Les Reposoirs de la procession (1893)/Tome I/Le silence
Édition du Mercure de France, (Tome premier, p. 201-205).
LE SILENCE
À Charles-Henri Hirsch.
Timide fantôme en toile d’araignée, qui donc es-tu ?
Dut faire, le fantôme, un signe à quelque brise d’aventure, car je lus sur la nuque des luzernes :
— Je suis le Refuge des corps étourdis par la besogne de la Vie.
⁂
— Discret fantôme en toile d’araignée, qui donc es-tu ?
Dut faire, le fantôme, un signe à quelque rais de lune, car je lus sur la mare aux libellules :
— Je suis la Consolation des âmes frustrées par le salaire de la Vie.
⁂
— Étrange fantôme en toile d’araignée, qui donc es-tu ?
Dut faire, le fantôme, un signe à quelque chauve-souris, car je lus sur la sublime ardoise du sommeil :
— Je suis l’Excuse de la Mort et je me nomme le Silence.