Éditions Édouard Garand (71p. 28-32).

X

LES ADIEUX DE WILLIAM BENJAMIN


Avant de passer à d’autres personnages de ce récit et ne voulant pas ennuyer notre lecteur par un surcroît de détails, nous dirons seulement que le colonel Conrad ne manqua pas de « goddam » de « confound » et de « blooming »… en voyant lui échapper ceux qu’il avait cru si bien tenir. Il va de soi qu’il n’oublia pas non plus de chanter une fort jolie gamme à ses subalternes.

Disons encore que le soir de ce même jour nos deux anciens pitres purent retrouver, intacte. la précieuse valise dans « l’armoire » où l’avait mise Tonnerre, et cela à la grande satisfaction de William Benjamin qui ne ménagea pas ses éloges à nos deux compères. Et, naturellement, le modèle reconquis fut mis en lieu sûr.

Quant à Grossmann et Fringer, à qui le modèle du chasse-Torpille avait échappé, nous pouvons nous abstenir de dépeindre leur désappointement et leur fureur. Toutefois, comme ils ne sont pas chiens à démordre, nous ne serions nullement étonnés de les retrouver bientôt aux aguets quelque part, dans l’espoir bien juste de se rattraper.

Enfin, pour terminer ce sommaire, ajoutons que Pierre Lebon était parti pour New York emmenant avec lui la jeune et jolie américaine que Benjamin, un soir, avait prise sous sa protection et qui se trouvait être cette mystérieuse Miss Jane. Et nous verrons bientôt comment cette Miss Jane sut jouer ses cartes, et comment, toute bonne joueuse qu’elle était, elle finit par perdre la partie.

Ce petit résumé conclu, nous reprendrons sans plus la suite des événements.

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Quelques jours s’étaient écoulés depuis la fameuse aventure de Tonnerre et Alpaca.

Un après-midi, Lucien Montjoie, l’avocat, se présentait à l’hôtel Corona et se faisait conduire à l’appartement de William Benjamin.

Ce fut, comme on le prévoit, notre petite canadienne. Henriette Brière, qui reçut le jeune avocat. En dépit d’une certaine pâleur, qu’on pouvait attribuer à la fatigue et au surmenage, elle était toujours jolie et mignonne.

— Merci d’être venu, cher ami, dit-elle en offrant sa petite main à l’avocat.

— À votre coup de téléphone j’ai tout quitté pour accourir. Eh bien ! quoi de neuf ?

— Je viens de recevoir une dépêche de Pierre.

— Ah !… Que vous annonce-t-il de bon ou de mauvais ?

— Voyez-vous même !

Henriette prit sur une table un télégramme tout ouvert et le tendit au jeune homme qui lut :

Je tiens Kuppmein. Il n’a pas les plans. Mais suis sur la trace. Que dois-je faire de Kuppmein ? J’attends instructions.           Pierre.

L’avocat rendit la dépêche à la jeune fille et demanda :

— Qu’avez-vous décidé ?

— Rien encore, répondit Henriette dont la poitrine fut déchirée par un long et pénible accès de toux. Rien… reprit-elle… Ah ! quelle toux…

— La soignez-vous au moins ? interrogea Montjoie avec inquiétude.

— J’y emploie tout mon temps et mon argent. Mais bah ! c’est passé… Où en étions-nous ? Bon, je me souviens. Eh bien ! je n’ai rien décidé, parce que je désirais avoir avec vous un entretien avant de définir un plan d’action.

— Parlez, tout ce que je peux faire, je le ferai avec plaisir, et je suis prêt à coopérer de tout mon pouvoir pour la réussite de votre généreuse entreprise.

— Merci, monsieur Lucien. Voici le cas. Vous savez que nous avons pu recouvrer le modèle de Pierre, et je vous ai dit hier dans quelles circonstances ?

— Oui, je me rappelle que vous m’avez parlé d’un certain Parsons et d’Allemands qui auraient été mêles à cette affaire.

