Les derniers Iroquois/02
CHAPITRE II
montréal
Trois cent vingt-sept ans se sont écoulés depuis que l’illustre Jacques Cartier foula, pour la première fois, le sol sur lequel s’élève aujourd’hui la ville de Montréal. Qui eût osé prédire alors au pilote malouin que, bientôt, ces terres incultes, occupées par des bois inextricables, des landes marécageuses et par la chétive bourgade indienne connue sous le nom de Hochelaga, fructifieraient aux rayons vivificateurs de l’industrie et verraient surgir de leur sein une des opulentes cités du Nouveau-Monde ? Qui eût osé le prédire à M. de Maisonneuve, quand, un siècle plus tard à peine, il vint asseoir dans ces plaines les bases de la métropole actuelle du Canada ? Aux deux intrépides aventuriers ne pourrions-nous appliquer le cri d’enthousiasme échappé à M. F.-X. Garneau en parlant du premier ?
« S’il était permis, aujourd’hui, à Jacques Cartier de sortir du tombeau pour contempler le vaste pays qu’il a livré, couvert de forêts et de hordes barbares, à l’entreprise et à la civilisation européenne, quel spectacle plus digne pourrait exciter dans son cœur l’orgueil d’un fondateur d’empire, le noble orgueil de ces hommes privilégiés dont le nom grandit chaque jour avec les conséquences de leurs grandes actions. L’Amérique a cela de particulier qu’elle a été trouvée et qu’elle s’est faite ce qu’elle est, moins par les armes que par les travaux les plus productifs, et que c’est en séchant les larmes des malheureux que la persécution ou la misère chassait d’Europe, qu’elle assurait son bonheur et sa prospérité[1]. »
Au mois de septembre 1535, Cartier, qui avait précédemment reconnu les bords du Saint-Laurent jusqu’au confluent de la rivière Saint-Charles avec ce fleuve, désire poursuivre ses explorations. Il remet à la voile, et, après une navigation de treize jours sur le grand fleuve, il débarque à Hochelaga, village algonquin situé à soixante lieues plus haut.
« Hochelaga, dit M. Garneau, se composait d’une cinquantaine de maisons en bois, de cinquante pas de long sur douze ou quinze de large, couvertes d’écorces cousues ensemble avec beaucoup de soin. Chaque maison contenait plusieurs chambres distribuées autour d’une grande aile carrée où la famille se tenait habituellement et faisait son ordinaire. Le village lui-même était entouré d’une triple enceinte circulaire palissadée, percée d’une seule porte fermant à barre. Des galeries régnaient en plusieurs endroits en haut de cette enceinte, et au-dessus de la porte, avec des échelles pour y monter et des amas de pierres déposés au pied pour la défense. Dans le milieu de la bourgade se trouvait une grande place[2]. »
Voilà le berceau de Montréal.
Les années fuient sur le cadran des âges. Insensiblement, et malgré l’incurie si déplorable du gouvernement français, le Canada se peuple. Champlain commence la ville de Québec : des établissements se forment à Sillery, et Trois-Rivières[3] ; des missionnaires catholiques, la croix d’une main, la houe ou l’arquebuse de l’autre, se répandent partout, convertissant les Indiens, défrichant les terres, érigeant des fermes et des maisons d’éducation.
Mais c’est en 1640 seulement que la richesse du site de Hochelaga attire l’attention. Ce site est une île longue de neuf lieues sur deux et demie de large environ. Une compagnie de négociants français se la fait concéder et y envoie un de ses membres, Paul de Chomedy, sieur de Maisonneuve, gentilhomme champenois, avec ordre d’y implanter une colonie.
« Il partit pour le Canada le cœur plein de joie. En arrivant, le gouverneur voulut en vain le fixer dans l’île d’Orléans[4], pour ne pas être exposé aux attaques des Iroquois ; il ne voulut pas se laisser intimider par les dangers et alla, en 1647, jeter les fondements de la ville de Montréal. Il éleva une bourgade palissadée à l’abri des attaques des Indiens, qu’il nomma Ville-Marie, et se mit à réunir des sauvages chrétiens ou qui voulaient le devenir, autour de lui, pour les civiliser et leur enseigner l’art de cultiver la terre. Ainsi Montréal devint à la fois une école de civilisation, de morale et d’industrie, destination noble qui fut inaugurée avec toute la pompe de l’Église. »
La colonie de Ville-Marie[5] s’accrut lentement d’abord ; ses premiers pas furent incertains, arrêtés par mille obstacles. En 1664, elle ne comptait que 584 familles. Néanmoins on pouvait prévoir la rapidité de son extension future, car déjà son enceinte dépassait celle de Québec, ville qui, quoique fondée trente-quatre ans plus tôt, n’avait à la même époque que 555 habitants.
