Éditions Édouard Garand (p. 40-45).


IX

DANS LE DONJON


Il était environ trois heures du matin, quand deux hommes pénétrèrent dans la loge du gardien de nuit aux casernes des Jésuites.

Le gardien, à la vue de ces deux personnages, quitta vivement un grabat où il venait de s’assoupir, fit le salut militaire, et attendit qu’on l’interrogeât.

Ces deux personnages étaient le colonel Buxton et le lieutenant Foxham.

— Mon ami, dit Buxton sur un ton autoritaire, conduis-nous au cachot de Saint-Vallier !

Quoique étonné par cette visite et cette demande surtout, et sachant à quel rang appartenaient ces visiteurs, le gardien n’osa hésiter une seconde.

— Venez, messieurs ! dit-il.

Il prit une lanterne sur sa table, ouvrit une porte au fond de la loge, enfila un corridor au bout duquel était un escalier montant vers les étages supérieurs. Arrivé sous les combles, les trois hommes traversèrent une grande pièce toute dénudée qui avait dû autrefois servir de dortoir. Puis le gardien ouvrit une porte et pénétra dans un corridor donnant sur la façade de l’édifice. Or, pendant ce trajet de la loge du gardien à ce corridor, Foxham avait murmuré à Buxton ces paroles :

— Si Saint-Vallier est dans sa prison et s’il y est couché et dort, je veux être fusillé à l’aube !

— Parce que vous êtes certain qu’il est au fond du fleuve ? demanda Buxton.

— Oui… si l’homme, qui est venu cette nuit sur « Le Requin » pour tenter la délivrance de Du Calvet, est bien Saint-Vallier que j’ai cru reconnaître !

— Et s’il occupe encore son donjon ? interrogea Buxton.

— Je me serai trompé, ou bien ce Saint-Vallier a le diable au ventre !

— Voilà, messieurs ! annonça le gardien en s’arrêtant devant une porte fortement verrouillée et cadenassée, porte qui aboutissait à l’extrémité du corridor que les trois hommes venaient de parcourir.

— Ouvre ! commanda Foxham d’une voix sourde et légèrement tremblante.

Le gardien décadenassa la lourde porte et l’ouvrit. À la clarté de la lanterne les trois hommes découvrirent un individu, étendu sur le lit de camp, les couvertures remontées jusqu’au menton et dormant tranquillement.

Foxham prit des mains du gardien la lanterne et l’approcha du visage du dormeur.

C’était bien Saint-Vallier…

Au mur il vit la lévite grise accrochée, le chapeau avec sa rosace blanche et son lys rouge, un long manteau brun avec collet en fourrure. Foxham toucha de sa main gauche la lévite et le manteau : ces deux vêtements étaient parfaitement secs. Par terre il aperçut une culotte noire, des guêtres, des souliers. Il tâta également la culotte : elle était sèche !

Alors Foxham tourna son visage pâle vers le colonel qui, muet et immobile, attendait que le lieutenant se prononçât.

— Colonel, dit Foxham la voix excessivement altérée, j’ai mal vu là-bas… ce n’était pas Saint-Vallier !

Les trois hommes s’en allèrent.

Après que la porte eut été refermée, les verrous poussés et le cadenas fermé, et après que des pas se furent perdus dans l’éloignement, une tête se souleva de dessus l’oreiller du lit de camp, puis une voix se mit à ricaner en murmurant ces paroles :

— Ah ! ces bons Anglais… sont-ils un peu naïfs tout de même !… N’empêche, ajouta-t-il, que si Hector ne revient pas bien vite, je vais geler tout vif ici !

En effet, il faisait très froid dans ce donjon.

