Les Quatre livres/Entretiens de Confucius/03

(attribué à)
Traduction par Séraphin Couvreur.
Imprimerie de la mission catholique (p. 84-101).
ENTRETIENS DE CONFUCIUS



CHAPITRE III. PA I.


1. Le chef de la famille Ki avait huit chœurs de pantomimes qui chantaient dans la cour du temple de ses ancêtres. Confucius dit : « S’il ose se permettre un tel abus, que n’osera-t-il se permettre ? » Le chef de la famille Ki ou Ki suenn était grand préfet dans la principauté de Lou. I rangée (ou chœur) de pantomimes. L’empereur avait huit chœurs de pantomimes ; les tchou heou, six, les tai fou, quatre et les officiers inférieurs, deux. Le nombre des hommes dans chaque chœur était égal au nombre des chœurs. Quelques auteurs disent que chaque chœur se composait de huit hommes. On ne sait laquelle de ces deux opinions est la vraie. Le chef de la famille Ki était seulement tai fou ; il usurpait les cérémonies et les chants réservés à l’empereur.

2. Les trois familles faisaient exécuter le chant Ioung, pendant qu’on enlevait les vases, (après les offrandes). Le Maître dit : « Les aides sont tous des princes feudataires ; la tenue du Fils du Ciel est très respectueuse ; » comment ces paroles peuvent elles être chantées dans le temple des ancêtres des trois familles ? » Ces trois familles étaient les familles Meng suenn (ou Tchoung suenn), Chou suenn et Ki suenn, dont les chefs étaient grands préfets dans la principauté de Lou.

Parmi les fils de Houan, prince de Lou, le prince Tchouang, né de la femme légitime, devint le chef de la principauté ; K’ing fou, Chou ia et Ki iou, nés d’une femme de second rang, formèrent trois familles : K’ing fou, la famille Tchoung suenn, Chou ia, la famille Chou suenn, et Ki iou, la famille Ki suenn. K’ing fou changea le nom de Tchoung (second fils) et prit celui de Meng (fils aîné), parce qu’il était le fils aîné d’une femme de second rang, et qu’il n’osait pas se dire le frère cadet du prince Tchouang.

Ioung est le nom d’une ode qui se trouve dans le Cheu king parmi les Eloges des Tcheou. Ou wang la faisait chanter, quand il présentait des offrandes à Wenn wang. Les Tcheou la faisaient chanter dans le temple des ancêtres à la fin des offrandes, pour annoncer que la cérémonie était terminée. Les chefs des trois familles, qui n’avaient que le rang de tai fou, se permettaient l’usage d’une cérémonie et d’un chant réservés à l’empereur.

3. Le Maître dit : « Comment un homme dépourvu des vertus qui sont propres à l’homme peut il accomplir les cérémonies ? Comment un homme dépourvu des vertus qui sont propres à l’homme peut il cultiver la musique ? » Quand un homme perd avec les vertus du cœur les qualités propres à l’homme, son cœur n’a plus le respect, qui est la partie essentielle des cérémonies ; il n’a plus l’harmonie des passions, qui est le fondement de la musique.

4. Lin Fang ayant demandé quelle était la chose la plus nécessaire dans les cérémonies, le Maître répondit : « Oh ! que cette question est importante ! Dans les démonstrations extérieures, il vaut mieux rester en deçà des limites que de les dépasser ; dans les cérémonies funèbres, la douleur vaut mieux qu’un appareil pompeux. »

5. Le Maître dit : « Les barbares de l’orient et du septentrion, qui ont des princes, sont moins misérables que les nombreux peuples de la Chine ne reconnaissant plus de prince. »

