherchant à imiter le cri de cette bête.

OUAPITAGONE

Ouapitagone est le nom de quelques petites îles à l’entrée nord-est du golfe St-Laurent, où l’on trouve une sorte de canard d’espèce très rare, qui porte le même nom.

OUIATCHOUAN
Ouiatchouan pour wiiadjiwan (remous, courant tournant) Montagnais, cris.
Racines : wiia : rond, circulaire ; tchiwan : courant.

Nom d’une rivière et d’un canton au Lac Saint-Jean.

OUIATCHOUANISHE
Ouiatchouanishe pour wiiatchiwanich (la petite ouiatchouan) diminutif du précédent.

Cette rivière se décharge dans le lac Saint-Jean près de Roberval.

PABOS
Pabos pour paboch (tout ce qui se mange avec la cuiller) Algonquin, tête-de-boule.

Paboch s’emploie dans le langage enfant rappelant les bébés qui jouent sans raison avec la cuiller et qui répandent leur nourriture hors de l’assiette.

Le Père Pacifique, cap., dans ses « Études historiques et géographiques », p. 178, dit que Pabos vient de pagôg « eaux tranquilles », mais aussitôt, comme n’étant pas sûr, il ajoute : « On l’écrit Paboc dans un rapport du 21 août 1783 » (arch. can. 1891, 22). Or c’est de cette façon que les Algonquins et les Têtes-de-boule l’écrivent.

Dans « La Gaspésie au Soleil », p. 27, le Frère Antoine Bernard traduit « Grand Pabos et Petit Pabos : rivières rapides et d’un fort débit ». Sa traduction est donc à l’opposé du Père Pacifique.

Pabos est le nom d’une paroisse, d’une mission et de deux rivières qui se jettent dans la Baie des Chaleurs, comté de Gaspé.

J.-A. CUOQ, P.S.S., Lexique de la langue algonquine.
PACKWATCHI
Packwatchi (Montagne pelée) Cris.
Racines : Packwaw : c’est pelé, désert, stérile ; tchi : idée de montagne.

Packwatchi est une élévation de terrain avançant dans les eaux de la Baie James, à mi-chemin entre les postes Albany et Moosonee.

PADLEI
Padlei, de Padlerk (Le plus bas, méridional) Esquimau.

Padlei est un poste à l’intérieur des terres, vis-à-vis de Cap Esquimau et en bordure du pays boisé. Les Esquimaux y rencontrent les Indiens et font des échanges. La tribu esquimaude du Cap s’appelle elle-même les Padlermiuts : « gens du sud ». Padlei a son poste de traite opéré par la Compagnie de la Baie d’Hudson, et sa mission Ste-Thérèse-de-l’Enfant-Jésus, établie depuis plusieurs années. Ce poste fut visité pour la première fois par ls R.P. Emmanuel Duplain, O.M.I., en 1925. Actuellement, il est servi régulièrement par les Pères Oblats du Cap Esquimau. Le terrain est accidenté au point que les Esquimaux l’appellent plutôt Kingarualik, c’est-à-dire « le pays des collines. » Le service de ravitaillement se fait seulement par un avion qui vient de Cap Esquimau.

Arthur THIBERT, O.M.I.
PAGWACHUAN
Pagwachuan pour pakwatchiwan (courant peu profond) Cris, algonquin.
Racines : pakwa : peu profond, il y a peu d’eau ; tchiwan : courant.

C’est le nom d’une rivière de la Province de l’Ontario.

PAKWAW
Pakwaw (peu profond, il y a peu d’eau) Cris, algonquin.

La rivière Pakwaw est un affluent de l’English River, laquelle se jette dans la rivière Albany. Pakwaw est aussi une station de chemin de fer du Canadien National. En 1917, la Compagnie Révillon Frères y construisait des chalands pour transporter provisions et choses nécessaires à la traite des fourrures. Ces chalands partaient avec les eaux hautes du printemps ; en quelques jours ils atteignaient la Baie James ils ne servaient qu’une fois et cela parce qu’il aurait été trop dispendieux de les remonter à Pakwaw ; distance de plus de 300 milles et parsemée de forts courants. Plusieurs missionnaires oblats passèrent par cette voie ; la Compagnie Révillon Frères alla même jusqu’à descendre au temps de la guerre 1914, les approvisionnements de sa rivale, la Compagnie de la Baie d’Hudson.

PANGNIRTUNG
Pangnirtung pour Pangnertok (fermé) Esquimau.

