Police Journal Enr (Aventures de cow-boys No. 3p. 14-16).

CHAPITRE VII

L’ISSUE SECRÈTE


Verchères et le père Gradier s’avançaient au petit trot de leurs chevaux dans la plaine.

Le ranch d’Alain et de Slime était sis au pied des canyons volcaniques.

— WHOA, dit soudain Alain.

Il sauta de cheval.

Le chef freina sa monture à son tour :

— Whoa…

Tout de suite, il demanda :

— Qu’y a-t-il ?

— Une couple de cents bêtes à cornes ont passé par ici, venant directement de mon ranch.

— Y a-t-il des traces de fers à chevaux ?

— Oui.

— Alors il n’y a pas de doute possible. Des voleurs d’animaux opèrent dans les canyons…

Verchères mâchouilla :

— Ce sont des membres des chevaliers de la nuit sans aucun doute… Ouais… ouais, très intéressant… Je crois que je commence à comprendre…

— Quoi ?

— Écoutez, Gradier, nous allons suivre les pistes…

Ils firent ça.

Approchant…

Approchant du rocher du premier canyon.

Les pistes se rétrécissaient peu à peu…

Pour se terminer près du gros rocher.

Du rocher solide.

Nu.

Immuable !

Verchères s’écria :

— Ça parle au diable !

À ce moment une balle siffla à leurs oreilles et ils entendirent presqu’aussitôt le bruit de la détonation.

D’un mouvement brusque, ils se jetèrent à plats ventres dans la brousse.

Baptiste leva les yeux en l’air :

— Vite, Gradier, regardez les grives qui s’enfuient ; elles viennent de nous désigner par leur affolement l’endroit où se cache le franc-tireur.

Il ajouta :

— Surveillons.

Ce ne fut pas long.

Non.

Ils furent vite récompensés de leur vigilance.

Un énorme chapeau de cowboy parut au-dessus de la brousse…

Baptiste tira.

Le chapeau tomba traversé d’une balle…

Un long silence…

Puis les sabots d’un cheval bruitèrent rapidement.

— Le gas s’enfuit, dit Gradier. Nous lui courons sus ?

— Non, non, j’ai une idée.

« Suivez-moi ».

Ils se dirigèrent vers l’endroit d’où les oiseaux s’étaient envolés de peur.

Le chenapan avait été trop pressé pour récupérer son chapeau.

Verchères s’en empara.

— Voulez-vous tenir ce couvre-chef pour quelques instants, Gradier ?

Le chef sortit un carnet de sa poche, en déchira une petite feuille et écrivit :

« Ceci est le chapeau du gas qui a tiré sur nous.

J. B. Verchères ».

— Maintenant, signez vous aussi.

Gradier s’exécuta.

Alors J. B. plia le papier en deux et le plaça sous la bande intérieure du chapeau.

Le rancher le regardait faire, médusé :

— C’est que je ne comprends rien.

— Laissez faire. Je gage que ce chapeau va faire pendre un homme.

Le chef reprit tout de suite après :

— Je pars avec le chapeau.

— Où allez-vous ?

— Ça, c’est mon secret…

— Vous allez revenir ?

— Oh oui.

— Quand ?

— Dans une heure tout au plus.