Les noms indiens de mon pays/MACAZA-MYSTIC

Texte établi par Rayonnement (1p. 70-109).

MACAZA
Macaza pour makazotc (le batailleur, celui qui se bat) Algonquin.

Macaza est une paroisse du diocèse de Mont-Laurier, comté Labelle, province de Québec.

MACHIATIK
Machiatik pour matchiatik (mauvais bois, mauvais arbre) Cris, montagnais.
Racines : Matchi : mauvais ; atik : bois, arbre.

C’est le nom d’une île du golfe Saint-Laurent, côté nord. Rien d’étonnant que cette petite île porte le nom de mauvais bois. Ses arbres sont sans abri, exposés aux neiges humides et pesantes, aux verglas, aux terribles tempêtes de la mer qui cassent les branches et torturent les troncs.

MADAWASKA
Madawaska pour matawaskaw (il y a du foin à la jonction de la rivière) Cris.
Racines : Mata : rencontre, union ; askaw : foin, jonc.


Madawaska désigne une rivière longue de 250 milles, qui débouche sur l’Outaouais, près d’Arnprior, Ontario. Une paroisse du diocèse de Pembrooke, porte le même nom.

Madawaska désigne également une rivière du Nouveau-Brunswick, qui prend sa source dans le lac Témiscouata et se déverse dans la rivière St-Jean, à Edmunston. Cette Madawaska a donné son nom à un vaste comté de la même province et à une ville américaine sur la frontière du Nouveau-Brunswick.

MAGANATAWAN
Maganatawan (ils le tenaient, l’étreignaient).
Racines : magonew : il le tient avec ses mains, le serre, l’étreint.

Maganatawan est le nom d’une rivière qui arrose le comté de Parry Sound et jette ses eaux dans la baie Georgienne en Ontario.

MAGOG
Magog abréviation de Memphrémagog (vaste étendue d’eau, grand lac) Abénaquis.

Magog est une ville commerciale du comté de Stanstead, province de Québec. Elle fut fondée par des loyalistes venus des États-Unis après la déclaration de l’indépendance américaine. Elle est située à la tête du lac Memphrémagog, prolongement de la rivière Magog. Ses visiteurs aiment à gravir le mont Orford, dont le sommet atteint 2,800 pieds au-dessus du niveau de la mer. On a trouvé dans le lac Memphrémagog des éperlans vivant en eau douce.

MAKAMIK
Makamik (castor infirme, boiteux) Algonquin.
Racines : Mak : infirme, boiteux ; amik : castor.

Makamik, nom d’un lac et d’une paroisse dans le diocèse d’Amos, comté Abitibi, province de Québec.

Ce castor infirme, ou boiteux, s’était vraisemblablement échappé d’un piège. Along Quebec Highways traduit Makamik par « étonnant ». Cette traduction m’étonne étrangement et, de fait, le lac Makamik ne possède rien qui puisse étonner les yeux.

J.-A. Cuoq, P.S.S. Lexique de la langue algonquine.

MAKATEWIKONAIE
Makatewikonaie (la Robe Noire) Cris, algonquin, tête-de-boule.
Racines : Makate : noir, konas : vêtement, robe, pelure ; wi pour l’euphonie.

Makatewikonaie est le nom que les Indiens donnent aux prêtres et aux missionnaires à cause de la soutane.

Les robes noires furent admirables de zèle et d’endurance. En un siècle, elles ont évangélisé l’Ouest Canadien et planté la croix jusque dans les terres gelées du cercle polaire. Rien n’a pu refroidir leur zèle ; ni les éléments, ni les déboires, ni les difficultés, ni les hommes. Les Pères Taché et Faraud, craignant qu’on les rappelât d’une mission trop pauvre pour les sustenter, écrivaient à leur supérieur général : « De grâce ne nous rappelez pas. Nous ne vous demandons que deux articles indispensables : un peu de vin pour célébrer la messe et un peu de farine pour fabriquer nos hosties. »

Mgr Taché s’étonnait de la maigreur de ses missionnaires mais s’aperçut bientôt que le manque de nourriture expliquait tout. Mgr Grandin, visitant la mission St-Joseph du Grand Lac des Esclaves, la décrit ainsi : « Leur chapelle est une petite chambre à l’extrémité de laquelle une salle de 9 pieds carrés reçoit les sauvages au moment des offices. Les deux pères (Eymard et Gascon) sont si pauvres qu’ils n’ont pas de papier pour nous écrire des lettres. Ils dressent les actes de baptême et de mariage le plus laconiquement possible, afin de ménager cet article. » Les missionnaires passaient des années sans manger de pain. Plus tard, deux sacs de farine de 50 lbs leur furent annuellement alloués à chacun.

Le père Grollier, malade et presque délirant, se tordait de douleurs d’estomac, sur le plancher de sa cabane. On lui demande ce qui pourrait le soulager. Il répond : « Oh si j’avais seulement une pomme de terre ! Il y a si longtemps que je n’en ai pas goûté ! ou bien un peu de lait. » Hélas ! On n’avait ni l’un ni l’autre, ni médecin, ni remède. Le 4 juin, 1864, le Père Grollier s’éteignait d’épuisement à l’âge de 38 ans, en suppliant qu’on place sa dépouille mortelle entre celles des deux derniers Indiens enterrés au cimetière de la mission. Sa requête fut exaucée.

Mgr A. TACHÉ, O.M.I., Vingt années de Missions, p. 30.

MAKWA
Makwa, (ours) algonquin, otchipwé. (huard) cris de l’Ouest.
Makwa est le nom d’une paroisse du diocèse de Prince-Albert, en Saskatchewan.

L’ours est reconnu comme l’animal le plus fort des forêts d’Amérique. Très friand de fourmis, il les cherche dans les troncs de bois pourris, qu’il réduit en fragments. Il ne dédaigne pas les bleuets ; il en mange tellement au temps de la cueillette qu’il peut à peine se traîner et on l’entend gémir. L’ours dort tout l’hiver et ne prend aucune nourriture. Au printemps, lorsqu’il sort de son gîte, ses pieds sont tellement sensibles qu’ils deviennent tout sanglants. Les Indiens aiment sa chair et même sa graisse. Avec les tripes de cet animal, ils fabriquent un boudin long et mince, fort estimé.

MALIOTENAN
Maliotenan (village de Marie).
Racines : Mali : Marie ; otenan : famille, petit village.

Nom du bureau de poste de la réserve indienne près de Sept-Îles.

MAMAWAMATAWA
Mamawamatawa (affluents débouchant ensemble au même endroit) Cris, tête-de-boule.
Racines : Mamaw : ensemble ; matawa : affluent.

Les rivières Kénogami et Négagami débouchent ensemble sur le fleuve Albany, en Ontario. Dans la province de Québec, les rivières Manouan et Ruban jettent ensemble leurs eaux dans le Saint-Maurice à Sanmour. Les deux endroits portent le nom de Mamawamatawa.

MAMAWI
Mamawi (ensemble) Cris.

Mamawi est le nom d’un lac de la province d’Alberta, dont l’élévation au-dessus de la mer est de 699 pieds.

MANICOUAGAN
Manicouagan pour minikwagan (vase à boire, verre, tasse) Cris.

Manicouagan, dans le comté Saguenay, province de Québec, est le nom d’une rivière longue de 310 milles, d’une péninsule et d’un canton de la côte nord du fleuve Saint-Laurent. La péninsule de Manicouagan est une pointe de terre entre l’estuaire de la rivière Manicouagan et celui de la rivière aux Outardes. Un câble sous-marin de 36 milles de longueur et chargé d’électricité à haut voltage, part de la Pointe Manicouagan et traverse le St-Laurent jusqu’en Gaspésie. Il transmet aux industries, minières et autres, de la rive sud une partie de l’électricité produite par les usines hydro-électriques de Chûtes-aux-Outardes, Manicouagan et Betsiamites, construites sur les rivières du même nom.

MANIGOTAGAN
Manigotagan (mauvaise gorge) Sauteux.
Racines : Mani : mauvais ; gotagan : gosier, gorge.

Mission située sur la rivière du même nom, à trois milles du lac Winnipeg, desservie par les PP. Oblats de l’école indienne de Fort Alexandre.

Vers 1890, quatre Canadiens français : Louis Simard, Louis Boulette, William Charbe et Arthur Quesnel, arrivaient de l’Est et ouvraient des chantiers en ce lieu. Tous épousèrent des ihdiennes ou des métisses. Leur descendance forme aujourd’hui les trois quarts de la population de l’endroit. Tous ne parlent que l’anglais.

MANISTIQUE
Manistique pour ministik (île boisée) Algonquin — (île) Cris.
Manistique est le nom d’une gare du Canadien Pacifique et d’une ville de l’État du Michigan, États-Unis.
MANITO
Manito (génie esprit).

C’est le nom par lequel la grande famille algonquine : Cris, Algonquins, Sauteux, Otchipwés, Tête-de-Boule, Montagnais de l’Est et Maskégons, désignait l’être suprême, le tout-puissant ; car toutes ces tribus croyaient à un être supérieur. Aussi, elles ne tardèrent point à embrasser la religion qui adore et reconnaît cet être comme Créateur et Maître de toutes choses.

Manito est le Otkon des Iroquois, le Oki des Hurons (Génie, Esprit, Être mystérieux et puissant).

Manito est aussi le nom d’un lac dans l’ouest de la Saskatchewan. Disons plutôt que c’est le nom de plusieurs lacs et rivières du Canada.

J.-A. Cuoq, P.S.S., Lexique de la langue iroquoise.

MANITOBA
Manitoba (lac des prairies, eau des prairies) Assiniboine.
Racines : Minné : eau ; toba : prairies.

En cris, Manitoba signifierait « détroit de l’esprit », de manito : esprit, oba : détroit.

Manitoba est le nom d’un lac mesurant 120 milles de longueur et 25 de largeur. En octobre 1738, De la Vérendrye attribua à ce lac le nom de lac des prairies. Ce nom convient parfaitement à ce lac plat, à rives basses et dont la profondeur moyenne est de 13 pieds, qui se répand par de petites rivières dans les lacs Winnipeg et Winnipegosis.