6. Le chef de la famille Ki offrait des sacrifices aux Esprits du T’ai chan. Le Maître dit à Jen Iou : « Ne pouvez vous pas empêcher cet abus ? » Jen Iou répondit : « Je ne le puis. » Le Maître répliqua : « Hé ! dira-t-on que les Esprits du T’ai chan sont moins intelligents que Lin Fang ? » T’ai chan, montagne située dans la principauté de Lou. D’après les rites, chaque prince feudataire sacrifiait aux Esprits des montagnes et des cours d’eau qui étaient dans son domaine. Le chef de la famille Ki, en sacrifiant aux Esprits du T’ai chan, s’arrogeait un droit qu’il n’avait pas (il n’était que tai fou). Jen Iou, nommé K’iou, disciple de Confucius, était alors intendant de Ki suenn. Le philosophe lui dit : « Ki suenn ne doit pas sacrifier aux Esprits du Tai chan. Vous êtes son intendant. Le faire changer de détermination serait ce la seule chose qui vous fût impossible ? » Jen Iou répondit : « Je ne le puis. » Le philosophe reprit en gémissant : « Hé ! s’imaginera t on que les Esprits du T’ai chan agréent des sacrifices qui sont contraires aux rites, et qu’ils comprennent moins bien que Lin Fang, moins bien qu’un citoyen de Lou, ce qui est essentiel dans les cérémonies ? Je suis certain qu’ils n’agréent pas les sacrifices de Ki suenn. »

7. Le Maître dit : « Le sage n’a jamais de contestation. (S’il en avait), ce serait certainement quand il tire à l’arc. (Avant la lutte), il salue humblement ses adversaires et monte à l’endroit préparé. (Après la lutte), il boit la liqueur que les vaincus sont condamnés à prendre. Même quand il lutte, il est toujours sage. » D’après les règles du tir solennel, le président divisait les archers en trois groupes de trois hommes chacun. Le moment arrivé, les trois compagnons partaient et s’avançaient ensemble, se saluaient trois fois, témoignaient trois fois leur respect mutuel, et montaient à l’endroit préparé pour le tir. Après le tir, ils se saluaient une fois, descendaient, puis, se tenant debout, ils attendaient que les autres groupes eussent fini de tirer. Les vainqueurs, se plaçant en face des vaincus, les saluaient trois fois. Ceux-ci montaient de nouveau au lieu du tir, prenaient les coupes et, se tenant debout, buvaient la liqueur qu’ils devaient accepter à titre de châtiment. Ordinairement, quand on offrait à boire, on présentait les coupes. (Mais, après le tir à l’arc), on obligeait les vaincus à prendre eux-mêmes les coupes, sans leur faire aucune invitation polie, afin de montrer que c’était une peine. Ainsi les anciens sages, même quand ils se disputaient la victoire, étaient conciliants et patients, se saluaient et se témoignaient mutuellement leur respect. De cette manière, au milieu même de la lutte, ils montraient toujours une égale sagesse. Vraiment le sage n’a jamais de contestation.

8. Tzeu hia dit à Confucius : (On lit dans le Cheu king)  : « Un sourire agréable plisse élégamment les coins de sa bouche ; ses beaux yeux brillent d’un éclat mêlé de noir et de blanc. Un fond blanc reçoit une peinture de diverses couleurs ? » Que signifient ces paroles ? « Le Maître répondit : Avant de peindre, il faut avoir un fond blanc ». Tzeu hia reprit : « (Ces paroles ne signifient elles pas que) les cérémonies extérieures exigent avant tout et présupposent la sincérité des sentiments ? » Le Maître dit : « Chang (Tzeu hia) sait éclaircir ma pensée. A présent je puis lui expliquer les odes du Cheu king. » Un homme dont la bouche est élégante et les yeux brillants peut recevoir divers ornements, de même qu’un fond blanc peut recevoir une peinture variée. Les anciens empereurs ont institué les cérémonies afin qu’elles fussent l’élégante expression et comme l’ornement des sentiments du cœur. Les cérémonies présupposent comme fondement la sincérité des sentiments, de même qu’une peinture exige d’abord un fond blanc.

9. Le Maître dit : « Je puis exposer les cérémonies de la dynastie des Hia. (Mais je ne puis prouver ce que j’en dirais ; car) les princes de K’i (descendants des Hia, n’observent plus ces cérémonies et) ne peuvent les faire connaître avec certitude. Je puis exposer les cérémonies de la dynastie des In. (Mais les témoignages font défaut ; car) les princes de Soung, descendants des In, n’observent plus ces cérémonies et ne peuvent en donner une connaissance certaine. (Les princes de K’i et de Soung ne peuvent faire connaître avec certitude les cérémonies des Hia et des In), parce que les documents et les hommes leur font défaut. S’ils ne faisaient pas défaut, j’aurais des témoignages. »

10. Le Maître dit : « Dans la cérémonie Ti, (faite par le prince de Lou), tout ce qui suit les libations me déplaît ; je n’en puis supporter la vue. » Confucius blâme l’autorisation accordée aux princes de Lou de faire une cérémonie qui aurait dû être réservée à l’empereur. Anciennement, l’empereur, après avoir fait des offrandes au fondateur de la dynastie régnante, en faisait au père du fondateur de la dynastie, et, en même temps, au fondateur lui-même. Cette cérémonie avait lieu tous les cinq ans, et s’appelait Ti.