Pangnirtung est situé sur la côte est de la terre de Baffin. Le poste s’élève au fond d’une baie qui semble fermée de toutes parts. Les Anglicans y ont un hôpital et une mission. La Police Montée y réside en permanence. Pangnirtung est pour la Terre de Baffin ce que Chesterfield est pour la Baie d’Hudson. Le lieu abonde en baleines blanches, ce pain quotidien des Esquimaux.

Arthur THIBERT, O.M.I.
PAPASKWASATI
Papaskwasati pour papackwasati (peuplier pelé) Otchipwé, cris.
Racines : papackwa : pelé, écorcé, chauve ; asati : peuplier.

Papaskwasati est le nom d’une rivière, qui se jette dans le lac Mistassini, versant de la Baie James, Québec.

PAPINACHOIS
Papinachois (il plaisante) Algonquin.
Racines : papinowe.

Papinachois : nom d’une rivière débouchant sur le fleuve St-Laurent entre la Betsiamites et la Rivière Outardes. C’est également le nom d’une baie, d’une réserve indienne, et d’une petite tribu montagnaise de cette région.

Annuaire 1944-1945, Chicoutimi, Lac St-Jean, Roberval.

PASANJEWA
Pasanjewa (il est fouetté, on le flagelle) Algonquin.
Racines : pas : coups ; ajé : peau.

Pasanjewa est le nom que portait le frère du Grand Chef Pakinawatik de Maniwaki et le nom d’une petite rivière qui se jette dans le lac Baskatong, Québec.

Je suis allé, sur cette rivière, donner une mission à des hommes de chantier qui bûchaient dans des bois brûlés. Le soir, ils arrivèrent au camp, noirs comme des nègres, il leur fallait deux à trois eaux pour se laver les mains, les bras et le visage. Ils me disaient : « Ce qui coûte le plus cher ici, c’est l’eau et le savon ». L’un d’eux, en m’apercevant, s’écria : « Mon Père, comment êtes-vous venu dans un trou si sale ? » — Je répondis : « Je n’y suis que pour une nuit et vous, vous y êtes depuis des mois, lequel de nous est le plus à plaindre ? » Le matin, j’étendis une couverte grise sur le bout d’une table ; je la couvris d’un linge blanc et j’y mis ma chapelle. Et dans ce chantier où tout était noir, j’ai donné le pain blanc du Christ à des âmes bien belles et bien blanches.

PASBEBIAC
Pasbebiac pour tachkibiak (batture fendue par l’eau) Micmac.
Racines : Tach : fendre ; bi : eau.

Paspébiac est le nom d’une paroisse du diocèse de Gaspé sur la Baie des Chaleurs. D’après Sam Hock, interprète de 1877, Paspébiac signifie « pointe d’arrêt ».

Ce barrachois est le banc de sable triangulaire, en face de l’église de Paspébiac. La mer pénètre dans ce banc de sable par une ouverture, côté ouest, et met les petites embarcations à l’abri des gros vents.

Mgr Plessis, en visite pastorale en 1811, écrivait : Paspébiac est l’endroit central du grand commerce de la morue des MM. Robin ; ils y ont leur comptoir et leur principal magasin et sont propriétaires d’une étendue de terre considérable. Les habitants auxquels ils se sont rendus nécessaires sont des espèces de serfs entièrement sous leur dépendance. Cette maison Robin possède plusieurs grands établissements dans la Gaspésie. Aucun des propriétaires ne réside sur les lieux. Dans le district de Gaspé, les affaires sont dirigées par six commis, placés deux par deux. Ces employés doivent être célibataires ou bien, s’ils sont mariés, ne doivent pas avoir leurs femmes auprès d’eux. On leur a imposé un règlement très sévère, entrant dans les plus minutieux détails de la conduite à tenir, et spécifiant même les plats qui, chaque jour, doivent être servis à table. Un des grands principes des Robin est de ne permettre aucune innovation. Le règlement imposé aux agents leur défend de ne rien avancer aux pêcheurs avant un temps marqué ; les hangars seraient-ils pleins de provisions, pas un seul biscuit ne sera distribué avant l’époque déterminée. Comme les pêcheurs ne sont payés qu’en effets, ils ne peuvent rien mettre de côté pour leur avenir. Les écoles sont proscrites : « Pas besoin d’instruction pour eux, écrivait M. Philippe Robin à ses commis, s’ils étaient instruits, seraient-ils plus habiles à la pêche ? » J’ai abrégé la citation : toutefois, il y en a assez pour montrer l’inhumanité et le rôle lucratif et peu glorieux de cette puissante compagnie. Le monopole des Robin a cessé, mais la Compagnie continue d’exister sous le nom de « Robins, Jones, and Whiteman » de Jersey, à Halifax.