— Mais je ne vous ai pas dit que je connais maintenant, le véritable auteur du vol des plans et du modèle ?

— Ah ! qui donc est-il ?

— Excusez-moi de ne pas vous dire son nom aujourd’hui. Du reste, il a agi sous un déguisement et un faux nom, et si je formulais de suite une accusation, elle serait simplement trouvée ridicule, sans compter que je risquerais, par ce fait, de perdre tous les bénéfices déjà acquis. Je veux donc attendre l’heure — puisque toute chose vient à son heure — je veux attendre le moment, dis-je, où je pourrai faire lever le masque et, en même temps, faire éclater la vérité.

— C’est fort sensé, approuva l’avocat.

— Maintenant écoutez bien. Je ne parlerai pas de moi, vu que je suis « morte », sourit Henriette, mais de Pierre sur qui pèse toujours l’accusation de vol, et dont la position est fort empirée par sa « rupture de ban ». Il est à New York, c’est vrai, mais non tout à fait à l’abri, et à tout instant il peut donner dans un piège ou, à son insu, se jeter dans les bras de la police. Si un tel événement se produisait, il pourrait arriver que les plans du Chasse-Torpille nous échappent pour toujours, et que l’arrestation de Pierre apporte avec elle la ruine de notre entreprise.

— Cela est possible, en effet.

— Donc, la liberté de Pierre m’est excessivement précieuse, elle m’est indispensable, et j’ai voulu vous demander si, par certaines procédures judiciaires, il ne serait pas possible de faire suspendre, pour une certaine période de temps déterminée, les activités de la police.

— Je ne connais nulle procédure à cet effet.

— Mais en révélant à la police, par exemple, que nous avons découvert le véritable voleur à qui nous avons repris le modèle ?…

L’avocat eut un hochement de tête dubitatif et répondit :

— Justement ce modèle entre vos mains ne peut qu’aggraver votre position ou celle de Pierre, puisqu’il peut devenir contre vous une pièce à conviction. Il n’y aurait qu’un moyen : traîner le voleur devant les tribunaux.

— Ceci, nous ne pouvons le faire encore. Eh bien ! prenons une autre considération. Si nous prévenions la police que nous avons découvert les agissements mystérieux et dangereux d’une bande d’espions allemands auxquels mon voleur semble être affilié, est-ce que la police n’aurait pas tout intérêt à nous laisser carte blanche, sans compter que nous lui éviterons une rude besogne ?

— Tout cela, mademoiselle, est admirablement bien pensé. Mais je vous ferai observer que la police est très curieuse, peu discrète et fort méfiante, et ces trois qualités de la police devraient vous convaincre que la combinaison que vous proposez, relative à la sécurité de Pierre, a très peu de chances de succès.

— Que feriez-vous donc ?

— Ma foi, selon mon humble avis, je recommanderais d’abord à mon ami Pierre d’être prudent et de se tenir sans cesse sur ses gardes ; et ensuite, je travaillerais de toutes mes forces pour amener le plus tôt possible et avec de bonnes et fortes preuves le voleur devant la justice. Essayer de faire des ententes avec la police, ce serait tomber dans ce que les Américains appellent avec justesse le « Red Tape ». Vous n’en finiriez jamais, et vous vous exposeriez à perdre la partie et à vous perdre tout à fait, Pierre et vous. Et puis, remarquez-le, la loi ou la justice passe par une suite de formalités dont il faut nécessairement suivre le cours pour obtenir la justice qu’on réclame. Il y a eu un vol, on a tenu le voleur ou le soi-disant voleur, et ce voleur s’est échappé. Nouvelle accusation contre Pierre, et vous et vos deux braves vous êtes passible d’une charge terrible pour avoir empiété sur les prérogatives de la justice. Et, je vous le dis encore : à moins qu’un autre voleur, mais le vrai, contre lequel sera produite une preuve à conviction ne soit remis aux mains de la police, il n’y a rien à faire. Mais le jour où vous aurez les pièces à conviction et où vous serez certaine de tenir le voleur, alors, prévenez-moi, et j’arrangerai le reste de façon que tout marche vivement et avec le moins de bruit possible.