Le Manitoba est la province centrale du Canada. C’est une immense plaine fertile et riche en terrains miniers. Deux grands fleuves la traversent dans toute sa largeur, le Churchill et le Nelson. Deux autres fleuves et plusieurs rivières arrosent abondamment ses 25 millions d’acres de terre arable. La Capitale du Manitoba est Winnipeg. Ses principales villes sont St-Boniface, Brandon, Portage la Prairie, Flinflon. C’est dans cette province que commença l’insurrection métis qui amena la pendaison de Riel.

À propos de cette insurrection et de son chef Louis Riel, Auguste-Henri-Trémaudan écrit. « Le traitement des métis a été très déloyal et très injuste. L’insurrection fut provoquée par la négligence coupable des ministres, non par les métis. L’insurrection aurait été évitée si nos troupes n’avaient pas tiré les premières, si les métis avaient été approchés par des émissaires fidèles. Riel se rendit à la condition qu’il serait protégé jusqu’à ce que le gouvernement, non les tribunaux, décidât de son sort. On lui a refusé les sursis élémentaires pour produire les témoins nécessaires. Le gouvernement a négligé de se procurer des interprètes compétents. Wilfrid Laurier ne craignit pas de répéter en chambre ce qu’il avait dit à Montréal, devant une assemblée de 50,000 personnes, que s’il s’était trouvé sur les bords de la Saskatchewan lorsque les métis prirent les armes, il se serait, sans hésitation, joint à eux. »

TREMAUDAN, Histoire de la nation métis dans l’ouest canadien, p. 339.

MANITOU
Manitou-manito (esprit, génie) Algonquin, cris.

Ce mot est entré dans le lexique religieux. Kije Manito : le bon Esprit, kitchi manito : le grand Esprit, Dieu ; Matchi manito : le mauvais esprit, le diable.

Manitou est le nom d’un lac de l’Abitibi. C’est également le nom d’un lac et d’une rivière tributaire du Saint-Laurent, sur la rive nord, à l’ouest du détroit Jacques-Cartier, à plus d’un mille de son embouchure. Cette rivière fait une chute de 118 pieds.

MANITOULIN
Manitoulin pour manitouwin (spiritisme, action de faire du surnaturel).

Certains disent et écrivent : manitou-île (île manitou, l’île de l’esprit, du génie) : mot hybride, moitié indien et moitié français.

Cependant, les otchipwés appellent cette île : Manito Minis : L’île de l’esprit, du Manitou.

Manitoulin est un groupe d’îles de la province d’Ontario s’étendant de l’est à l’ouest sur la rive nord du lac Huron.

Bishop BARAGA.

MANITOWANING
Manitowaning pour Manitowaching (au gite de l’esprit) Algonquin, sauteux.
Racines : Manito : esprit ; wach-waj : gite, repaire, cavité ; ing : locatif.

Manitowaning est un village situé sur l’île Grand Manitolin à l’entrée de la baie Georgienne, en Ontario. Les Indiens disent qu’il y a sous cette île un courant souterrain, d’où le nom de Manitowaching. Cette traduction me fut donnée par une institutrice indienne de l’endroit.

MANIWAKI
Maniwaki (terre de Marie) Algonquin.
Racines ; Mani : Marie ; aki : Le W pour l’euphonie.

Terminus de chemin de fer et centre de chantiers, Maniwaki fut à sa façon un grand centre missionnaire.

De 1851 à 1946, c’est de là que sont partis les missionnaires oblats pour aller catéchiser les Indiens des lacs Barrière (Mitikonabikong), Victoria (Kitchisagi), Simon, Manawan, Obedjiwan, Waswanipi et ceux de Baskatong, Michomis et Wémontaching.

Il y a quelques années, la paroisse de Maniwaki se donnait un monument religieux d’une certaine importance, inspirée des apparitions de Fatima. Le terrain fut choisi, une colline abrupte plantée de pins, et les bras bénévoles se mirent au travail.

Dès les premiers coups de pelles, on découvre dans la terre un chapelet très ancien, emprisonné sous les racines d’un arbre. Chacun voulait sa part de l’étrange relique.

Le travail s’acheva. Vint le jour de l’inauguration solennelle, où l’on avait invité les Indiens de la réserve. Une bonne vieille, Hermeline Watagan, fut agréablement surprise en voyant l’endroit choisi. C’était précisément celui où, petite orpheline, elle venait en cachette réciter le chapelet avec une compagne, Marie Hébert, également orpheline, et devenue plus tard religieuse.

Herméline raconta : « Nous avions commencé à dire le chapelet sur la montagne. Une religieuse, le sachant, nous donna une statuette de la Vierge. Après quelques recherches, nous avons trouvé au pied de la montagne une cavité dans le roc. Nous l’avons tapissée de mousse et de petites fleurs. Nous y mîmes la statuette et tous les jours du mois de mai, après la classe, nous allions toutes deux réciter le chapelet. Un jour, quelqu’un nous lança des pierres, mais nous continuâmes à venir quand même. »

Le mystérieux chapelet s’expliquait et révélait en même temps les véritables initiateurs de la colline mariale de Maniwaki.

MANJAMEGOUS
Manjamegous (truite saumonée) Algonquin.

Manjamegous est le nom d’un lac aux sources de la rivière du Lièvre, affluent de l’Ottawa, province de Québec. Autrefois, il y avait là un groupe d’Angonquins, parmi lesquels le vieux Pizan ; quand il mourut, tous se dispersèrent. En 1945, au pied de ce lac, on construisit un barrage considérable.

La truite saumonée, à chair rouge, s’attrape surtout à la mouche, c’est-à-dire en faisant sauter sur l’eau un hameçon minuscule caché par des plumes de diverses teintes.

MANOTICK
Manotick pour manatik (mauvais bois) Algonquin.
Racines : Man : mauvais, méchant ; atik : arbres, bois.

Située sur la rivière Rideau, comté de Carleton, Manotik est une paroisse de l’archidiocèse d’Ottawa.

Les bûcherons disent que dans les forêts se trouvent des « ronds de mauvais bois ». Ce sont des arbres creux, pourris, farcis de gomme, rongés par une sorte de tuberculose. La Providence a voulu que ces arbres contaminés servent de nids aux oiseaux, de ruches aux abeilles, de gites ou de greniers aux écureuils et aux fourmis. Des oiseaux grimpeurs martèlent ces troncs malades pour en faire sortir les larves et les vers qui les habitent et les rongent. Ces arbres, une fois tombés, donnent du bois sec pour le chauffage et fertilisent le sol.

MANOUAN
Manouan pour manawan (on ramasse des œufs) Cris.
Racines : Man : prendre, enlever ; awew : œuf, suffixe verbal.

Deux rivières et deux lacs portent ce nom dans la Province de Québec : L’une des rivières se déverse dans la grande Péribonka et l’autre dans le Saint-Maurice. À 70 milles de l’embouchure de cette dernière, sur le lac Métabeskéga, il y a un poste de la Baie d’Hudson et les Indiens têtes-de-boule ont une réserve de plusieurs milles carrés.

MASCOUCHE
Mascouche (ourson) Cris.
Racines : Maskwa : un ours ; maskoch : un petit ours, un ourson.

Mascouche est le nom d’une paroisse et d’un village du diocèse de Joliette, comté de l’Assomption dans le Québec, situé sur la rivière du même nom. « Along Quebec Highways » se trompe grandement en traduisant Mascouche par « Smooth plain ». Il n’y a absolument rien dans ce mot qui justifie cette traduction.

MASKANAW
Maskanaw ou Meskana (chemin) Cris, montagnais, tête-de-boule.
C’est un nom géographique de la côte nord du fleuve Saint-Laurent.

Dans certaines grandes forêts, se trouvent des chemins (ou plutôt des sentiers) que les Indiens appellent kitchi maskanawa : « grands chemins » et qui leur servent de points de repère. Les blancs, moins avertis et moins expérimentés, croisent ces sentiers sans les apercevoir ou, même en les suivant, se perdent et s’égarent. L’Indien possède un instinct d’orientation extraordinaire, et ne s’égare jamais. En pleine forêt vierge, il prend des raccourcis et touche son but sans dévier. J’ai toujours trouvé ce fait prodigieux.

Les Indiens connaissent comme par instinct l’astronomie et se dirigent sur les étoiles avec une rare habileté.

MASKEK
Maskek (marais, marécage) Cris, tête-de-boule, otchipwé.

Maskeg est le nom d’un lac en Saskatchewan où les pères Oblats dirigent une mission,

Ce mot indien est passé dans le français et l’anglais.

On appelle maskeg, un terrain humide, boueux et dont les eaux n’ont point de déversoir. Le rivage ouest de la baie James est une suite infinie de maskeg où chaque automne des milliers et des milliers d’oies blanches se posent et s’engraissent avant d’émigrer vers le sud. (voir le mot KAPICKAU où il en est question).

En mars 1933, une trentaine d’Indiens se trouvent menacés par la famine aux sources de la rivière Ekwan, à environ 200 milles de la Baie James. La pêche, qui avait jusque-là assuré la subsistance du groupe, est devenu insuffisante. Chaque matin, toujours avec un espoir nouveau, les femmes vont visiter les filets immanquablement vides. Quand on réalise le danger, il est déjà trop tard pour entreprendre sans provision une marche de 200 milles vers la mission d’Attawabiskat sur la baie James. Tous, surtout les femmes et les enfants, se sentent trop affaiblis pour tenter ce suprême effort. On tient conseil, on s’alarme. Wabano, le plus fervent chrétien du groupe, propose de risquer sa vie pour le salut des autres. Il entreprendra le voyage seul, portant sur lui une lettre adressée au missionnaire d’Attawabiskat. S’il tombe de défaillance en chemin, il placera, selon la mode du pays, son message à destination. Il recommande à tous de prier sans cesse et d’économiser leurs forces jusqu’à l’arrivée du secours.

Quelques jours plus tard, un Indien du poste Nikitowisagi, en route vers la mission d’Attawabiskat, se fraie péniblement un chemin dans la poudrerie qui déferle. À l’embouchure de la rivière Ekwan, il aperçoit un bâton planté dans la neige, dont le bout fendu retient une lettre enveloppée dans une écorce de bouleau. Il s’approche et va s’en emparer quand son pied heurte un corps dur. De sa raquette il écarte la neige et reconnaît Wabano mort, gelé, les mains enlacées dans son chapelet. Le chasseur s’empare du message et franchit en toute hâte les quatorze milles qui le séparent de la mission. Quelques heures plus tard, deux attelages de chiens galopaient sur la rivière Ekwan, portant secours aux affamés. En récompense de cet acte héroïque, Dieu s’est choisi parmi les enfants de Wabano, une religieuse, Nancy Wabano, qui dépense sa vie au service des Indiens, dans l’école de la Pointe Bleue, au Lac St-Jean.