De ce moment jusqu’à nos jours, la population de Montréal suivit incessamment une marche ascendante.
Aujourd’hui le chiffre de cette population peut être porté à 100,000 âmes, tandis que Québec, que beaucoup de nos géographes s’obstinent à citer uniquement comme la seule ville importante du Canada, n’en a guère plus de 50,000.
Nous ne saurions mieux comparer l’île de Montréal qu’à un bicorne dont la ville figurerait l’aigrette. Au nord, l’île est arrosée par la rivière des Prairies, branche de Outaouais (ou Ottawa), et au sud par le Saint-Laurent qui, devant la ville, a plus de deux milles de large.
Adossé à la montagne d’où elle tire son nom, Montréal (Mont-Royal) offre à la vue une sorte de parallélogramme avec ses trois cents rues coupées à angle droit.
La principale voie passagère, la rue Notre-Dame, s’étend du nord à l’est sur un espace de plus d’un mille. Elle est le centre du commerce de détail, le rendez-vous du monde élégant. Des magasins fort coquets, et quelques-uns fort riches aussi, là bordent des deux côtés. Elle est partagée par la place d’Armes sur laquelle on a construit, il y a une trentaine d’années, la cathédrale Notre-Dame, basilique dans le genre néo-gothique, mais prétentieuse, mince, étriquée, une sorte de monument en carton-pierre, bien qu’on le considère comme le temple le plus vaste de l’Amérique septentrionale. Au-delà on remarque aussi le nouveau Palais de Justice, dont la façade a une grande mine, mais dont la distribution intérieure laisse beaucoup à désirer : son portique appartient au style grec. Il se dresse en face de la place Jacques Cartier, sur laquelle, par un contre-sens risible, ou plutôt par une dérision amère, les Anglais ont élevé une colonne et une statue à l’amiral Nelson !
Parallèlement à la rue Notre-Dame, s’élance la rue Saint-Paul, plus étroite, moins élégante, mais non moins animée. La partie septentrionale est envahie par les petits négociants en nouveautés, mercerie et quincaillerie ; la partie méridionale par les gros importateurs, dont les immenses magasins descendent jusqu’à la rue des Communes, laquelle longe les quais.
Bâtis en belle pierre de taille à douze ou quinze pieds du niveau du Saint-Laurent, ces quais se déploient devant la ville comme un inébranlable rempart. Pendant la bonne saison, les oisifs et les curieux s’y rassemblent. Peu de promenades présentent, à notre avis, autant d’agréments que celle-là.
En se dirigeant vers le sud, le regard franchit des paysages aussi séduisants que variés, après avoir passé par-dessus le magnifique pont tubulaire Victoria, le plus beau du monde, construit dernièrement par le célèbre ingénieur anglais Stevenson.
Qu’il s’arrête sur les nombreux navires de toutes les nations, voiliers ou vapeurs, goélettes ou trois-mâts, canots d’écorce ou vaisseaux de guerre, mouillés dans les bassins, qu’il ondule avec les eaux diaphanes du roi des fleuves ; qu’il vague mollement à travers les quinconces de l’île Sainte-Hélène qui, telle qu’une corbeille de verdure, émerge de l’onde vis à vis de la ville, ou qu’avide et amoureux des champs, il saute à l’autre rive du Saint-Laurent, l’œil trouve cent sujets de plaisir, d’instruction, de rêverie, de délices.
C’est un spectacle enchanteur pour l’artiste nonchalant, insoucieux, et pour le spéculateur alerte, farci de chiffres.
Entendez le sifflement des steamers ! suivez ce double panache de fumée qui se balance au faîte de leurs noires cheminées ; voyez-vous dans cette atmosphère imprégnée d’odeurs résineuses et aquatiques, ou bien comptez ces boucauts de sucre, ces quarts[6] de farine, ces barriques de tabac, ces caisses, ces ballots de toutes sortes amoncelés sur les quais !
Partout l’activité, partout le travail intelligent, partout l’abondance.
Des hommes, des chevaux, des cabs, des cabrouets se pressent, se froissent, se heurtent. On dirait de l’entrepôt général du trafic du globe.
Mais laissons la rue des Commissaires où nous ramèneront vraisemblablement les incidents de notre récit.
En examinant Montréal à vol d’oiseau, nous voyons la ville s’étager en amphithéâtre dans les plis d’un terrain fortement tourmenté.
Les quartiers limitrophes du fleuve sont exclusivement consacrés aux affaires. La majeure partie de la population y est anglaise. Plus loin, en escaladant les premières rues de la montagne, nous rencontrons les rues Craig, Vitré, de la Gauchetière, Dorchester, et la grande rue Sainte-Catherine ; plus loin encore, la rue Sherbrooke. Toutes observent un parallélisme remarquable.
Les premières sont habitées par des Canadiens français, la dernière par l’aristocratie anglaise.
