Les noms indiens de mon pays/NABESIPI-NUNALA

Texte établi par Rayonnement (1p. 109-124).

NABESIPI
Nabesipi (la rivière du mâle) Cris, montagnais.
Racines : Nabe : mâle ; sipi : rivière.

Cette rivière coule dans le golfe St-Laurent, côte nord.

NAKINA
Nakina (d’avance, auparavant) Algonquin ; (retiens-le) Cris.

Nakina est le nom d’un village et d’une jonction du Canadien National en Ontario, à 272 milles à l’ouest de Cochrane.

J’ai entendu ce mot maintes fois dans ma vie de missionnaire, surtout lorsque mes guides remontaient à la perche de forts rapides, et se lançaient de continuels « Nakina, retiens-le (le canot), ne lâche pas prise. »

NAMEGOUS SIPI
Namegous sipi (rivière de la truite grise) Cris, algonquin.
Racines : Namegous : truite grise ; sipi : rivière.

Cette rivière de l’Ontario se jette dans la Baie d’Hudson ; elle est voisine de celle de Weenisk. De petites bandes de caribous émigrent quelquefois dans ses parages et c’est, dit-on, la limite sud du territoire où l’on trouve le renard blanc, bien que celui-ci descende jusqu’à Albany certains hivers.

À une soixantaine de milles de son embouchure, il y a deux montagnes de fer, hautement appréciées par les prospecteurs, mais non exploitées.

NAMEW
Namew (esturgeon) Cris.

Lac de la Saskatchewan, qui touche également au Manitoba. Plusieurs lacs et rivières s’appellent namew ou esturgeon.

L’esturgeon est un poisson d’eau douce et d’eau salée ; sa bouche, placée sous la tête, n’a pas de dent ; il est protégé contre ses ennemis par de petites écailles dures et serrées et par cinq rangées de grosses écailles éperons.

L’esturgeon d’eau douce habite les fonds vaseux des lacs et rivières, qu’il laboure de son museau pour dévorer vers et petits poissons surpris en frayères.

L’esturgeon fraie le printemps dans les rapides. Sa chair est assez bonne, ses arêtes tendres et peu nombreuses.

L’esturgeon d’eau douce ne va jamais à la mer ; sa longueur dépasse rarement six pieds.

Avec les œufs d’esturgeons, on apprête, en Ontario et dans les provinces Maritimes, le caviar, un plat de gourmets. On appelle « calyk » la chair d’esturgeon fumée. Avec la vessie natatoire de l’esturgeon, les Russes font aussi l’ichtyocolle, ou colle de poisson, employée à de multiples usages, en particulier pour la clarification des vins.

Les rivières et les lacs du versant de la Baie James abondent en esturgeons.

Claude MELANÇON, Les Poissons de nos Eaux.

NANAIMO
Nanaimo (une grosse et forte tribu) Dené.

Nanaimo est une ville située sur la côte est de l’île Vancouver en Colombie canadienne. Des bateaux font la navette entre cette île et le continent. Le lieu aurait reçu ce nom parce que cinq nations indiennes avaient coutume de s’y rassembler. Les Sœurs de Sainte-Anne de Lachine, province de Québec, à la demande du Père Lemmens, curé de Nanaimo, y ouvrirent une école en 1877.

Avant 1855, aucun prêtre n’était allé à Nanaimo. Quatorze ans auparavant, quelques-uns de ses habitants avaient pris part à la grande assemblée de Langley ; d’autres avaient reçu quelques notions de religion à Cowichan ; mais ces Indiens hésitaient à chanter des cantiques et à prier, exposés comme ils l’étaient au ridicule des mineurs de Nanaimo, irréligieux pour la plupart. Pour neutraliser l’effet du ridicule et du mauvais exemple, un missionnaire organisa une grande démonstration avec d’imposantes cérémonies. L’Évêque, Mgr Demers, y figurait, entouré de plusieurs milliers d’Indiens représentant quinze tribus. Au cours de la cérémonie, un chef en grande tenue, s’avance et élevant la voix dit : « Il convient de montrer au Grand Priant que nous savons quelque chose de ses prières ; avant que nos mains touchent la sienne, levons les nôtres pour faire le signe de la croix. » Aussitôt l’immense assemblée porte la main au front et lentement prononce, d’une voix haute et cadencée, les paroles du signe de la croix. L’Évêque ému versait des larmes ; elles brillaient au soleil de l’île de Vancouver.