Antoine BERNARD, c.s.v., La Gaspésie au Soleil, p. 177.
PASQUA
Pasqua pour packwaw (désert, terre stérile) Cris.

(Dans le langage des Indiens de l’Ouest, ce mot s’emploie dans le sens d’une prairie sans arbre, par opposition à une forêt. Le terme convient aux prairies désertiques de l’Ouest, où il poussait autrefois une certaine végétation.)

Pasqua est le nom d’un désert de l’Ouest canadien et étatsunien. Mgr Taché, dans son « Esquisse du Nord-Ouest de l’Amérique », écrit : « Le désert, ce mot n’étonnera pas ceux qui ont fait quelques études sur la partie occidentale de l’Amérique du nord ; tout le monde connaît le grand désert américain ; tous ne savent peut-être pas qu’il se prolonge presque sur notre sol, qu’il pénètre au point d’intersection du 100e degré de longitude avec le 49e degré de latitude, suivant ensuite une ligne plus ou moins sinueuse dans la direction générale du nord-ouest, jusqu’au point d’intersection du 113e degré de longitude avec le 52e degré de latitude, formant ainsi une superficie totale d’au moins 60,000 milles carrés. Il y a donc lieu de l’appeler désert immense. Ce désert n’est sans doute pas une plaine de sable mouvant et desséché ; il est néanmoins parfaitement impossible de songer à y former des établissements considérables. Presque partout un sol aride ne voit croître que le foin des prairies (systéria dactyloides). Une petite lisière de sol d’alluvion marque les cours d’eau, lesquels sont desséchés presque toute l’année ».

Pasqua est en outre le nom d’un ancien chef indien, d’un lac et d’une réserve. Cette réserve est située dans la vallée de Qu’Appelle, sur les bords du lac Pasqua, en Saskatchewan. Elle fut concédée lors des traités de l’Ouest avec le chef Pasqua ; les Indiens de cette réserve sont desservis par les Pères Oblats de Lebret.

PASQUIA HILLS
Pasquia pour paskwia hills (les collines se séparent, prennent une autre direction) Cris. Anglais.
Racines : pask : fourcher, se diviser ; hills : collines.

(D’autres voient dans ce nom une corruption de OPPASKA-WEYA — voir ce mot — et lui donnent la même signification).

Pasquia est une région de collines, au nord-est de la Saskatchewan, communément appelée Côtes Pasquia.

Pasquia est aussi le nom d’un fort établi en 1754 par M. de la Corne sur la rivière Carotte, affluent de la rivière Saskatchewan.

PATAMISK
Patamisk (castor d’environ deux ans) Cris.

Patamisk est le nom d’un lac, aux sources du fleuve Eastmain, dans le Nouveau Québec.

PATUANAK
Patuanak pour wapatchiwanak (les courants du détroit) Montagnais.
Racines : wapaw : détroit ; tchiwan : courant.

Patuanak sur le fleuve Churchill est une mission montagnaise du vicariat du Keewatin.

PAUGAN FALLS
Paugan pour Opwagan falls (les chutes du calumet) Algonquin, anglais.
Racines : opwagan : calumet, pipe ; falls : chute.

Paugan Falls, près du village de Low, province de Québec, est une des plus grosses chutes de la rivière Gatineau. Son barrage en béton armé, construit en 1927, a coûté $20,700,000.00.

Le calumet jouait un grand rôle dans la vie domestique et sociale des aborigènes de l’Amérique. Il se trouvait partout : dans les festins, dans les noces, dans les obsèques, dans les jeux, dans les conseils et traités d’alliance. Rempli de pétun et allumé par le même tison, il circulait de bouche en bouche, en signe de paix, d’amitié et de fraternité. (voir le mot WETASKIWIN)

J’ai vu le gros Calumet que les Indiens de Wémontaching envoyèrent aux Sœurs Hospitalières à l’occasion du trois-centième anniversaire de leur arrivée à Québec. Le tuyau était plus long que l’avant bras d’un homme. De la cheminée pendait un cordon orné de rubans et de rassades. Narcisse Kokôkohô le présenta à l’institutrice qui devait l’expédier aux Hospitalières de l’Hôtel-Dieu. Il le tenait dans ses deux mains, plus haut que la tête et s’avançait lentement, sourire aux lèvres. Les ornements du magnifique calumet se balançaient au vent et faisait un cliquetis musical. Toute l’assistance applaudit avec enthousiasme.