Henriette garda le silence. Sur son jeune front on aurait pu voir une ombre s’étendre et un pli profond s’y tracer, comme si sa pensée se fut trouvée en face d’un problème difficile à résoudre.

Après une assez longue méditation elle releva sa tête avec un mouvement brusque, et dit sur un ton empreint d’une énergie farouche :

— Soit, j’agirai tel que vous m’en donnez l’avis, monsieur Lucien. Avant quinze jours — oui, je vous le dis en toute confiance — avant quinze Jours j’amènerai le voleur devant la justice !

— Et moi, je vous répète que je ferai tout le nécessaire pour que cette justice ne lambine pas.

— Merci encore. Maintenant, voulez-vous que nous parlions d’autres choses ? Tenez, justement, j’ai une petite question à vous poser, sourit-elle avec ambiguïté.

— Je vous écoute.

— Savez-vous où j’irai faire un bout de veillée ce soir ?

— Voulez-vous me le dire ?

— Mais oui… tout bonnement j’irai faire ma cour à votre « ancienne ».

Et Henriette fit retentir un joli rire moqueur.

— Vous n’êtes pas un concurrent dangereux ! se mit à rire l’avocat à son tour.

— Vous vous trompez.

— Allons donc !

— Quand je vous le dis… Car, sachez-le, c’est William Benjamin que Miss Ethel reçoit avec une grâce ravissante !

Lucien éclata de rire.

— Vous n’êtes donc pas jaloux ? fit Henriette demi sérieuse.

— Nullement. Au fait, je ne vous ai pas dit que James Conrad m’a signifié mon congé ?

— Vous m’étonnez !

— Et voici à quel propos.

Montjoie narra alors la scène violente qui avait eu lieu entre lui et l’ingénieur. Et il ajouta pour terminer :

— Vous voyez que c’est définitif.

— Bah ! James Conrad reviendra sur cet incident sans importance.

— Lui, peut-être ; mais pas moi !

— Pourquoi pas ?

— Parce qu’Ethel et moi nous nous sommes dit adieu.

— Pour tout de bon ?

— Pour toujours !

— Pourtant, vous l’avez aimée ?

— Je l’aime encore.

— Vous voyez bien…

— Oui, mais je crois comprendre, ajouta Lucien sur un ton grave, que chaque jour à présent voit un abîme se creuser entre les deux races, et cet abîme, je le crains, finira par devenir infranchissable. Je sais bien qu’Ethel n’est pas très anglaise par la mentalité. Elle est plutôt fortement canadienne, elle parle admirablement bien notre langue, elle connaît nos coutumes et les pratique, elle a appris à vivre comme nous et avec nous, et j’oserais dire qu’elle pense comme nous pensons. Malheureusement, le sang demeure le même. Et puis… Tenez, Henriette, voulez-vous savoir toute ma pensée ?… À ce moment précis où je vous parle, je jurerais que Miss Ethel Conrad a totalement oublié le petit avocat pour ne plus rêver que du brillant William Benjamin.

Henriette se mit à rire.

— Lucien, si tel est le cas, avouez qu’il ne faut pas la blâmer.

— Pourquoi ? fit Lucien surpris.

— Pour deux bonnes raisons.

— Lesquelles ?

— La première : parce que vous avez brisé le premier lien !

— C’est juste. Et la seconde ?

— Parce qu’elle est femme ! répondit mystérieusement Henriette.

— Je vous comprends, sourit le jeune homme. Et puis je n’oserais lui jeter le moindre blâme. Car c’est moi qui ai suscité la scène entre son père et moi, et c’est encore moi qui, le premier, ai dit adieu !

