Les Rôdeurs de frontières/Chapitre 02

Fayard (p. 17-29).


II

QUONIAM.


Le Canadien ne perdait pas de l’œil un seul des mouvements de ses adversaires pendant qu’il leur parlait ; aussi, lorsque la décharge commandée par John Davis éclata, fut-elle sans effet ; il s’était rapidement effacé derrière un arbre et les balles sifflèrent inoffensives à ses oreilles.

Le marchand d’esclaves était furieux d’avoir été joué ainsi par le chasseur, il proférait contre lui les plus horribles menaces, blasphémait et frappait du pied avec rage.

Mais menaces et blasphèmes rien n’y faisait ; à moins de traverser la rivière à la nage, ce qui était impraticable en face d’un homme aussi résolu que paraissait l’être le chasseur, il n’y avait aucun moyen de tirer de lui une vengeance quelconque, et surtout de ressaisir l’esclave qu’il avait si délibérément pris sous sa protection.

Pendant que l’Américain se creusait vainement la tête pour trouver un expédient qui lui fît reprendre l’avantage, une balle siffla et le rifle qu’il tenait à la main vola en éclats.

— Chien maudit ! s’écria-t-il en rugissant de colère, veux-tu donc m’assassiner ?

— Je serais en droit de le faire, répondit le Canadien, je suis dans le cas de légitime défense, puisque vous-même avez voulu me tuer ; mais je préfère traiter à l’amiable avec vous, bien que je sois convaincu que je rendrais un grand service à l’humanité en vous logeant une couple de chevrotines dans le crâne.

Et une seconde balle vint au même instant briser le fusil d’un des domestiques occupé à le recharger.

— Voyons, finissons-en, s’écria l’Américain exaspéré ; que voulez-vous ?

— Je vous l’ai dit, traiter à l’amiable avec vous.

— Mais à quelles conditions ? dites-les-moi au moins.

— Dans un instant.

Le rifle du deuxième domestique fut brisé comme celui du premier.

Des cinq hommes, trois étaient maintenant désarmés.

— Malédiction ! hurla le marchand d’esclaves, avez-vous donc résolu de nous prendre pour cible les uns après les autres ?

— Non, je veux seulement égaliser les chances.

— Mais…

— Voilà qui est fait.

Le quatrième fusil vola en éclats.

— Maintenant, ajouta le Canadien en se montrant, causons.

Et, quittant son abri, il s’avança sur le bord de la rivière.

— Oui, causons, démon ! s’écria l’Américain.

Par un mouvement aussi prompt que la pensée, il s’empara du dernier rifle et l’épaula, mais avant qu’il eût pu lâcher la détente, il roula sur la plate-forme en jetant un cri de douleur.

La balle du chasseur lui avait cassé le bras.

— Attendez-moi, j’arrive, reprit le Canadien toujours narquois.

Il rechargea son rifle, sauta dans la pirogue, et en quelques coups de pagaie il se trouva de l’autre côté de la rivière.

— Là ! fit-il en débarquant et en s’approchant de l’Américain, qui se tordait comme un serpent sur la plate-forme, en hurlant et en blasphémant, je vous avais averti ; je ne voulais qu’égaliser les chances, vous ne devez pas vous plaindre de ce qui vous arrive, mon cher ami : la faute en est à vous seul.

— Saisissez-le ! tuez-le ! criait le misérable, en proie à une rage indicible.

— Là ! là ! calmons-nous. Mon Dieu, vous n’avez que le bras cassé, après tout ; réfléchissez qu’il m’eût été facile de vous tuer si je l’avais voulu. Que diable ! il faut être de bon compte aussi, vous n’êtes pas raisonnable.

— Oh ! je te tuerai ! cria-t-il en grinçant des dents.

— Je ne crois pas, à présent du moins ; plus tard je ne dis pas. Mais laissons cela ; je vais examiner votre blessure et vous panser tout en causant.

— Ne me touche pas ! ne m’approche pas, ou je ne sais à quelle extrémité je me porterai.