Le jeune homme décrocha du mur le manteau, l’étendit par-dessus ses couvertures, renfonça sa tête dans l’oreiller et parut s’endormir.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Chez Monsieur Darmontel, un vieux médecin français qui, après 1760, s’était décidé à demeurer sur le sol Canadien, venait de déclarer que Saint-Vallier, avec sa blessure à l’épaule, n’était pas en danger. La balle du pistolet de Foxham n’avait que troué les vêtements et labouré la chair. Mais le jeune homme demeurait toujours inconscient à cause de ses forces qu’il avait totalement épuisées.

Près du lit sur lequel demeurait le blessé, Louise Darmontel se tenait inquiète et très pâle.

Le médecin et M. Darmontel s’étaient retirés dans une pièce voisine, et Louise demeurait seule avec ce corps inanimé, mais que la vie n’avait pas abandonné.

Louise tenait ses yeux humides fixés sur le visage très livide du jeune homme, et dans ses regards on pouvait lire un amour puissant. Elle le regardait avec extase, ce beau cavalier ! Car il était vraiment beau ce Saint-Vallier, beau de cette mâle hardiesse qui caractérisait chacun de ses traits, beau de cette noble et fière audace qui dictait ses paroles et ses gestes, beau de ce courage sublime qui ne reculait devant aucun danger, beau de cette farouche virilité qui en faisait un homme dans toute la plénitude du mot. Courageux, brave, hardi et généreux… voilà les quatre qualités dominantes de ce jeune homme qui avait été comme le frère de lait de Louise Darmontel. Oui, Saint-Vallier avait comme sucé le lait à la même source vigoureuse où avait puisé de ses petites lèvres la jeune fille. Puis tous deux avaient grandi côte à côte ; lui avait atteint sa vingt-huitième année, Louise, sa vingt-sixième qu’elle dépassait de quelques mois. Ils étaient tous deux d’âge suffisamment mûri pour se lancer dans la grande aventure du mariage sans trop redouter les conflits. Ils s’étaient d’abord aimés comme frère et sœur ; et plus tard, lorsque Saint-Vallier avait atteint la vingtaine, et elle sa dix-huitième année, ils s’étaient aimés de cet autre amour qui tisse l’éternel lien entre l’homme et la femme, entre l’époux et l’épouse. Puis Saint-Vallier était parti pour l’Europe après avoir échangé des promesses avec Louise.

Elle était belle aussi, cette Louise, mais d’une beauté peut-être un peu grave. Elle avait été très chaleureusement accueillie dans la société de cette époque, puis vivement recherchée et courtisée. De jeunes Canadiens de bonne famille et de jeunes Anglais de la meilleure société avaient soupiré après sa main. Louise avait dû se soustraire courtoisement à cet entourage, pour la bonne raison qu’elle était fiancée. Mais l’un de ces jeunes Anglais avait été plus tenace que les autres : c’était le lieutenant Daniel Foxham. Mais un jour Louise s’était vue obligée de mettre un terme aux attentions trop empressées de Foxham. Très dépité, celui-ci avait cherché à savoir quel était l’heureux mortel sur qui la jeune fille avait jeté son dévolu. Quand il eut appris que ce mortel était Saint-Vallier, de ce jour il résolut de faire disparaître ce rival heureux. L’opportunité se présenta, lorsque le jeune Canadien, revenu d’Europe, commença d’élever une voix protestataire contre l’administration tyrannique du général Haldimand. Foxham fit tout en son pouvoir pour déchaîner contre le jeune audacieux les colères et les haines, jusqu’au jour où il fut chargé d’arrêter ce rival dont il avait souhaité la mort.

Disons que Foxham appartenait à une honnête famille de la bourgeoisie londonienne ; son père tenait à Londres un gros commerce de merceries, de sorte que Louise Darmontel, fille d’un commerçant en ferronneries, ne se trouvait donc pas d’un rang inférieur à celui du jeune anglais. Il s’était donc ardemment épris pour la belle canadienne, mais lorsqu’il se vit écarté sa jalousie devint si violente qu’il jura de se venger des dédains de la jeune canadienne en frappant son fiancé, Saint-Vallier.