Hist. de Sœurs de Sainte-Anne de Lachine, p. 223. Sr. MARIE TEODORE, religieuse de Sainte-Anne.

NAPANEE
Napanee (la farine) Français indianisé,

Napanee, située sur la rivière du même nom, est une ville manufacturière de la province d’Ontario, chef-lieu du comté de Lennox. Napanee est aussi le nom d’une paroisse de l’archidiocèse de Kingston. Au temps où je missionnais à la Baie James, les Indiens mangeaient si peu de « napanee » qu’ils disaient « Ce n’est pas de la nourriture ». Après la mission, lorsqu’ils quittaient le poste d’Albany, ils en emportaient quelques livres dans un mouchoir de couleur, ; cette provision devait leur durer un an. Ils en mettaient quelquefois une pincée dans leur tasse de thé chaud.

NAPINA
Napina (vieillard, chef ou vieux chef) Pied noir.
Racines : Nap : vieux ; inaw : chef.

Napina est un nom géographique de la Saskatchewan.

Chez les tribus qui vivent dans les forêts, l’élection d’un chef se fait généralement sans beaucoup de cabale ; elle dure cependant un ou deux jours. J’ai vu à Manawan, un vieil Indien présenter à l’assemblée le fils du chef défunt, en ces termes : « Voilà Céni ; son père fut un excellent chef, son fils sera aussi bon ». Tous, sans murmurer, acceptèrent comme chef Céni Néwéiachitc. J’ai demandé au Ministère des Affaires indiennes de ratifier cette élection. Quand il n’y a pas unanimité, les jeunes gens votent avec les hommes et, comme ailleurs, la majorité l’emporte.

Les chefs sont d’ordinaire bons orateurs. Lors d’une visite pastorale de Mgr Latulipe à Wémontaching en 1913, le chef Louis Pitchikwi disait : « Gardien de la Prière, nous sommes contents de te voir. Tu es venu avec 43 robes noires, elles sont à tes côtés. Aujourd’hui le poste de Wémontaching est comme une ville sainte. Nous te remercions de cette visite ; nous t’attendions depuis plus de 30 ans. Aujourd’hui il nous est donné deux beaux jours à la fois : le soleil brille et se mire dans les eaux ; il fait beau aussi dans nos cœurs ; ta parole y a mis de la lumière et tes bénédictions de la joie. Tu vois, la voiture de feu (chemin de fer) passe tout près de notre chapelle ; nous espérons que souvent tu reviendras. La voiture de feu nous amènent de bonnes choses ; les provisions et les vêtements sont moins chers. Elle apporte également l’eau de feu qui rend fou. Dis au grand chef de ce pays d’avoir le cœur fort pour punir ceux qui vendent à mes enfants de l’eau de feu ; je désire qu’ils restent bons. Gardien de la Prière, sois certain que tes fils des bois n’oublieront pas ta robe violette et ta main qui nous a fait baiser la pierre de ton anneau. Nous prierons pour toi le Maître de la vie, afin que tu reviennes rendre nos âmes aussi brillantes que la croix qui pend sur ta poitrine ».

NASKOPI — NASKAPI
Naskopi (grossier, rude, non-civilisé).

Nom d’une rivière qui se jette dans le lac Melville et aussi d’une tribu indienne qui erre dans toute la péninsule est du Labrador, depuis Sept Îles jusqu’au lac Nitchikwan et la Baie Ungava, excepté une étroite bande habitée par les esquimaux.

La Compagnie de la Baie d’Hudson possédait un navire du nom de Naskopi. Sans doute, ce nom lui fut donné à cause des rudes voyages qu’il devait faire à travers les glaces et au milieu des tempêtes pour approvisionner les postes du détroit d’Hudson, de l’île Southampton, de la Terre de Baffin, etc. Ce navire fit naufrage en 1947. Son travail de ravitaillement fut confié au « Sainte-Thérèse », petit vaisseau des pères Oblats.