Comme Tcheou koung s’était signalé par d’éclatants services (et avait été créé prince de Lou par son frère Ou wang), Tch’eng wang, (successeur de Ou wang), permit au prince de Lou de faire cette importante cérémonie. Le prince de Lou offrait donc le sacrifice Ti, dans le temple de Tcheou koung, à Wenn wang, comme au père du fondateur de la dynastie, et il associait à cet honneur Tcheou koung. Cette cérémonie était contraire aux anciens rites.

Les libations consistaient à répandre à terre, dès le commencement du sacrifice, une liqueur aromatisée, pour inviter les mânes à descendre. Au moment de ces libations, l’attention du prince de Lou et de ses ministres n’était pas encore distraite ; la vue de cette cérémonie était encore supportable. Mais, ensuite, ils s’abandonnaient peu à peu à l’insouciance et à la négligence ; ils offraient un spectacle pénible à voir.

11. Quelqu’un ayant demandé à Ti, le Maître répondit : « Je ne le sais pas. Celui qui le saurait n’aurait pas plus de difficulté à gouverner l’empire qu’à regarder ceci. » (En disant ces mots), il montra la paume de sa main. Les anciens empereurs ne montraient jamais mieux que dans le sacrifice Ti leur désir d’être reconnaissants envers leurs parents et d’honorer leurs ancêtres éloignés. C’est ce que ne pouvait comprendre cet homme qui avait interrogé sur la signification du sacrifice Ti. De plus, dans la principauté de Lou, (où les princes accomplissaient cette cérémonie), il fallait éviter de rappeler la loi qui la défendait à tout autre qu’à l’empereur. Pour ces raisons, Confucius répondit : « Je ne le sais pas. » Sur cette question pouvait il y avoir quelque chose que le Sage par excellence ignorât réellement ?

12. Confucius faisait des offrandes à ses parents défunts et aux Esprits tutélaires, comme s’il les avait vus présents. Il disait : « Un sacrifice auquel je n’assisterais pas en personne, et que je ferais offrir par un autre, ne me paraîtrait pas un sacrifice véritable. »

13. Wang suenn Kia demanda quel était le sens de cet adage : « Il vaut mieux faire la cour au dieu du foyer qu’aux esprits tutélaires des endroits les plus retirés de la maison. » Le Maître répondit : « L’un ne vaut pas mieux que l’autre. Celui qui offense le Ciel n’obtiendra son pardon par l’entremise d’aucun Esprit. » Wang suenn Kia était un grand préfet tout puissant dans la principauté de Wei. Confucius était alors dans cette principauté. Wang suenn Kia soupçonnait qu’il avait l’intention de solliciter une charge. Il désirait qu’il s’attachât à lui ; mais il n’osait le lui dire ouvertement. Il eut donc recours à une allégorie, et lui dit : « D’après un proverbe, on offre des sacrifices auprès du foyer et dans les endroits retirés de la maison. Le foyer est la demeure du dieu du foyer. Bien que ce dieu soit d’un rang peu élevé, on lui offre un sacrifice particulier. Les endroits retirés de la maison sont les appartements situés à l’angle sud ouest. Les esprits qui y demeurent sont d’un rang élevé ; néanmoins on ne leur offre pas de sacrifice particulier. Quand on veut sacrifier aux esprits pour obtenir une faveur, il vaut mieux faire la cour au dieu du foyer pour obtenir sa protection secrète, que de faire la cour aux esprits de la maison pour rendre hommage à leur inutile dignité. Cet adage populaire doit avoir un sens profond. Quelle est sa signification ? » En parlant ainsi, Wang suenn Kia se désignait lui-même sous la figure du dieu du foyer, et il désignait son prince sous la figure des esprits de la maison. Il voulait dire qu’il valait mieux s’attacher à lui que de rechercher la faveur du prince. Confucius devina sa pensée. Sans le reprendre ouvertement, il se contenta de lui répondre : « Je réprouve toute flatterie, soit à l’égard des esprits de la maison, soit à l’égard du dieu du foyer. Au dessus des esprits de la maison et du dieu du foyer, il y a le Ciel, qui est souverainement noble et n’a pas d’égal. Celui qui se conduit d’après les lumières de la droite raison est récompensé par le Ciel. Celui qui agit contrairement à la droite raison est puni par le Ciel. Si quelqu’un ne sait pas rester dans les limites de sa condition, ni suivre la droite raison, il offense le Ciel. Celui qui offense le Ciel, où trouvera t il un protecteur qui lui obtienne son pardon ?