Le Canadien haussa les épaules.

— Vous êtes fou, dit-il.

Incapable de supporter plus longtemps l’état d’exaspération dans lequel il se trouvait, le marchand, affaibli d’ailleurs par le sang qu’il perdait, fit un vain effort pour se relever et se précipiter sur son ennemi ; mais il tomba à la renverse et s’évanouit en murmurant une dernière imprécation.

Les domestiques étaient restés attérés autant de l’adresse sans exemple de cet homme étrange que de l’audace avec laquelle, après les avoir désarmés les uns après les autres de leurs fusils, il avait traversé la rivière pour revenir pour ainsi dire se livrer entre leurs mains, car s’ils n’avaient plus de fusils, leurs pistolets et leurs couteaux leur restaient.

— Ça, messieurs, dit le Canadien en fronçant le sourcil, jetez s’il vous plait l’amorce de vos pistolets, ou, vive Dieu ! nous allons en découdre.

Les domestiques se souciaient peu d’entamer une lutte avec lui, d’ailleurs la sympathie qu’ils éprouvaient pour leur maître n’était pas grande, tandis qu’au contraire le Canadien, grâce à la façon expéditive dont il avait agi, leur inspirait une crainte superstitieuse extrême ; ils obéirent donc à son injonction avec une sorte d’empressement, ils voulurent même lui remettre leurs couteaux.

— Ce n’est pas nécessaire, dit-il ; maintenant, occupons-nous à panser ce digne gentleman ; ce serait dommage de priver la société d’un si estimable personnage qui en fait le plus bel ornement.

Il se mit aussitôt à l’œuvre, aidé par les domestiques qui exécutaient ses ordres avec une rapidité et un zèle extraordinaires, tant ils se sentaient dominés par lui.

Contraints par le genre de vie qu’ils mènent de se passer de tout secours étranger, les coureurs des bois possèdent tous à un certain degré les notions élémentaires de la médecine et surtout de la chirurgie et peuvent, le cas échéant, traiter une fracture ou une blessure quelconque aussi bien que n’importe quel docteur gradué dans une Faculté, et cela par des moyens fort simples et employés ordinairement avec le plus grand succès par les Indiens.

Le chasseur prouva, par l’adresse et la dextérité avec laquelle il opéra le pansement du blessé, que s’il savait faire les blessures, il savait presque aussi bien les guérir.

Les domestiques contemplaient avec une admiration croissante cet homme extraordinaire, qui semblait s’être métamorphosé tout à coup et procédait avec une sûreté de coup d’œil et une légèreté de main que bien des médecins lui eussent enviés.

Pendant le pansement, le blessé avait repris connaissance, il avait ouvert les yeux, mais il était demeuré silencieux : sa fureur s’était calmée, sa nature brutale avait été domptée par l’énergique résistance que lui avait opposée le Canadien. À la première et cuisante douleur de la blessure avait succédé, comme cela arrive toujours lorsque le pansement est bien fait, un bien-être indéfinissable ; aussi, reconnaissant malgré lui du soulagement qu’il éprouvait, il avait senti se fondre sa haine en un sentiment dont il ne se rendait pas encore compte lui-même, mais qui lui faisait maintenant regarder son ennemi presque d’un air amical.

Pour rendre à John Davis la justice qui lui est due, nous dirons qu’il n’était ni meilleur ni plus mauvais qu’aucun de ses confrères, qui, comme lui, trafiquaient de la chair humaine ; habitué aux douleurs des esclaves qui, pour lui, n’étaient autre chose que des êtres privés de raison, une marchandise en un mot, son cœur s’était peu à peu blasé aux émotions douces ; il ne voyait dans un nègre que l’argent qu’il avait déboursé et celui qu’il espérait en tirer, et comme un véritable négociant, il tenait beaucoup à son argent ; un esclave marron lui semblait un misérable voleur, contre lequel tout moyen était bon à employer pour l’obliger à ne pas lui faire tort de sa personne.

