QUE LA MONARCHIE BIEN
ordonnée, ne tombe en chois, ny en sort, ny en quenoille : ains
qu’elle eschet par droit successif au masle le plus proche
de l’estoc paternel, & hors partage.


CHAP. V.


Ce n’est pas assez de dire que la Monarchie Royale & 
legitime est meilleure que la Démocratie, ou Aristo
cratie : si on ne dit Monarchie devoluë par droit successif au masle le plus proche du nom, & hors parta
ge : car combien que la Monarchie legitime soit tousjours 
preferable aux autres Republiques : si est-ce qu’entre les 
Monarchies, celle qui vient par droit successif aux masles, du nom plus
 proches & hors partage, est beaucoup plus loüable, & plus seure que les autres, qui viennent par sort, ou par chois : ou bien au masle qui n’est pas le plus 
proche : ou qui est le plus proche, mais du costé maternel : ou qui est le plus de l’estoc paternel, mais qui doibt partage à ses coheritiers de 
toute la Monarchie, ou de partie d’icelle. ce quil eft befoin d’efclarcir
Le voile des par raifons neceffaires,& par exéples, pour leuerl opinion que plufieurs
rebellions impriment aux fugets dautruy ,&parce moyen entretiennent lesre-
contreles bellions,pour changerles Monarchies bien ordonnées,&remuer cielPrinces. & terre. Et tout cela fc fait foubs le voile de vertu , de pieté , ôc
de Iuftice.Et mefmes il s’en trouue qui ofent publier liures, &fou-
ftenir contre leur prince naturel venu à la couronne par légitimé fuc-
ceffion, que le droit de chois eft meilleur en la Monarchie : comme
il a efté [tait en Angleterre le v i i. Septembre m. d. l x v i . où la
Royne affifta à la difpute des efcholiers, à Oxefort, ce qui eftonna
les feigneurs qui eftoyent prefens, oyans cefte nouuelle dodrine de-
fcholiers. Or le pis eft que des paroles on vient aux prefehes publi¬
ques , ôc puis aux armes. Et qui eft celuy qui ne feroit pire , d’oyr
vn qui detefteles cruautez, les exadions dvn tyran, qui n’a ny l’hon¬
neur de Dieu , ny la vérité , ny la Iuftice en recommandation ? qui
chaffe les gens de bien, & fe ioint aux mefehans ? ôc qui adioufte à
la fin cefte exclamation , O que la Monarchie eft heureufe , où les
eftats du peuple font chois d’vn Roy iufte, &droi&urier: qui craint
Dieu fur tout:qui honnorela vertu, qui fut prix des bons, qui cha-
llie les vices: qui decerne le droit loyer aux gens de bien, ôc la peine
aux mefehans: qui a les flateurs en horreur : qui tient fa foy , & fes
promeffes : qui bannift les fàngfuesdecour, & les inuenteurs de nou¬
uelles exa£tions,qui efpargne le fang de fes fugets comme le fien : qui
vange les iniures d’autruy, ôc pardonne les fîennes : ôc qui fur tout à
la religion d’honneur deuant fes yeux. Ayant mis fesloüangesauco-
trepoix d’vne tyrannie comblee de tous vices , foudain le peuple fe
met en l’efprit, qu’il n’y a rien plus heureux que la Monarchie , qui
tombe en ele&ion. Et non feulement les fimples , ôc peu entendus
en la fcience politique, ains encores ceux-là qui font eftimez lesplus
fufifans s’abufent bien fouuent, ne prenant que le bien apparent a vn
cofté, Ôc laiflantles abfùrditez, ôc incommoditez qui fè trouuent d’au¬
tre cofté. Car mefmes Ariftote eft d’aduis^qu’on eflife les Monarques,
appellant Barbares ces peuples là , qui prennent les Roys par droit
fucceflif. ôc pour cefte caufe, il eftime les Carthaginois plus heureux
que les Lacedemoniens, parce que ceux cy prenoyent leurs Roys
Opinion par fucceflion de pere en fils, ôc ceux là les eflifoyent. Il faut donc
d’Ariftote appeller Barbares les Affyriens, Medois, Perfans, Egyptiens, Afia-
contraire a tiques, Parthes, Indois, AfFricains, Turcs, Tartares, Arabes,Mof-
touslespeu chouites , Celtes, Anglois EfcofTois, François, Efpaignols, Peru-
pies*tfînSjNumideSjEthiopiens, ôc infinis autres peuples qui n’ont Roysque par droit fucceflif Et mefmes nous trouuons en Grece, quieftle Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/721 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/722 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/723 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/724 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/725 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/726 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/727 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/728 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/729 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/730 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/731 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/732 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/733 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/734 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/735 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/736 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/737 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/738 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/739 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/740 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/741 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/742 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/743 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/744 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/745 Page:Bodin - Les Six Livres de la République, 1576.djvu/746 donné ce privilege special à la maison d’Austriche, que défaillant la ligne
mafculine, les filles fuccederoyentimaisTEmpereur ne l’auoit peu faire
fans l’expres vouloir, & confentement des eftats de l’Empire. Aufli O-
thocharRoy deBohefmede la maifon d’Auftriche, fans auoir efgard à
la permiflion de Federic, querela le Duché d’Auftriche, ôc leua vne
puiifante armee cotre Raol, qui s’en portoit feigneur en vertu du priui-
lege.depuis celà c’eft aufli eftendu à la maifon de Bauieres. Mais enco¬
res il n’y auoit iamais eu peuple fî lafche, qui enduraft foubs le voile de
la fucceljîo feodale, que les fémes empietaflet la fouueraineté : ôc moins
encores enAfîe, & enAfFrique que Europe, quoy que foit, la Frace Dieu
mercy, s’en efl : toufiours guarentiexar laloy Saliquenefutpas feulemét
alleguee, &pratiquée foubs Philippes, & Charles le Bel, defquels les fil¬
les ne prétendirent rien au Royaume : ains aufli foubs Clotaire, Sige-
bert, &Childebert, qui furent preferez aux filles des Roys qui ne que-
rellerent onques la couronne. ôc mefmes la loy Salique a efté pratiquée
en la maifon de Sauoye : car Pierre de Sauoye fift débouter fil niepee
Confiance de la fucceflion de Sauoye, par fcntence des arbitres accor¬
dez l’an M.ccLVi.Combien que à la vérité, c’eft tout vn que les femmes
commâdent en fouueraineté, où bien que les Princes fouuerains obeif-
fent auxfemmesjcomme difoit Caton laifne, apres4 Ariftote.t+-^^b’1-ca