L’arrestation du jeune homme avait porté un rude coup à Louise Darmontel, et sachant que le coup venait, pour une bonne part, de Foxham, elle avait résolu de changer de tactique vis-à-vis du lieutenant et de se servir de lui pour arracher Saint-Vallier à sa prison. Chaque fois qu’elle avait eu par après l’avantage de rencontrer le lieutenant, elle n’avait pas dédaigné de lui adresser le meilleur sourire. Foxham s’était remis à espérer. Puis Louise Darmontel, toujours dans le but de sauver Saint-Vallier, s’était liée d’amitié avec Miss Margaret Toller, une cousine de Foxham, âgée de vingt ans, assez jolie, mais que Foxham n’aimait pas à cause de ses cheveux trop roux, de son visage trop blanc veiné de bleu, de l’inélégance de sa démarche, et surtout à cause de ses bavardages. Car Miss Toller passait pour une véritable pie, elle disait tout ce qu’elle savait, et gare, paraît-il, à qui lui aurait confié un secret important ! Miss Toller aimait Foxham, beaucoup même, et lui se donnait l’air de la courtiser parce que son père, le major Gerald Toller, était l’un des plus puissants personnages de la « cour » d’Haldimand.

C’est donc par l’entremise de cette Margaret Toller que Louise avait pu apprendre l’endroit précis où Du Calvet avait été mis sous verrous. Naturellement, Miss Toller n'’avait nullement soupçonné les intentions de Louise Darmontel, de sorte que Foxham n’avait pu se douter comment et par quel jeu de circonstances le cachot de Du Calvet avait été découvert.

Pendant que Louise Darmontel évoquait ces anciens souvenirs de date non encore lointaine, Saint-Vallier reprit ses sens. En apercevant Louise à son chevet, il sourit doucement, puis tout comme s’il fût sorti d’un sommeil ordinaire, il se mit sur son séant et dit d’une voix à peine altérée :

— Ma chère Louise, je vous remercie de suite pour avoir pris soin de ma pauvre personne. Tout de même, le fameux bain que j’ai pris !

Et il se mit à rire.

— Ainsi donc, mon pauvre ami, dit la jeune fille très grave, vous avez échoué dans votre tentative ?

— Hélas, oui ! Du Calvet avait été enlevé de son cachot à bord du « Requin ».

Saint-Vallier narra son aventure.

— Et vous ne savez pas encore, demanda la jeune fille, en quel endroit le malheureux a été conduit et enfermé ?

— Non, Louise, je ne sais rien encore. Vous comprenez bien que je n’ai pas pris le temps de demander ce renseignement à Foxham. Comme vous le voyez, j’avais autre chose à faire. Je ne m’inquiétais pas beaucoup du sort de Du Calvet, parce que je supposais qu’il avait été transporté ailleurs, et que vous sauriez bien découvrir sa nouvelle prison.

— En effet, sourit la jeune fille, je saurai bien m’en informer.

— Ce n’est toujours pas Foxham qui vous donnera cette information, se mit à rire Saint-Vallier.

— Je prendrai celle-ci à la source où j’ai puisé la première.

Miss Toller ? demanda le jeune homme.

— Oui… elle sait tout ce qu’elle désire savoir.

— Comme elle dit tout ce qu’elle sait !


« Monsieur le gouverneur Haldimand rappelez-vous que si l’on ne sait rendre justice à son prochain, on ne peut, son tour venu, attendre justice des autres. »

— Oh ! mon cher, il ne faut pas trop s’y fier. Tout dépend de l’humeur du moment. Pour tirer de Margaret un renseignement précieux, il importe de choisir l’heure, autrement on s’expose à ne rien apprendre.

— Et à se compromettre aussi, peut-être ?