Cependant cet homme n’était pas insensible à tout bon sentiment, en dehors de son commerce il jouissait même d’une certaine réputation de bonté et passait pour un gentleman, c’est-à-dire pour un homme comme il faut.

— Là, voilà qui est fait, dit le Canadien en jetant un regard de satisfaction sur les ligatures, dans trois semaines il n’y paraîtra plus, si vous vous soignez bien, d’autant plus que par un bonheur inouï, l’os n’a pas été attaqué et que la balle n’a fait que traverser les chairs. Maintenant, mon bon ami, si vous voulez causer, je suis prêt.

— Je n’ai rien à vous dire, moi, si ce n’est de me rendre le maudit moricaud qui est cause de tout le mal.

— Hum ! si nous continuons ainsi, je crains que nous ne nous entendions pas. Vous savez bien que c’est justement à propos de la reddition de votre moricaud, ainsi que vous l’appelez, qu’est venue toute la querelle.

— Je ne puis cependant perdre mon argent.

— Comment, votre argent ?

— Mon esclave, si vous le préférez ; il représente pour moi une somme, que je ne me soucie nullement de perdre, d’autant plus que depuis quelque temps les affaires vont fort mal et que j’ai éprouvé des pertes considérables.

— C’est fâcheux, je vous plains sincèrement ; cependant, je tiendrais à arranger cette affaire à l’amiable, ainsi que je l’ai commencée, reprit le Canadien avec bonhomie.

L’Américain fit la grimace.

— Drôle de façon amiable que vous avez de traiter les affaires, dit-il.

— C’est votre faute, mon ami, si nous ne nous sommes pas entendus tout d’abord, vous avez été un peu vif, convenez-en.

— Enfin, n’en parlons plus, ce qui est fait est fait.

— Vous avez raison, revenons à notre affaire ; malheureusement je suis pauvre, sans cela, je vous donnerais quelques centaines de piastres, et tout serait dit.

Le marchand se gratta la tête.

— Écoutez, fit-il, je ne sais pourquoi, mais malgré ce qui s’est passé entre nous, et peut-être à cause de cela même, je ne voudrais pas que nous nous séparions dans de mauvais termes, d’autant plus que pour être franc je tiens fort peu à Quoniam.

— Qu’est-ce que c’est que cela, Quoniam ?

— C’est le nègre.

— Ah ! fort bien, drôle de nom que vous lui avez donné là ; enfin n’importe, vous dites donc que vous tenez fort peu à lui ?

— Ma foi, oui.

— Alors pourquoi lui appuyez-vous une chasse aussi acharnée avec accompagnement de chiens et de rifles ?

— Par amour-propre.

— Oh ! fit le Canadien avec un geste de mécontentement.

— Écoutez-moi, je suis marchand d’esclaves.

— Un fort vilain métier, entre parenthèse, observa le chasseur.

— Peut-être, je ne discute pas là-dessus. Il y a un mois, à Bâton-Rouge, on annonça une grande vente publique d’esclaves des deux sexes appartenant à un riche gentleman qui était mort subitement. Je me rendis donc à Bâton-Rouge. Parmi les esclaves exposés aux regards des amateurs, se trouvait Quoniam ; le drôle est jeune, bien découplé, vigoureux ; il a l’air hardi et intelligent : naturellement il me plut au premier coup d’œil et je désirai l’acheter. Je m’approchai et je le questionnai ; le drôle me répondit textuellement ceci avec une effronterie qui me décontenança tout d’abord :

— Maître, je ne vous conseille pas de m’acheter, j’ai juré d’être libre ou de mourir ; quoi que vous fassiez pour me retenir, je vous avertis que je m’échapperai ! Maintenant, voyez ce que vous avez à faire.