Along Quebec Highways. Tourist Guide. 1930.
J.-A. CUOQ, P.S.S., Lexique de la langue algonquine.
PAULAKTUK
Paulaktuk (pays à poussière noire, noir comme suie) Esquimau.
Racines : pau : suie ; lock : superlatif.

Paulaktuk est situé sur la Baie Darnley, golfe d’Amunsen, côte Arctique, district du Mackenzie.

Paulaktuk doit son nom à une certaine fumée noire que dégage le sous-sol bitumineux de l’endroit.

À Paulaktuk, il y a un poste de traite et une mission catholique fondée en 1930 ; elle possède une grotte de Lourdes qui a son histoire simple et poétique. C’était à Lourdes en France 1933. Devant une foule accourue de toutes les parties du monde, les fêtes du 75e anniversaire des Apparitions allaient se terminer en apothéose. Mais laissons la parole à Mgr Breynat, O.M.I., un témoin oculaire :

« Au moment le plus solennel de la clôture, à l’Heure même où avait eu lieu la première apparition de la Belle-Dame, Mgr Gerlier se tourna vers moi, pauvre Vicaire Apostolique du Mackenzie et m’offrit, pour qu’elle portât le rayonnement de ses bienfaits chez les Esquimaux de la côte Arctique, une très belle statue de Notre-Dame de Lourdes.

« À l’issue de la cérémonie, la famille Soubirous vint m’exprimer sa vive joie de voir s’établir ce céleste trait d’union entre le Gave et les rives de l’Arctique ; et, pour que la Vierge ne se mit pas en route pour ces lointaines contrées sans être accompagnée de sa fidèle confidente, l’heureuse famille de la Voyante s’offrit à ajouter au cadeau de Mgr Gerlier une belle statue de Bernadette. »

En attendant les célestes visiteuses qui mirent trois ans à venir, les P.P. Binamé, Griffin et le Fr. Brisson, oblats, s’affairaient là-bas à leur élever, à même la terre stérile, une réplique de la grotte de Massabielle. Ils la construisirent à 50 pieds de l’océan Arctique ; la douce Vierge fait face à ses eaux amères, à ses brumes et tempêtes, à ses glaces éternelles et à ses solennelles banquises qui se promènent au gré des vents et des courants.

Deux fois l’an il règne un peu d’activité autour de la Vierge de Paulaktuk, lorsque les soixante à quatre-vingts Esquimaux viennent célébrer la Noël à la mission et surtout à l’occasion du passage des bateaux, durant la courte saison de la navigation de l’Arctique. Alors un petit village de toile blanche s’érige à proximité du roc béni et Notre-Dame donne audience à ses rares pèlerins de la terre stérile, sous la lumière sans déclin des étés nordiques.

La présence de Marie aux confins de la terre habitée est une bénédiction pour ce peuple qui spirituellement et géographiquement est le plus éloigné de Rome et du Calvaire. Les obstacles quasi-insurmontables qu’avaient rencontrés jusqu’alors l’apostolat des missionnaires, se trouvèrent soudainement aplanis. Le mouvement de conversion va désormais, de famille en famille, lentement mais sûrement, chez les tribus esquimaudes du Mackenzie.

Eugène NADEAU, O.M.I., Apostolat des O.M.I., mai 1950.
R.P. A. THIBERT, O.M.I.
PEMBINA
Pembina pour nipimina (graines aqueuses) Cris.
Racines : Nipi : eau ; mina : graines, petits fruits.

Pembina est une rivière du Manitoba. Le mot pembina est entré dans la langue française du Canada, pour désigner l’obier, arbuste atteignant jusqu’à 8 pieds. Son fruit globuleux d’un rouge vif est translucide et acide ; il devient d’un goût excellent après les premières gelées. Quelqu’un a écrit : « le pembina est le fruit du berberis épine-vinette. »

Le dictionnaire cris du P. A. Lacombe, O.M.I.
Grammar Otchipwe, Mgr A. R. Baraga, p. 300.
PEMISCA
Pemisca pour pimiska (rame, pagaie) Cris.

Pemisca est un affluent du fleuve Eastmain, lequel verse ses eaux dans la Baie James, province de Québec.