Perdue sous des allées d’arbres touffus, la rue Sherbrooke ressemble vraiment à l’avenue d’un Eden. Là on n’entend ni tumulte, ni grincement criard. Le chant des oiseaux, les soupirs d’une romance, les frémissements d’une harpe, le chuchotement d’un piano viennent caresser vos oreilles.
Là, point de luxueux magasins pour fasciner vos yeux, mais des cottages gracieux, des villas pimpantes, des manoirs féodaux en miniature, de vertes pelouses, des jardins émaillés de fleurs pour séduire votre imagination. Là, point de mouvement, point de passants qui vous coudoient, mais le murmure harmonieux du feuillage, des amants solitaires lentement pressés l’un contre l’autre, des apparitions enchanteresses qui vous ravissent le cœur.
Elle n’est point régulière, la rue Sherbrooke, elle n’est point dallée, pas même pavée, mais ses méandres sont si mystérieux, sa poussière est si molle, son gazon si doux, ses ombrages si frais… Ah ! oui, c’est bien dans la rue Sherbrooke qu’on aime à aimer !
Et quel merveilleux panorama se déroule à vos pieds, se masse sur votre tête ! C’est Montréal, la vigilante, qui chauffe ses fourneaux, ouvre ses chantiers, charge et décharge ses cargaisons, décore ses édifices, agite ses milliers de bras, comme ses milliers de têtes ! C’est une montagne dont les sommets altiers déchirent la nue ; ce sont de gras coteaux, des bois plus verts que l’émeraude, des vergers où se veloutent et se dorent les fruits savoureux, des parterres embaumés et diaprés de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
L’extrémité septentrionale de la rue Sherbrooke aboutit à la rue Saint-Denis, grande artère qui s’appuie perpendiculairement sur la rue Notre-Dame, divise toute la ville du haut en bas et court s’épanouir dans la praire.
Elle forme la limite du faubourg Québec.
Dans ce faubourg, un des plus populeux de Montréal, essaiment des Canadiens-Français artisans, détailleurs ou débitants de boissons pour la plupart. Jadis ses hôtes étaient gens enrichis par la traite des pelleteries. On peut s’en convaincre aisément à l’apparence des maisons que les désastreux incendies de 1852 ont épargnées[7].
Mais, à mesure que la race anglaise s’est agglomérée dans la ville, elle y a usurpé le sceptre de la fortune[8], et soit qu’elle ne voulût pas s’allier à la race française, soit que ses goûts la portassent à se hausser, elle a déserté les bords du fleuve pour charger de ses palais les gradins de la montagne. On connaît l’histoire des moutons de Panurge : petit à petit, les conquis ont imité les conquérants, et, à présent, sauf de rares exceptions, il est peu de Canadiens-Français, rentiers ou dignitaires, qui oseraient avouer un domicile dans le faubourg Québec.
Cette migration n’a, du reste, rien qui doive surprendre. Les circonstances ont pu les provoquer. Au fur et à mesure que la ville a élargi sa ceinture, les fabriques, les usines se sont multipliées. Par conséquent, les rives du fleuve ont acquis une importance relative qu’elles n’avaient pas auparavant. On a vendu les terrains occupés par les maisons de plaisance pour y faire des manufactures, et les premiers se sont réfugiés autre part. Puis, fait digne d’attention, comme beaucoup de cités américaines, Montréal tend à remonter le cours du fleuve qui baigne ses murs. Il n’y a pas longtemps, les vaisseaux ne jetaient point l’ancre plus haut que la place de la Douane. Par l’ouvertare du canal Lachine[9], on leur a facilité un mouillage jusqu’au bout de l’île, pour ainsi dire. Dans quelques années probablement, quand les docks projetés par M. Young seront exécutés, le port de Montréal s’étendra de la rue Bonsecours, à l’entrée du faubourg Québec, jusqu’à la pointe Saint-Charles, tête du pont Victoria.
Alors, les quartiers sous-jacents se dépeupleront au profit des quartiers nouveaux qui s’installeront en amont. Cela s’explique facilement : quand une colonie se fixe près d’un cours d’eau, elle défriche les terres en s’acheminant vers la source. S’il survient d’autres membres à la colonie, ils ne planteront pas leurs tentes au-dessous des précédents parce que les pouvoirs d’eau ont été utilisés d’une façon ou d’une autre par le drainage des campagnes ou le jeu des machines, mais ils s’établissent au-dessus où rien ne les gêne et ne les embarrasse.
Les terres inférieures étant ainsi les premières mises en culture acquièrent un prix que n’ont pas les terres supérieures, laissées vierges et improductives. Il résulte de là que les manufacturiers, fabricants et entrepreneurs s’échelonnent graduellement devant une ville, en refoulant son cours d’eau, sûrs qu’ils sont d’acheter meilleur marché les emplacements nécessaires à l’établissement de leurs usines ou entrepôts et d’obtenir des forces motrices plus considérables.