MASKIKI
Maskiki (plante médicinale, remède) Cris, algonquin.

Mot très commun sur les bouteilles de remède.

Les Indiens se fabriquent plusieurs bonnes médecines. Mentionnons quelques unes de leurs recettes.

1 — Pour guérir la coqueluche : couper des bouts de branches d’épinette blanche, à deux pouces de longueur, faire bouillir dans l’eau et boire le liquide. 2 — Pour guérir les hémorroïdes : faire bouillir des cocottes d’épinette noire, ou la racine de l’arbuste appelé vulgairement vinaigrier, et boire le liquide, 3 — Un onguent fait de souffre bien écrasé et de graisse de lard, demi-mesure de chacun, guérit la gratelle, le riffle et autre maladie de la peau. Il faut graisser abondamment, une fois seulement, le membre malade et être trois jours sans le laver. 4 — Pour guérir l’érysipèle : faire fondre du beurre salé et graisser sans se laver. 5 — Au début de la colonie, les Indiens ont guéri les Français qui mouraient du scorbut, en leur faisant laver la bouche avec une décoction d’écorce d’épinette rouge. 6 — La plante appelée « tabac du diable », hachée et bouillie, guérit le rhumatisme ; l’employer par lotion. 7 — L’huile de ricin guérit les cors et les verrues.

MASKINONGÉ
Maskinongé pour maskinogé (brochet difforme) Algonquin.
Racines : Mask : difforme, défectueux ; kinogé : brochet.
(En cris de l’Ouest’gros poisson”’. Mask : gros : kinongé : poisson)

Ce poisson, gros et laid, semble difforme ; il peut atteindre 8 pieds et peser 100 livres ; il est très vorace.

Maskinongé est le nom d’un comté, d’une paroisse et d’une rivière, Cette paroisse fut desservie par les Récollets de 1714 à 1748. C’est là que naquit Mgr Joseph David Déziel, fondateur du collège et de la ville de Lévis. Au centre du village, il existe une fameuse source d’eau minérale.

En 1806, Lagimodière, originaire de Maskinongé, était revenu de la Rivière-Rouge dans son pays natal où il épousa Marie-Anne Gaboury. Après la célébration des noces, il emmena à la Rivière-Rouge sa jeune épouse pour partager ses peines et ses joies de pionnier. Marie-Anne Gaboury fut la première canadienne qui ait eu le courage d’aller s’établir en pays sauvage. Elle aida beaucoup les missionnaires et fut marraine d’une cinquantaine de baptisés. Lagimodière était un homme d’une grande droiture ; l’injustice, de quelque côté qu’elle vint, le révoltait. Prévoyant un conflit armé imminent entre les compagnies du Nord-Ouest et de la Baie d’Hudson, il décida en 1815 de porter un message à Lord Selkirk, qui demeurait à Montréal. Après avoir embrassé sa femme et ses enfants, il partit seul en hiver et fit au moins 1 500 milles à la raquette, traînant une toboggan. Lorsqu’il arriva à Montréal, il faisait nuit. Il frappa à la demeure de Lord Selkirk où l’on donnait grand bal. La porte s’ouvre, mais dès qu’on aperçoit cet étrange personnage, on s’apprête à le congédier. Lagimodière pousse violemment la porte et entre. Galants et soldats veulent lui barrer la route ; il les bouscule comme des enfants et présente son urgent message à Selkirk. Quelques jours après, Lord Selkirk demandait à Lagimodière quelle récompense il désirait pour le service qu’il venait de lui rendre. Lagimodière se contenta de prier le noble seigneur d’obtenir qu’on envoie des missionnaires dans l’Ouest, pour donner les secours de la religion à sa compagne, ainsi qu’à la population métisse qu’il aimait comme sa propre famille. Lord Selkirk, quoique protestant, fut vivement impressionné par la requête désintéressée du brave canadien. Il se rendit à Québec chez Mgr Plessis, l’unique évêque du Canada ; et cette intervention valut à l’Ouest canadien ses premiers missionnaires, les abbés Provencher et Dumoulin.

Auguste-Henri de TREMAUDAN, Hist. de la nation Métis, p. 98.

MASKOTEW
Maskotew (prairie) Cris, sauteux, otchipwé.
Racines ; maskochi : foin, herbe.

C’est le nom que les Métis de la Rivière-Rouge donnaient aux prairies de l’Ouest canadien. Ces prairies, en raison de leur immensité, ressemblent à des océans. Le firmament tombe autour de nous comme un globe tranché en deux. Des millions de bisons, cherchant leur subsistance, y avaient creusé des chemins tortueux, des fosses profondes que les labours ont fait disparaître. Les cours d’eau coulent paresseusement à cause du nivellement du sol. Quand les vents soufflent en tempête, et cela arrive assez fréquemment, ces prairies sont dangereuses comme un désert. En hiver, le froid devient intense, la poudrerie aveugle, le voyageur est sans abri et sans feu. L’été manque de verdure et d’ombre. Dans ces plaines monotones où les points de repère font défaut, où tous les décors se répètent, on peut s’égarer facilement. Lorsque ces steppes devenaient la proie des flammes, le moyen d’échapper au péril était d’allumer un nouveau feu et de le laisser courir, puis de demeurer à l’endroit brûlé ; alors, les flammes menaçantes s’arrêtaient à la ligne noire, faute d’éléments pour se propager.

À ces dangers s’ajoutait autrefois celui d’être surpris par les Indiens barbares. Le 13 juillet 1851, une bande de 67 chasseurs métis, parmi lesquels se trouvait l’abbé Laflèche, futur évêque des Trois-Rivières, s’étaient éloignés de leurs 385 compagnons, pour mieux chasser les bisons. Apprenant que 2,000 Sioux viennent les attaquer, les 67 Métis se barricadent aussitôt derrière leurs charrettes, résistent à deux violents assauts et forcent leurs ennemis à se retirer. Fervents catholiques, les Métis attribuèrent leur victoire aux prières de l’abbé Laflèche ; ses exhortations avaient stimulé la petite troupe à combattre vaillamment ; il avait aussi fait vœu au nom de ses gens d’observer un jeûne solennel et de chanter trois grand’messes, si tous sortaient indemnes du combat. Aucun d’eux ne fut tué et l’on compta seulement trois blessés.

Auguste-Henri TREMAUDAN, Histoire de la Nation Métis, p. 143.

MASKWATCHISIK
Maskwatchisik (à la petite montagne d’ours) Cris.
Racines : Maskwa : ours ; tchi, montagne ; sik : diminutif et locatif.
(En cris de l’Ouest, Maskwa : ours : watchisis : petite montagne ; k : locatif)

Maskwatchisik est une localité qui a perdu son nom ; aujourd’hui elle s’appelle Hobbema. Van Horn, ancien président du Pacifique Canadien, l’a ainsi dénommée, en mémoire du célèbre peintre hollandais Hobbema. À l’ouest et au nord-ouest de la mission d’Hobbema, le terrain devient valonneux et tout parsemé de buttes, qui jadis servaient de repaire à une colonie d’ours. Un ruisseau et un petit lac ont retenu leurs souvenirs : le maskwa sipisis et le maskwa sakahigan (ruisseau d’ours — lac à l’ours). La population d’Hobbema est métissée. Le pionnier, B. Piché (1810-1847), était un Canadien de Terrebonne. Un bon tiers des habitants du lieu descendent de cet homme, qui fut le premier à demander les missionnaires à l’évêque de St-Boniface en 1842. On rencontre encore des familles Cardinal, Goin, Gladu, Godin et Leclaire, mais avec une modification anglaise ou indienne dans leur nom.

R.-P. MOULIN, O.M.I., Hobbema.

MASSAWIPPI
Massawippi pour nasawipi (entre les eaux) Algonquin.
Racines : Nasaw : entre, au milieu ; nipi : eau.

Massawipi est une localité du comté de Stanstead, à 13 milles de la frontière des États-Unis. Le lac, qui baigne ses terres et porte son nom, rassemble sur ses bords des amateurs de golf, de tennis, de canotage et d’autres sports à la mode. Il se décharge dans la rivière Massawippi, laquelle se déverse dans la rivière St-François, au pays de Québec.

MATABINOTIN
Matabinotin (le vent vient de terre — mot à mot : le vent se meut vers l’eau). Algonquin, tête-de-Boule, Cris.
Racines : Matabi : aller vers l’eau, gagner l’eau ; notin : il vente, le vent.

Anciennement, les Indiens appelaient Trois-Rivières Matabinotin.

Matabinotin fut visité en 1537 par Jacques Cartier, il donna à la rivière Saint-Maurice le nom « Fouez » qui, en breton, signifie « foi ».

En 1600, Dupont-Gravé changea le nom de la rivière en celui de « Trois-Rivières », (À cause de deux grandes îles qui bloquent son embouchure, la rivière St-Maurice, à cet endroit, se partage en trois branches et donne l’illusion de trois rivières au lieu d’une.)

Jusqu’en 1634, aucun blanc n’habitait Trois-Rivières. Mais à cette date, sur les ordres de Monsieur de Champlain, le Sieur de la Violette entreprit l’érection d’un fort et les français s’y établirent. À Matabinotin vécurent plusieurs hommes célèbres et glorieux dont les manuels d’histoire du Canada font mention. Citons Jacques Hertel, interprète de renom ; Nicolas Perrot, futur gouverneur de Montréal ; Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseilliers. (voir le mot Kijeatawenini).

Mais le plus illustre de tous est sûrement Pierre de la Vérendrye, le découvreur des Montagnes Rocheuses : une vie tissée d’aventures périlleuses et de randonnées incroyables. On le trouve la même année sur les rives de la Baie d’Hudson et sur la frontière du Mexique. Si le courage n’avait pas manqué à ses compagnons, il aurait atteint l’océan Pacifique. Forcé de rebrousser chemin, il entreprend la découverte de la côte ouest américaine, se rend au sud du Dakota et y érige le fort Pierre, aujourd’hui capitale de l’état. S’estimant rendu au terme le plus éloigné de ses courses, (à quelque 6,000 milles des Trois-Rivières) il laisse, sous une pyramide de cailloux, une plaque de plomb portant cette fière inscription : POSÉE PAR LE CHEVALIER de la VÉRENDRYE, LE 30 MARS 1743. Des enfants, au cours de leurs jeux, trouvèrent cette plaque le 16 février 1913.