NATASHQUAN
Natashquan pour nataskwan (aller chasser l’ours, aller quérir sa chair) Cris, montagnais.
Racines : Nat : aller quérir, à la recherche ; ask : ours.

Natashquan est le nom d’une paroisse du comté Saguenay et d’une rivière très poissonneuse, longue de 200 milles, qui se jette dans le golfe Saint-Laurent, en face de l’île Anticosti. Cette rivière fixe une partie de la limite sud du Vicariat du Labrador confié à Mgr Lionel Scheffer, O.M.I., en 1946. Natashquan est aussi l’endroit d’où partent chaque printemps les pêcheurs, allant à la chasse au phoque, sur les côtes du Labrador. Natashquan fut visité en 1534 par Jacques Cartier.

Apostolat des missionnaires O.M.I. (nov. 1946).
Nouveau Dict. illustré, Larousse.
NATOWE

Natowe, espèce de gros serpent assez commun autrefois, et dont les Indiens mangeaient la chair. Les Algonquins et toutes les tribus de langue algonquine donnent ce nom aux Iroquois ; Natewewi : il est Iroquois, Natowewic : méchant Iroquois ; natowenang : aux pays des Iroquois.

NATOWESI
Natowesi (l’oiseau iroquois) Algonquin.
Racines : Natowe : iroquois ; si : oiseau.

Natowesi est le nom d’un lac et d’une rivière qui donnent leurs eaux au lac Baskatong, province de Québec. L’oiseau iroquois était le hibou. Cet oiseau nocturne, à la face et aux yeux de chat, tue et mange les autres oiseaux dormant dans leurs nids sur les branches des arbres. Dans leurs guerres d’embuscades, les Iroquois se faisaient toujours précéder d’une sentinelle qui montait dans la cime des arbres et imitait le cri du hibou. Par ce ramage, elle faisait connaître aux guerriers, cachés dans les bois, le nombre des wigwams et leur position. La nuit venue, ceux-ci venaient comme les hiboux tuer et massacrer les dormeurs dans leurs maisons.

Lexique algonquin, J.A. CUOQ, Sulp.

NÉABISKAW
Néabiskaw (pointe rocheuse) Cris, montagnais.
Racines : Né : pointe ; abisk : pierre, roc.

Cette pointe se trouve sur la rive nord du golfe Saint-Laurent. Une multitude de pointes de terre frangent la côte de l’Atlantique et s’avancent en dents de scie vers l’abîme des flots.

NEBRASKA
Nebraska (peu profond, il y a peu d’eau) Sioux.

Nebraska est un état des États-Unis, il a pour capitale Lincoln et est arrosé par le fleuve Missouri. Sa partie nord-ouest est rocheuse et parsemée de collines.

L’adjonction des deux territoires Nébraska et Kansas fut une des causes de la fameuse guerre civile aux États-Unis, appelée « guerre de sécession ». Depuis ces troubles, il existe entre les États du Sud et du Nord une certaine rivalité. Le Sud voulait que chaque état légifère à son gré en matière d’esclavage ; le Nord en exigeait l’entière abolition.

NÉCHAKO
Néchako (la rivière de la grosse île) Déné.
Racines : Né : île ; cha : gros ; ko : rivière.

Néchako est le nom d’une rivière du Yukon qui se jette dans le fleuve Fraser, après un parcours de 280 milles. Elle tire son nom d’une très grande île où s’élève une haute montagne. C’est aussi le nom d’une mission indienne. Tenant peu à la vie de ce monde, un malade de Néchako disait au missionnaire : « Il n’est pas nécessaire que je vive ; il y en a plusieurs pour me remplacer. »

Traduction du P. Joseph Allard, O.M.I., missionnaire au Yukon.

NEEPAWA
Neepawa pour nipawol (ils dorment) Cris.