— Du moins à compromettre nos projets. Mais Margaret est excessivement naïve et pas défiante pour un sou, c’est l’avantage qu’elle m’offre. Elle ne pourrait s’imaginer que j’aie aucun intérêt à travailler à la délivrance de monsieur Du Calvet, de sorte qu’elle n’ira jamais se vanter qu’elle m’a fourni tel ou tel renseignement. Ensuite, tout comme Foxham, elle te croit bel et bien toujours en ton donjon.

— C’est mieux ainsi. Mais je crains bien que Foxham ne commence à avoir des doutes sur la petite comédie que nous jouons, Pierre et moi.

— Cette comédie pourrait tourner en tragédie… J’ai peur, Hector !

— De quoi, Louise ? que je sois tué ?

— Oui.

— Bah ! je vous ai dit que je vivrais cent ans !

— Ne plaisantez pas, reprocha doucement la jeune fille. N’avez-vous pas failli la perdre cette vie, il y a à peine deux heures ? oui, cette vie sur laquelle peut-être vous comptez trop ?

— Oui, mais vous constatez que je ne l’ai pas perdue ! Eh bien ! Louise, c’est ce qui prouve que je vivrai cent ans, car jamais la mort ne m’a frôlé de si près que cette nuit ! Elle me guettait de tous côtés, elle me tenait pour ainsi dire, et cependant je lui ai échappé. Comprenez que si j’avais à mourir à l’âge où je suis, je serais mort à cette heure, et il ne vous resterait plus qu’à laisser pleurer ces beaux yeux qui me regardent avec un doux reproche.

Et le jeune homme, prit une main de Louise et la baisa avec ardeur. Puis il reprit en se levant tout à fait :

— Il ne faut pas trop se laisser aller aux sentiments du cœur, ma chère amie, car nous sommes en pleine lutte, en pleine bataille. À plus tard l’amour, le doux amour !… Et j’oublie ce brave Pierre qui doit être diablement inquiet de ne pas me voir revenir. Quelle heure est-il, Louise ?

— Trois heures et demie, Hector.

— Trois heures et demie ! répéta le jeune homme en tressaillant. J’avais dit à Pierre que je serais de retour vers une heure. En ce cas je cours à mon donjon.

— Vous n’y pensez pas ! s’écria Louise avec effroi. Vous êtes blessé… vous êtes à peine remis… vous grelottez… vous grelottez… vous chancelez !

Oui, le jeune homme paraissait avoir peine à se tenir sur ses jambes.

— Bah ! dit-il négligemment, c’est une faiblesse passagère. Tenez ! je me remets déjà… j’ai eu un étourdissement, cela m’arrive des fois. Bonne nuit, Louise ! N’oubliez pas de vous enquérir du cachot de Du Calvet !

— Vous partez ?

— Oui, oui… n’oubliez pas !

Elle le conduisit jusqu’à la porte où ils échangèrent un baiser.

Peu après Saint-Vallier se dirigeait à grands pas vers la Place des Jésuites.

Avant d’atteindre la Place, Saint-Vallier enfila à sa droite un passage tortueux. Puis il se glissa entre deux hangars, franchit une palissade démolie à plusieurs endroits et se trouva bientôt derrière le bâtiment qui servait de casernes.