PENEQUANI
Penequani pour Pinekwani (il perd ses plumes) Algonquin.
Racines : pin : perdre, tomber ; kwan : plume.

C’est le nom d’une localité de la province d’Ontario. On dit : pinawe : muer ; pinakwi : les feuilles tombent ; piniwine : perdre son bois, ses cornes (le chevreuil, l’orignal).

Quand les oiseaux perdent leurs plumes, leur beauté s’amoindrit ; ils deviennent caduques et oisifs ; le serin ne chante plus, la poule cesse de pondre ses œufs. Il y a en eux un malaise, une fièvre. Les Cris ont appelé le mois de juillet opaskowipisim : la lune où les oiseaux perdent leurs plumes. Sur leur calendrier ce mois est représenté par un oiseau au cou amaigri, au corps décharné et frileux. L’oiseau vole en semant des plumes.

PÉNÉTAGUISHENE
Pénétaguishene pour pinetakochin (il arrive propre) Algonquin.
Racines : Pin : propre ; takochin : il arrive.

Quand je demandai à une indienne la signification de ce mot, elle répondit : « Nous l’avons dit hier, quand Pian arriva de la chasse. Ki pinetakochin : il en est arrivé propre, sans poux, net. »

C’est le nom d’une paroisse de l’archidiocèse de Toronto, et le nom d’une ville du comté de Simcoe sur la Baie Georgienne. Son port la relie à plusieurs villes des grands lacs. « Penetaguishené » est reconnu comme l’un des plus anciens sites historiques du Canada. Champlain et le P. le Caron y séjournèrent en 1615, de même que les pères Brébeuf et Lallemant, S.J., quelques années plus tard.

Encyclopédie Grolier.

PÉRIBONCA
Péribonca pour périwanga (rivière creusant dans le sable). Algonquin, cris, tête-de-boule.
Racines : Per, pen : ôter, descendre ; anga : sable.

Péribonca est le nom de deux rivières, la petite et la grande Péribonca, qui versent leurs eaux dans le lac St-Jean, et le nom d’une paroisse du diocèse de Chicoutimi.

Péribonca s’est fait connaître surtout depuis que Louis Hémon y a écrit le roman « Maria Chapdelaine ». On a élevé un monument, sur les bords de la rivière, à l’auteur de ce livre.

En 1679, Louis Jolliet, accompagné du Père Antoine Silvy, S.J., et huit coureurs des bois, remonta la rivière Péribonka, quand, sur l’ordre du gouverneur Frontenac, il se rendit à la Baie d’Hudson, faire enquête sur les forces des positions anglaises. Il apprit par des Indiens que les Anglais y avaient déjà quatre forts, défendus par 60 hommes. Il constata que ces forts n’étaient pas difficiles à enlever, les Anglais croyant impossible une attaque venant de l’intérieur du pays.

Histoire du Saguenay, p. 89.
Along Quebec Highways 1930.
PETAIKAN
Petaikan pour pitaikan (loge de castor brisée) Cris.
Racine : pitaikew : il brise sa loge.

Petaikan est un village de la Saskatchewan, situé à mi-chemin entre les rivières Carrot et Saskatchewan.

PETAWAWA
Petawawa pour Petwewe (On entend le bruit (des chutes des rapides), le bruit vient jusqu’ici) Cris,

Petawawa est le nom d’un village du comté de Renfrew et d’une rivière ontarienne qui arrose le Parc Algonquin et se jette dans l’Outaouais, près de l’île des Allumettes.

Pendant la guerre (1939-1945) de gouvernement y établit un camp d’entraînement et un camp de concentration.

PICHIW
Pichiw (loup-cervier, lynx) Cris, tête-de-boule.

Ce mot indien, qui se prononce pichiou, est passé depuis longtemps dans la langue française du Canada. Il signifie « soulier de caribou » ou « soulier sans semelle ». Il s’emploie également comme terme d’affection, en parlant à un enfant. Ex : Maman l’aime son petit pichou.

Glossaire du Parler Français au Canada, p. 512.

PICHIW OSKIJIK
Pichiw oskijik (l’œil du loup-cervier) Cris.
Racines : Pichiw : loup-cervier, lynx ; oskijik : son œil.

Pichiw oskijik est le nom d’un lac et d’une rivière de la Province de Québec, qui se trouvent sur la route de canot allant au lac Obatakoman (Le lac des détroits).