Ville du comté de Portage-la-Prairie au Manitoba, située à 123 milles à l’ouest de Winnipeg. Neepawa est un important centre ferroviaire, au centre d’une région agricole. La ville groupe des entrepôts à grain et plusieurs industries. La culture du blé et l’élevage représentent les principales ressources de la région.

Les prêtres de Neepawa, de L’Exarchat du Canada Central, Ukrainiens, desservent les missions : Scandinavia, Rivers, Souris, Minnedosa.

Encyclopédie Grolier.

NÉGAGAMI
Négagami pour nékagami (eau de gravier) Cris.
Racines : Néka : sable, gravier ; gami : eau, étendue d’eau.

Le Négagami est un affluent du fleuve Albany, province d’Ontario. Le lit de cette rivière est pavé de gravier. C’est aussi le nom d’une station du Canadien National.

NEGUAC
Neguac pour anigeoeg (stérile) Micmac.

Nom d’une belle paroisse du diocèse de Bathurst, province du Nouveau-Brunswick, comté de Northumberland. La mission Tabusintac est desservie par la paroisse de Néguac.

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap., Études historiques et géographiques, p. 205.

NEIACHI
Neiachi (pointe de terre) Algonquin, cris.
Racines : Né : pointe ; achi : terre.

Neiachi est une pointe de terre qui s’avance dans la Baie James, du côté ouest. C’est aussi le nom d’une branche de la rivière Atawabiskat, à une cinquantaine de milles de son embouchure.

NÉIAKAW
Néiakaw (pointe de sable) Cris.
Racines : Néiaw : il y a une pointe ; néka : sable.

Néiakaw désigne une pointe du côté ouest de la Baie James, à une centaine de milles au sud du Cap Henrietta Maria. Au printemps, les huards y séjournent en grand nombre.

À Néiakaw vivait Spence, un vieil Indien primesautier. Un jour que je catéchisais dans les longues herbes du rivage — nous n’avions alors ni chapelle, ni maison, — après avoir expliqué pourquoi on donne à certains péchés le nom de péchés capitaux, n’étant pas certain d’avoir été compris, j’interrogeai mon auditoire. « Oui », répondit Spence. Et levant le bras, il dit en écarquillant les doigts : « C’est comme ma main ; il n’y a qu’une main mais plusieurs doigts. L’orgueil fait naître plusieurs péchés, la colère en occasionne plusieurs autres. »

NÉIASKWEIAW
Néiaskweiaw (pointe de la forêt) Cris, tête-de-boule, algonquin.
Racines : Né, néiaw : pointe ; akweia : forêt, arbres.

Néiaskweia, à une soixantaine de milles au nord du fleuve Ekwan, est une pointe de terre qui se termine par une colline boisée. Elle encercle une baie sur la côte ouest de la Baie James. C’est un lieu de rendez-vous pour les Indiens en voyage : ils y trouvent du bois pour cuire les aliments et des perches pour dresser leurs tentes.

NÉKOUBAU
Nékoubau pour nékobaw (pointe de broussailles) Montagnais, cris.
Racines : Né : pointe ; kobaw : broussailles.

Le lac Nékoubau est situé à l’une des sources de la rivière Ashwapmouchouan branche de l’ouest, province de Québec. En 1686, par les soins du Père de Crespieul, S.J., une chapelle fut bâtie à la mission Saint-Ignace, de Nékoubau. En 1690, cette mission fut visitée par le Père Bonaventure Favre, S.J., décédé à Québec le 6 décembre 1700, Depuis plus de deux siècles « il n’y a plus de prière à Nékobaw », disent les Indiens.

Histoire du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870, pp. 96, 100.

NÉMASKWA
Némaskwa (la pointe de l’ours) Montagnais, cris.
Racines : Né : pointe ; ask : ours.

Nom indien de la longue pointe de Mingan, sur la rive nord du golfe Saint-Laurent, province de Québec.

Les ours aiment les pointes de terre où généralement il y a du sable pour prendre leurs ébats, de là aussi ils traversent lacs et rivières.

L’Indien qui va chasser les ours ne porte que deux pièges ; car ces pièges sont lourds à cause de leurs chaînes, et dangereux à tendre à cause de leurs ressorts.