L’endroit était excessivement obscur et il était difficile de se diriger avec précision vers un point déterminé. Pourtant Saint-Vallier marchait d’un pas assuré, au travers de piles de bois de chauffage et d’amas de pierres, et atteignit l’angle nord-est du bâtiment. La toiture, à cet angle, avait été, lors du siège de 1759, trouée par les boulets des canons, et une partie du mur de l’aile est s’était effondrée entre le toit et le deuxième étage. Cet effondrement avait occasionné dans le mur une crevasse d’une largeur variant entre quarante et soixante centimètres, et suivant une ligne oblique à partir du deuxième étage, sous la partie effondrée, jusqu’aux fondations. Mais la crevasse, à ce point, n’avait pas dix centimètres de largeur. Saint-Vallier tourna l’angle de l’édifice et marcha vers la crevasse. Là, à l’aide des pieds et des mains il se hissa à une hauteur d’environ deux mètres, où la crevasse s’ouvrait suffisamment pour permettre à un homme de taille ordinaire de passer. À cette hauteur, Saint-Vallier se trouvait entre le plancher inférieur et le plancher supérieur du rez-de-chaussée. Il sauta sur le plancher inférieur, traversa des débris de matériaux quelconques et se dirigea, à tâtons cette fois, vers l’angle nord-est où il trouva un escalier. Il monta au deuxième étage, traversa une pièce tout encombrée des débris de la toiture défoncée, puis arriva à un corridor longitudinal. De chaque côté de ce corridor s’alignaient des chambres, et ce corridor aboutissait à une vaste pièce occupant l’angle sud-est de l’édifice, et au-dessus de cette pièce se trouvait la mansarde qui servait de prison à Saint-Vallier.

Cette pièce était remplie de lits, de tables, de bancs, de matelas et autres objets qui avaient servi, dans le temps, aux élèves qui venaient étudier chez les Jésuites. Tous ces objets avaient été jetés là par les autorités militaires dans un pêle-mêle indescriptible. Rarement un être humain pénétrait là. À de rares intervalles un soldat de la caserne y venait chercher un matelas ou un autre objet quelconque dont il avait besoin.

Saint-Vallier grimpa sur une table après y avoir posé un escabeau, puis il monta sur cet escabeau et de ses deux mains souleva un étroit panneau dans le plafond.

Il appela à voix basse :

— Pierre !

L’instant d’après la voix de Pierre Darmontel demandait par le trou :

— C’est toi, Hector ?

— Oui, Pierre. Je t’ai fait attendre, n’est-ce pas ?

— Oh ! tu sais, j’ai dormi comme un prince ! Seulement, il est venu des intrus qui m’ont réveillé.

Tout en ce disant le jeune homme poussait de côté le lit de camp, et Saint-Vallier à la force des bras se hissait au travers de la trappe.

— Des intrus ? fit Saint-Vallier avec surprise en se dressant debout dans son cachot.

— Oui… je ne m’attendais pas à cette visite nocturne.

Et Pierre Darmontel raconta la visite de Buxton et de Foxham accompagnés du gardien de nuit.

— As-tu reconnu ces personnages ?

— Hélas ! non… L’un d’eux est venu me poser sa lanterne sous le nez. J’ai bien eu l’envie de lui demander le but de sa visite, et j’aurais pu savoir à qui j’avais affaire ; mais je n’ai pas osé. Sais-tu ce que j’ai pensé ? qu’on venait pour s’assurer si tu étais toujours dans ta prison.

— Je le pense aussi. Pierre. Je me méfie beaucoup de Foxham, et je ne serais pas étonné, s’il m’avait reconnu, qu’il chercherait à savoir comment je m’y prends pour sortir d’ici. Mais je suis bien tranquille tant qu’on n’aura pas surpris la ressemblance de traits et de taille que nous avons tous deux.

— Quant à moi, Hector, sois sûr que je ne me montrerai pas dans la ville tant que tu ne seras pas libéré par Haldimand.

— Ô Haldimand ! murmura Saint-Vallier avec un sombre défi, je ne redoute ni tes cachots ni tes sicaires ! Malgré ta puissance malgré la vigilance des esclaves qui te servent, ces cachots, nous les ouvrirons ! Nous rendrons la liberté à tous ces malheureux frères canadiens qui souffrent atrocement de ta tyrannie ! Et un jour, peut-être, ces mêmes cachots deviendront ton tombeau et celui de tous tes stipendiaires !

Puis le jeune homme fit un court compte-rendu de son aventure de la nuit.

L’instant d’après les deux frères de lait se séparaient : l’un, Darmontel, refaisait le chemin que venait de parcourir Saint-Vallier ; l’autre, se couchait à son tour et s’endormait profondément.