L. LE JEUNE, O.M.I., Dictionnaire général de biographie.
E. BRETON, O.M.I., Cap-de-la-Madeleine, cité mystique de Marie, Préf.
MATABISKEGA
Matabiskega (on arrive à l’eau par un marécage) Cris, tête-de-boule.
Racines : Matabi : aller vers l’eau ; skeg : marais.

Matabiskéga est un lac de la rivière Manawan, affluent de la rivière Saint-Maurice. Ce lac est remarquable par ses îlots flottants. Ça cause une impression étrange de voir venir vers soi des îlots avec leurs petits arbres agités par le vent. Pendant la mission que je donnais au cours de l’été, une terrible tempête arracha toutes les tentes, emporta les canots et le toit de ma demeure. Quand la pluie eut cessé, ce fut des cris, des exclamations en voyant au milieu du lac une île nouvelle d’un arpent de longueur. De temps immémorial cette île flottante s’était échouée au rivage, la tempête venait de la pousser au large.

Le lac s’est enrichi d’un village indien, d’une magnifique chapelle, de deux écoles, d’une scierie et d’un magasin de la Baie d’Hudson,

MATACHEWAN
Matachewan pour matadjiwan (rencontre des courants) Cris, tête-de-boule.
Racines : Mata : rencontre, union ; djiwan : courant.

Mission indienne desservie par les Pères Jésuites dans le diocèse du Sault Ste-Marie, Ontario.

MATAGAMI
Matagami (réunion des eaux) Cris, tête-de-boule.
Racines : Mata : réunion, rencontre ; gami : étendue d’eau, eau.

Plusieurs rivières réunissent leurs eaux dans le lac Matagami, pour se déverser dans la Baie James, par la rivière Notawé. Du lac Matagami, riche en esturgeons, on atteint facilement la Baie James en quatre jours de canot, malgré les difficultés de la rivière.

Quelqu’un a traduit Matagami par « eau courante ». Il se trompe. Un jour, me rendant à Waswanipi sur les grands canots de la Compagnie de la Baie d’Hudson, et me trouvant sur ce lac, je demandai la signification de « Matagami » aux Indiens de mon équipage. Aussitôt l’un d’eux leva son aviron et sans parler me montra au loin de nombreuses rivières. Par ce geste il signifiait : Matagami veut dire « rencontre des eaux ».

MATAMEC
Matamec (truite) Montagnais.

Matamec est le nom d’une rivière à une dizaine de milles à l’est de Sept-Îles comté Saguenay, où il y a de la truite et un camp de pêche.

MATANE
Matane, abréviation de Matandipives (épaves, débris de navire) Algonquin.

Matane est le nom d’une ville, d’un comté de la Province de Québec et d’une rivière.

La rivière Matane était connue de Champlain. D’après le P. Pacifique, Cap., dans ses « Études historiques et géographiques », p. 191, Matane signifie « vivier de castors ». Dans « Along Quebec Highways », 1930, selon un indien malécite, Matane signifierait « épine dorsale ».

Je me permets de donner une autre traduction (Épave, débris). Ayant proposé cette traduction à un résident de Matane, il tressaillit en disant : « C’est à plein ça ! Il y a presque toujours des épaves à Matane, des chaloupes qui viennent s’échouer au rivage. Au moment où je vous parle, une barge y est échouée. En creusant la cave de notre maison, mon père a trouvé des ossements de baleine et des morceaux de charbon, venant sans doute d’un navire qui avait fait naufrage. » La marée montante dirige vers Matane débris, épaves et tout ce qui flotte.

Antoine GAGNON, ptre, Histoire de Matane.
J.-A. CUOQ, P.S.S., Lexique de la langue algonquine.
MATAPÉDIA
Matapédia (jonction de rivières) Micmac.
Racines : Mata : jonction, union ; pégiag : rivière.

Matapédia est le nom d’un comté du Québec, d’un village, d’un lac et d’une rivière, renommés tous deux pour la pêche à la truite et au saumon, qui se déversent dans la baie des Chaleurs.

L’endroit où les rivières Matapédia et Restigouche s’unissent s’appelle « jonction des eaux. »

Une légende micmac dit qu’autrefois chacune de ces deux rivières débouchait à la mer ; mais que la Restigouche aurait pris la Matapédia pour fiancée. Un jour elle demanda du pain de sucre à Klooscap, le dieu des bonnes choses, qui se tenait debout sur la montagne. Klooscap se pencha et frappa du bâton le flanc de la montagne. Aussitôt, un immense bloc de pierre tomba dans la Restigouche et forma une île. Dès ce moment, la grande rivière se serait unie à la petite, l’aurait prise pour épouse, formant une seule rivière. (Au sujet de Klooscap, voir le mot ABEGWEIT.)

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap., Études historiques et géographiques.

MATASHIBOU
Matashibou (grande rivière) Montagnais.
Racines : Mista : grand, gros ; sipo : rivière.

Nom indien de la rivière Moisie, longue de 210 milles, comté Saguenay, province de Québec.

L’embouchure de la rivière Moisie, est devenue inaccessible à toute navigation de tonnage moyen, à cause des bancs de sable accumulés par les marées et débâcles. Le saumon y abonde. Jadis les Holliday de Québec, avec l’aide des citoyens de l’endroit, y faisaient une pêche abondante, et gardaient de vastes entrepôts où le poisson congelé attendait l’arrivée des goélettes de transport. Un de ces hangars à saumons existe encore, ainsi que l’ancienne maison des propriétaires de cette entreprise.

L’industrie du fer y connut également des beaux jours. On voyait, au siècle dernier, des hauts fourneaux épurgeant un minerai extrait d’un sable noir, abondant sur la grève.

MATAWIN
Matawin (comme Mattawa).

Matawin est le nom d’une rivière, affluent de la Saint-Maurice, dans le Québec. Sur son cours de 100 milles, se trouve le barrage du Lac Taureau, qui refoule les eaux jusqu’au village de St-Michel des Saints et noie des millions d’arbres.

MATCHIMANITO
Matchimanito (le mauvais esprit, le diable) Cris, algonquin, tête-de-boule.
Racines : Matchi : mauvais ; manito : esprit.

C’est le nom d’un lac de l’Abitibi dans la Province de Québec. On honore le diable en appelant ce lac par son nom. Avec ses eaux fraîches, ses vagues, ses poissons et ses brumes qui forment des nuages, le lac mériterait un meilleur nom.

MATONIPI
Matonipi (eau des pleurs) Cris.
Racines : Mato : il pleure ; nipi : eau.

Matonipi est le nom d’un lac de la rivière Maouchalagan, qui se déverse dans le fleuve St-Laurent, Comté Saguenay, Québec.

MATOSIPI
Matosipi (rivière des larmes, des pleurs) Cris, tête-de-boule.
Racines : Matow : il pleure ; sipi : rivière.

On a traduit matosipi par eau merveilleuse. Pour que cette traduction soit bonne, il faudrait dire : mamaskatenitagwan nipi.

MATTAWA
Mattawa (confluent, jonction de deux cours d’eau.) Cris.

Mattawa est un affluent de la rivière Ottawa. C’est aussi le nom d’une ville d’Ontario, desservie par le Canadien Pacifique. Benjamin Sulte indisposa les habitants de Mattawa en écrivant que cette ville ressemblait à un dos de chameau pelé.

Quand les Pères Oblats s’établirent à Mattawa, en 1863, il y avait des chantiers, un groupe d’Algonquins et peu de blancs, parmi lesquels la famille Timmins, dont les fils sont devenus multimillionnaires.

Un père s’y distingua entre tous : Jean-Marie Nédelec que les voyageurs appelaient « le Père Brûlé ». Ils prétendaient, à faux, que les sauvages l’avaient torturé. Le père était connu de tous les bûcherons de la rivière Ottawa. Pendant la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique, il suivit avec sa chapelle portative des milliers de terrassiers, prêchant et confessant. Il desservit les missions indiennes d’Abitibi, de New Post et d’Albany sur la Baie James, et d’autres encore.

Un soir d’hiver, accablé de fatigues, il rentra à la mission et mourut. Le Père Nédelec était breton et terrible marcheur, capable « d’essouffler » plus d’un jeune. Quand, en 1892, je résidai à Mattawa, le vieil oblat, à peau épaisse, cuite et recuite par le soleil, me donna de précieux conseils.

MÉCATINA ou MÉKATINA
Mékatina pour mikatina (montagnes rouges) Cris, tête-de-boule.
Racines : Mik : rouge ; atin : montagne, pente, côteau.

Mekatina est le nom d’une chaîne de montagnes, d’une rivière poissonneuse et d’un cap sur la rive nord du golfe Saint-Laurent, en ace de Terre-Neuve.

MÉGANTIC
Mégantic pour mangatik (gros bois, gros arbre) Algonquin.
Racines : Mang : grand, gros, large ; atik : bois, arbre.

Le mot atik se dit proprement des végétaux qui perdent tous les ans leurs feuilles. Par analogie, il s’applique à certains corps oblongs, qui ont avec les végétaux quelque rapport réel ou imaginaire : un épi de blé-d’inde, une chandelle, une croix.

Mégantic, dans le comté de Frontenac, est le nom d’un village et d’un lac qui n’est que l’élargissement de la rivière Chaudière. On y signale des mines d’amiante, d’or et d’argent.

J.-A. CUOQ, P.S.S., Lexique de la langue algonquine. Encyclopédie Grolier.

MÉKINAC
Mékinac pour mikinak (tortue) Cris, algonquin.

Saint-Joseph de Mékinac, sur la rivière St-Maurice, est une paroisse du diocèse des Trois-Rivières, Province de Québec. Au jeu de cartes, les piques sont appelés mikinak par les Têtes-de-boule, Les Algonquins emploient mikinak okima pour désigner le roi de pique.