Cette déclaration si nette et si péremptoire me piqua. Nous verrons, lui dis-je, et j’allai trouver l’homme chargé de la vente. Cet individu qui me connaissait chercha à me dissuader d’acheter Quoniam, en me donnant une foule de raisons toutes meilleures les unes que les autres pour ne pas m’obstiner dans ma résolution. Mais mon parti était pris, je tins bon : Quoniam me fut livré au prix de quatre-vingt-dix piastres, bon marché fabuleux pour un nègre de son âge et taillé comme il l’est ; mais personne n’en voulait à aucun prix. Je mis les fers à mon esclave et je l’emmenai, non pas chez moi, mais à la prison, afin d’être plus sûr qu’il ne m’échapperait pas. Le lendemain, quand j’entrai dans la prison, Quoniam était parti ; il m’avait tenu parole.

Au bout de deux jours il était repris : le soir même il repartait, sans qu’il me fût possible de deviner par quel moyen il parvenait à déjouer les précautions que j’employais pour le retenir. Que vous dirai-je ? voilà un mois que cela dure ; il y a huit jours, il s’est encore échappé : depuis, je suis à sa recherche ; désespérant de parvenir à le retenir, la colère s’est emparée de moi, et je me suis mis à ses trousses en le suivant à la piste avec des limiers, résolu, cette fois, à en finir, coûte que coûte, avec ce maudit nègre qui me glisse continuellement entre les doigts comme une couleuvre.

— C’est-à-dire, observa le Canadien qui avait écouté avec intérêt le récit du marchand, que poussé à bout vous n’auriez pas hésité à le tuer.

— Ma foi non, d’autant plus que cet effronté coquin est tellement rusé ; il s’est si constamment moqué de moi que j’ai fini par le prendre en exécration.

— Écoutez à votre tour, master John Davis ; je ne suis pas riche, tant s’en faut ; qu’ai-je besoin d’or ou d’argent, moi homme du désert auquel Dieu dispense si généreusement la nourriture de chaque jour ? Ce Quoniam, si avide de liberté et de grand air, m’inspire malgré moi un vif intérêt ; je veux tâcher de lui donner cette liberté à laquelle il aspire avec une constance si grande. Voici ce que je vous propose : j’ai là dans ma pirogue trois peaux de jaguars et douze peaux de castors qui, vendues dans n’importe quelle ville de l’Union, vaudraient au moins cent cinquante à deux cents piastres ; prenez-les, et que tout soit fini.

Le marchand le regarda avec une surprise mêlée d’une certaine bienveillance.

— Vous avez tort, dit-il enfin ; le marché que vous me proposez est trop avantageux pour moi et trop peu pour vous. Ce n’est pas ainsi que se font les affaires.

— Que vous importe ? je me suis mis dans la tête que cet homme serait libre.

— Vous ne connaissez pas la nature ingrate des nègres, reprit-il avec insistance ; celui-là ne vous sera nullement reconnaissant de ce que vous faites pour lui, au contraire, à la première occasion peut-être vous donnera-t-il lieu de vous repentir de votre bonne action.

— C’est possible, cela le regarde, je ne lui demande pas de reconnaissance ; s’il m’en témoigne, tant mieux pour lui, sinon, à la grâce de Dieu ! j’agis selon mon cœur, ma récompense est dans ma conscience.

— By god ! vous êtes un brave garçon, savez-vous ? s’écria le marchand incapable de se contenir plus longtemps. Il serait bon que l’on rencontrât plus souvent des hommes de votre trempe. Eh bien ! je veux vous prouver que je ne suis pas aussi méchant que vous seriez en droit de le supposer après ce qui s’est passé entre nous ; je vais vous signer l’acte de vente de Quoniam, et je n’accepterai en retour qu’une peau de tigre comme souvenir de notre rencontre, bien que, ajouta-t-il avec une grimace en montrant son bras, vous m’en ayez déjà donné un autre.

— Tope ! s’écria le Canadien joyeux, seulement vous prendrez deux peaux au lieu d’une, parce que j’ai l’intention de vous demander un couteau, une hache et le rifle qui vous reste, pour que le pauvre diable auquel nous rendons la liberté (car maintenant vous êtes moitié dans ma bonne action) puisse pourvoir à sa nourriture.