— Pauvre fille, tout de même ! soupira Henriette. Et savez-vous que je la plains fort ?… Car, ce soir, se sera William Benjamin qui, à son tour, lui dira adieu !…

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Il est plus de huit heures, et nous sommes à Longueuil en la villa de James Conrad.

Comme à l’ordinaire, la famille est réunie dans le salon.

Le colonel vient d’arriver, et il semble fort soucieux. Il va sans dire que la conversation est tombée sur Pierre Lebon.

— La police a-t-elle découvert une piste ? avait demandé James Conrad.

— Pas la moindre ! répondit le colonel d’un ton rude.

— Fait-elle des recherches, au moins ?

— Dieu sait ! Toutefois, ses agents semblent avoir la certitude que Lebon est toujours dans la Métropole. Mais où, dans quel quartier, sur quelle rue, dans quel logis ?… Je veux être étranglé s’ils l’apprennent jamais !

— À propos de ce Kuppmein et de cette Miss Jane dont tu m’as parlé, en as-tu informé la police ?

— Oui. Seulement… Miss Jane, Kuppmein et tout le reste demeurent comme Lebon, introuvables.

— Cette Miss Jane n’habite donc plus rue Metcalf ?

— Elle en est partie depuis huit jours.

La vibration d’un timbre interrompit ce colloque.

— J’y vais, dit Ethel qui exécutait en sourdine quelques extraits d’opéra à son piano.

Elle se précipita vers la porte du vestibule.

Oui, c’était bien celui qu’elle attendait avec tant d’impatience… William Benjamin. Oui, le joli et l’élégant William Benjamin !

Le colonel frémit violemment.

L’ingénieur et sa femme souhaitèrent cordialement la bienvenue au pseudo-banquier qui, toujours impeccable dans ses manières comme dans sa mise, avait pour tous, et même pour le colonel, un sourire charmant.

Après les banalités d’usage, il dit en regardant l’ingénieur :

— Mon cher Monsieur, je viens vous instruire d’une nouvelle bonne pour vous, mais fort désagréable pour moi.

— Mon Dieu ! s’écria Ethel en pâlissant, que vous arrive-t-il donc ?

— Ceci simplement, sourit Benjamin ; je suis forcé de quitter Montréal.

Ethel chancela.

— Diable ! s’écria Conrad, la nouvelle est aussi désagréable pour nous tous qu’elle peut l’être pour vous-même !

— Merci pour ces bonnes paroles.

— Vous retournez à Chicago ? s’enquit Ethel, très émue.

— Pas directement. Je fais crochet par New York.

— Ah ! vous allez à New York ? fit le colonel dont la voix trembla légèrement.

— Oui, monsieur le colonel. Une affaire importante que j’avais un peu oubliée m’appelle par téléphone.

— Que c’est vexant ! murmura Ethel avec un air tout chagrin.

— Vous m’en voyez tout peiné, mademoiselle, car je m’étais habitué à votre très agréable compagnie, comme à celle de madame et de ces messieurs. Mais heureusement, la distance entre Chicago et votre superbe Métropole n’est pas si énorme qu’elle ne puisse pas par ci par là être franchie. Et si ma personne n’est pas tout à fait désagréable…

— Comment donc ! s’écria l’ingénieur…

— Eh bien ! poursuivit Benjamin, je prendrai peut-être la liberté de revenir un de ces jours vous demander une courte hospitalité.

— Vous nous ferez vraiment plaisir, répliqua Conrad. Et je vous prie de demeurer assuré que, à quelque jour ou heure que ce soit, vous serez le bienvenu !

— Merci. De mon côté, je vous affirme que j’emporte de cette maison et de ses hôtes le meilleur souvenir.

Et en même temps que ces paroles, Benjamin glissait un regard brûlant vers Ethel qui rougit de plaisir.

