Les Syrtes/Les bras qui se nouent en caresses

Premières Poésies : 1883-1886Société du Mercure de FranceLes Syrtes. Les Cantilènes (p. 73-74).



Les bras qui se nouent en caresses pâmées,
Le cordial bu du baiser animal,
Les cheveux qu’on tord, les haleines humées,
Des nerfs énervés apaisent-ils le mal ?

O nos visions les toujours affamées !
O les vœux sonnant ainsi qu’un faux métal !
En nos âmes, inéluctables Némées,
Qui viendra terrasser le monstre fatal ?


Et puisqu’il faut que toutes coupes soient brèves,
Puisqu’il faut en vain sur d’impossibles grèves
Chercher le népenthès et le lotus d’or ;

Ne vaudrait-il mieux le désir qu’on triture :
Ne vaudrait-il mieux te voler ta pâture,
Dégoût carnassier, ô funèbre condor !