— Soit ! s’écria le marchand d’un ton de bonne humeur, puisque le drôle veut absolument être libre, qu’il le soit et qu’il aille au diable.

Sur un signe de son maître, un des domestiques sortit d’une gibecière encre, plumes, papiers, et rédigea, séance tenante, non pas un acte de vente mais, d’après le désir du Canadien, un acte de libération parfaitement en règle, auquel le marchand apposa tant bien que mal sa signature, et que les domestiques signèrent ensuite comme témoins.

— Ma foi ! s’écria John Davis, il est possible qu’au point de vue des affaires j’aie fait une sottise, mais vous me croirez si vous voulez, jamais je n’ai été aussi content de moi.

— C’est que, répondit sérieusement le Canadien, vous avez aujourd’hui suivi les impulsions de votre cœur.

Le Canadien quitta alors la plate-forme pour aller chercher les peaux. Au bout d’un moment il revint avec deux magnifiques peaux de jaguars, parfaitement intactes, et qu’il donna au marchand. Celui-ci, ainsi que cela avait été convenu, lui remit les armes ; mais alors un scrupule s’empara du chasseur.

— Un moment, dit-il, si vous me donnez ces armes comment ferez-vous vous-même pour retourner aux habitations ?

— Que cela ne vous inquiète point, répondit John Davis ; j’ai laissé à trois lieues d’ici au plus mes chevaux et mes gens. D’ailleurs nous avons nos pistolets qui pourraient nous servir au besoin.

— C’est juste observa le Canadien, de cette façon vous n’avez rien à redouter ; cependant, comme votre blessure ne vous permettrait pas de faire un aussi long trajet à pied, je vais aider vos domestiques à vous préparer un brancard.

Et avec cette adresse dont il avait déjà donné tant de preuves, en un tour de main le Canadien eut confectionné, avec des branches abattues à coups de hache, un brancard sur lequel on étendit les deux peaux de tigres.

— Maintenant, dit-il, adieu ; peut-être ne nous reverrons-nous jamais. Nous nous quittons, je l’espère, en meilleurs termes que nous ne nous sommes rencontrés : souvenez-vous qu’il n’y a pas de si vilain métier qu’un honnête homme ne puisse faire honorablement ; lorsque votre cœur vous inspirera une bonne action, ne soyez pas sourd et accomplissez-la sans regret, car c’est Dieu qui vous aura parlé.

— Merci, répondit le marchand avec une certaine émotion, un mot encore avant que nous ne nous séparions !

— Parlez.

— Dites-moi votre nom, afin que si quelque jour le hasard nous remettait en présence, je puisse faire appel à vos souvenirs, comme vous feriez appel aux miens !

— C’est juste, je me nomme Tranquille, les coureurs des bois, mes confrères, m’ont surnommé le tueur de tigres.

Et avant que le marchand fût revenu de l’étonnement causé par cette subite révélation du nom d’un homme dont la renommée était universelle sur les frontières, le chasseur, après lui avoir fait un dernier signe d’adieu, avait sauté de la plate-forme, avait détaché sa pirogue et s’était éloigné en pagayant vigoureusement vers l’autre rive.

— Tranquille, le tueur de tigres ! murmura John Davis dès qu’il fut seul, c’est vraiment mon bon génie qui m’a inspiré de me faire un ami d’un tel homme.

Il s’étendit sur le brancard dont deux de ses domestiques prirent les bras, et après avoir jeté un dernier regard vers le Canadien qui en ce moment débarquait sur la rive opposée.

— En route, dit-il.

Bientôt la plate-forme redevint solitaire, le marchand et sa suite avaient disparu sous le couvert et on n’entendit plus que le bruit qui s’affaiblissait de plus en plus et ne tarda pas à s’éteindre tout-à-fait, des aboiements saccadés des limiers qui couraient en avant de la petite troupe.