La tortue est d’une extrême lenteur ; peut-être qu’elle ne craint rien, se fiant à sa carapace extrêmement résistante. Elle se creuse des trous pour y demeurer en certaines saisons. Sa chair est comestible. La tortue, dans les fables, personnifie les lambins et lourdauds.

Une des sept bandes iroquoises de Caughnawaga a pour emblème la tortue.

J.-A. CUOQ, P.S.S. Lexique algonquin et iroquois.

MEMRAMCOOK
Memramcook pour Amlamgog (il y a divers courants) Micmac.

C’est le nom d’une ville, d’une rivière et d’une île de l’archidiocèse de Moncton, Nouveau-Brunswick. Memramcook possède une Université bilingue dirigée par les clercs de Sainte-Croix. C’est à Memramcook que fut fondé, par Sœur Léonie, l’Institut des Petites Sœurs de la Sainte-Famille.

Notice sur l’Univ. de Memramcook 1929.
R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap., Études historiques et Géographiques.
MÉTABETCHOUAN
Métabetchouan pour matabidjiwan (le courant se jette dans le lac) Algonquin, montagnais, tête-de-boule.
Racines : Matabi : gagner l’eau, aller vers l’eau ; djiwan : courant.

La rivière Métabetchouan déverse ses eaux dans le lac Saint-Jean. Métabetchouan : nom d’une gare et d’un bureau de poste, au même endroit.

À Métabetchouan la croix précéda le missionnaire. Le 16 juillet 1647, lorsque le Père de Quen arriva à l’embouchure de cette rivière pour prodiguer aux Indiens malades les consolations de son ministère, il eut la surprise et le bonheur de constater que ces bons indiens avaient planté sur le bord de la rivière une « belle et grande croix ». En 1676, le Père de Crespieul, s.j. fit bâtir à Métabetchouan une chapelle de 35 pieds de longueur sur 25 de largeur et la dédia à Saint-Charles. Vers 1680, il choisit Métabetchouan comme résidence des missionnaires. Il organisa une ferme et fit venir des animaux domestiques de Québec. En 1682, le Frère Malherbe, qui avait eu l’honneur de transporter sur ses épaules les ossements des saints martyrs Brébœuf et Lallemant, venait cultiver la ferme de Métabetchouan. Il y planta des vignes, des arbres fruitiers, fit construire un petit moulin à farine et d’autres dépendances. Autrefois, la Compagnie de la Baie d’Hudson avait un poste à l’embouchure de la Métabetchouan. Plus tard, la chapelle des Montagnais, construite par les Pères Oblats en 1846, dotée d’un toit et d’un clocher, peinturée en rouge et bien décorée à l’intérieur, fut l’orgueil des Indiens, à ce point, qu’ils prirent ombrage de la voir fréquenter par les blancs et s’y opposèrent violemment pendant quelques années.

Histoire du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870. pp. 65, 96, 250.

METAGAMA
Metagama pour matagamaw (réunion des eaux) cris, tête-de-boule.
Racines : Mata : réunion, rencontre ; gamaw : eau, étendue d’eau.

Nom d’une gare du Canadien Pacifique et d’une rivière de l’Ontario.

MÉTIS
Métis pour mitis (petit peuplier).

Les vieilles cartes donnent mitis et non métis. Mitis en langue malécite est le diminutif de miti. Donc « Petit métis » est une répétition de mots, un pléonasme.

Métis est le nom d’une rivière, d’un lac de 5 milles de longueur, et d’un village sur la rive sud du Saint-Laurent : lieu de villégiature et de tourisme.

R.P. PACIFIQUE, O.F.M., Cap. Études historiques et géographiques. p. 191.

MICHIGAMAW
Michigamaw (grand lac) Cris, tête-de-boule.
Racines : Mich : gros, de grande dimension ; gamaw : étendue d’eau, lac.

(Les Cris de l’Ouest prononcent Misigamaw).

Plusieurs lacs portent ce nom. J’ai connu un Indien tête-de-boule qui s’appelait ka Michigamaw. Parce qu’il était né au bord d’un grand lac, on lui donna le nom du lac. Ce ka Michigamaw était marié à la vieille indienne Mihokwamaw (La Bonne Plume). Celle-ci, dans ses jeunes années, avait jeûné pour devenir jongleuse, mais après quelques jours de privations, tombant de l’arbre où elle s’était juchée, elle devint inapte à la jonglerie. Cette Bonne Plume possédait une voix riche qui l’aurait bien servie dans son métier. Elle riait de bon cœur quand on lui parlait de sa mésaventure, et demeurait à Obedjiwan, province de Québec.

MICHIGAN
Michigan pour michigamaw (grand lac), cris.
Racines : voir Michigamaw.

Michigan est une abréviation de michigamaw. Un grand missionnaire de l’Ouest, le R.P. Alb. Lacombe, O.M.I., fait cette remarque à-propos des noms indiens : « Il ne faut pas oublier que tous ces noms, qui aujourd’hui désignent des villes, des rivières, des lacs, etc., ont été défigurés dès le commencement par les voyageurs, qui les prononçaient selon que leur langue en était capable, sans se rendre compte qu’ils détruisaient ainsi les mots ».

(Un autre spécialiste y voit une corruption de « Mitchigan » qui signifie en cris de l’Ouest « trappe à poisson ». — Voir MIKISKAN)

Le lac Michigan est un des cinq grands lacs du fleuve Saint-Laurent. Les rives du lac Michigan sont basses et sablonneuses. L’absence de bons ports et la violence des vents y rendent la navigation difficile. Longueur, 320 milles ; largeur moyenne, 65 milles, profondeur maximum 860 pieds ; superficie, 22,450 milles carrés.

Il est très probable qu’Étienne Brûlé soit le découvreur du lac Michigan. Cet homme passa sa vie avec les Hurons et finit par être tué et mangé par eux. Il fut le premier interprète, et il accompagna à Québec le premier convoi de fourrures de la huronie. Étienne Brûlé fut aussi le découvreur du lac Érié et le premier blanc à voir les Chûtes Niagara, à visiter le territoire de la Pennsylvanie, à naviguer sur les eaux du lac Huron et du lac Supérieur. À la fin de sa vie, il découvrit le Sault Sainte-Marie avec un Français nommé Grenolle.

Chanoine Alphonse FORTIN, Les Grands Noms oubliés de notre Histoire, p. 21
Alb. LACOMBE, O.M.I., Dictionnaire de la langue des Cris, p. 705.
Encyclopédie Grolier.


MICHIKAMAN
Michikaman pour Michigamaw (grand lac) Montagnais, tête-de-boule.
Racines : comme Michigamaw et Michigan.

Ce lac du Labrador est au nord des grandes chûtes du fleuve Hamilton, province de Terre-Neuve.

MICHILLIMAKINAC
Michillimakinac pour Michilimikinak (sa grosse tortue). Cris, algonquin.
Racines : Mich : gros ; mikinak : tortue ; li pour l’euphonie.

J’ai entendu très souvent les Indiens dire michili, michiliw en parlant d’une chose appartenant à un autre.

Michillimakinac est la fameuse mission Saint-Ignace fondée en 1671. Quand M. de Tracy alla conjurer la menace iroquoise, c’est à Michillimakinac qu’il se prépara. De là aussi, le 13 mai 1673, par

tirent Louis Jolliet et le père Marquette, à la recherche d’une route vers l’océan Pacifique. Ils suivirent les traces de Nicolet et de Radisson, découvrirent le Mississipi. Passant aux bouches de l’Arkansas, du Missouri et de l’Ohio, ils revinrent avec la certitude que le Mississipi se jette dans l’Atlantique. À la fin de septembre, ils étaient de retour à Michillimakinac. Jolliet dit adieu au Père Marquette et reprit le chemin de Québec. Près de Montréal, au Sault-Saint-Louis, son canot chavira, entraînant la perte de tous ses papiers, notes, cartes et deux compagnons. « Je fus sauvé, dit-il, après avoir été quatre heures dans l’eau, par des pêcheurs qui n’allaient jamais dans cet endroit. Il ne m’est resté que la vie ». Michillimakinac devint un poste de traite important et prit plus tard le nom de Mackimac.

L. LE JEUNE, O.M.I., Histoire générale du Canada.
Chan. Alphonse FORTIN, Les Grands Noms oubliés de notre Histoire, p. 136, 164.
MICHINAMEKUS
Michinamekus pour michinamekôs (grosse truite grise) Algonquin.
Racines : michi : gros ; namekos : truite grise.

Michinamekus est le nom d’un lac sur la branche ouest de la rivière du Lièvre en Québec.

MICHIPICOTEN — MICHIPIKWATIN
Michipicoten (grosse brisure) Cris.
Racines : Michi : gros ; pikotin : brisé, cassé.

Un canot frappe un roc dans un rapide et se brise, on dira Pilotin tchiman : le canot est brisé. Certains disent : Michipikwatin « la montagne à grosse bosse ».

Michipicoten est le nom d’un fort français construit vers 1700 sur la rivière Magpie ; le nom d’une île, d’une baie, d’une mission desservie par le Curé de Wawa, d’un havre et d’une rivière qui déverse ses eaux dans le lac Supérieur, en Ontario.

Michipicoten est reliée au Sault Sainte-Marie par le chemin de fer Algoma Central.

MICHOMIS
Michomis (grand-père, aïeul) Algonquin.

Le vrai nom est Ni michomichinaning « chez notre grand-père. »

Michomis est un affluent de la rivière Gatineau, 100 milles en amont de Maniwaki. Autrefois, il y avait là un poste de traite où se rendaient les Algonquins du lac Minjamegou, de Mitikonabikong et du haut Saint-Maurice. Michomis a connu de beaux jours au temps de l’arpentage du chemin de fer. Aujourd’hui, tout y est abandon et ruines.

MICMAC
Micmac (alliés).

La tribu des Micmacs appartient à la grande famille des Algonquins, elle habite surtout le Québec et le Nouveau-Brunswick. La langue micmac, comme on le voit dans le présent volume, est largement représentée dans les noms géographiques du Canada.

MICOINE
Micoine pour émikwan (cuillère) Cris, algonquin.

Cuillère de bois en usage chez les Indiens. De formes et de grandeurs différentes, elles sont très commodes pour retirer de la marmite potage et poisson.

Il semble qu’anciennement les Indiens servaient le rhum et l’alcool dans des cuillères, car ils disent « ningotwemikwan ningi minikwen » : j’ai bu une cuillérée, (un petit verre), nijwemikwan eta ningi minikwen : je n’ai bu que deux cuillérées (deux verres, deux coups).