14. Le Maître dit : « La dynastie des Tcheou a consulté et copié les lois des deux dynasties précédentes ’Hia et Chang). Que les lois des Tcheou sont belles ! Moi, j’observe les lois des Tcheou.

15. Le Maître, étant entré dans le temple dédié au plus ancien des princes de Lou, interrogea sur chacun des rites. Quelqu’un dit : « Dira-t-on que le fils du citoyen de Tcheou connaît les rites ? Dans le temple du plus ancien de nos princes, il interroge sur chaque chose. » Le Maître en ayant été informé, répondit : « En cela, je me suis conformé aux rites. » Dans la principauté de Lou, le temple du plus ancien des princes était celui de Tcheou koung. Tcheou est le nom d’une ville de la principauté de Lou. Chou leang Ho, père de Confucius, avait été préfet de cette ville. Confucius est appelé pour cette raison le fils du citoyen de Tcheou. (Il naquit à Tcheou).

16. Le Maître dit : « Quand on tire à l’arc, le mérite ne consiste pas à transpercer, (mais à frapper) le centre de la cible ; car les hommes ne sont pas tous d’égale force. Ainsi l’ont décidé les anciens. » Après avoir déployé la cible, on fixait en son milieu un morceau de cuir, qui formait le centre, et s’appelait Kou, petit oiseau. Les anciens avaient établi le tir à l’arc pour juger de l’habileté. L’essentiel était d’atteindre le centre de la cible, et non de la transpercer.

17. Tzeu koung (nommé Seu, alors ministre du prince de Lou) voulait supprimer l’usage de fournir aux frais de l’État une brebis, qui devait être offerte aux ancêtres à la nouvelle lune. Le Maître dit : « Seu, vous tenez par économie à garder (à ne pas fournir) cette brebis ; moi, je tiens à conserver cette cérémonie. » A chaque nouvelle lune, les princes feudataires offraient à leurs ancêtres une brebis, et leur faisaient connaître leurs projets. Après les avoir invités, ils leur présentaient la victime encore vivante. A partir de Wenn koung, les princes de Lou avaient cessé de faire la cérémonie de la nouvelle lune ; cependant les officiers continuaient à fournir la brebis. Tzeu koung voulait abolir cette coutume, qui n’atteignait plus son but, et supprimer une dépense qu’il croyait inutile. Mais, bien que la cérémonie de la nouvelle lune eût été abandonnée, l’offrande de la brebis en rappelait le souvenir et pouvait en ramener l’usage. Si l’on avait supprimé l’obligation de fournir la brebis, la cérémonie elle même aurait été entièrement oubliée.

18. Le Maître dit : Envers mon prince j’observe exactement toutes « les prescriptions. Les hommes m’accusent de flatterie, (parce qu’eux mêmes servent le prince négligemment). »

19. Ting, prince de Lou, demanda comment un prince devait conduire ses sujets, et comment les sujets devaient obéir à leur prince. Confucius répondit : « Le prince doit commander à ses sujets selon les prescriptions, et les sujets doivent lui obéir avec fidélité. »