Mais ces entrepreneurs, fabricants et manufacturiers sont les avant-coureurs du commerce. Celui-ci ne peut pas plus vivre sans eux, qu’ils ne peuvent vivre sans lui. Autour des usines se groupent promptement les magasins ; car, pour éviter les frais de transport, le consommateur se rapproche constamment du producteur. Bientôt les terrains enserrés par la manufacture montent : ils doublent, ils triplent de valeur. Non-seulement le propriétaire ou directeur comprend qu’il aurait avantage à vendre son emplacement et à transférer plus haut ses ateliers, mais il s’aperçoit de l’impossibilité pour lui d’augmenter ses moyens de production par un agrandissement de local, à cause de la cherté excessive des lots avoisinants.
Il déloge ; les chantiers l’accompagnent. La navigation, forcée de déposer ou prendre son fret près de ces chantiers, la navigation bon gré mal gré suit leurs mouvements. Le cours d’eau est-il trop peu profond, on le creuse ; est-il semé de rochers, on le drague ; est-il hérissé de récifs, de cataractes, on perce un canal, comme celui de Lachine au pied des rapides du Sault Saint-Louis ou Caughnawagha.
Et toujours, toujours la ville va refluant vers la source. Ne serait-il pas possible de découvrir dans ce phénomène la preuve de notre marche ascensionnelle aussi bien que la preuve de notre penchant à remonter des effets aux causes ?
Quant à la cité, elle, subit autant de métamorphoses que de progressions. La manufacture est supplantée par le magasin, qui sera supplanté à son tour par la maison bourgeoise, et peut-être en dernier lieu par la ferme. Montréal nous en présente un exemple frappant. Il y a un siècle, les comptoirs du commerce ne dépassaient pas la rue des Commissaires. La rue des Communes, qui s’annexe à elle, n’existait même pas. Mais là où prend pied le quartier Sainte-Anne, des moulins, des scieries, des fonderies, des forges fonctionnaient du matin au soir. Maintenant forges, fonderies, moulins immigrent, et des stores, des warehouses leur succèdent partout. Le négoce s’enfuit à tire d’ailes du marché Bonsecours vers les rues Saint-Paul, Notre-Dame, Saint-Jacques, et se précipite dans la rue Mac-Gill.
Avant vingt ans, il aura, nous en avons la conviction, déserté ses vieux foyers et inondé le quartier Sainte-Anne. Ses révolutions passées sont un criterium pour préciser ses révolutions à venir. L’abaissement lent mais continu du prix des loyers dans le faubourg Québec et leur élévation inusitée du côté du faubourg Saint-Antoine suffisent déjà à démontrer d’une façon concluante la justesse de cette assertion. L’achèvement du pont Victoria et l’établissement à la pointe Saint-Charles d’une gare centrale pour la compagnie du chemin de fer du Grand-Tronc, n’ont fait que hâter le transfert du centre commercial au quartier Sainte-Anne ou Griffinton, ce bourbier infect, cette léproserie où grouille une population irlandaise, sordide, déguenillée, fanatique, prête à tous les crimes, la bonté et l’effroi de la métropole canadienne, comme les Cinq-Points de New-York, la Cité de Londres ou de Paris, le Ghetto de Rome, furent longtemps la honte et l’effroi des nobles capitales qui recelaient ces clapiers dans leur sein.
Le Griffinton, une fois assaini, purgé des bandes de misérables qui rendent son séjour dangereux autant que dégoûtant, Montréal, avec ses maisons bien bâties, ses grand édifices publics, civils ou religieux, ses rues régulières parfaitement aérées, ses nombreux instituts, son riche musée de géologie, son jardin botanique, son magnifique port, ses prodigieuses ressources maritimes, industrielles et agricoles, et les splendides campagnes qui se déploient à ses portes, Montréal prendra définitivement rang parmi les villes les plus favorisées et les plus agréables des deux hémisphères.
- ↑ Garneau, Histoire du Canada, t. I, p. 21.
- ↑ Garneau, Histoire du Canada, t. I, p. 23.
- ↑ Voir la Huronne.
- ↑ Située à une demi-lieue au-dessous de Québec.
- ↑ Le clergé catholique s’entête à n’appeler Montréal que par ce nom.
- ↑ Les Canadiens-Français nomment ainsi les barils de farine provisions, etc.
- ↑ Après ces incendies successifs, plus de vingt mille habitants se trouvèrent sans logements.
- ↑ Chose triste à dire, mais trop facile à comprendre, partout où les populations protestante et catholique se trouvent en présence, on voit la première prospérer, acquérir des richesses, l’autre décroître, s’appauvrir.
- ↑ Pour étymologie de ce nom, voir la Huronne.