Si tous ceux qui aiment la goutte n’excédaient jamais ces deux cuillérées, que de troubles, de querelles et de bêtises seraient évitées dans le monde.

MIGWASHA
Migwasha pour Migoosag (rocher rouge) Micmac. (bois rouge) Cris.
Racines : Mik : rouge ; Washa : baie.

Migwasha, une pointe élevée à la tête de la Baie des Chaleurs, justifie pleinement son nom par la présence d’un énorme rocher rouge, qui rappelle la pierre de la cathédrale de Strasbourg.

Fr. Antoine Bernard, C.S.V., La Gaspésie au Soleil.

MIKISKAN
Mikiskan pour mekiskan (hameçon) Cris, tête-de-boule, algonquin.

C’est le nom d’une rivière du versant est de la Baie James, qui se jette dans la rivière Bell, province de Québec. La Compagnie de la Baie d’Hudson y eut un poste de traite, succursale de celui de Waswanipi et de si petite dimension qu’un seul grand canot chargé de marchandises pouvait l’approvisionner pour un an. J’ai visité ce poste abandonné où des framboisiers poussaient à travers planchers et lambris, et dont le dernier commis, Vincent, était fils d’un Métis, ministre protestant.

On appelle « mekiskan » une certaine attrape à poissons, inventée par les Indiens du lieu. L’appareil se construit ainsi. À quelques pieds du bas d’un petit rapide, ils bloquent la rivière avec des pierres ou des pieux, laissant au centre une ouverture de deux ou trois pieds de largeur. En face de cette ouverture ils construisent une glissade de bas en haut, pour que la vitesse du courant projette le poisson hors de l’eau, sur le sol. La glissade peut avoir 15 pieds de longueur ; on utilise comme matériaux des perches de bois rond, sans écorce et lisses comme un miroir. Les perches se trouvent piquées d’un bout au fond de l’eau, et l’autre bout repose sur une solide traverse, ordinairement un petit tronc d’arbre, qui les soulève à deux pieds au-dessus de l’eau. Le tronc d’arbre est lui-même supporté à chaque bout par deux poteaux fourchus, plantés à coups de masse dans la profondeur du sol.

Une fois l’attrape construite, le pêcheur n’a plus qu’à faire du tapage sur la rive pour effrayer les poissons de la rivière. Pris de panique, ils se précipitent vers l’ouverture fatale, et ce sera chaque fois la Pêche Miraculeuse. L’on voit tellement de ces attrapes sur la rivière Mikiskan qu’elle mérite cent fois son nom.

MIKKWA
Mikkwa pour mikwaw (rouge, c’est rouge) Cris.

Nom d’un cours d’eau affluent de la rivière la Paix, province d’Alberta.

MILNIKEK
Milnikek pour Minikek (ils font la récolte des fruits) Algonquin, cris.
Racines : Min : bluet, airelle, myrtille ; kée : faire, cueillir.

C’est le nom d’une mission du comté de Bonaventure, archidiocèse de Rimouski, province de Québec.

En montagnais Milikek signifie « récolter les bluets ».

MILWAUKEE
Milwaukee pour Milowaki (bonne terre) Algonquin.
Racines : Milo ou mino : bon ; aki : terre ; le w pour l’euphonie.

Milwaukee est le nom d’une rivière et d’une ville riveraine du Lac Michigan, dans l’état du Wisconsin. Elle eut pour fondateur Laurent J. Salomon Juneau, Canadien français né à l’Assomption, province de Québec, le 9 août 1793. Après avoir été à l’emploi de la Compagnie de la Baie d’Hudson, il se fixa sur les bords de la rivière Milwaukee, avec sa femme, Josephte Viau, le 14 septembre 1818. En 1835, l’endroit prit l’aspect d’un village et porta le nom du fondateur. Celui-ci traça les rues, vendit un grand nombre d’emplacements, devint maître de poste et s’enrichit largement. C’est dans sa maison que l’abbé Bonduel célébra la première messe sur ce territoire. Plus tard, en 1846, Salomon devint maire de la ville.

Bientôt, cependant, sa fortune passa entre les mains de spéculateurs plus habiles. Il dut s’enfoncer de nouveau vers les terres vierges et s’établir à Thérésa, où il s’adonna au commerce des fourrures avec les Indiens. Son prestige demeurait intact, car en 1856 on le choisit comme l’un des délégués du Wisconsin à la convention du parti démocrate de Cincinnati, où Buchanon fut désigné comme candidat à la présidence des États-Unis. Juneau mourut la même année le 14 novembre. Selon sa volonté, on transporta ses restes à Milwaukee, sa glorieuse fondation. Les habitants de cette ville lui avaient donné le surnom de « Juneau le noble et bon. »

Extrait de la Survivance (Edmonton Alberta) reproduit par « Le recueil Digeste français ». Septembre 1947. Vol. 20, no 3.

MINAIKOSAKAIGAN
Minaikosakaigan (le lac des épinettes) Cris.
Racines : Minaik : épinette ; sakaikan : lac.

Ce lac, presque rond, se trouve sur la rivière Ekwan, versant ouest de la Baie James. Il me rappelle un pénible voyage, où les épreuves ne manquèrent point (1893) D’abord nous avions très peu de nourriture. Nous étions campés pour la nuit, mes guides et moi, sur un rocher couvert de mousse sèche, sans avoir cru nécessaire d’éteindre notre feu. Le feu s’infiltra dans les mousses, brûla ma tente avec une partie de nos maigres provisions, et nous tint occupés jusqu’à l’aube. Nous fîmes la prière pour repartir aussitôt ; mais, en escaladant un rapide, ma chapelle portative glissa à l’eau et je perdis tous mes ornements sacrés.

MINAKI
Minaki (terre de bleuets, d’airelles, de graines) Algonquin.
Racines : Min : bleuet, airelle Aki : terre.

Minaki est le nom d’une gare du Canadien National entre Winnipeg et Sioux.

MINGAN
Mingan pour Maigan (loup, le loup) Algonquin, cris, tête-de-boule.

Mingan désigne un groupe d’îles dans le golfe Saint-Laurent, en face de l’île d’Anticosti. Sur une de ces îles, Louis Jolliet mourut très pauvre, vers 1700. Hydrographe du roi et célèbre explorateur canadien, il avait exploré le Labrador et découvert le Mississipi avec le Père Marquette, en 1673.

Mingan désigne également une mission montagnaise desservie par les Pères Oblats, On y vénère encore une vieille croix, plantée par le père Charles Arnaud, O.M.I, au temps d’une disette. Comme elle menaçait de tomber, les Indiens coupèrent à deux ou trois reprises son pied vermoulu ; ce qui explique ses proportions bizarres.

Les Indiens sont moins destructeurs que les blancs : ils ont le culte des vieilles choses et des reliques du passé. À Wémontaching, mes Indiens têtes-de-boule préférèrent réparer leur vieille chapelle, plutôt que d’en posséder une neuve, plus belle, qui ne leur aurait pas ceûté un sou. La vieille chapelle, au toit pointu, se dresse devant leurs yeux comme un symbole du passé.

Mingan désigne encore une rivière et plusieurs îles baignées par le détroit Jacques Cartier. Mingan rappelle un ancien poste français, fondé en 1655, devenu maintenant base américaine sur le golfe St-Laurent. En 1949, le gouvernement de Québec acheta de la Compagnie Labrador la seigneurie de Mingan (900 milles carrés) pour la somme de $900,000.00.

J.-A. CUOQ, P.S.S., Lexique de la langue algonquine.
Apostolat des missionnaires O.M.I. (Nov. 1946).
MINNEDOSA
Minnedosa pour miniduza (eau rapide) Sioux.
Racines : Mini : eau ; duza : rapide.

Minnedosa est le nom d’une rivière, affluent de l’Assiniboine au Manitoba, et d’une ville située à 130 milles à l’ouest de Winnipeg.

Encyclopédie Grolier.

MINNESOTA
Minnesota (eau bleue ciel) Sioux.
Racines : Mini : eau.

Minnesota désigne une rivière, affluent du fleuve Mississipi, et un état américain (capitale St-Paul) sur la bordure de l’Ontario et du Manitoba.

Traduction de Sœur Mary Agnès, siouse, oblate du St-Sacrement.

MINWENITAMOWINISIPI
Minwenitamowinisipi (la rivière du Bonheur) Cris.
Racines : Minwenitamowin, contentement, bonheur ; sipi : rivière.

La rivière du Bonheur est sur la « route de canot » qui conduit à Weenisk, mission de la Baie James. Le 15 juin 1931, le P. Martel, O.M.I., le Fr. Tiboutot et une dizaine d’enfants de l’École d’Albany suivaient cette route. Les voyageurs venaient de laisser la rivière du Bonheur, quand un enfant, par maladresse, fit chavirer le canot en eau profonde. Aucun d’eux ne savait nager. Le père leur cria : invoquez Sainte-Thérèse, et les pauvres petites têtes, émergeant de l’eau, lançaient ce cri déchirant : « Kitchitwa Tenèse pimatchiinan. » (Sainte Thérèse, sauvez-nous). On ne sait comment le frère put rattraper en si peu de temps le canot à la dérive, le vider et se porter au secours des enfants que le courant dispersait, pour finalement les sauver tous.

On se trouvait à 150 milles de tout être humain, sans provision, à part une vieille chaudière qui flottait et contenait un reste de thé et de farine.

Mais comment faire du feu. Soudain le frère sort de l’eau une couverture de laine trempée de part en part. On la déroule, on y trouve, enfermée dans une petite boîte de métal, une grosse poignée d’allumettes que l’eau n’avait pas touchées. Ce fut un cri de joie. On prie, on chante, on allume le feu pour sécher les vêtements, on rit comme des fous.

Trois jours plus tard, les enfants rentraient à Weenisk sains et saufs et tous disaient, en tombant dans les bras de leurs chers parents : « C’est grâce à Sainte-Thérèse, si je suis encore vivant. »

MISASK
Misask pour mijack (herbe, (rivière) herbeuse) Algonquin.

Nom d’une rivière, affluent du fleuve Eastmain, dans le Nouveau Québec.

MISCOU
Miscou (marais, herbeux) Micmac.