NEMISKAN
Nemiskan pour nameskaw (beaucoup d’esturgeons, de poissons) Cris.
Racines : Namew : esturgeon ; skaw : abondance.

Nemiskan est le nom d’un parc national dans le sud-est de l’Alberta. Ce mot, très mal écrit, signifie peut-être : poissonneux (nameskaw).

NEMISKAU
Nemiskau ou nameskaw (il y a beaucoup d’esturgeons) Cris.
Racines : Namew : esturgeon ; skaw : idée d’abondance.

On trouve un lac Nemiskau à cent milles à l’est de la Baie James. Il déverse ses eaux dans la rivière Rupert. En 1679, le Père Antoine Silvy, S.J., y établit la mission Saint-Antoine. Six ans auparavant, en 1672, le Père Charles Albanel, M. Denys de Saint-Simon et un Français, se rendant à la Baie James à la demande de l’intendant Talon, virent au bord du lac Nameskau les ruines d’un grand village détruit par les Iroquois. Le Père Albanel décrit le lac Nemiskau ; « grand lac de dix jours de circuit, entouré de montagnes du sud au nord, avec un grand nombre d’îles, alimenté par cinq rivières ». Au retour de ce voyage, le 9 juillet, on arbora sur une pointe du lac les armes du roi de France.

À Nemiskau, la Compagnie de la Baie d’Hudson a un magasin ; la Compagnie Revillon Frère y avait également le sien, il y a peu d’années.

Histoire du Saguenay, depuis l’origine jusqu’à 1870, p. 97.
L. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
NÉPISIGUIT
Népisiguit (rivière, cours impétueux) Micmac.

Autrefois, on écrivait Népisigouit (P. Ignace), Nipigiguit (P. Lallement), Piziguis (Bazagier), etc.

Cette rivière du Nouveau-Brunswick se jette dans la Baie des Chaleurs, à Bathurst. Son cours tortueux est parsemé de rapides et de chutes d’une sauvage grandeur.

Les Indiens racontent que leurs ancêtres dirent un jour au missionnaire : « Notre fleuve est bien méchant sans doute parce qu’il n’a pas été baptisé ». Le prêtre l’ayant béni, il n’a plus causé de noyade. C’est à l’embouchure de la rivière Népisiguit qu’a été établi un des premiers postes de commerce du pays. Après celle de Port-Royal, elle est la plus ancienne mission micmac. Cette mission fut fondée en 1620 par le Père Sébastien, récollet. Il mourut prématurément en 1623, de misère et de faim, dans les bois du Nouveau-Brunswick. Il fut le premier missionnaire à sacrifier sa vie pour les âmes en la Nouvelle-France. Une montagne, aux sources de la rivière Nipisiguit, porte son nom.

NIAGARA
Niagara (résonner, faire du bruit) Iroquois.

Niagara est le nom d’une remarquable chute d’eau de 180 pieds. En 1946 un tremblement de terre l’a abaissée et défigurée du côté américain. Étienne Brûlé, célèbre interprète en langue huronne, fut le premier blanc à contempler cette chute.

Niagara est le nom d’un fort bâti par La Salle en 1678, et d’une rivière qui sépare la province d’Ontario des États-Unis. Celle-ci est divisée en deux parties, l’une canadienne l’autre américaine, par l’île Goat qui se trouve juste au sommet de la cataracte. Niagara Falls est le nom de deux villes, l’une canadienne l’autre américaine, bordant les célèbres chute. Les deux villes communiquent par un pont suspendu, situé à deux milles en aval ; c’est là qu’eut lieu, en 1814, la bataille de Lundy’s Lane entre Anglais et Américains.

Chan. Alph. FORTIN, Les grands noms oubliés de notre histoire, p. 24.
J.-A. CUOQ, P.S.S., Lexique de la langue iroquoise.
NIAPISKA
Niapiska pour néapiskaw (la pointe rocheuse) cris, tête-de-boule.
Racines : Né : pointe, cap ; apisk : pierre, fer.

Plusieurs endroits portent ce nom.