Le loup-cervier est de la famille des félidés. Cet animal aux yeux perçants, aux griffes redoutables, se piège comme la martre, en déposant l’appât sous un petit abri, au pied d’un arbre. Poursuivi, le loup-cervier devient infatigable ; il fuit en décrivant un grand cercle qu’il suit sans cesse. Le chien parvient cependant à le faire grimper dans un arbre. On donne le nom de loups-cerviers aux capitalistes trop ambitieux.

PIEKOUAGAMI
Piékouagami pour pakwagami (lac peu profond, plat) Montagnais, cris.
Racines : pâk : peu profond ; kami : eau, lac.

C’est ainsi que les anciens Indiens appelaient le lac Saint-Jean, cet immense bassin d’eau à qui le Saguenay sert de déversoir. Le lac Saint-Jean mesure 23 milles de longueur par 20 de largeur, ce qui lui donne une forme presque ronde. En 1926 on a remonté ses eaux de plusieurs pieds en construisant, à la sortie de ce lac, le gigantesque barrage de l’Île Maligne. On prenait cette mesure dans le but de créer un réservoir d’eau plus considérable. Mais il semble que ce fut une erreur, car le « lac plat » est redevenu, après 30 ans, le lac plat, c’est-à-dire peu profond. Des bans de sable, charroyés par les nombreuses rivières qui l’alimentent, ont rempli le lac à nouveau et il ne contient pas plus d’eau qu’autrefois. À ce point qu’on a dû récemment créer des réservoirs d’eau beaucoup plus loin : aux Passes dangereuses et sur la rivière Péribonca, et construire à ces endroits de nouveaux barrages aussi coûteux que le premier.

Bref, au lieu de relever les eaux du Lac St-Jean — ce qui a occasionné le sacrifice inutile de 14, 000 âcres de terre en culture et la ruine de beaucoup d’agriculteurs — il eut mieux valu construire tout de suite ces barrages au bon endroit.

Le P. Jean de Quen, s.j., fut le premier blanc à contempler cette nappe d’eau (le 16 juillet 1647) ; jusqu’à ce temps les Indiens avaient empêché les blancs d’y pénétrer en exagérant, à dessein, les dangers de la navigation sur la rivière, à cause de ses chutes, de ses précipices,  etc. Ce qui décida les montagnais à conduire le P. De Quen à ce grand lac, c’est qu’il y avait plusieurs malades qui demandaient le secours du saint ministère.

Le P. Albanel signale que les Montagnais défendaient jalousement leurs rivières, parce que pour eux « les rivières sont ce que sont pour les Français les champs, dont ils tirent leur subsistance, par la pêche, la chasse, le trafic ». Il existe dans le lac Saint-Jean un poisson dont la réputation locale est grande, la ouananiche, qui n’est qu’un saumon adapté à la vie en eau douce. Le Frère Marie-Victorin au cours d’études botaniques effectuées sur les rives de ce lac, a découvert toute une florule de plantes maritimes prouvant qu’une mer a hanté jadis ces rivages.

Histoire du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870, pp. 13 et 64.
Rédaction 1672 Édit. Thwaites, L. VI, p. 172.
PIKANAK
Pikanak pour pakânâk (noyer) Algonquin.

Nom d’un affluent de la rivière Gatineau, province de Québec. Les Indiens avaient l’habitude de faire leurs arcs avec le noyer dur, qu’ils appelaient mitikwabak, bois à arc, ce bois est susceptible d’un beau poli.

Les noyers sont de grands arbres produisant des noix grosses comme des œufs de poule ; pékan : noix.

PIKAUBA
Pikauba pour pikobaw (menues broussailles) Cris, tête-de-boule, montagnais.
Racines : Pik : menu, fin ; kobaw : broussailles ; wabi : blanc.

(La carte du père Laure donne ouapikoupau : « broussailles blanches » ; abi : blanc ; kobaw : broussailles).

Pikauba est le nom d’une rivière qui se décharge dans le lac Kénogami, région du Saguenay.

PIKO RIVER
Piko River (rivière de la poudre) Cris.

C’est un cours d’eau dans les forêts du nord de la province de Québec.

J’ai souvent vu des Indiens, manquant d’allumettes, mettre une pincée de poudre dans une guenille sèche et la faire exploser, puis se hâter d’allumer leur pipe.