Miscou est une île à l’entrée de la Baie des Chaleurs, au Nouveau-Brunswick. Le 3 juillet 1534, Jacques Cartier doubla la pointe de Miscou et la nomma Cap d’Espérance. Le premier missionnaire de Miscou fut le Père Sébastien, récollet (1619). Par les soins de Raymond de la Ralde, un poste de pêche fut fondé en 1623 sur cette île ; mais en mars 1628, l’amiral David Kirke vint avec trois navires s’attaquer aux Français du Canada et l’établissement de Miscou fut sa première conquête.

Le maquereau et le hareng viennent frayer sur les bancs de Miscou. À la fin d’avril, époque du dernier dégel, le hareng arrive en bancs et pénètre dans la Baie des Chaleurs. Malgré la voracité de poissons ennemis qui les poursuivent et les dévorent sans merci, ces multitudes de harengs sont telles que l’action des vagues les tue par milliers. Il arrive que la grève se couvre, sur une distante de plusieurs milles, d’une couche d’œufs de quelques pieds d’épaisseur.

Antoine BERNARD, C.S.V., La Gaspésie au Soleil, pp : 62 et 180.
R.P. PACIFIQUE, Cap. Études historiques et géographiques.
MISCOUCHE
Miscouche pour menisgotjg (petit marais, la petite Micou) Micmac.

Miscouche est le nom d’une île et d’une paroisse du diocèse de Charlottetown, comté Prince, Île du Prince-Édouard.

R.P. PACIFIQUE, O.M.I., Cap., Étude hist. et géographique p. 230.

MISKWAJE
Miskwaje (rougeole) Algonquin.
Racines : Miskwa : rouge ; ajé : peau.

C’est le nom d’une rivière qui se jette dans la Gatineau.

La rougeole est une maladie rare, mais dangereuse, chez les Indiens. J’ai vu les Indiens d’Obedjewan aux prises avec ce fléau. À mon arrivée, tout semblait mort : pas un chien n’aboyait, pas une fumée ne sortait des wigwams ; seul, le chef vint me serrer la main. J’entrai dans les tentes ; ils étaient couchés et me regardaient à peine. Pour tout remède, j’avais une bouteille de sirop contre la toux. Je la bénis et j’en versai une potion à chacun. Ils l’avalaient avec une telle confiance que, à ma grande surprise, le lendemain tout le monde était debout.

MISSINABI
Missinabi pour masinabi (marqué par l’eau, empreinte faite par les eaux) Algonquin.
Racines : Masina : marquer, écrire ; nipi : eau.

La rivière Missinabi, dans l’Ontario nord, tire son nom d’un phénomène géologique : à certains endroits l’on voit très bien la marque de la crue et de la baisse de ses eaux. La Missinabi est le gros affluent de la rivière Moose qui se jette au fond de la Baie James. Jusqu’à ces dernières années, sur cette rivière et près du pont du Canadien National, la Compagnie de la Baie d’Hudson avait un poste de traite appelé Matice.

Missinabi est aussi le nom d’un lac.

MISSISQUOI
Missisquoi pour misiskwok (grosses femmes) Cris, algonquin.
Racines : Mis : gros, énorme ; iskwew, ikwe : femme.

Missisquoi est le nom d’une rivière, d’une baie du lac Champlain et d’un comté de la province de Québec, sur la frontière de l’état du Vermont.

MISSISSAGI
Mississagi pour Misisagi (large embouchure) Algonquin.
Racines : Mis : grand, sagi-saki : embouchure d’une rivière, sa sortie.

Mississagi est le nom d’une rivière qui se jette dans le lac Huron, Province d’Ontario.

MISSISSIPI
Mississipi pour Misisipi (grand fleuve) Cris, algonquin.
Racines : Mis : gros, grand ; sipi : rivière, fleuve.

Il y a deux Mississipi : une rivière d’Ontario affluent de l’Ottawa et longue de 100 milles ; le grand fleuve des États-Unis, très large mais peu profond, qui se déverse dans le golfe du Mexique, après un parcours de 3,000 milles. Visité par Hermando de Soto en 1541, aperçu par Des Groseilliers et Radisson en 1659, le Mississipi doit sa découverte finale et entière à Louis Joliet et père Marquette. L’abbé J.-A. Cuoq, sulpicien, dans son Lexique de la Langue Algonquine dit en parlant du Mississipi « Ce nom géographique est un de ceux, en petit nombre, qui n’ont pas subi d’altération au moins essentielle ; ce qui rend, j’oserais dire, inexcusables les écrivains qui l’ont traduit : « la grande eau », « le père des eaux », « la rivière aux poissons », « le père des fleuves ». Telles sont les plus ou moins curieuses significations attribuées au mot Mississipi, mot qu’il était si facile pourtant d’interpréter et de comprendre, car en langue algonquine et dans les langues qui lui sont congénères, ce mot se décompose ainsi : misi : grand, et sipi : fleuve. Tous les Indiens de la langue algique emploient la même dénomination et ce nom de Mississipi a même prévalu au sein des tribus de langue iroquoise. »

La Salle descendit le Mississipi jusqu’à son embouchure, le golfe du Mexique, en 1682. Si l’on mesure ce fleuve à partir de la source de son affluent, le Missouri, sa longueur totale est de 4,200 milles et il devient le plus long fleuve du monde.

Chan. Alph. FORTIN, Les Grands Noms oubliés de notre Histoire. p. 147.

MISSOURI
Missouri (le village des grands canots).

Missouri est l’un des états unis de l’Amérique du Nord. C’est aussi un cours d’eau affluent du Mississipi, qui atteint 2,500 milles de longueur. Les principaux centres industriels qui jalonnent sa course sont Saint-Louis, Kansas City et Saint-Joseph.

MISTASSINI
Mistassini pour mistasini (grosse pierre) Cris.
Racines : Mis : gros ; asin : pierre, rocher, caillou.

Il ne faut pas confondre Mistassini rivière et Mistassini lac. Ils sont fort distants l’un de l’autre. La rivière Mistassini sur laquelle apparaît le village du même nom, se jette dans le lac Saint-Jean, province de Québec.

Le lac Mistassini situé sur le versant est de la Baie James, en pleine forêt, déverse ses vastes eaux (120 milles de long) dans la rivière Rupert.

En 1721, le Père Albanel, s.j., traversait le lac Mistassini pour se rendre à la Baie James. Son guide lui dit : « Tais-toi et ne regarde pas dans cette direction si tu ne veux pas périr ; car les génies agiteraient l’eau et formeraient des tempêtes. »

Les Indiens de Manawan étaient rongés par la même superstition ; mais avec cette différence que lorsqu’ils passaient en face d’une certaine petite île, ils pouvaient parler et la regarder, mais ne pas la désigner du doigt, ce qui aurait amené aussitôt la tempête.

Histoire du Saguenay, pp. 97 et 113. Relation inédite, p. 46.
Relations 1672 édit. Thwaites L. VI p. 180.
MISTATIM
Mistatim : (cheval et gros chien) Cris.
Racines : mis : gros ; atim : cheval, chien.

Mistatim est le nom d’une mission de la paroisse St-Brieux, diocèse de Prince-Albert, Saskatchewan.

MISTAWASIS
Mistawasis (le gros enfant) Cris.
Racines : Mis : gros ; awasi : enfant.

Nom d’une desserte du District de Prince-Albert. C’est aussi le nom d’un Indien de l’Ouest canadien qui fut mêlé à l’agitation, au temps de Louis Riel.

Jules LE CHEVALIER, O.M.I., Batoche, p. 34.

MITCHIKANABIKONG
Mitchikanabikong (à la barrière de pierre) Algonquin.
Racines : Mitchikan : clôture, barrière ; abik : pierre, roche ; ong : locatif.

Mitchikanabikong est une mission algonquine, communément appelée La Barrière, située au fond du lac Barrière, lequel fait maintenant partie du réservoir Cabonga, au parc Lavérendrye. Il y a quelques années cette mission avait deux écoles. Les parents devinrent jaloux de leurs enfants parce qu’ils commençaient à en savoir plus qu’eux-mêmes. Les parents, toutefois, savaient lire, écrire et chanter, mais se dirent : « Quand nos enfants seront instruits, ils ne nous obéiront plus, ils seront orgueilleux et nous humilieront. » Il fallut donc fermer les écoles. Depuis 1946, la mission se donne au Forbe, 25 milles plus au sud et Mitchikabikong est devenue une station touristique de chasse et de pêche.

MOCASSINS
Mocassins pour makisin et maskisin (souliers indiens) Algonquin, cris, tête-de-boule.

Le mocassin communément appelé « soulier mou », est la chaussure d’hiver par excellence, surtout pour le marcheur à la raquette.

Il possède trois précieuses qualités : la souplesse, la légèreté et la chaleur. On le fabrique maintenant à l’épreuve de l’eau : ce qui mérite le quatrième qualificatif d’imperméable.

Le mocassin est taillé dans une peau d’orignal ou de chevreuil, tannée à la manière indienne et fumée avec du bois pourri. Souvent on l’ornera de motifs brodés, de perles ou de verroterie…

Le mot « mocassin » est passé depuis longtemps dans le français et l’anglais, mais mal écrit et surtout mal prononcé.

MOCHAWAK
Mochawak (c’est désertique, désert) Cris.

Le désert de Mochawak, près de la Baie d’Hudson et de la Baie James, s’étend en triangle sur toute la pointe du cap Henrietta Maria. À perte de vue la nature ne vous présente que des gros cailloux, des mousses blanchâtres, et des épinettes d’une espèce naine et rabougrie. En revanche, le désert de Mochawak est une lande idéale pour le renard blanc, la perdrix blanche et le caribou. La bordure nord est fréquentée par l’ours polaire ; mais le phoque ne dépasse pas cette bordure. Les eaux de la Baie James sont déjà trop chaudes pour ces huileux mammifères.

La ligne de radar Mid-Canada passe à travers ce désert.

MONCOUCHE
Moncouche pour mangoch (jeune huard) Montagnais, otchipwé, tête-de-boule.
Racines : Mang : huard, avec un diminutif.

Nom d’un lac et d’une rivière du comté de Chicoutimi, dans la province de Québec.

