Les moteurs à gaz/Moteur Otto et Langen

L. Boulanger (Le livre pour tous no 95p. 22-25).

MOTEUR OTTO ET LANGEN

La machine que MM. Otto et Langen, constructeurs de Cologne, envoyèrent à l’Exposition universelle de 1867, s’inspirait d’une machine atmosphérique à gaz, que l’ingénieur anglais Brown avait installée pour l’élévation de l’eau, machine à laquelle on s’intéressa beaucoup en Angleterre, mais qui ne donna point les résultats qu’on en espérait, vraisemblablement parce qu’elle était de trop grandes dimensions, peut-être aussi parce qu’elle était mal combinée.

MM. Otto et Langen lui empruntèrent sa disposition verticale, et leur petit moteur se compose d’une colonne en fonte creuse, à la fois bâti pour les accessoires et cylindre moteur.

Comme on le voit par notre dessin de la page 20, à la partie inférieur de la colonne se trouve le tiroir de distribution A, et la partie supérieure, terminée en palier, sert de plaque de fondation aux appareils destinés à transformer le mouvement alternatif en mouvement circulaire continu.

À cet effet, la tige du piston, guidée par une glissière reposant sur deux minces colonnettes BB, placées en face l’une de l’autre aux bords opposés du chapiteau, et reliées entre elles dans le haut, par une traverse et terminée par une crémaillère dont les dents engrènent avec une roue dentée C, montée sur l’arbre du volant, et munie intérieurement d’une roue à rochet, qui la fixe sur l’arbre lorsque la crémaillère descend, et la laisse folle lorsqu’elle remonte.

Sur l’arbre moteur, mais à l’autre extrémité, est une seconde roue dentée D, qui engrène sur une autre, portée par l’arbre des excentriques, et commande ainsi le mouvement du tiroir, par une disposition nouvelle, analogue au système des échappements à ancre qu’on emploie en horlogerie, et qui permet aux excentriques de n’être en mouvement, que pendant le court espace de temps que le piston emploie pour décrire le bas de sa course.

Quant au moteur proprement dit, son fonctionnement repose, comme dans la machine Lenoir, sur l’inflammation du gaz emmagasiné avec un mélange d’air, dans le cylindre et voici comment il produit le mouvement.

Dans la première partie du mouvement du tiroir, la lumière qu’il démasque laisse échapper les résultats de la combustion ; sitôt après, le mélange d’air et du gaz s’introduit par des tuyaux spéciaux et une troisième lumière, dans laquelle se trouve un conduit de gaz, qui s’enflamme en s’approchant d’un bec allumé, placé extérieurement, est rapidement mise en contact avec l’intérieur du cylindre et détermine l’explosion.



Moteur à gaz Otto et Langen.

Cette explosion repousse naturellement le piston dans le cylindre, à une hauteur proportionnée à la force expansive du gaz qui le pousse ; après quoi il retombe de son propre poids, ce qui économise la deuxième explosion, que dans les systèmes précédents il fallait faire à l’avant du piston.

Cette combinaison réduit à 1m,30 ou 1m,20 la consommation du gaz, par heure et par force de cheval.

Mais l’économie n’est pas tout, il y a autre chose à voir dans la pratique et il faut croire que ce qu’on y a vu n’était pas de tous points satisfaisant, puisque l’un des inventeurs, M. Otto, travaillant seul cette fois, abandonna cette machine, pour en créer une autre, qui, d’ailleurs, est devenue, à force de perfectionnements et de modifications, le véritable moteur à gaz industriel.