NIJOTEW — NIJOTEK
Nijotew ou Nijotek (les jumeaux)) Tête-de-boule, cris.

Ce nom désigne deux rapides de la rivière Mikiskan ; ils encerclent d’abord une île, puis ils s’unissent en un seul rapide.

L’habileté des Indiens dans la descente des rapides est incontestable. C’est l’Indien de l’avant qui gouverne le canot, évitant les vagues dangereuses et les pierres. Dans le danger on modère le canot en plongeant profondément l’aviron, car l’eau profonde est moins rapide que celle de surface.

Avant la descente, l’Indien de l’avant se lève, examine le courant et les passes dangereuses, puis il lève l’aviron et indique à son compagnon la route à suivre. Alors le canot se risque dans le courant. L’eau bouillonne, mugit, écume ; les rochers du fond semblent surgir ; l’esquif saute sur les vagues ou plonge dans des caves. Des coups d’aviron énergiques Évitent les écueils ou « oreilles de charrue ». Enfin, parvenu au pied du rapide, il faut se défier des remous, des bois flottants ou à demi submergés. Pendant la descente, on n’entend aucune parole, chacun étant occupé : il y va de sa vie. Lorsque les rapides sont trop dangereux, on soulage le canot d’une partie de sa charge, et le missionnaire marche dans le portage. Arrivé à l’autre bout, il attend souvent dix ou quinze minutes, et parfois davantage, car le canot tarde à se montrer. Inquiet, il interroge les eaux bouillonnantes, il craint d’y découvrir des épaves, des débris de canot. Et les minutes s’allongent ! Tout à coup, le canot surgit comme une flèche. Le missionnaire descend au bord de l’eau, saisit la frêle embarcation d’écorce que le mouvement des eaux secoue. Oubliant qu’il se mouille les pieds, il s’enquiert des raisons du retard, des difficultés. Comme on se sent heureux, hors du danger et de l’angoisse ! Merci mon Dieu !

NIKIK PAWISTIK
Nikik pawistik (le rapide de la loutre) Tète-de-boule, cris.
Racines : Nikik : loutre ; pawistik : rapide.

Le Nikik Pawistik est un des nombreux et fougueux rapides de la rivière Saint-Maurice. On y a construit le barrage Gouin, généralement appelé « barrage La Loutre », lequel a maintenant formé un lac artificiel de 125 milles de longueur, élargi de baies profondes. Il a fallu trois ans de pluies et de fonte des neiges pour remplir cet immense bassin qui, avec deux pieds de plus en hauteur, déborderait dans le versant de la Baie James. Ce barrage a noyé le vieux poste de Kidendatch, la chapelle indienne d’Obedjiwan située à quatre-vingts milles en amont, et une immense forêt aux arbres encore debout et semblant implorer pitié. Aux époques de grandes pluies, on ouvre parfois les lourdes portes d’acier du barrage Gouin, pour se débarrasser d’un surplus d’eau importun. Alors, il faut voir s’échapper de ce goulot géant l’eau tourbillonnante culbutée hors de sa prison par la poussée écrasante d’une telle masse liquide. Il arrive que des billots, nageant dans ce gouffre, sont projetés haut dans les airs et, dans un mouvement rotatoire, sont relancés avec violence vers les portes de l’écluse, frappant et défonçant à coups de bélier la lourde armature de fer boulonné. Les plans de cette gigantesque construction sont l’œuvre de Monsieur Olivier Lefebvre, ingénieur en chef de la Commission des Eaux Courantes de Québec.

NIKITAWISAGI
Nikitawisagi (embouchures fourchues) Cris, algonquin.
Racines : Nikita, ningita : qui se divise, fourchu ; sagi : embouchure, sortie.

Nikitawisagi est le nom d’une rivière qui se jette dans la Baie d’Hudson au Cap Henrietta. Le cap Henrietta, dont nous avons déjà parlé, est ce vilain amas de rochers, s’avançant jusqu’à six milles dans l’eau comme une griffe de démon et séparant la Baie d’Hudson de la Baie James.

