Les Stratagèmes (Frontin)/Trad. Bailly, 1848/Livre II/Chapitre XII


Texte édité et traduit par Charles Bailly, 1848.
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XII. Ce qu’il faut faire pour la défense du camp, lorsqu’on n’a pas assez de confiance en ses forces.

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1. Le consul T. Quinctius, au moment où les Volsques se disposaient à attaquer son camp, ne retint sous les armes qu’une seule cohorte, envoya le reste de son armée se reposer, et ordonna aux trompettes de monter à cheval et de sonner en faisant le tour des retranchements. Cette fausse apparence ayant tenu les ennemis à distance et sur pied pendant toute la nuit, Quinctius fondit sur eux au point du jour, et défit aisément des troupes fatiguées de n’avoir pas dormi.

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2. Q. Sertorius, en Espagne, ayant une nombreuse cavalerie, qui s’avançait trop audacieusement jusque vers les retranchements de l’ennemi, fit creuser, pendant la nuit, des fosses disposées de manière à couvrir son armée ; puis, lorsque ses cavaliers voulurent sortir comme de coutume, il leur annonça qu’il était informé que l’ennemi avait dressé des embûches, et leur défendit, pour cela même, de s’éloigner de leurs enseignes, et de quitter leurs rangs. Grâce à cet acte d’adresse et de discipline, ses troupes qui, par hasard, donnèrent dans une véritable embuscade, n’en prirent point l’épouvante, parce qu’il les avait averties.

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3. Charès, général athénien, qui attendait du secours, et pensait que dans l’intervalle les ennemis, n’ayant rien à redouter du petit nombre de ses soldats, viendraient attaquer son camp, fit sortir la plus grande partie de ses troupes pendant la nuit, et par derrière, avec ordre de rentrer du côté où elles seraient le mieux à la vue de l’ennemi, pour faire croire que des renforts arrivaient. Cet artifice le mit en sûreté jusqu’à ce qu’il eût reçu les troupes qu’il attendait.

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4. Iphicrate, général athénien, étant campé dans une plaine, et ayant appris que les Thraces, qui s’étaient établis sur des collines d’où l’on ne pouvait descendre que par un seul endroit, avaient dessein de venir piller son camp pendant la nuit, fit sortir secrètement ses troupes et les posta de chaque côté du chemin par lequel les Thraces devaient passer ; et, lorsque ceux-ci accoururent du haut des collines vers le camp, où un grand nombre de feux, allumés par les soins de quelques hommes, faisaient croire à la présence de toute l’armée, il les attaqua par les deux flancs et les tailla en pièces.


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116. Cohortem tantummodo in statione detinuit. C’était le corps des Herniques. Voyez ce fait, avec ses particularités, dans Tite-Live, liv. ii, ch. 64 et 65.

117. Q. Sertorius, in Hispania, equitatu maximo comparato. Le texte de ce récit, dont la conclusion est étrangère à l’énoncé du chapitre, a sans doute reçu des altérations considérables : aussi est-il difficile d’en lier les diverses parties d’une manière satisfaisante. L’édition de Deux-Ponts commence ainsi le paragraphe : « Q. Sertorius, hostium equitatui maxime impar, qui usque ad ipsas, etc.,  » ce qui n’offre avec la suite aucun sens admissible. J’ai cru devoir adopter une autre leçon, qu’Oudendorp s’est contenté d’indiquer, sans la faire entrer dans son texte, et qui a été suivie déjà dans plusieurs éditions.

118. Chares, dux Atheniensium.Voyez Polyen, liv. iii, ch. 13.

119. A lateribus adortus, oppressit. Cf. Polyen, liv. iii, ch. 9, § 46 ; et Frontin, liv. i, ch. 5, § 24.


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