20. Le Maître dit : « L’ode Kouàn ts’iù exprime la joie et non la licence, la douleur et non l’abattement. »

21. Ngai, prince de Lou, ayant interrogé Tsai Ngo au sujet des autels élevés en l’honneur de la Terre, Tsai Ngo répondit : « Les Hia y plantaient des pins, et les In, des cyprès. Les Tcheou y plantent des châtaigniers , afin d’inspirer au peuple la crainte et la terreur. » Le Maître entendant ces paroles dit : « Rien ne sert de parler des choses qui sont déjà accomplies, ni de faire des remontrances sur celles qui sont déjà très avancées, ni de blâmer ce qui est passé. » Tsai Ngo, nommé Iu, était disciple de Confucius. Les anciens plantaient auprès des autels érigés à la Terre les arbres qui convenaient le mieux au terrain. Tsai Ngo avait mal interprété leur intention et prêté aux princes actuellement régnants le désir de châtier et de mettre à mort leurs sujets. Confucius l’en reprit sévèrement, et lui marqua plusieurs choses dont il ne convenait pas de parler.

22. Le Maître dit : « Que Kouan Tchoung a l’esprit étroit ! » Quelqu’un demanda si Kouan Tchoung était trop parcimonieux. (Confucius) répondit : « Le chef de la famille Kouan a élevé (à grands frais) la tour de San kouei ; dans sa maison aucun officier n’est chargé de deux emplois. Comment pourrait on le croire trop économe ? » « Mais, reprit l’interlocuteur, s’il fait tant de dépenses, n’est ce pas parce qu’il connaît (et veut observer) les convenances ? » (Confucius) répliqua : « Les princes ont une cloison devant la porte de leurs palais (pour en dérober la vue aux passants) ; le chef de la famille Kouan a aussi une cloison devant sa porte. Quand les princes ont une entrevue amicale, ils ont une crédence sur laquelle on renverse les coupes ; Kouan Tchoung a une crédence semblable. Si le chef de la famille Kouan connaît les convenances, quel est celui qui ne les connaît pas ? » Kouan Tchoung, nommé I ou, grand préfet de Ts’i, aida Houan, prince de Ts’i, à établir son autorité sur tous les grands feudataires. Il avait l’esprit étroit, il ne connaissait pas les grands principes de conduite suivis et enseignés par les sages.

23. Le Maître, instruisant le grand directeur de musique de Lou, dit : « Les règles de la musique sont faciles à connaître. Les divers instruments commencent par jouer tous ensemble ; ils jouent ensuite d’accord, distinctement et sans interruption, jusqu’à la fin du morceau. »

24. Dans la ville de I (où Confucius s’était retiré après avoir été dépouillé de sa charge par le prince de Lou), un officier préposé à la garde des frontières demanda à lui être présenté, en disant : « Chaque fois qu’un sage est venu dans cette ville, il m’a toujours été donné de le voir. » Les disciples, qui avaient suivi Confucius dans son exil, introduisirent cet officier auprès de leur maître. Cet homme dit en se retirant : « Disciples, pourquoi vous affligez vous de ce que votre maître a perdu sa charge ? Le désordre est dans l’empire depuis longtemps déjà. Mais le Ciel va donner au peuple en ce grand sage un héraut de la vérité. » Il y avait deux sortes de clochettes. L’une, à battant de métal, servait pour les affaires militaires. L’autre, à battant de bois, servait à l’officier chargé d’enseigner ou d’avertir le peuple.

25. Le Maître disait que les Chants du Successeur étaient tout à fait beaux et doux ; que les Chants du Guerrier étaient tout à fait beaux, mais non tout à fait doux. Les chants de Chouenn sont appelés les Chants du Successeur, parce qu’il succéda à l’empereur Iao, et comme lui, gouverna parfaitement. Les chants de Ou wang sont nommés les Chants du Guerrier, parce qu’ils célèbrent les exploits de Ou wang, qui délivra le peuple de la tyrannie de Tcheou. Les Chants du Successeur sont au nombre de neuf, parce qu’il y eut neuf péripéties ; les Chants du Guerrier sont au nombre de six, parce qu’il y eut six péripéties.

26. Le Maître dit : « De quelle règle puis je me servir pour juger la conduite d’un homme qui exerce une haute autorité avec un cœur étroit, qui s’acquitte d’une cérémonie sans respect, ou qui, à la mort de son père ou de sa mère, est (ou se lamente) sans douleur ?