— Ainsi donc, reprit Conrad, vous ne nous direz pas adieu ?

— Non, monsieur. Je vous dis au revoir, car je ferai l’impossible pour que bientôt, ajouta-t-il avec un sourire ambigu, nous puissions nous retrouver.

Et déjà le jeune homme s’inclinait pour se retirer, lorsque la jeune fille intervint avec timidité et inquiétude :

— Mais vous ne nous laissez pas sitôt ?

— Hélas ! mademoiselle, il le faut. J’ai plusieurs petites affaires à voir ce soir même.

— Vous partez donc demain ?

Demain matin. Et comme je ne voulais pas quitter Montréal sans venir vous dire bonjour, ajouta-t-il en regardant les autres personnages, j’ai cru devoir vous faire cette courte visite.

Sur ce il y eut poignées de mains et révérences de part et d’autre, puis Ethel alla reconduire le magnifique Benjamin.

Mais pendant un assez long temps on aurait pu saisir un long échange de murmures dans le vestibule, et nul doute que Benjamin et Ethel se faisaient leurs douces et mystérieuses confidences. Mais comme il serait indiscret d’y prêter l’oreille, nous resterons avec les trois autres personnages du salon, où le colonel venait de dire à l’ingénieur :

— Mon oncle, voulez-vous que nous causions quelques minutes ?

— Est-ce bien particulier ?

— Tout à fait.

— Montons en haut.

— Vous nous excuserez, chère tante ? dit le colonel à Mme  Conrad qui déjà déployait un journal du soir.

— Certainement, allez !

Les deux hommes montèrent à l’étage supérieur.

Ethel et Benjamin causaient toujours, assis sur une banquette, près de la porte du vestibule.

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L’ingénieur et le colonel étaient montés à ce cabinet en lequel nous avons déjà introduit le lecteur lors de la scène qui s’était passée entre Conrad et l’avocat Montjoie.

— Eh bien ! qu’as-tu à me communiquer, Philip ? interrogea Conrad après avoir pris un siège.

Le colonel ne répondit pas de suite. Il alla fermer la porte soigneusement, tira une lourde tenture et prêta l’oreille aux bruits d’en bas. Et satisfait, sans doute, et sûr qu’il était que ses paroles ne pourraient descendre jusque-là, il revint à son oncle. Il en approcha un siège, s’assit et se penchant se mit à parler à voix basse… si basse qu’à deux pas de là on ne pouvait tout au plus saisir qu’un chuchotement. Et durant quinze minutes le colonel parla ainsi mystérieusement à son oncle… et le mystère devait être effarant au dernier point à en juger par la physionomie de l’ingénieur qui semblait manifester un étonnement indicible auquel se joignait l’épouvante ou l’horreur. Ses traits étaient devenus tirés et livides, ses yeux clignotaient affreusement.

Ce fut d’une voix méconnaissable qu’il dit, lorsque le colonel, avec un diabolique sourire, eut terminé ses terribles confidences :

— Ainsi… tu crois que ce William Benjamin aurait favorisé l’évasion et la fuite de…

— Chut !… souffla le colonel en posant un doigt sur ses lèvres et en prêtant l’oreille vers le vestibule en bas.

— C’était le bruit d’une porte qu’on ferme qui venait d’arriver à l’ouïe des deux personnages. Puis, aussitôt, dehors une toux claire… une toux de femme… troubla le silence de la nuit…

— C’est lui qui part ! murmura Conrad.

— Eh bien ! reprit le colonel à voix haute, que pensez-vous de mon projet ?

— Je suis assez de ton avis. Et en y réfléchissant, je commence à trouver en effet très singulières et louches les allures de ce William Benjamin.

— Eh bien ?… répéta le colonel avec une sorte d’anxiété dans la voix et le regard.

— Soit donc, dit Conrad après un moment de réflexion, nous irons à New York !

Une joie sombre plissa les lèvres du colonel.