Les Syrtes/Être serein ainsi qu’un roc

Premières Poésies : 1883-1886Société du Mercure de FranceLes Syrtes. Les Cantilènes (p. 87-88).


C’est par l’effet trompeur de Maya
quele principe intelligent paraît revêtu
de tant de formes ; mais la contem-
plation est comme un glaive avec le-
quel les hommes sages tranchent le
lien de Faction oui enchaîne la cons-

cience.
Bhagavata-Pourana.


Être serein ainsi qu’un roc inaccessible,
Sans souci de chercher l’oubli de ses pensées ;
L’âme close aux sanglots des lyres cadencées,
Aux rêves hasardeux ne pas servir de cible.

Aux ors incandescents des trésors des Palmyres,
Aux perles des Ophirs — aveugles ses prunelles ;
La vertèbre rétive aux visions charnelles
Éparses dans l’odeur énervante des myrrhes.


Le Temps pétrifié sur les feuillets du livre ;
Le Ciel du Cœur uni comme un métal ; sans rides,
O sensibilité, tes surfaces virides ;
L’aube pareille au crépuscule : O ne pas vivre !