Au début de ma vie missionnaire, l’on voyait à chaque poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson, des petits hangars, éloignés de toute habitation, où l’on remisait les barils de poudre, car alors il n’y avait pas de cartouches. Chaque chasseur était muni d’une corne de poudre et d’une jolie trousse contenant ses plombs et ses balles. Tout cet attirail décorait sa personne car c’était supporté par deux bandes de couleur partant de ses épaules et se croisant sur la poitrine. Ainsi orné, et tenant un long fusil, le chasseur indien, aux yeux noirs et vifs, était beau à voir et semblait invincible.

PIKWAKONAGAK
Pikwakonagak (la butte, le mûlon de neige) Algonquin.
Racines : Pik, pikwak : gros en bosse, arrondi ; konaga : neige.

Pikwakonagak est l’ancien nom de la réserve indienne de Gordon Lake, et le nom d’un lac de la Gatineau supérieure, dans le Québec.

PIMITCHANGA
Pimitchanga (le côté sablonneux) Algonquin.
Racines : Pimitch, le côté, un côté, de travers ; anga : sable.

Pimitchanga est le nom d’un lac du Québec, dans le comté Gatineau, lequel a bel et bien une rive sablonneuse et des bancs de sable d’un seul côté.

PIMITCHIGAMA
Pimitchigama (le lac travers) Algonquin, cris.
Racines : Pimitch : de côté, un côté, de travers ; gama : lac, étendue d’eau.

Quelques lacs de nos forêts sont ainsi nommés.

PINAWA
Pinawa pour pinahwa (il est peigné) Cris, tête-de-boule.

Mission desservie par les Franciscains de la paroisse Lac-du-Bonnet, archidiocèse de St-Boniface, Manitoba.

PIPMAUGAN
Pipmaugan pour pipmogan (flèche) Montagnais.

C’est le nom d’un grand lac de la rivière Betsiamites, où les Iroquois furent défaits par les Montagnais, au dire de ceux-ci. Ce lac de 90 milles de longueur est alimenté par plusieurs cours d’eau qui prennent leur source au pied du Mont Watshish (petite montagne).

La flèche, arme primitive de l’époque des archers, fut si longtemps l’outil principal de l’Indien, pour la chasse et la guerre, que d’une certaine manière elle le caractérise. Aujourd’hui encore leurs enfants lancent avec adresse des flèches aux lièvres, aux perdrix, aux pluviers, aux bécassines ; et tous les enfants du monde qui veulent jouer à l’Indien se fabriquent un arc et des flèches.

PITAWAGAMA
Pitawagama (lacs parallèles, étendue d’eau parallèle) Cris, algonquin.
Racines : Pitaw et pito : double ; gama : lac, étendue d’eau.

Le lac Pitawagama, long de 16 milles, longe le lac Baskaton ; ces deux lacs sont une partie des eaux de la rivière Gatineau qui débouche à Hull en face d’Ottawa.

PITOBIK — BITOBIK
Bitobik (espèce de marais formé par l’eau d’une rivière qui se répand dans les terres voisines par les endroits bas de ses bords).

Les bitobik sont nombreux. À Maniwaki, la rivière Désert forme un bitobik. Tout près de là, sur la réserve indienne, on a donné ce nom à un beau lac.

PONOKA
Ponoka (la biche) Pied-noir.

Ponoka est le nom d’un lac et d’une ville du comté de Red Deer, en Alberta, située sur la rivière Bataille, à 64 milles d’Edmonton. Ses principales industries sont l’agriculture, l’élevage et la coupe du bois.

Le lac La Biche avait été visité par MM. Thibault et Bourrassa au moins une fois par an depuis 1851. Le Père Lacombe y donna aussi une Mission en 1852, Ce dernier, harcelé par un prédicant méthodiste qui se rendait aussi au lac La Biche, ne pouvant prolonger son séjour au milieu des peuples qu’il avait visités, les confia à Marie sous son glorieux titre de « Notre-Dame des Victoires. » Comme pour prendre possession de ce beau pays, il planta la croix sur une île située au milieu du lac. Le Père Rémas, plein de zèle et de courage, s’estima heureux d’aller continuer l’œuvre si généreusement lancée. Le dénuement, dans lequel il se trouva d’abord, lui imposa de nombreux sacrifices pour préparer la victoire sur l’hérésie et l’infidélité.

Mgr A. TACHE, O.M.I., Vingt ans de Missions du Nord-Ouest de l’Amérique.
POONICHUAN
Poonichuan pour ponidjiwan (la fin du courant, le pied du courant) Cris.
Racines : Pon : fin, cessation ; djiwan : courant.

Poonichuan est le nom d’une baie au sud et à la tête du lac Mistassini, district de la Baie James province de Québec.

