Les Quatre Saisons (Merrill)/La Tempête

Les Quatre SaisonsSociété du Mercure de France (p. 38-39).

LA TEMPÊTE

Cris des oiseaux dans la pluie et le tourbillon des vents,
Craquement des arbres aux branches tordues par la rafale,
Colère des eaux, remous des blés, silence des cigales,
Et toute la foudre de ce ciel nocturne où mille dieux déments

Semblaient entremêler, chevauchant la tourmente,
La flamme de leurs épées et l’éclair de leurs regards
Dans la bataille dont les échos font mourir, hagards,
Les enfants près des âtres où hurle l’épouvante,


Ô tempête, tu berças comme une douce nourrice la couche
Où les baisers confondaient nos bras et nos haleines.
C’est à peine si j’ai su que tu ravageais la plaine.

Car je n’ai vu dans les yeux de mon amante que le ciel bleu,
Et son désir brûlait plus haut que l’horreur de tes feux,
Et je respirais tout le printemps sur la fleur de sa bouche.