Les Stratagèmes (Frontin)/Trad. Bailly, 1848/Livre II/Chapitre XI


Texte édité et traduit par Charles Bailly, 1848.
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XI. Maintenir dans le devoir ceux dont la fidélité est douteuse.

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1. P. Valerius, craignant une révolte des habitants d’Épidaure, parce qu’il n’avait que peu de troupes dans cette ville, prépara des jeux gymniques loin des murs. Presque toute la population étant sortie pour jouir de ce spectacle, il ferma les portes, et ne laissa rentrer les Épidauriens qu’après s’être fait donner des otages par les premiers citoyens.

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2. Cn. Pompée, qui se méfiait de ceux de Catane, et craignait qu’ils ne reçussent pas ses troupes en garnison, les pria de permettre à ses malades de séjourner temporairement dans leur ville pour se rétablir ; et, à l’aide de ses meilleurs soldats, qu’il y envoya en les faisant passer pour des malades, il se rendit maître de la place, et la retint dans l’obéissance.

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3. Alexandre, marchant vers l’Asie, après avoir vaincu et soumis les Thraces, et craignant que ces peuples ne reprissent les armes après son départ, emmena avec lui, comme à titre d’honneur, leurs rois, leurs généraux, et tous ceux qui paraissaient avoir à cœur leur liberté perdue ; puis il mit le peuple sous la domination de plébéiens qui, lui étant redevables de leur élévation, ne voulurent rien changer à ce qu’il avait fait ; et la nation ne put rien entreprendre, n’ayant plus ses véritables chefs.

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4. Antipater, voyant arriver les premières troupes des Nicéens, qui, sur un bruit de la mort d’Alexandre, étaient accourus pour ravager ses provinces, feignit d’ignorer leurs intentions, les remercia d’être ainsi venus au secours d’Alexandre contre les Lacédémoniens, et ajouta qu’il en informerait le roi, les engageant, au reste, à retourner chez eux, parce qu’il n’avait pas besoin de leurs services pour le moment. Cet artifice écarta le danger, que rendait imminent le nouvel état des choses.

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5. Scipion l’Africain, à qui l’on présenta, en Espagne, entre autres captives, une jeune fille en âge d’être mariée, et dont la rare beauté attirait tous les regards, ordonna qu’elle fût gardée avec soin, et la rendit à son fiancé, qui se nommait Allucius. En outre, l’or que les parents de cette jeune fille avaient apporté pour sa rançon, fut remis en dot par Scipion au fiancé lui-même. Leur nation entière, gagnée par de tels actes de grandeur d’âme, se soumit à l’empire du peuple romain.

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6. Alexandre, roi de Macédoine, eut, dit-on, tant d’égards et de respect pour une jeune captive d’une grande beauté, fiancée à un prince d’une nation voisine, qu’il ne jeta pas même les yeux sur elle. Il la renvoya sur-le-champ à celui qu’elle devait épouser, et ce bien fait lui concilia l’amitié de toute la nation.

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7. L’empereur César Auguste, dans la guerre où ses victoires sur les Germains lui valurent le surnom de Germanicus, ayant établi des forts sur le territoire des Ubiens, accorda une indemnité à ces peuples pour la perte du revenu des terrains compris dans les retranchements. Cet acte de justice, que la renommée publia, lui assura la fidélité de tous.


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113. Alexander. Cf. Justin, liv. ii, ch. 5.

114. Neciorum exercitu. Il est impossible de dire ce qu’était ce peuple, qui n’est cité que par Frontin. Parmi les commentateurs, qui sont tous embarrassés à ce sujet, Schwebel pense, avec Wesseling, qu’il faudrait lire Bessorum. Les Besses étaient les peuples les moins civilisés de la Thrace.

115. Pro nuptiali munere dedit.Voyez pour ce fait Tite-Live, liv. xxvi, ch. 50 ; Valère Maxime, liv. iv, ch. 3, § 1 ; Aulu-Gelle, liv. vi, ch. 8.


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