POVUNGITOK
Povungitok (endroit qui n’est pas gonflé) Esquimau.
Racines : Povak : poumon ; povatok : gonflé ; ngi : négation.

Probablement à cause du manque de vent pour les bateaux à voile.

(D’après Steiman, o.m.i., ce mot signifierait « la rivière qui pue », en souvenir des massacres de caribous qui s’y faisaient fréquemment autrefois.)

Povungitok, poste esquimau situé sur le littoral de la Baie d’Hudson, entre Ivuyivik et Harrison, c’est-à-dire du côté est. Les Esquimaux de l’endroit sont renommés pour leurs sculptures sur « saponite » ou pierre savon.

A. THIBERT, O.M.I.

POWASSAN
Powassan pour pawasin (agité par le vent) Algonquin.
Racines : Paw : agiter, secouer ; asin : vent.

Powassan, village et lac du district de Parry Sound, dans l’Ontario, situé au sud-est du lac Nipissing, sur la ligne Ontario Northland. Les principales industries de la région sont l’agriculture, l’exploitation forestière et la chasse.

PUGWASH
Pugwash (peu profond une rivière, un lac) Micmac.

Nom d’une paroisse de l’archidiocèse d’Halifax et d’un port de mer en Nouvelle-Écosse. Pugwash est situé sur le détroit de Northumberland et est desservi par le Canadien National. La pêche et l’exploitation de carrières de pierre de construction en sont les principales industries.

PUKATAWAGAN
Pukatawagan pour pakitawagan (endroit de pêche) Cris, algonquin.
Racines : Pakitawaw : il tend des filets, gan terminaison nominale.

Pakitawagan cest une mission du Vicariat Apostolique du Keewatin, Manitoba.

La pêche d’été est un sport agréable et un délassement. Hélas, il n’en est pas ainsi de la pêche d’hiver sous la glace, laquelle devient un très pénible labeur. L’Indien s’y condamne par nécessité et pour ne pas mourir de faim.

La méthode traditionnelle pour tendre un filet dans l’eau est la suivante. L’on pratique d’abord des trous dans la glace, à distances égales. L’on introduit ensuite dans le premier trou une longue perche, que l’on pousse, avec la main, d’un trou à l’autre, jusqu’au dernier. À cette perche est attachée une longue corde, qui suit nécessairement le même trajet. Enfin, au bout de la corde est attaché le filet. Lorsque la perche atteint le dernier trou, on la retire de l’eau ; on tire ensuite sur la corde, jusqu’à ce que le filet soit rendu à ce terme. Alors il se trouve tendu de tout son long et retenu à chaque bout par de bonnes attaches.

J’ai vu des indiennes enlever les poissons de ces filets. Je demandais à l’une d’elles : « Vous avez grand froid aux mains ? — Non, me dit-elle, c’est froid seulement quand je sors les mains de l’eau ». Et sans se hâter, elle continua à enlever un à un ses poissons qu’elle jetait sur la neige. Ils se tordaient et prenaient en gelant les poses les plus comiques.

Le P. Charlevoix a laissé un récit fort intéressant dans une lettre à la duchesse de Lesdiguières : « Ces peuples (les Indiens) ont une adresse merveilleuse à darder les poissons dans l’eau, surtout dans les rapides. Ils pêchent aussi avec la seine et ils s’y disposent par une cérémonie assez bizarre. Avant de se servir de ce filet, ils le marient avec deux filles vierges et pendant le festin de noce, ils le placent entre les deux épouses. On l’exhorte ensuite fort sérieusement à prendre beaucoup de poissons et on croit l’y engager en faisant de grands présents à ses prétendus beaux-pères. »

R.P. PACIFIQUE, O.M.I., Cap., Études Historiques et Géographiques, p. 228.
PWAGAN
Pwagan pour opwagan (pipe, calumet) Algonquin.

Voir le mot WETASKIWIN).

PYTHONGA
Pythonga pour pitchanga et pitchawanga (il y a long de sable) Algonquin.
Racines : Pitcha : long ; anga : sable.

Ce sable fut charrié par les eaux, à cause de la rupture d’un barrage qui vida et assécha des lacs en amont.

Pythonga est le nom d’un club et d’un lac long de 16 milles. Il contient dans ses eaux des truites grises pesant 30 et même 40 livres. Il se déverse dans la rivière de L’Aigle et finalement dans la rivière Désert, Comté Gatineau, province de Québec.