Le huard ou « aigle de mer » vit sur les lacs. Il va chercher sa nourriture jusqu’au fond des eaux. Rarement il s’envole, même lorsqu’il est poursuivi à coup de fusil. Il lance un cri joyeux semblable à un éclat de rire ; il module également un cri langoureux, en notes coulées, douces comme un appel lointain et déchirant. Son plumage noir, épais et serré, s’orne d’un collier soyeux gris ou jaunâtre. On ne l’abat pas facilement ; car les plombs glissent sur ses plumes humides, et ses plongeons, longs de deux ou trois cents pieds, déroutent le chasseur.

Un Indien me disait : « Pour tuer le huard, regarde la direction de ses yeux au moment de sa plongée, car il se fixe un but avant de disparaître. Tourne vivement ton canot et va toi-même de ce côté. Si tu rames bien vite tu auras la chance de le voir sortir de l’eau tout près de toi. » Sa chair brune est très dure. C’est la coutume de s’inviter, entre chasseurs, à déguster un repas au huard. Accroupi autour de la chaudière appétissante, on mange lentement et longtemps. Le bruit sonore des os sucés et vidés de leur moelle sert de musique à ce festin.

MONIANG

Moniang est le nom indianisé de la ville de Montréal, fondée par Monsieur de Maisonneuve en 1642.

C’est de Moniang, en 1660, que partit Dollard des Ormeaux avec ses braves pour le sublime exploit du Long-Sault. Ce fut à Moniang, le 16 mars 1686, que chaussèrent la raquette Pierre de Troyes et ses cent soldats pour leur vaillante expédition contre Mousipi, Albany et Rupert, à la Baie James. Ce fut encore à Moniang, le 19 mai 1818, que les deux premiers missionnaires de la Rivière-Rouge, les abbés Provencher et Dumoulin, prirent le canot qui devait les conduire vers l’Ouest canadien. Ce fut toujours à Moniang, en 1843, que les sœurs Grises de Montréal dirent adieu à leurs compagnes de l’Est pour se porter au secours des Indiens et métis des prairies. Un voyage de 1 500 milles, huit semaines à travers lacs, rivières et portages fangeux. De Moniang les grands canots de la Compagnie de la Baie d’Hudson partaient, avec courrier et marchandises pour la traite lointaine des fourrures. Enfin, ce fut à Moniang que le 24 juin 1845 les premiers oblats, le Père Aubert et le Frère Taché, s’embarquèrent à leur tour, sans se douter que plusieurs centaines de missionnaires oblats suivraient leurs traces et porteraient leur apostolat jusqu’au pôle Nord. Le voyage se fit successivement par les rivières Ottawa, Matawa et des Vases ; par le lac Nipissing, la rivière des Français, le lac Huron, le lac Supérieur et ainsi jusqu’à la rivière Ministikweia. Puis là, les missionnaires s’engagèrent dans un dédale de lacs, de petites rivières, de portages qui les conduisit à la hauteur des terres qui séparent le versant du Saint-Laurent de celui de la Baie d’Hudson. Là, le jeune Frère Taché éprouva de profondes émotions. Devenu Évêque par la suite, il les raconta ainsi dans ses « Vingt années de Mission », à la page 8 : « Vous me pardonnerez un mot, pour exprimer l’émotion qu’éprouva mon cœur en cet endroit : Nous arrivions à l’une des sources du Saint-Laurent ; nous allions laisser le Grand Fleuve, sur les bords duquel la Providence a placé mon berceau. Je bus de cette eau pour la dernière fois ; j’y mêlai quelques larmes et lui confiai quelques-unes de mes pensées intimes. Il me semblait que quelques gouttes de cette onde limpide, après avoir traversé la chaîne des grands lacs, iraient battre la place près de laquelle une mère bien-aimée priait pour son fils. Je relate cet incident parce que, après vingt ans, le souvenir de l’émotion qu’il m’a causée me permet de mieux apprécier les sacrifices du même genre que j’impose chaque année à mes jeunes missionnaires.

MOOSE-JAW
Moose-Jaw (mâchoire d’orignal) Cris, anglais.
Racines : Moose pour mous-monz : orignal, jaw : mâchoire, anglais.

Moose-Jaw, ville da la Saskatchewan, est un centre ferroviaire qui possède un aéroport, des salaisons, des minoteries et des raffineries d’huile.

On rapporte qu’en cet endroit certain voyageur cassa une roue de sa charrette et la répara industrieusement avec une mâchoire d’orignal.

Le mot mous est indien (maskégon, tête-de-boule). Les Anglais l’ont adopté pour désigner ce royal quadrupède au cou orné d’un gland, au nez puissant, au panache majestueux, qui peut atteindre, 5 pieds de largeur ; qui tombe et repousse chaque année, en marquant d’une coche l’âge de son maître. Ce colosse, qui peut atteindre 6 pieds de hauteur, est d’une force remarquable : en courant il traverse des marécages où les autres quadrupèdes s’embourbent ; pour fuir le chasseur, il rejette sa tête en arrière et passe comme une trombe au milieu de la forêt dense, pliant au passage, avec son panache, tous les jeunes arbres qui lui barrent la route. Ses pattes de devant sont dangereuses pour les chiens et les loups. Sa chair est excellente et son gros nez un morceau de choix. L’Indien utilise sa peau dans la fabrication des souliers, mitaines, cordes et cuir à raquettes ; son poil, aussi léger que de la plume, devient oreillers et matelas.

Le jeune orignal s’apprivoise assez facilement ; attelé, il trotte dans la rue comme un cheval.

MOOSE SIPI
Moose sipi (la rivière de l’orignal) Cris.
Racines : Moose pour mous : orignal ; sipi : rivière.

La Moose a plusieurs gros affluents, dont les rivières Missinabi, Mattagami et Abitibi. À son embouchure, au fond de la Baie James, on trouve le terminus du chemin de fer Northern Ontario, le village et la mission Moosonee, où réside l’évêque catholique. Près de là, sur une île, c’est Moose Factory, un poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

MOOSOMIN
Moosomin (graine d’orignal) Cris, algonquin, otchipwé.
Racines : Mous-monz : orignal ; min : graine, fruit.

Moosomin est le fruit du cormier ; une grappe de graines rouges et amères dont les orignaux sont friands.

Moosomin est aussi le nom d’une ville de la Saskatchewan, près de la frontière du Manitoba, sur le Canadien Pacifique.

Après une longue absence à Régina, nécessitée par le procès de Poundmaker (inculpé dans l’affaire Riel), le Père Cochin, O.M.I. avait hâte de retourner vers ses chrétiens des Réserves. Il les trouva plongés dans la tristesse, la maladie et la misère. On les avait privés de leurs rations et abandonnés à leurs propres ressources. Les ministres protestants profitaient de leur dénuement pour se créer des adeptes au moyen de largesses intéressées. La même année, novembre 1885, le père Bigonesse, o.m.i. écrit : « Je dus me rendre à Moosomin où je passai la nuit auprès d’une petite fille mourante à qui je donnai l’Extrême-Onction. C’est la seule consolation que je pus retirer de cette visite. Les enfants et les grandes personnes ne firent presque pas plus de cas de moi que d’une roche que l’on rencontre le long du chemin. Le chef lui-même qui est baptisé me donna, comme à regret, du foin pour mon cheval. Ce ne fut pas sans dépit que je vis le ministre McKay, qui parle très bien le cris, et les enfants catholiques sortir de son école chargés de présents. Je quittai cette réserve le cœur affligé et pleurant à chaudes larmes. »

Jules LE CHEVALIER, O.M.I., Batoche, p. 273.

MUSCOWEQUAN
Muscowequan pour maskawikivan (penne ou plume longue des ailes et de la queue des oiseaux) Sauteux.

Le mot Muscowequan désigne un groupement de Sauteux dans la localité de Lestock.

MUSKOKA
Muskoka, pour miskokad (ceinture à rassade, ceinture de laine) otchipwé.

Ces ceintures, d’ailleurs très belles, sont portées parfois par les raquetteurs.

L’Encyclopédie de la Jeunesse, tome 5, p. 1615, dit que Muskoka signifie « ciel limpide ». Je ne peux accepter cette traduction.

Muskoka est le nom d’un comté et d’un lac de la province d’Ontario. Une rivière du même nom déverse ses eaux dans la Baie Georgienne, après un parcours de 100 milles environ. Muskoka est un endroit de villégiature très fréquenté à cause de ses trois lacs : Muskoka, Joseph et Rosseau.

MGR. BARABA, A Dictionary of the Otchipwe Language, explained in English.

MUSQUARO
Musquaro pour maskwaro (la queue de l’ours) Cris, montagnais.
Racines : Ask : ours ; ano et aro : queue.

Nom d’un lac et d’une rivière qui se jette dans le golfe St-Laurent, comté Saguenay ; cette rivière est probablement ainsi nommée parce qu’elle est courte comme une queue d’ours. Le fort Musquaro, situé à l’embouchure de la rivière du même nom, fut construit par les Français en 1710. Autrefois, les PP. Oblats, et plus tard les Eudistes, réunissaient à cet endroit les Indiens de Natashquan, de la Romaine et de St-Augustin. Depuis 1947, les missionnaires les visitent dans leurs missions respectives.

MYSTIC
Mystic pour mistik (arbre, bois) Cris, tête-de-boule.

Village du comté de Missisquoi, province de Québec, sur le Canadien Pacifique, entre Farnham et Stanbridge.

Si mystic n’est pas un mot indien mais anglais, il signifie « mystique », et non « arbre ou bois ».

La mystique est la science spirituelle qui a pour objet propre les rapports surnaturels de l’âme avec Dieu. La mystique traite de la théorie et de la pratique de la vie contemplative. C’est à la théologie mystique qu’il appartient de discerner le surnaturel et ses contrefaçons.

On appelle mystique celle ou celui qui a une vue simple, affectueuse et prolongée de Dieu et des choses divines.

De l’aveu de tous les mystiques, cette vue ou cette contemplation est un don essentiellement gratuit. L’homme peut s’y disposer mais il ne peut l’acquérir ni par l’industrie, ni par effort. Sainte Thérèse prend cette gracieuse comparaison pour mieux nous faire comprendre. « Dieu se plaît d’abord à faire monter l’âme vers lui de degré en degré ; ensuite, Il prend cette petite colombe et la met dans le nid afin qu’elle y repose. »

Ad. TANQUEREY, Précis de théol. ascétique et mystique, p. 867.