La Compagnie Révillon Frères opérait autrefois sur la Nikitawisagi un comptoir de traite. Sur la rive opposée, la Cie de la Baie d’Hudson ne tarda pas à installer un poste commercial du même genre, lequel fonctionne encore de nos jours et porte le nom de Lake River.

NIPAWIN
Nipawin (le sommeil) Cris.

Nipawin ville de la Saskatchewan desservie par le Pacifique Canadien. Elle occupe une région boisée en bordure de la rivière Saskatchewan ce qui fait de cette ville un endroit réputé pour la chasse et un centre important d’industrie forestière. Nipawin rappelle en outre, un parc provincial et dénomme une paroisse du diocèse de Prince-Albert.

NIPIGON
Nipigon pour nipikan (eau trouble) Sauteux.
Racines : Nipi : eau ; pik, pikan : brouillé, bourbeux, sale.

Nipigon, lac de l’Ontario et paroisse du diocèse Sault Sainte Marie. Le lac Nipigon mesure 70 milles par 50. Il a des rives accidentées et une profondeur d’eau très irrégulière : il compte des centaines d’îles.

Radisson et Des Groseillers le traversèrent lors de leur fameuse excursion de 1662. En 1678, aux environs du lac Nipigon, les Français bâtirent des forts de traite pour faire concurrence à la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Chan, Alph. FORTIN, Les Grands Oubliés de notre histoire. p. 149.
Encyclopédie Grolier.
NIPISSING
Nipissing pour nipisil (Saules, les saules) Cris.
Racine : Nipissi : saules.

On a traduit Nipissing de bien des façons : « petite eau », « petit lac », « dans la petite eau ». Pour ma part, j’y vois un mot à racine crise, très justifié d’ailleurs par la géographie des lieux. L’Indien, homme concret et toujours en quête d’observations, dénomme un endroit d’après tel détail qui a frappé ses yeux. Le lac Nipissing, aux rives ombragées de saules, s’appela tout bonnement « lac des saules ».

Il a 50 milles de long et 25 de large et se déverse dans la baie Georgienne, par la rivière des Français.

L’évangélisation des indiens du lac Nipissing débuta avec le Récollet Guillaume Poulain, en 1622. Les Nipissiens combattirent pour nous en 1755 au lac Champlain sous Dieskau et dépêchèrent une ambassade à Montréal en 1757 pour nous renouveler l’assurance de leur fidèle amitié.

Comme tous les voyageurs des pays lointains, les abbés Provencher et Dumoulin, en route vers l’Ouest canadien, firent halte. au lac Nipising, et ce fut pour eux l’avant-goût des petites misères qui les attendaient en mission. L’on se chicanait entre blancs à propos de fourrures, et les Peaux-Rouges restèrent bien déçus en voyant que le canot des missionnaires ne leur apportait pas d’eau-de-vie.

A.G. Morice, O.M.I., Histoire de l’Église Catholique dans l’ouest Canadien, V.L. page 128.

NISKU
Nisku pour niska (outarde, oie) Cris.

Nisku est une gare du Pacifique Canadien à 12 milles d’Edmonton. C’est aussi un petit hameau de quelque vingt personnes. Si jadis l’outarde ou l’oie blanche enrichissait ce lieu, aujourd’hui la richesse provient d’un bec d’oléoduc, qui dégorge sans se lasser et dans trois réservoirs, l’huile brute des champs pétrolifères de Leduc, Alberta. Trente wagons-citernes fournissent à peine à transporter cette huile aux raffineries de Calgary, Régina et Brandon.

NITCHIKUN
Nitchikun (il y a des loutres) Montagnais.

Plus d’un lac portent ce joli nom. Mentionnons celui qui alimente la rivière de Fort-Georges, à cause de son poste de traite si éloigné du reste du monde.

La loutre, un quadrupède qui atteint trois pieds de longueur, vit dans des terriers au bord de l’eau, et se nourrit de poissons. Sa peau est l’une des meilleures fourrures du Canada.

NOKOMIS
Nokomis (ma grand’mère, ma grand-maman) Cris.

(En Cris de l’Ouest nokom signifie ma grand’mère, mais nokomis veut dire mon oncle).

