Les mystères du château Roy/02/03

CHAPITRE
III
ASSASSINAT DE M. ROY

Dans la bibliothèque du Château, où plusieurs collections de volumes d’hommes réputés sont rangés, M. Roy est assis à lire son journal.

Neuf heures et demie viennent de sonner à la pendule. Dans le Château nous n’entendons plus que le bruit des pas de quelques serviteurs vaquant à leurs dernières occupations.

Tout-à-coup, perçant le silence, un cri strident retentit venant du côté de la bibliothèque. Thérèse et Jeanne qui étaient dans le salon accoururent accompagnées de quelques serviteurs. Pierre qui était dans son bureau, survint aussitôt.

On constata que la porte était barrée par en dedans, impossible d’introduire une autre clef dans la serrure puisqu’il y en avait déjà une de l’autre côté. On frappa à la porte sans pouvoir obtenir de réponse. Alors on donna ordre aux serviteurs d’enfoncer la porte. Deux hommes donnèrent de l’épaule dans la porte et la firent voler en éclats. Un triste spectacle se présenta à leurs yeux.

M. Roy étendu sur le parquet baignant dans son sang. Un grand cri de détresse se fit entendre, suivi d’un second. C’étaient Thérèse et Jeanne qui les avaient lancés. Il fallut les sortir aussitôt de la bibliothèque car elles venaient de s’évanouir toutes les deux. Pierre dut donc faire face seul, à la situation. On eut recours tout de suite à la justice qui dépêcha immédiatement des agents sur les lieux afin que le moindre indice ne fut détruit. Une fois sur les lieux, les agents cherchèrent aussitôt les indices pouvant les conduire à l’arrestation du meurtrier.

On constata que M. Roy avait reçu non seulement un coup mais deux. Le premier dans le dos entre les deux épaules ce qui enlevait tout doute que M. Roy pouvait s’être donné lui-même la mort. Et le deuxième coup que le meurtrier avait donné sans doute pour être sûr que sa victime ne survivrait pas, les mettait ainsi dans l’impossibilité de recueillir aucune accusation venant de la part de la victime. Le coup fut donné dans la gorge, là même où l’on retrouva le couteau de chasse dont s’était servi le meurtrier. Aucune empreinte digitale ne fut découverte sur le couteau cependant que sur le manche deux lettres étaient gravées W. H.

L’un des agents demanda si l’on ne connaissait pas quelqu’un portant ces initiales qui aurait par vengeance ou par intérêt attenté à la vie de M. Roy.

Jeanne qui était revenue de son évanouissement avait pris courage et assistait les agents dans leurs recherches. Ce fut elle qui répondit à la question de l’agent.

Je ne connais qu’un certain M. Walter Hines, qui porte ces initiales, le même qui a été soupçonné lors de l’enlèvement de l’enfant de Thérèse.

— Ce pourrait bien être lui dit Pierre, car il est revenu d’Allemagne et il a écrit une lettre à Thérèse la priant de se rendre dans le parc du Château afin de pouvoir s’enfuir avec elle dans un autre pays.

— Quand a-t-elle reçu cette lettre demanda un agent ?

— Hier Monsieur.

— Avez-vous encore cette lettre ?

— Oui, Monsieur, la voici si vous désirez la voir.

L’agent la prit et la lut.

— Puis-je garder cette lettre pour quelque temps ?

— Certainement, tant que vous le désirez.

— Avez-vous entendu quelque bruit avant que vous constatiez la mort de M. Roy ?

— Non, Monsieur, répondit Pierre mais lorsque j’entendis crier M. Roy j’étais dans mon bureau près de la fenêtre. Je sursautai en entendant le cri. Je fermai ma fenêtre et je vis quelqu’un courant dans la direction du parc.

— Avez-vous remarqué sa taille, son uniforme ?

— Il portait un chapeau mou, il était d’une taille moyenne, mais il m’a été impossible de voir la couleur de son habit étant donné qu’il faisait très sombre.

— Vous êtes certain d’avoir vu quelqu’un se diriger du côté du parc ?

— Oui, Monsieur.

— C’est très bien. Et donnant ordre à deux des agents qui étaient là on alla faire des recherches dans le parc. Ils virent un homme qui s’enfuyait à toutes jambes. Ils partirent à sa poursuite mais il leur fut impossible de le rejoindre.

Durant ce temps au Château on continuait les recherches. On défit presque tout l’appartement. Les murs, les plafonds, le plancher fut sondé. On examina soigneusement la fenêtre, la serrure, la porte sans y pouvoir découvrir de quelle manière le meurtrier avait pu commettre son crime sans qu’aucun moyen de pénétrer en dedans ou d’en sortir fût possible.

Des recherches furent alors organisées pour chercher Walter. On localisa l’hôtel où il se retirait mais il fut impossible de le trouver. On fit alors une perquisition dans sa chambre et on découvrit dans l’une de ses malles un fusil de chasse démonté et un étui qui devait porter le couteau découvert dans la gorge de la victime.

Le lendemain matin en s’éveillant Thérèse vit quelque chose dans la vitre de la fenêtre. Elle pria son mari d’aller voir. Pierre se leva, aussitôt ouvrit la fenêtre et s’empara du papier qui était collé à une vitre et se mit aussitôt en devoir de prendre connaissance de son contenu.

Thérèse se leva et s’approchant de son mari qui semblait atterré par ce qu’il lisait, lui arracha des mains le papier pour y lire :

Thérèse.
Si tu ne viens pas à moi j’irai à toi.

Thérèse ne pouvant pas en croire ses yeux qui lui révélaient une intention dont elle n’aurait cru Walter capable.

L’auteur du billet avait écrit en lettres moulées à la main, espérant d’enlever à la justice la chance de le découvrir. Pierre fit parvenir le billet à l’agent détective qui était en charge de la cause et celui-ci envoya quelques-uns de ses hommes afin que tous fussent en sécurité au Château.

Les hommes furent placés de manière et avec ordre de saisir mort ou vivant toute personne qui chercherait à s’introduire dans le Château.

La nuit venue serviteurs et quelques hommes de police guettaient d’un œil vigilant l’endroit où était caché celui qui avait annoncé sa venue.