Nom d’une gare du Canadien National, et d’un village de la Saskatchewan-centrale, au pays du blé.

NOMININGUE
Nominingue pour nominintc (celui qui est oint, graissé) Algonquin, cris.

Nominingue est le nom pittoresque d’un beau lac des Laurentides et d’une petite ville sise sur ses bords. Le lac Nominingue attire de nombreux touristes. La ville possédait autrefois son collège classique dirigé par les Chanoines Réguliers de St-Benoit.

Les Algonquins donnent au lac Nominingue un autre nom, et l’appellent onamani sakaigan « le lac vermillon ». (Onaman : vermillon ; sakaigan : lac).

Vers 1886 les Pères Jésuites fondèrent un établissement que les indiens appelaient onamaning « au vermillon, au fard. » Les deux appellations ont en somme une signification commune : graisser dans le sens de farder. Autrefois les Indiens aimaient à se pommader et à se teindre les ongles de vermillon ; ou peut-être que les colons de l’endroit peinturaient de cette couleur leurs maisons et granges.

Lexique algonquin. J.A. CUOQ, Sulp.

NOOTKA
Nootka (aller autour) Déné.

C’est le nom d’une tribu indienne de la Colombie Canadienne ; d’un fiord qui pénètre dans les terres à une profondeur de 30 milles ; d’une petite île à l’ouest de la grande île Vancouver.

Les Nooktas furent célèbres à cause de leurs canots creusés dans des troncs d’arbres et de leur audace sur la mer. À la chasse à la baleine, seul le capitaine avait l’honneur de lancer le harpon. Ils habitent des maisons rectangulaires, décorées de figures grotesques.

Diamond JENNESS, Indians of Canada, p. 345.

NOSBONSING
Nosbonsing pour Nosponsing (provisions (de voyage) consommées ou encore parmi les provisions) Tête-de-boule.
Racines : Nospon : provisions, goûter ; In : être à bas, à terre. Ing : le locatif.

Nosbonsing est le nom d’un lac aux sources de la rivière Mattawa, à l’est du lac Nipissing en Ontario. Il est probable qu’autrefois, les voyageurs en direction de l’Ouest canadien faisaient route par là. Nosbonsing est renommé comme endroit de villégiature et de tourisme.

NOTIKEWIN
Notikewin (la rivière du vent, qui fait le vent) Cris.
Racines : Notin : vent ; ke : faire ; win, suffixe nominal.

Cette rivière est un affluent de la rivière la Paix. Elle arrose une partie de l’immense vicariat de Grouard en Alberta. D’autres voient dans notikewin une corruption de notinikewin, qui signifie « combat, bataille ».

NOTTAWASAGA
Nottawasaga pour matawasagane (confluent embarrassé, à plusieurs obstacles) Tête-de-boule, cris, algonquin.
Racines : Matawa : confluent ; sagaw : fort, dru, embarrassé.

C’est le nom d’une rivière de l’Ontario et d’une baie sur la Baie Georgienne, entre le Cap Rich et l’île Christian, qui s’enfonce dans les terres jusqu’à une profondeur de 25 milles et mesure une trentaine de milles de largeur.

NUKASUSUKTOK
Nukasusuktok pour Nakasusuktok (odeur de vessie) Esquimau.
Racines : Nakasuk : vessie ; suktok ou sunitok : odeur de.

Nakasusuktok, ile du Labrador.

NUNALA
Nunala (le pays par excellence) Esquimau.
Racines ; Nuna : terre, pays ; lak : superlatif.

Le nom s’explique probablement par l’abondance du gibier terrestre et aquatique, et par le voisinage du bois, dans le sens que des rivières le rendent accessible. Il y avait jadis à Nunala un poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Aujourd’hui quelques trappeurs libres, ne pouvant obtenir la permission d’entrer sur les territoires du Nord-ouest, s’y sont établis et font fortune. Très peu d’esquimaux fréquentent ces parages, à cause de la proximité des blancs mieux équipés, qui raflent tout le gibier. Nunala est desservi par les Pères Oblats de Cap Esquimau.

R.P. A. THIBERT, O.M.I.